Demon's Souls est un jeu vidéo PlayStation 3 publié en 2009 .

  • 2009
  • Role Playing Game (RPG)

Test du jeu vidéo Demon's Souls

4.5/5 — Exceptionnel ! par

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Bien… Je suis conscient du fait que le site est plutôt dédié aux consoles oldies, mais pour le coup, je fais aujourd’hui le test d’un jeu next-gen, à savoir Demon’s Souls sur PS3. Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe trois versions de ce jeu : une localisation japonaise, une coréenne et une chinoise. Textes et voix en anglais dans les versions coréenne et chinoise. Je vous déconseille donc fortement la version japonaise, sauf si bien sûr vous maîtrisez la langue. Car pour ce qui est de l’anglais utilisé dans les autres versions, il est non seulement accessible, mais aussi de très bonne qualité. (Mise à jour: la version américaine est annoncée au 6 octobre 2009; le jeu sort enfin le 25 juin 2010 en Europe sous l’appellation « Black phantom edition ». Procurez-vous le jeu, ça vaut la peine. Voilà pour les choses à retenir. Entrons maintenant dans le vif du sujet.

Introduction

Demon’s Souls est un jeu de rôle, un action-rpg pour les connaisseurs. Entendez par là que vous devez, au début, créer votre avatar et choisir la classe de celui-ci avant même de pouvoir commencer à jouer. Le fait est que les différents systèmes de modélisation sont suffisamment élaborés pour que vous puissiez effectivement créer un personnage qui corresponde en tous points à votre meilleure convenance. Que ce soit la morphologie du visage, la coiffure, la couleur des yeux ou des cheveux, le sexe féminin ou masculin (notion importante, car certains équipements sont inaccessibles aux hommes et vice versa), vous êtes confrontés à des dizaines d’options paramétrables. Mais la corpulence ne peut être changée, car la taille des différentes armures et autres casques est uniforme.

Second point, la classe de votre futur héros. Elles sont assez variées et au nombre de dix. Certaines sont archi-classiques, comme le chevalier, et d’autres plus pittoresques, comme le noble. Ne négligez en aucun cas le choix de cette classe, car elle va définir votre manière de jouer durant une bonne partie de l’aventure. Permettez-moi d’y revenir dans le chapitre « jouabilité ».

Présentation 9/10

Eh bien, on est tout de suite dans le bain. Les images qui s’offrent à notre rétine lorsque l’on vient d’insérer la galette sont on ne peut plus sombres, et accompagnées d’une bande-son des plus lugubres. L’histoire vous est d’ailleurs racontée par les PNJ du jeu, que vous voudrez bien éviter de tuer car ils meurent définitivement (jusqu’au prochain cycle de jeu, en l’occurrence, ‘new game +’). On est loin, très loin de l’univers très policé d’un White Knight Story (pardonnez mon exemple), nous sommes plongés dans un monde ayant tous les attraits de la « dark fantasy », et le message est déjà clair : vous allez en baver ET vous aurez peur de mourir. Passons donc à la charpente du jeu, à commencer par l’aspect visuel.

Graphismes 8/10

From Software a développé le jeu (sous la houlette de Sony), et ça se voit. Si vous parcourez les différents forums parlant de Demon’s Souls, vous constaterez quelque chose de récurrent : le jeu est considéré comme le fils spirituel de la série des King’s Field. En clair, le décor dans lequel vous allez évoluer se veut profondément médiéval, avec une propension non dissimulée à vous faire parcourir donjons, châteaux-forts, tours, salles de torture, marais empoisonnés, grottes, corniches escarpées, tombeaux et j’en passe.

En l’occurrence, vous en aurez pour votre argent s’il s’agit de raisonner en termes de diversité. Pareil pour les ennemis rencontrés, qui s’accordent toujours avec la nature des lieux que vous allez visiter. Pour autant, le jeu paraîtra peut-être un peu sobre aux fans de HD et autres cinématiques qui en mettent plein la vue, mais à ceux-là je répondrai que le jeu ne trahit jamais sa nature brutale, et que cette apparente sobriété ne met que mieux en valeur tout le travail accompli autour de la gestion de la lumière, et du level design en général. Le seul véritable défaut qui me vient à l’esprit vient de la gestion de l’angle de vue, qui est parfois hasardeux selon le positionnement de vos ennemis, mais ce défaut est suffisamment rare pour ne pas entraver votre plaisir (et n’apparaît que lors du locking car c’est vous qui gérez la caméra).

