The Bouncer est un jeu vidéo PlayStation 2 publié en 2000 .

  • 2000
  • Beat them all

Test du jeu vidéo The Bouncer

1.5/5 — Bof… par

Mais qu’a-t-il donc pu bien passer par la tête des dirigeants de Squaresoft le jour où ils ont décidé d’éditer The Bouncer ? Eux qui se sont spécialisés de longue date dans le RPG se piquent soudain d’intérêt pour un étrange beat’em all co-développé par DreamFactory (Ehrgeiz, Tobal). Censé représenter la vitrine technologique de la marque qui tourne carré sur le nouveau joyau de Sony, le titre n’a pas tenu toutes ses promesses. Les raisons en sont nombreuses, mais ça tombe bien, j’ai plein de place pour vous les expliquer en détail.

TOI T’AS DES BASKETS, TU RENTRES PAS

Sion Barzahd et ses deux amis, Volt Krueger et Kou Leifoh sont des physios au club FATE, dans la ville d’Edge. Ou des bouncers, en anglais dans le texte. Alors qu’il s’apprêtent à fêter la première année de travail de Sion avec leur meilleure amie Dominique Cross, cette dernière se fait kidnapper par un groupe de soldats surpuissants de la société Mikado, un mystérieux conglomérat dont les visées sont bien moins humanitaires que ce qu’il laisse paraître.

LES TROIS FONT LA PAIRE

Au départ, tout va bien. The Bouncer est un beat’em all en trois dimensions qui vous permet d’incarner l’un des trois protagonistes de l’histoire, qui répondent à des archétypes bien connus des amateurs du genre : Sion est un personnage équilibré, idéal pour débuter ; Volt est la brutasse du lot, aussi puissant que lent ; au contraire, Kou est rapide mais frappe comme une lopette. A ces spécificités de base s’ajoutent des caractéristiques de santé qui ont aussi leur importance. Volt a plus de vie que Sion, qui en a lui-même plus que Kou.

Là où ça commence à se compliquer, c’est que ces attributs ne sont pas figés dans le marbre. En effet, à chaque fin de niveau, vous pourrez choisir d’attribuer des points supplémentaires en santé, puissance ou résistance. Pour ce faire, vous dépenserez les BP (Bouncer Points) que vous aurez cumulé en lattant les adversaires. Mais attention, les BP servent aussi à acheter de nouvelles attaques, et il y a de fortes chances pour que vous n’ayez pas suffisamment de BP pour faire les deux. Pour obtenir le plus de BP possible, il faut enchainer les ennemis : le deuxième tué vous offre le double de BP, le troisième le triple, etc.

Notez que les niveaux sont divisés en plusieurs sections (généralement, la dernière vous oppose à un boss), et qu’à chaque section, vous pouvez choisir de changer de personnage. Mais ceci n’est franchement pas recommandé parce que petit un, si vous voulez connaître toute l’histoire dans les détails, vous devrez faire un passage avec chaque personnage et, petit deux, vous n’aurez pas les moyens de monter vos trois personnages à la fois lors d’un seul passage. Autant se concentrer sur un seul à la fois.

Allons allons, ne soyez pas tristes, mes amis. Ce n’est pas parce que je vous recommande de ne jouer qu’un seul personnage à la fois que les deux autres sont oubliés. L’I.A. se charge de contrôler les deux gaillards que vous avez laissés de côté, si bien qu’ils pourront faire le ménage pour vous. Enfin, pas tout le temps non plus. Laisser ses potes aller au front est une technique de pute qui porte ses fruits, certes, mais qui ne permet pas de gagner beaucoup de BP, déjà, et qui ne marche pas contre les boss. C’est là qu’entre en jeu la deuxième technique de pute : laisser le boss se charger de votre chair à canon, et l’attaquer dans le dos jusqu’à le foutre à terre. Ceci fait, reculer pour que les deux autres pignoufs se fassent encore démolir à votre place, et recommencer. Ca marche, y compris contre le boss final et ses douze milliards de résurrections.

