Je souffre d’un syndrome nerdo-pavlovien vis-à-vis des chevaliers du zodiaque. Dès que j’entends parler du moindre artefact les concernant (figurine articulée, jeu vidéo, stickers, tasse à café, slip jetable, …), je fonce immédiatement me procurer l’objet convoité, sans me demander un seul instant s’il me sera utile à quelque chose. Il en fut donc ainsi pour le second jeu de combat PS2 inspiré de l’œuvre de Masami Kurumada. Après coup, je me suis évidemment interrogé sur le laps de temps relativement court entre la sortie des deux softs, mais tant pis, le mal était fait. Et puis après tout, ces épisodes n’étant pas encore arrivés en Europe, et ma bande passante étant mise à rude épreuve pour me les rapatrier via les P2P, j’allais au moins pouvoir visualiser toute l’histoire via les séquences intermédiaires entre les combats…
Pour ceux qui n’y auraient jamais jeté un œil, ces épisodes (techniquement extraordinaires soit dit en passant, du moins en ce qui concerne les 13 premiers d’entre eux) retracent le combat d’Athéna et de ses chevaliers contre Hadès, le véritable ennemi de la déesse (Poséidon et les autres n’étant, au mieux, que des figurants). Les spectres d’Hadès, secondés par les chevaliers d’or tombés durant la bataille du Sanctuaire, envahissent les 12 maisons et une lutte fratricide s’engage alors entre les revenants et les survivants de l’Ordre : Bélier, Taureau, Lion, Vierge, Scorpion, Balance (redevenu jeune pour l’occasion) et Gémeaux (en la personne de Kanon, ancien marina de Poséidon). Les pertes sont lourdes de part et d’autre, mais on comprend vite que les chevaliers d’or renégats semblent mener un double-jeu. Finalement, un terrible combat oppose Gémeaux, Verseau et Capricorne aux chevaliers du Lion, du Bélier et du Scorpion. Les deux trios utilisent une technique interdite pour se détruire mutuellement, l’Athena Exclamation. C’est alors qu’on apprend qu’Athéna s’est suicidée ! Les chevaliers défunts révèlent que la raison de leur venue n’était pas de tuer Athéna mais de lui révéler l’existence de son armure divine, afin qu’elle puisse affronter le seigneur des enfers avec succès. Afin de ne pas éveiller les soupçons d’Hadès, ils ont été obligés jusqu’ici de se comporter en esclaves loyaux de leur nouveau maître. Mais la déesse les a malheureusement pris de vitesse. Secondée par le chevalier de la Vierge, Athéna est partie de son plein gré vers le royaume des morts pour vaincre son ennemi séculaire. Les principaux protagonistes de cette seconde bataille du Sanctuaire étant plutôt mal en point, c’est au tour des chevaliers de bronze, restés en retrait jusque là, de mener l’assaut contre le monde souterrain et ses terribles gardiens.
Le jeu annonce fièrement une cinquantaine de personnages jouables, mais l’écrasante majorité d’entre eux sont de simples doublons : chevaliers de bronze avec leurs anciennes et leurs nouvelles armures, chevaliers d’or et chevaliers d’or en surplis, chevaliers de bronze en armure d’or (Shiryu avec l’armure de la balance, Hyoga avec l’armure du verseau, etc…). On trouve même jusqu’à trois versions des Gémeaux : armure vide, Kanon avec l’armure d’or et Saga en surplis, et leurs techniques diffèrent assez peu. Les seuls nouveaux chevaliers ajoutés à ceux du premier jeu sont les trois juges des enfers (Minos, Eaque et Radamanthe) et le chevalier de bronze perdu, Orphée. Alors que la hiérarchie d’Hadès compte 108 spectres (dont certains, comme le Papillon ou Rune, auraient pu être très intéressants à jouer), on n’en retrouve aucun parmi ceux aperçus dans ces épisodes inédits. Le mode histoire fait d’ailleurs l’impasse sur tous les affrontements mettant en scène les spectres de base d’Hadès. Il est possible de choisir certaines réparties durant le mode story, mais cela ne change pratiquement rien à la progression. Autre déception au niveau du mode solo : les dialogues entre personnages manquent de rythme et quand le scénario mentionne un affrontement non jouable, on se contente d’entendre un bruit de combat, mais il n’y a pas de courte vidéo montrant les deux adversaires en train de se fumer la tête à grands renforts de sphères d’énergie. Qui plus est, le mode solo s’achève après la défaite des trois juges des enfers, et le jeu est donc amputé de sa conclusion… Curieux…mais peut-être cela augure-t-il d’un troisième jeu qui, comme pour la série des DBZ, sera enfin de très haute volée. A part ça, on retrouve plusieurs modes de jeu, comme le classique VS, un mode survival, un mode arcade où on affronte simplement une suite de 12 adversaires, un mode time attack et bien sûr l’encyclopédie des jouets, personnages et autres gadgets. Tout cela sera à débloquer au fil des parties, et il faudra jouer assez longtemps pour terminer le jeu à 100%.