Mention spéciale pour les boss qui, plus que dans tout autre jeu (du moins sur PS3), vous feront sentir à quel point l’action devient parfois épique (ou désespérée selon les cas ; cf. photo mise en en-tête). Vous serez en effet souvent confrontés à des adversaires bien plus balèzes et bien plus grands que vous ne l’êtes vous-même. Et leur représentation graphique contribue largement à ce sentiment de faire face à quelque-chose de puissant, impitoyable, cruel…

Animation 8/10

Là aussi, c’est du bien fait. Chaque ennemi a sa propre palette de mouvements. Ceux-ci sont suffisamment variés pour que la surprise d’une attaque inattendue soit conservée. Ajoutez à cela le framerate très constant et vous avez une animation très léchée. Oui, nous sommes sur PS3 mais les saccades sont rares. Le soin apporté aux flammes crépitantes est impressionnant. Votre héros possède lui aussi un éventail de mouvements qui représente bien sa classe d’origine.

Son 8/10

Mais… où est la musique ? Eh bien, il n’y en a aucune dans les niveaux. L’ambiance est ainsi mise au premier plan. Les seules musiques que vous entendrez sont celles des affrontements contre les boss (des morceaux d’anthologie, d’ailleurs). Alors, le jeu est-il vide pour autant ? Heureusement, ce n’est pas le cas. Je vous assure que les bruit des épées, des armures qui s’entrechoquent, des cris de dragons et autres démons en tous genres sont largement suffisants à l’immersion. Mention spéciale à la tour de Latria, qui vous fera passer un sale moment de sueurs froides. Et puis, rien de mieux que de se concentrer sur le bruit alentour pour se préparer à une éventuelle attaque surprise. Qu’en pensez-vous ?

Jouabilité 10/10

Rien à redire. Les plus critiques vont peut-être noter l’apparente raideur du jeu, mais tout dépend en fait du personnage que vous maniez. En d’autres termes, votre équipement, mais aussi votre classe, vont directement influer sur la rapidité, la vitesse de réaction, ou tout simplement sur la meilleure façon que vous aurez d’appréhender le combat. Exemple pratique : un chevalier revêtu d’une lourde armure de protection ne pourra en aucun cas faire une roulade ou courir aussi vite que le ferait un voleur, par contre bien plus vulnérable physiquement. Tout simplement parce que le jeu gère à la fois le poids de votre équipement et la force de votre personnage. Rien ne sert de se battre avec une hache gigantesque si vous êtes trop faible pour la manier. Et c’est sur ce point que Demon’s Souls se veut un jeu plus stratégique que bourrin.

Tout est aussi fonction de votre barre de stamina (endurance) : plus vous agitez votre arme, plus vous vous protégez des attaques adverses à l’aide du bouclier, et plus cette barre s’amenuise. Une fois qu’elle est vide, vous ne pourrez ni vous protéger des attaques adverses, ni attaquer vous-même. Autant dire que si vous vous entêtez à enchaîner les attaques, vous risquez de mourir bien vite (être encerclé par un groupe d’ennemis est souvent synonyme de trépas). Il est donc fondamental de jouer de manière réfléchie pour ne pas vous retrouver en difficulté, voire en danger de mort face à vos adversaires. A noter que ceux qui vous attaquent sont soumis à la même règle d’endurance (vous ne voyez pas leur barre) et que, ce faisant, vous pourrez très bien les désarçonner si vos armes sont suffisamment efficaces.

Il va de soi que vous éviterez le corps à corps en fonction du personnage que vous maniez : le peu de protection et de HP d’un magicien ne lui permet guère les frasques d’un chevalier. Cerise sur le gâteau, une fois que vous avez bien intégré les attaques d’un ennemi donné, vous pouvez tenter de le contrer à l’aide de votre bouclier pour effectuer une attaque des plus meurtrières à son encontre. Toutefois, si vous ratez votre coup, c’est bien vous qui serez envoyé ad patres. N’oubliez donc pas de verrouiller vos ennemis, car cela vous permet de rester face à eux.

Il manque encore à ce chapitre deux choses que je vais maintenant aborder. Le gain de niveaux et la tendance des mondes.

Pour augmenter vos caractéristiques, vous vous devez d’occire (trucider) le plus d’ennemis possible, ce qui n’est guère différent d’un RPG classique. Cependant, il s’agit dans Demon’s Souls d’échanger les âmes de vos opposants défunts contre l’augmentation de ces mêmes caractéristiques. Évidemment, plus votre niveau s’élève, plus le nombre d’âmes dont vous avez besoin pour renforcer votre personnage est grand. Et comme le procédé est exponentiel, il s’agit pour vous de choisir avec soin ce que vous désirez augmenter. Il est en effet absolument impossible d’atteindre le maximum dans tous les domaines (du moins pas avant un énième cycle de jeu).

