Silent Hill 3 est un jeu vidéo PlayStation 2 publié en 2003 .

  • 2003
  • Aventure

Test du jeu vidéo Silent Hill 3

4.5/5 — Exceptionnel ! par

Le troisième épisode de cette série mythique qu’est Silent Hill…

Un petit rappel : Silent Hill est un jeu où la peur et l’horreur sont omniprésentes. C’est un monde dans lequel des corps déchiquetés et enchevêtrés en veulent à votre vie, où des infirmières hystériques et zombifiées vous poursuivent avec des haches tranchantes dans les couloirs des hôpitaux, où des ours en peluche (enfants dans la version japonaise du premier opus) vous assaillent avec leurs griffes ou leurs couteaux dans les salles de classe d’une école, où un type avec une pyramide sur la tête veut nous pourfendre le crâne avec sa grande épée. Et toute cette joyeuse agitation dans des lieux sombres, très sombres, où seule notre pauvre petite lampe peine à diffuser sa lumière…

Ce troisième opus ignore le scénario du second épisode (qui n’était ceci dit pas dans la lignée du premier) et se veut donc la digne suite de l’aventure que mena Harry Manson dans la triste ville de Silent Hill… Petit rappel du scénario : Harry Manson et sa femme découvrent un nouveau-né abandonné au bord d’une route et décident de l’adopter. Sa femme meurt peu de temps après d’une maladie incurable, et c’est ainsi qu’il prend seul en charge l’enfant qu’il nomme Cheryl. Cheryl est une petite fille énigmatique, mais qui est adorée et chouchoutée par son père. En vacances dans la petite ville touristique de Silent Hill, Harry perd sa fille de vue dans un brouillard épais et décide d’appeler à l’aide sa partenaire flic, Cybill Bennet, afin de la retrouver. Silent Hill est une ville morte, rongée par un autre monde infesté de créatures épouvantables et c’est un véritable cauchemar éveillé qu’endurera Harry pour délivrer sa fille.

Vingt ans plus tard, Heather, une jeune femme au teint blafard et au regard triste (ce qui ne l’empêche pas d’être belle vu que son visage est inspiré de celui de Sophie Marceau) vit un vie heureuse aux côtés de son père, Harry Manson (?). Se réveillant seule dans un bar après avoir fait un terrible rêve, elle décide de repartir chez son père quand un bon vieux détective croise sa route pour la questionner. Il y a apparemment un problème avec sa naissance… Profitant d’un instant de répit, Heather s’enfuit par la fenêtre des toilettes pour échapper au vieux bonhomme, et c’est à partir de ce moment-là qu’elle bascule dans un monde similaire à celui auquel a pu échapper son père… Un monde horrifique, un véritable enfer pour les défunts. Pourquoi Heather et son père ont-ils le pouvoir de rentrer dans cet univers parallèle ? Qui est le responsable d’un tel désastre ? Qui est vraiment Heather ? Quel rôle joue-t-elle dans cette mascarade ? Tant de questions viendront marteler votre esprit déjà malade et perturbé par l’apparition d’un bestiaire coriace.

La claque graphique est encore plus violente que dans Silent Hill 2. Cette fois, fini les cinématiques en images de synthèse qui gâchent un peu l’aspect graphique du jeu, on a droit à des scènes en temps réel franchement bien mieux faites encore. Les visages sont absolument incroyables de réalisme et une synchronisation labiale leur est attribuée à la perfection. J’ai rarement vu une finesse graphique autant poussée.

Pour les décors, ils sont aussi d’un réalisme saisissant, avec une gestion de l’éclairage plus réussie encore que dans le 2ème opus. Certains éclairages sont magnifiques, avec des teintes un peu plus rougeâtres pour cet épisode. Le souci du détail dans l’esthétique fait vraiment plaisir, on sent que les créateurs y ont mis leurs tripes. Des textures boisées et salies par le sang et la rouille pour les murs et le sol, en passant par des imperfections de la peau du visage des personnages, c’est renversant ! Le bruitage accompagnant l’image rend l’ambiance graphique encore plus malsaine, mais ceci dit il est, contrairement au deuxième opus, utilisé à bon escient, ce qui permet d’apprécier les décors à leur juste valeur… Dans tous les cas, Silent Hill 3 est le plus abouti graphiquement de la série.

