Rygar : The Legendary Adventure est un jeu vidéo PlayStation 2 publié en 2002 .

  • 2002
  • Action

Test du jeu vidéo Rygar : The Legendary Adventure

4/5 — Exceptionnel ! par

_Développé par Tecmo, édité par Wanadoo Editions en France en 2003, par Tecmo pour le reste du monde en 2002, sur PS2 puis sur Wii en 2009 en tant que Rygar : the Battle of Argus

_Titre original : Argos no senshi (le guerrier d’Argus)

Pas un jeu culte, mais assurément un classique du jeu vidéo, ayant connu la gloire sur bornes arcade et à degré moindre sur NES (j’ai tenu à lui consacrer mon 2e test,) Rygar revient sur PS2 quelque 16 ans après, sous la forme d’un quasi remake du jeu NES.

Ah, on a aussi revu Rygar sur Wii 7 ans plus tard, avec pour seule et unique « amélioration » le changement du look de notre héros, qui devient un personnage de manga aux cheveux argentés, ce qui colle parfaitement à un mec évoluant dans l’Antiquité. Merci Nintendo, ça fait toujours plaisir qu’on se foute de notre gueule.

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UN RYGAR SINON RIEN**

Rygar c’est ce héros solitaire qui passe son temps à cavaler partout et à trucider toutes les bestioles qui croisent son passage avec son Diskarmor, un bouclier à pointes relié à une chaine métallique, un yo-yo géant clouté si vous préférez.

Rygar est un fier guerrier qui en impose, mais qui est quand même un peu plat niveau personnalité. Son terrain de jeu est l’île d’Argus, située sur la Méditerranée, contrôlée par l’Empire Romain.

Je parlais en intro de quasi remake, car l’environnement, les ennemis, le gameplay, la bande son et même l’histoire sont clairement calqués sur le jeu NES. De quoi faire plaisir aux fans de la 1ere heure, mais aussi séduire les p’tits jeunots.

Dans Rygar : The Legendary Adventure, Argus est encore une fois attaqué par une armée de bêtes commandée non plus par Lygar mais par Echidna, ancienne princesse égyptienne qui l’a mauvaise depuis que Rome a conquis sa cité. On le sait, les femmes se jettent sur un pot de Häagen Dazs ou de Nutella quand elles sont contrariées. N’en ayant pas trouvé à son époque, Echidna a bouffé de la chair à titans, ce qui l’a transformée en entité démoniaque assoiffée de vengeance. La petite sacripant a en plus libéré quelques Titans, avec pour but ultime de ramener du Tartare (l’Enfer), le Seigneur des ténèbres Cronus, autrefois exilé par 3 guerriers armés chacun d’un Diskarmor. Pour faire bonne mesure, et pour ne pas risquer de perdre les gamers déroutés par ce scénario librement inspiré de la mythologie, les méchants ont aussi enlevé la princesse Harmonia, en plein milieu d’une cérémonie visant à récompenser le dernier succès naval de notre héros. Icarus, créature ailée, l’emporte avec lui jusqu’au Royaume dans le ciel, pendant que Rygar est précipité dans une crevasse en criant « Princeeeeeesse ! » et en soufflant « les salauds ! J’étais à 2 doigts de conclure ! » Voilà qui devrait suffire à le motiver à risquer sa vie. Et la douce, belle et angélique princesse Harmonia donne envie qu’on sue un peu pour elle si vous voulez mon avis.

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RYGAR AU GORILLE**

Le jeu est un action / aventure proche du beat them all, car énormément de décors peuvent être détruits, avec quelques passages d’exploration pour trouver certaines pierres ou objets bonus, et même des séquences de plates-formes où il faut sauter de rocher volant en rocher volant.

Le type au yo-yo va parcourir 7 mondes, du Colosseo au Tartare en passant par le Sanctuaire de Poséidon et surtout le fameux château volant, théâtre de l’affrontement final sur NES, renommé ici Arcadia. Le parcours est plutôt linéaire, mais notre héros peut à tout moment revenir sur ses pas pour collecter des objets intouchables lors de son premier passage, mais accessible une fois que Rygar aura débloqué de nouvelles actions. Vers la fin du jeu, il pourra aussi utiliser des téléporteurs pour se faciliter la vie.