Réalisation technique :
Ne tournons pas autour du pot, il y a de quoi être déçu par le manque de nouveautés apportées par la saga Hadès en jeu vidéo : graphiquement, il me semble que c’est un poil supérieur au jeu précédent. Mais vraiment un poil, hein… ! Les vidéos mettant en scène les attaques ultimes sont légèrement plus belles que dans le premier jeu, et les combattants sont plus affinés, mais ces améliorations restent en tout cas de l’ordre du détail et ne modifient pas la légère déception que l’on pouvait éprouver face à l’absence de gouraud-shading dans un jeu qui s’y serait pourtant prêté à merveille. Le nombre de terrains d’affrontement est moins important qu’avant, mais ces derniers sont un peu plus variés que les 12 maisons du zodiaque, avec notamment le jardin des Twin Sals, le mur des lamentations, la salle du trône d’Hadès ou la cour du château de Pandore. En revanche, Hadès propose une réelle amélioration au niveau du rythme et de la dynamique des combats. La vitesse et la souplesse des déplacements est impressionnante et corrige totalement l’impression de lourdeur induite par le premier jeu. Avec la taille des rings qui a elle aussi été revue à la hausse, les combats de Saint-Seiya retrouvent enfin la grandeur et la beauté de ceux de la série. La jouabilité est incontestablement supérieure à celle du premier volet, et les personnages se maîtrisent beaucoup plus aisément, sans décalage intempestif dans les commandes. Le système des coups spéciaux standards a également évolué vers un mieux : si les coups s’exécutent toujours de la même façon pour tous les personnages, ils sont plus proches des combinaisons « directions + bouton » généralement en application dans les autres jeux de combat. Hadès inclut également une série d’enchaînements à réaliser en sélectionnant un bouton parmi plusieurs, à l’instar de ce qui se faisait dans DBZ Budokai 3. Ces enchaînements se partagent entre un bouton « attaque », un bouton « combo » et un bouton « attente ». Le défenseur, lui, a le choix entre « défense », « parade » et « attente ». Chaque type d’action offensive peut être réduite à néant par une des actions défensives, mais les deux joueurs sont obligés de s’en remettre au hasard puisqu’ils ignorent quelle action a été choisie par leur adversaire. En revanche, Dimps n’a pas été très inspiré en retravaillant la manière de contrer les attaques ultimes. Non seulement le bouton de contre est à présent aléatoire mais même dans ce cas, il est pratiquement impossible de renvoyer l’attaque à l’expéditeur, y compris en martyrisant le pad avec la plus grande violence. Ce n’est pas non plus cette fois qu’on aura droit aux musiques originales de la série, mais les mélodies présentées sont suffisamment proches de leurs modèles pour qu’on s’en satisfasse. Les voix françaises ont également disparu au passage, et les chevaliers hurleront leurs imprécations en japonais. Et ce n’est pas plus mal.
En bref : 13/20
Saint Seiya Hadès est incontestablement supérieur au jeu retraçant la bataille du Sanctuaire. La plupart des défaut gênants de cet épisode ont été corrigés, et on atteint enfin un standard de qualité acceptable pour un jeu PS2. Néanmoins, le manque de réelles nouveautés laisse perplexe. Progression technique insignifiante, jouabilité non pas améliorée mais simplement amenée à un niveau correct, nouveaux personnages peu nombreux, … On se demande s’il était bien utile de sortir un deuxième jeu aussi rapidement. Les fans compulsifs, eux, s’en foutent : ils ont déjà acheté le jeu et passeront outre ces considérations oiseuses, comme pour le premier épisode. Néanmoins, si vous ne faites pas partie de ce petit club très fermé, Hadès reste quand même un jeu de combat de qualité honnête, malgré ses nombreuses imperfections. Cependant, ne commettez pas la même erreur que moi. Si vous n’avez pas le premier épisode, préférez lui celui-ci qui reprend de toute façon tous les personnages du premier. Et si vous le possédez déjà… ça vaut peut-être le coup d’attendre un troisième épisode réellement novateur (avec les chevaliers d’Asgard, qui sait ?!).