Mais si ce n’était que les graphismes ! Parlons de la partie sonore à présent, qui est un autre très gros point fort du jeu avec l’esthétique et la réalisation. On atteint des sommets de ce côté-là. Akira Yamaoka a frappé très fort, car en plus de nous servir des musiques sublimes aussi bien dans leur composition que dans leurs arrangements (des chansons chantées en plus, la classe pour l’intro), il nous offre des sons et des bruitages de très grande qualité. Oppressante à souhait, la partie sonore est d’une richesse inouïe, avec des ambiances sonores s’inspirant des temples bouddhistes, des hôpitaux psychiatriques ou encore des tréfonds de nos organes (gargouillis du ventre, palpitations cardiaques…). Je vous promets qu’avec le son bien mis en évidence, lorsque vous allez pénétrer pour la première fois dans le monde des ténèbres au centre commercial, vous allez halluciner.

Comme tout bon Survival Horror qui se respecte, Silent Hill 3 alterne action et énigmes dans chaque secteur à explorer. Les énigmes étant toutefois pour la plupart très minimalistes, le rythme d’action est cette fois plus soutenu que dans les autres épisodes ; il n’est plus question ici de perdre son temps. Cette particularité, qui rend peut-être le jeu un peu plus court que ses prédécesseurs, fait aussi augmenter l’intensité du scénario. Certaines scènes sont absolument sublimes et renouvellent avec panache l’intérêt du jeu, en particulier LA scène absolument incroyable qui se déroule dans la bibliothèque, où Vincent mène un dialogue renversant face à notre héroïne. La scène de la maison hantée est elle aussi stupéfiante, dommage qu’elle soit trop courte !

On retrouve un bestiaire très original avec certains monstres plus ou moins réussis et des boss assez impressionnants. Le seul bémol est l’animation de certains, et surtout, l’animation un peu scandaleuse de notre chère Heather. Bon, sa démarche reste un peu rigide, on l’aurait préférée certes un peu plus gracieuse dans ses déplacements, surtout lorsqu’elle court. Il semble qu’elle ait hérité du syndrome « j’ai un ballet dans le hum » de son père. La maniabilité reste fidèle aux autres épisodes, mais elle manque peut-être d’un peu de précision lors des combats.

Esthétique : 19/20

C’est de l’art. Les textures sont sublimes et variées, les personnages très réalistes, les effets de lumière saisissants. Le bruitage (filtre graphique), parfois utilisé et à bon escient, contribue fortement à l’aspect glauque et volontairement sali de l’image.

Animation : 15/20

Heather est rigide dans ses déplacements ainsi que certains monstres ; dommage car tout reste agréablement fluide. J’attribue une mention spéciale pour l’animation incroyable des expressions des visages.

Maniabilité : 14/20

Deux styles de maniabilité sont donnés : 2D pour les habitués du genre (depuis Resident Evil, on est rodé), ou 3D pour les newbies (je dirige mon personnage dans la direction que je vois et non celle du personnage). Les tirs sont un peu brouillons et les déplacements parfois un peu laborieux. En général on s’en sort toujours assez bien.

Musiques/sons : 20/20

Une ambiance sonore travaillée à mort qui contribue à 85% à l’ambiance générale du jeu, et des compositions stupéfiantes signées Akira Yamaoka (moi je dis : ce type maîtrise grave).

Durée de vie : 12/20

Le jeu se finit vite, en 10h maximum et guère plus pour un débutant. Recommencer le jeu pour débloquer certaines fins et d’autres fringues pour l’héroïne demande au joueur un certain courage. Personnellement, je me suis refait le jeu pas mal de fois et je dois dire que c’est un régal à chaque fois.

Scénario : 16/20

Un peu tortueux mais intelligent. Il fait référence à certaines religions en s’en inspirant vaguement. On se demande qui peut bien tirer les ficelles de cette mascarade… Les rebondissements sont bien sûr au rendez-vous.

Ambiance : 20/20

Parfaitement rendue, on sent qu’elle a été travaillée et peaufinée par des artistes talentueux qui ont l’esprit à la fois torturé et tourmenté. Si vous êtes du genre sensible, vous allez salir votre caleçon (ou votre culotte, au choix), c’est une certitude…

Conclusion : On a droit avec Silent Hill 3 à une œuvre très aboutie, qui clôt définitivement le scénario divin du premier opus. Il faut avoir le cœur bien accroché pour supporter certaines scènes qui font vraiment flipper (le château hanté notamment). Plus tourné vers l’action que ses prédécesseurs, avec un scénario moins « freudien », peut-être, que le 2ème épisode, sa force se situe surtout dans sa réalisation et son ambiance absolument grandioses et rarement égalées.

Intense, profond, stressant, horrible dans la beauté rarissime de ses graphismes, il touchera même les joueurs les plus aguerris. Et puis même si quelques petits défauts viennent légèrement entacher ce bijou diabolique, on ne peut que s’incliner devant tant de maîtrise. Un chef d’œuvre vous dis-je !

Silent Hill 3