La finalité du titre est encore moins originale que le scénar : taper dans le tas (par tas j’entends toutes les créatures qui bougent, plus les colonnes, rochers, pots, qui peuvent se briser), à l’aide du seul Diskarmor. Ou plutôt des 3 Diskarmors, puisque Rygar va ramasser les 2 autres au cours de sa quête.

Le Diskarmor d’Hadès possède une portée normale et se lance de façon rectiligne, c’est le plus puissant en cas de combat frontal. Le Diskarmor céleste s’utilise circulairement, il est lent à déclencher mais très efficace contre un groupe d’ennemis, alors que le bouclier marin se lance très rapidement mais a une allonge très restreinte, en plus d’être peu puissant. Les 3 sont très complémentaires, faciles d’utilisation, et peuvent déclencher des combos adaptés à leurs capacités. Certains mouvements qu’on qualifiera de « ultimes » doivent être trouvés avant de pouvoir les déclencher. Petit bonus non négligeable : les Diskarmors renferment chacun un familier, que Rygar peut invoquer tant qu’il lui reste de l’icol, du pouvoir magique.

Il existe en outre 2 façons d’améliorer son Diskarmor. D’une part, en ramassant suffisamment d’orbes laissés par les méchants ou cachés dans le décor, le gladiateur peut monter chaque yo-yo aux niveaux 2 puis 3, ce qui a pour effet d’accroître sa puissance de frappe (ce n’est pas flagrant), et surtout la puissance des invocations. D’autre part, Rygar peut collecter des pierres mystiques, qui peuvent être incrustées dans le bouclier pour lui conférer un talent distinct : puissance ou résistance supplémentaire, allonge accrue, coups fatals, plus d’autres talents divers comme un renforcement de la garde (le Diskarmor fait aussi office de bouclier en plus d’être une arme). Seules 4 pierres peuvent être insérées dans un Diskarmor ; il faudra donc le faire selon votre stratégie globale ou les spécificités de la région traversée.

A part les orbes de points, Rygar peut ramasser des objets lui redonnant vie ou / et magie, des épées, armures et boucliers divins augmentant ses capacités de frappe, de défense, et sa jauge de vie, plus tout un tas de documents permettant de mieux comprendre le scénario. A noter que j’ai mis du temps à déchiffrer le message énigmatique « vous avez trouvé un bruit / sculpture de l’avenir, quelque chose vient de changer dans l’avenir lointain ». Cela signifie que vous venez de débloquer des dessins disponibles dans la galerie du menu de départ, mais cela n’a aucune incidence sur le jeu. Sont aussi à débloquer tous les modes de difficulté autres que le mode normal, à savoir facile, difficile et légendaire.

Enfin, notre héros peut acquérir de nouveaux mouvements, comme la glissade, le poussage de caisse, l’écrasement de bloc en sautant (le stomp en anglais), ou jouer les Spidermen en utilisant le Diskarmor comme un grappin et en se balançant avec, lors de passages qui rappellent fortement Bionic Commando (j’aurais évoqué mes 2 premiers tests dans Veda, ça me rajeunit pas tout ça).

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RYGARDE MON FILS COMME CE JEU IL EST BEAU**

Pour tout dire, j’ai été agréablement surpris par ce nouveau Rygar, fidèle à la mythologie de la série, très jouable, et en plus magnifique à regarder et écouter.

L’arme unique de départ fait craindre une grande répétitivité de l’action, mais finalement on ne s’ennuie pas avec ce titre, et on prend beaucoup de plaisir à dépecer les bestioles. Les 3 Diskarmors évolutifs sont des armes originales permettant de lancer vers la fin du jeu des combos variés et faciles à mettre en œuvre. Ils obéissent aussi fidèlement aux injonctions du joueur que les familiers qui accourent au secours de leur maître. Toutefois, ces invocations me semblent moyennement réussies. Elles ne sont pas spécialement impressionnantes visuellement, et leur efficacité est un peu douteuse au premier abord. Certes bien utiles face aux boss, elles font plutôt office de gadget le reste du temps. Idem pour les pierres mystiques, on a un peu de mal à comprendre comment marchent certaines d’entre elles, car le jeu se contente de les décrire succinctement sans trop expliquer leur fonction. Il est somme toute dommageable que les prérogatives de notre Rygar cœur de lion se bornent à détruire ou trucider tout ce qui lui passe sous le Diskarmor.

