Suite à l’épisode fondateur, la saga des King of Fighters a entamé un cycle de parution annuel, un peu comme les PES ou les FIFA aujourd’hui. Et comme pour ces séries, le gros du changement consistait en une poignée de nouveaux personnages jouables et de légères modifications de gameplay, ne justifiant pas toujours l’acquisition du dernier volet en date. Dix ans après sa sortie initiale, le millésime 1998, probablement le plus apprécié de la série, fait son come back en arcade (sur le Type X de Taito) puis sur Playstation 2, sous l’impulsion d’un SNK Playmore bien décidé à fêter dignement l’anniversaire de son poulain.
DREAM MATCH NEVER ENDS
Si l’épisode 1994 jouissait d’une historiette convenue, ce sont surtout les trois opus suivants - désignés conjointement sous le nom de saga d’Orochi - qui enrichissent le background d’une saga à l’origine collégiale (puisqu’elle intègre au départ des personnages issus de Fatal Fury, Art of Fighting, Samurai Shodown ou plus tard Metal Slug, entre autres). En 1998, SNK fait marche arrière : le nouveau volet se passe d’une quelconque scénario et se désigne lui-même comme un Dream Match, quelque part une quintescence de ce que la série peut offrir.
THE ANSWER TO LIFE, THE UNIVERSE AND EVERYTHING
The King of Fighters ‘98 Ultimate Match est un beat’em up en deux dimensions qui, à la manière de ses aînés, se joue en équipes de trois et en trois rounds gagnants. Autrement dit, à chaque fin de round, le perdant abandonne son équipe tandis que le vainqueur poursuit le match avec sa jauge de vie légèrement restaurée. Tout comme la réédition du volet ‘94, ce remake propose de nombreux modes de jeu allant du classique combat en équipes de trois, seul ou face à un adversaire humain, au mode scénarisé, en passant par l’entraînement, le survival (ici appelé Endless Battle) ou encore un mode challenge consistant à réaliser des défis.
Le nombre de personnages a également été revu à la hausse depuis l’édition originelle, avec l’adjonction de combattants issus des opus ‘95 et ‘96 ainsi que des boss de ces volets, sans compter les trouzaines de version alternatives : les EX modes de douze personnages, les cinq persos manipulés par Orochi ou encore le Kyo Kusanagi tout bizarre de 1995, dont SNK avait inexplicablement modifié complètement le gameplay. Bref, tous les personnages ayant vu le jour au moment de la sortie initiale du jeu sont ici présents, même l’USA Sports Team (le trio de choc Heavy D!, Lucky Glauber et Brian Buttler) !
Pour le reste, le système de jeu est resté bloqué à la fin des années 90, et on retrouve comme de juste une maniabilité à quatre boutons (deux pour les coups de pieds, deux pour les coups de poings), un système intégrant combos, projections et coups spéciaux, et bien entendu la jauge de puissance, qui se remplit sur trois (pour le premier personnage de l’équipe) à cinq (pour le dernier) niveaux, et permet de déclencher toutes les attaques à haut potentiel destructeur, comme les Desperation Moves, voire de passer en MAX Mode pour pouvoir sortir des coups encore plus puissants. A noter que cette version permet de choisir entre trois modes de jeu : les Advance et Extra Modes déjà présents en 1998 (soit en gros le système de jeu, respectivement, des opus ‘96 et ‘95), et le mode Ultimate, qui permet de piocher parmi les avantages et inconvénients des deux premiers.
SAME PLAYER PLAYS AGAIN
Dix ans plus tard, The King of Fighters ‘98 a pris un méchant coup de vieux. Non pas que l’original soit moche ou dépassé, mais SNK Playmore a cru bon de devoir refaire les décors pour leur donner un look plus « moderne », autrement dit vaguement polygonal, et le résultat est esthétiquement en deça de nos jolis pixels d’antan. Surtout, les personnages qui, eux, n’ont pas varié d’un iota, sont terriblement mal incrustés dans ces nouvelles arènes, ceci donnant la même impression de bâclage que dans les épisodes XI ou Neowave (sortis à peu près à la même époque, à la truelle). Si l’on rajoute une animation toujours un peu rigide dans les titres SNK et une bande-son pas toujours très bandante, on se rend vite compte que l’anniversaire du vieux tonton KOF va être gâché…
Mais faudrait pas l’enterrer trop vite, au vieux crouton ! C’est qu’il en a encore sous la jambe, et le gameplay, lui, est toujours aussi réussi. Mieux, le mode Ultimate évite toute frustration et permet enfin de concilier les deux modes des premiers épisodes. Autre bonne nouvelle, toutes les nouveautés miteuses des épisodes suivants, au premier rang desquelles les abominables Strikers, passent ici à la trappe.
Tant et si bien que The King of Fighters ‘98 Ultimate Match est clairement destiné aux aficionados du temps jadis, qui regrettent la tournure qu’a pris la série depuis 1999 (en dehors de quelques épisodes génialissimes comme le 2002). Si Playmore avait eu le bon goût de garder les anciens décors en sus, cette galette aurait mérité la note maximale.