Qui plus est, les âmes vous servent aussi de monnaie d’échange lorsqu’il s’agit d’acheter de nouveaux équipements, de les réparer ou encore d’apprendre la magie. Autant dire qu’elles constituent la monnaie universelle de tout le jeu. Et comme vous pouvez les perdre au moindre décès, vous apprendrez bien vite à les utiliser dès que la possibilité se présente (cf. « durée de vie »).

J’en arrive à la tendance des mondes qui est, pour ainsi dire, liée au nombre d’âmes que vous obtenez de chaque ennemi. En clair, les cinq mondes dans lesquels vous évoluez peuvent tendre vers le noir ou le blanc de façon indépendante. En toute logique, plus vous mourez, plus la tendance du monde sera sombre et plus vos ennemis seront puissants (eh oui). En contre-partie, le nombre d’âmes que vous récupérez à chaque victoire est augmenté d’autant et les items laissés par les cadavres sont beaucoup plus intéressants.

À contrario, plus vous conservez votre corps, plus la tendance du monde va s’éclaircir, ce qui sous-entend des ennemis plus faibles mais aussi une augmentation de vos capacités qui se trouve être fortement ralentie.

L’intérêt de tout cela, c’est que certaines aires de jeu ou même certaines missions ne peuvent être réalisées qu’en fonction de la couleur de la région concernée. Dans le jeu, ces deux extrêmes sont nommés pure black et pure white (totalement ténébreux ou lumineux). Cependant, mon explication n’établit en fait que les contours d’un système assez complexe en théorie, et qui prend toute son ampleur une fois dans la pratique du jeu, moment auquel on parvient beaucoup mieux à saisir tous les engrenages générés par nos propres actions.

Durée de vie 10/10

Encore un autre argument bien vendeur : à l’heure où la plupart des jeux se finissent en une dizaine d’heures en vous tenant la main, celui-ci vous en demandera une bonne cinquantaine… pour le premier cycle. Et n’allez pas croire qu’il s’agisse d’une tranche de rigolade. Le jeu est DUR. Je répète : le jeu est extrêmement dur lorsqu’on le compare aux normes actuelles. En clair, le casual gamer n’a pas son mot à dire, et j’insiste bien sur le fait que vous allez en baver… Même le zombie du tout premier niveau peut vous tuer en deux coups sans autre avertissement, et si vous mourez, la sanction est immédiate : vous recommencez au tout début. Lorsque l’on connaît la taille des niveaux, je peux vous assurer que ce n’est pas rien (qui a dit old school ?). D’autres l’ont déjà mentionné dans leur test, mais ce jeu n’est pas pour tout le monde et peut-être même pas pour vous.

Autre malus quand vous mourez : vous perdez votre corps (ce qui signifie 50% d’HP en moins) et surtout, vous perdez toutes les âmes que vous aviez accumulées jusque là. Vous pouvez les récupérer si vous atteignez à nouveau l’endroit de votre mort, mais si vous trépassez une seconde fois avant d’atteindre votre but (l’endroit de votre mort donc), toutes ces âmes seront définitivement perdues. Vous ne pouvez donc pas augmenter votre niveau.

Ajoutez à cela le fait que tous les ennemis réapparaissent, et vous aurez une bonne idée du sentiment de frustration que ce jeu peut générer. Dernière chose : la seule façon de récupérer votre corps est de tuer le boss du niveau (ou d’utiliser un item extrêmement rare). Autant dire qu’à 50% d’HP en moins, c’est plus que difficile. Il y a donc deux solutions pour découvrir la suite : s’accrocher et accepter de mourir ou… laisser le jeu prendre la poussière dans un tiroir. (La coopération entre joueurs peut donc se montrer parfois salvatrice : consultez le paragraphe « online ».)

Pour le nombre de niveaux, sachez que vous commencez depuis le Nexus (le hub du jeu), sorte de dimension parallèle qui vous permet d’entrer en communication avec chacune des cinq régions qui composent le monde dans lequel vous évoluez. Mais comme je l’ai dit, le challenge est si élevé, vous devrez refaire les niveaux si souvent que ces cinq régions (elles-mêmes subdivisées en plusieurs sous-niveaux) sont amplement suffisantes. D’ailleurs, une fois le premier niveau passé, vous pourrez vous promener comme bon vous semble dans le reste du jeu. Vous êtes totalement libre.