A ce niveau-là, vous vous dites que The Bouncer est un oiseau rare dans le monde du beat’em all, avec son système emprunté vaguement aux RPG et son gameplay qui vous invite à laisser les autres se battre pour vous. Alors laissez-moi vous parler des contrôles, bien barrés eux aussi. Vous disposez de quatre types d’attaques : haute, moyenne, basse ou aérienne. En outre, selon que vous appuyez longtemps ou non sur la touche d’attaque, votre coup sera plus ou moins fort. Vous disposez également de la gâchette R1 pour parer, et de la gâchette R2 pour défier l’adversaire. On parle de taunt, en référence aux beat’em up modernes. Cette dernière fonction n’a aucun intérêt en soi, mais si l’un de vos collègues déclenche sa taunt, vous pouvez à votre tour déclencher la votre afin de provoquer un Trinity Rush. Il s’agit d’une super attaque qui peut blesser tous les adversaires à la fois et qui enlève un certain pourcentage de la jauge de vie. Autrement dit, plus l’ennemi est en forme, plus vous lui ferez mal.

Dernier point. Outre le mode scénarisé qui représente le cœur du jeu, vous pourrez jouer en Versus ou en Survival. Le premier mode est un ersatz de jeu de baston jouable jusqu’à quatre, avec les personnages débloqués durant le jeu principal et avec le même gameplay, minoré des Trinity Rushes. Le second vous offre la possibilité de vadrouiller dans des couloirs sans fin, seul, lattant des vagues et des vagues d’ennemis qui n’attendent que ça.

L’HISTOIRE SANS FIN

Si cet étrange système de jeu n’a pas encore réussi à vous faire fuir, laissez-moi maintenant aborder les vrais problèmes du jeu. Parce que bon, à la limite, jusqu’ici on a juste devant soi un beat’em all pas très catholique, mais pourquoi pas, après tout, hein ? Eh bien à vrai dire oui, pourquoi pas ? Si vous êtes venus uniquement pour profiter d’un joli jeu avec une histoire un peu plus recherchée que la moyenne, vous avez frappé à la bonne porte. The Bouncer jouit du design de Tetsuya Nomura (FFVII, Kingdom Hearts), ce qui peut être une bonne chose si l’on est fan de manga plan-plan et de personnages over-stylisés, habillés à la nawak et disposant du charisme d’une centrifugeuse. Il faut aussi apprécier les musiques d’ambiance style ascenseur dans un film porno, pourtant composées pour moitié par Noriko Matsueda, le gars qui a pondu les envolées jazzy des Front Mission. Le jeu use et abuse des filtres lumineux et des effets de distorsion, et ne lésine pas sur les cinématiques.

C’est là le premier écueil du jeu. De l’aveu même de ses créateurs, Seiichi Ishii (non non, j’ai pas bugué, il a plein de i dans son nom, le directeur des deux premiers Tekken, des Tobal et d’Ergheiz, entre autres) et Takashi Tokita (Chrono Trigger, Parasite Eve), il s’agit en fait d’un film d’action jouable. Par moments. Si si, regarde bien, entre la huit-centième et la huit-cent-unième FMV, tu peux bouger son gros orteil en appuyant sur carré, là. Vite ! Heureusement, on peut les zapper, ces FMV, en passant par le menu de pause. Mais alors, on se prive des trois quarts de ce que contient la galette !

Le truc c’est qu’à la limite, ils auraient dû en faire juste un film d’animation. Parce que ça ferait moins foutage de gueule, déjà, mais aussi et surtout parce que tout le reste est encore plus mauvais. The Bouncer, c’est un gameplay apathique, d’autant plus si vous tentez l’aventure avec Volt, mais c’est aussi un système de Trinity qui ne fonctionne qu’en toute fin de combat, là où il n’a plus d’intérêt (puisque pour rappel, cette attaque dépend de l’état de santé de l’adversaire), des éléments de RPG qui ne font qu’alourdir la sauce, un jeu de caméras déplorable qui vous colle en plan rapproché pour vous empêcher de voir venir l’adversaire, et des modes de jeu annexes encore moins intéressants que le mode principal.

C’est une constante : à chaque fois que Squaresoft s’essaie à autre chose qu’au RPG, il se vautre lamentablement. Développé à la va-vite pour coïncider avec la sortie de la Playstation 2, The Bouncer est sans doute l’une des pires choses qui soient tombées sur la gueule de l’humanité depuis la seconde guerre mondiale.

The Bouncer