Silent Hill 2 est la magnifique suite du chef d’oeuvre d’imagination, d’ambiance et de scénario qu’a été SH sur PS1.
S’il reprend l’univers macabre, malsain, irréel, fantasmagorique de SH, il réussit à s’en démarquer admirablement en proposant une intrigue très différente. En fait de créer une véritable intrigue, il s’agit plutôt de mettre en scène le voyage, le cheminement introspectif de James, et à un degré moindre des personnages secondaires comme Angela et Eddy.
Si dans SH1, les persos étaient déjà la plus grande richesse du jeu de part leur personnalité d’une grande profondeur, les protagonistes de Silent Hill 2 sont encore plus intéressants, car on décèle chez chacun d’eux une ambivalence très prononcée. Ils ne sont ni entièrement bons ni complètement mauvais, ils sont juste très humains (et assez dérangés, certes). Silent Hill leur permet d’expugner et de matérialiser leurs peurs et leurs espoirs insconscients.
Il en ressort une aventure très poétique, prenante, complexe, où le joueur est moins saisi par la peur que la désorientation qui frappe le héros.
La mise en scène est magistrale, incroyablement poignante, notamment lors des cinématiques. La réalisation visuelle est impressionnante, avec le fameux brouillard volumétrique mais aussi le travail opéré sur le faciès des personnages, sur la finesse de leurs traits. Idem pour la composition des thèmes musicaux, des effets sonores, devenu l’une des marques de fabrique des Silent Hill, grâce à Akira Yamaoka. On saluera également les efforts de recherche pour créer les monstres, la symbolique les entourant. Le très instructif making-off vendu avec le jeu permet de mesurer l’implication et l’inventivité des développeurs.
Pourtant « uniquement » 9 alors?Si on décèle quelques soucis d’aliasing, particulièrement en intérieur, dans les pièces et chambres d’hôtel, cela reste très négligeable en regard de la maniabilité proprement antiludique.Déjà apanage du 1, le mauvais contrôle des mouvements du personnage, particulièrement pour frapper, devient lui aussi une caractéristique récurrente des Silent Hill. Autant on pouvait l’excuser sur PS1, autant ce défaut nuit ici grandement au plaisir de jouer. Croiser un monstre devient vraiment pénible, surtout lorsqu’il s’agit de le vaincre sans arme à feu. Alors certes, la difficulté reste mesurée même en mode normal voire en mode difficile, mais franchement un petit effort à ce niveau n’aurait pas été du luxe. Un point en moins donc.
Je rajouterai enfin que le jeu propose 3 modes de difficulté au niveau de l’action, et 3 modes au niveau de la complexité des énigmes.Une bonne idée qui peut éventuellement rallonger un peu la durée de vie, même si les énigmes ne sont pas méga intéressantes, et que à plusieurs moments du jeu on a du mal à se débloquer sans aide.
Silent Hill 2 propose 6 fins différentes (!) dont 2 humoristiques (Dog et UFO)Les 4 fins classiques sont intéressantes (boss de fin et cinématique de conclusion différents) mais il est assez nébuleux de comprendre comment obtenir chacune d’elle, contrairement au 1 où certaines actions précises déterminaient la fin à obtenir.
Un jeu incontournable. Bravo les gars.