_Mode online 9/10_

Attention, ce jeu n’est pas un MMO. Mais la partie online n’en est pas moins très intéressante. Si votre PS3 est en réseau, le jeu se connecte automatiquement à l’unique serveur disponible (je viens d’apprendre que le serveur américain, en service à partir du 6 octobre 2009, sera différent et donc sans interaction avec la version asiatique). Vous pouvez donc très bien jouer depuis l’Europe avec des Japonais, des Chinois ou même des Américains (beaucoup de succès en import). J’en viens donc au mode coopération : si vous perdez votre corps, vous pouvez laisser une pierre bleue par terre. Si un autre joueur (qui lui est pourvu de son corps) repère et active cette pierre, il vous fait rejoindre sa partie pour l’aider à vaincre le boss. Vous avez alors la possibilité de récupérer un corps mais surtout, vous serez évalué selon l’aide que vous lui aurez apportée. Vous devez donc posséder un corps pour appeler d’autres joueurs dans votre partie. Et seuls des personnages ayant perdu leur corps peuvent vous rejoindre.

Vous pouvez aussi envahir la partie d’autrui à l’aide d’une pierre noire et tenter de tuer le joueur concerné, pour récupérer à la fois un corps et toutes les âmes du joueur défunt. Je vous laisse imaginer la pression lorsque le message « votre partie vient d’être envahie » s’inscrit en lettres de sang sur votre écran (c’est le PVP du jeu).

Enfin, vous avez la possibilité de revoir la mort d’autres joueurs en touchant leur flaque de sang, ce qui vous renseigne sur les dangers à venir. Autre point, vous pouvez laisser des messages d’avertissement prédéfinis pour signaler un danger ou, éventuellement, piéger d’autres joueurs. Mais mieux vaut laisser de bons messages, car chaque autre joueur satisfait procède à l’évaluation (optionnelle) de votre avertissement, ce qui fait remonter votre barre de santé (et ce n’est pas du luxe).

On pourra donc penser que le mode online n’est que partiel (la communication étant limitée à une simple palette de mouvements corporels, pas de conversation), mais pour ce qui me concerne, je le trouve bien adapté au monde des consoles. Cela donne aussi une véritable valeur à la mort, qui vous permet de coopérer avec d’autres joueurs (ou de les envahir). Enfin, ceux qui voudraient tricher n’y arriveront pas. Le jeu sauvegarde tellement vite que les déconnections intempestives ne sont d’aucun secours.

Avis personnel et conclusion

Bon… je pense avoir noté les points principaux de ce jeu. Mais, par souci de clarté, j’ai volontairement omis de citer un certain nombres d’autres caractéristiques intéressantes (notamment la force des attaques, le fait de tenir son arme à deux mains, de faire forger et réparer votre équipement…). A vous de découvrir à quel point ce soft est riche en qualités. Un Wiki est d’ailleurs spécialement dédié à Demon’s Souls. Toujours est-il que je serai clair : vous avez envie d’un jeu offrant énormément de challenge, demandant un investissement considérable de votre personne et de longues heures de combat ? Ce jeu est fait pour vous. Vous n’avez pas envie de vous prendre la tête plus d’un quart d’heure sur un passage ? Oubliez ce jeu. Le juste milieu n’a pas cours ici. Le jeu est difficile, très difficile, brutal (Berserk par exemple), mais il est juste. Si vous mourez, vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-même (Havok engine inside). Et si vous gagnez, vous ressentirez une satisfaction que, pour ma part, je n’avais plus ressentie depuis l’ère des jeux 8/16 bits.

Est-ce que toute cette souffrance est justifiée? Je réponds oui, mille fois oui, car j’ai enfin pu trouver un de ces rares jeux qui vous en donne plus que la dépense engagée pour son acquisition. Une fois contaminé, il est difficile de s’en détacher, et ce, même si le scénario est maintenu au strict minimum. Vous êtes un tueur de démons, n’allez pas chercher plus loin.

En conclusion, je dirai qu’une fois le jeu terminé, vous recommencez en ‘new game +’ avec tous vos objets, car c’est la seule façon de tout voir, de tout faire, et que de fait, votre plaisir n’en est que plus grand(la difficulté est d’ailleurs encore plus élevée, pour mieux correspondre à vos stats). Que dire de plus… Voilà pour moi, et pour beaucoup d’autres, un jeu qui justifie pleinement l’achat d’une PS3 en mal d’exclusivités.

Mais gardez à l’esprit cette difficulté très old school… Difficulté qui vous demandera de connaître vos ennemis et d’utiliser tous les objets ou possibilités de combat que le jeu met à votre disposition. Terrain, items, techniques, équipement, type de monstre… Voilà bien, en substance, ce à quoi vous devrez penser pour survivre.

Nota bene : Le jeu marque quatre joueurs, mais vous ne pouvez apparemment pas invoquer plus de deux autres personnages pour vous aider. Le quatrième sera éventuellement incarné par un fantôme noir venu vous faire la peau. ;)

Demon's Souls