Akuji the Heartless est un jeu vidéo PlayStation publié par Eidosen 1998 .

  • 1998
  • Action

Test du jeu vidéo Akuji the Heartless

4/5 — Exceptionnel ! par

Le fameux studio Crystal Dynamics, auteur entre autres des Gex et des Legacy of Kain, signe en 1998 un titre original sur la forme plutôt que sur le fond. Il s’agit en effet de l’un des premiers titres traitant de la magie vaudou, un an avant l’excellent Shadow Man. Le jeu d’Acclaim éclipse-t-il celui d’Eidos ?

SANS CŒUR ET SANS REPROCHES

Akuji est un prêtre vaudou qui utilise ses capacités spéciales pour faire le bien. Hélas, il a un frère maléfique, Orad, qui préfère utiliser ses pouvoirs à des fins personnelles. Les deux frangins vont se retrouver plus ou moins en froid, pourrait-on dire, puisque Orad débarque le jour du mariage d’Akuji pour arracher le cœur de son frère. Akuji, un peu mort sur les bords, ne peut qu’assister impuissant, depuis le royaume des morts, à la prise de contrôle de sa Némésis, qui menace désormais sa veuve. C’est là que débarque le Baron Samedi, l’une des trois entités primordiales de la religion vaudou. Il propose un deal à Akuji : s’il traverse le royaume des morts et retrouve les âmes de ses ancêtres, il pourra revenir dans le monde des vivants pour réclamer sa vengeance.

MAGIMIXER, VU À LA TÉLÉ

Akuji the Heartless se présente sous la forme d’un jeu d’aventure /action à la troisième personne, sensiblement dans la même veine que Tomb Raider ou, pour rendre à César ce qui appartient au cousin au troisième degré de l’oncle à la sœur du facteur, dans la même veine que Soul Reaver. Toute votre aventure tourne autour du Navo, sorte de salle de contrôle d’où vous pouvez accéder aux différents mondes. Le Navo est divisé en plusieurs sections, et vous devrez terminer tous les mondes d’une section pour passer à la suivante, certains de ces mondes étant le repaire de boss terrifiants. Au total, ce sont dix-sept mondes qui vous attendent.

Ces derniers ont des noms pour le moins parlants : Cocytus la rivière des âmes, Pluton le temple des larmes, Khalas le sanctuaire de la haine, Enoch les ruines de sang… S’apparentant souvent à des versions perverties de niveaux « classiques » (comprenez : que l’on pourrait rencontrer dans d’autres jeux moins glauques), ces régions de l’enfer vous opposeront à des tas de créatures disparates : araignées, faucheuses, fantômes, scolopendres… Les boss ne sont pas en reste et, s’ils ne sont que quatre, ils sont suffisamment grands et puissants pour vous refroidir plus que vous ne l’êtes déjà.

Mais Akuji n’est pas un tendre non plus, et c’est à l’aide des lames qui lui poussent sur les avant-bras qu’il va trancher, dépecer, découper, étriper, vider, lacérer… Le robot-mixeur de mamie Danielle paraît un peu léger à côté. Les contrôles sont simples : vous utilisez le stick pour vous mouvoir et les touches croix et cercle, respectivement pour sauter et frapper. Carré permet d’utiliser un sort que l’on aura auparavant sélectionné avec triangle, les gâchettes L1 et R1 permettent d’orienter la caméra, L2 de s’accroupir et R2 de viser. À ces commandes de base s’ajoutent plusieurs configurations particulières : les commandes sont ainsi différentes si vous vous trouvez suspendu à un pont de singe ou à une échelle par exemple.

En cours de route, vous récolterez divers objets. Les âmes de vos ancêtres bien entendu, qui sont nécessaires pour débloquer les niveaux avancés, mais aussi de quoi restaurer votre jauge de santé et la faire croître, des sphères d’énergie (cent sphères égalent une vie), ainsi que divers types de sorts : boules de feu, crânes à tête (si l’on peut dire) chercheuse, cercles de magie au sol, bouclier… Il existe dix sorts différents en tout.

VAUDOU DOUDI DOUDI DOUDA

La principale caractéristique d’Akuji the Heartless, sur le papier, c’est qu’il est censé se dérouler dans le royaume des morts de la culture vaudou, un endroit par essence glauque et inquiétant. En vérité, l’ambiance du jeu ferait presque penser à la fête des morts mexicaine, où tout n’est que joliesse et gaité malgré le fait que l’on honore les défunts.

En effet, les décors sont souvent réalisés de belle façon mais en aucun cas inquiétants. Les couleurs pétaradent, l’environnement est clair (pas de brouillard ou d’autre effet de surprise)… De même, les ennemis ne sont pas particulièrement effrayants et leur démarche, relativement classique, les rend prévisibles. Seule l’ambiance sonore, faite de musiques aux sonorités tribales et de textes joués avec conviction (c’est Richard Roundtree, le Shaft originel, qui interprète Akuji), pose un début d’atmosphère crédible.

Du coup, en l’absence de ce qui aurait pu s’avérer son gros point fort, Akuji the Heartless demeure un jeu d’action très classique. Nulle innovation ne viendra bousculer le vieux routard, mais finalement qu’importe. Parce qu’au delà de ça, le titre de Crystal Dynamics est très bon : le personnage répond bien, les caméras sont un peu capricieuses mais pas vraiment gênantes et la difficulté intrinsèque du soft n’est pas énorme.

Du coup, si l’on fonctionne par comparaison, Akuji the Heartless échoue devant Shadow Man, qui est à la fois agréable à jouer (malgré des déplacements à la Tomb Raider) et solidement bâti autour d’une atmosphère unique. Malgré tout, le jeu de Crystal Dynamics tire son épingle du jeu par son ambiance chamarrée et son héros plaisant. Comme ils ne sont pas nombreux, les titres à s’appuyer sur la religion vaudou, autant goûter aux deux.

Akuji the Heartless