Si le jeu est plutôt facile, avec des ennemis relativement peu nombreux et malheureusement insuffisamment variés (uniquement 4 ou 5 espèces, ça fait pas beaucoup), il prend tout son sel lors des affrontements contre les boss. Ceux-ci sont par contre multiples (une douzaine de confrontations sont au programme !), et vraiment réussis graphiquement. Ils ont tous leurs spécificités, si bien que presque aucun combat ne ressemble à un autre, et il faudra cravacher pour en venir à bout, surtout qu’il arrive qu’on en affronte 3 à la suite ! Entre la faiblesse des ennemis standards et la présence de fréquents points de sauvegarde, il est en revanche difficile de mourir en dehors de ces affrontements, sachant que les chutes dans le vide ne sont pas mortelles pour Rygar, sauf en mode légendaire. Il faut bien avouer que l’action est un peu molle, le rythme un peu lent, du fait de la faiblesse et de la rareté des adversaires. Notre héros se traîne un peu.

Le titre se finit du coup rapidement, entre 5 et 8h de jeu je dirais. Pas énorme mais rien de scandaleux pour le genre, surtout qu’il est possible de mener une quête annexe (juste avant la fin du jeu), la grotte Necromandio. Celle-ci se compose d’une trentaine d’écrans grouillant d’ennemis de plus en plus forts et nombreux, et délivre des objets bonus comme des pierres mystiques tous les 5 sous-sols. Attention : vous pouvez choisir de remonter à la surface ou de poursuivre après chaque étage, mais si vous périssez, vous perdez tout ce que vous avez acquis jusque là ! Sachant qu’il n’est pas possible de sauvegarder dans la grotte, il faudra donc finir d’une traite les 30 niveaux, ce qui est super chaud en mode normal et au-delà, et prend une bonne heure. De quoi rallonger la durée de vie.

Finir le jeu débloque les autres modes de difficulté, quelques bonus ainsi que le mode « un Monde ». Ce dernier vous permet de refaire le monde de votre choix pour essayer d’améliorer vos statistiques.

Refaire le jeu dans les modes les plus difficiles est impératif pour collecter toutes les pierres mystiques, dont seulement la moitié environ peuvent être récupérées en mode normal. On pourra aussi rejouer à Rygar pour utiliser les bonus obtenus en le finissant, comme le mode Pizzarmor, qui transforme vos Diskarmors en pizzas géantes, c’est assez fun.

On en arrive à la réalisation technique, et là franchement, on ne peut qu’être ébahi par la qualité des graphismes. La scène d’introduction est magistrale, la fin travaillée, le reste des cinématiques pas de la même qualité mais reste très correct, et les décors sont variés, finement texturés, joliment colorés et d’un point de vue architectural complètement dans le ton. Mention très spéciale pour le chemin qui mène vers le ciel, avec sa voie lactée de poussières de rochers, pour les effets de lumière et pour le coucher de soleil du début du jeu, directement repris de Rygar NES. Gros satisfecit également pour la modélisation et l’originalité des boss, imposants et majestueux. Imaginez Typhon, sorte d’hydre à 5 têtes de bébés, crachant de la lave sur notre héros. Légèrement malsain mais carrément jouissif. On repérera bien un peu d’aliasing par-ci par-là, mais pas plus que dans les autres jeux PS2.

Par contre, les angles de caméra fixes pas toujours inspirés gênent un peu la visibilité. Lors des sauts de rocher en rocher, on a parfois du mal à évaluer la perspective et on finit souvent par tomber à côté. Egalement, le combat contre 2 boss, dont l’affrontement final, est un peu trop fouillis, et on a du mal à suivre l’action.

Côté animation, c’est tout bon pour celle des boss, des Diskarmors, et des décors (l’écoulement des cascades et le réverbération du soleil sur l’eau sont superbes), c’est moyen pour les autres ennemis et pas terrible pour Rygar, assez raide dans ses déplacements. Sa maniabilité et ses mouvements sont vraiment proches du jeu NES, c’est assez frappant.

Les musiques sont à l’avenant des graphismes et de celles qu’on écoutait en 1987, comprenez qu’elles sont très mélodieuses, envoûtantes, lyriques, et servent une magnifique ambiance à cette aventure légendaire. On a même le privilège princier d’écouter la délicieuse Harmonia nous charmer avec une interprétation très poétique. Et on retrouve le thème d’ouverture du Rygar 8 bits dans la grotte, ce qui fait toujours plaisir.

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RYGAR NE MENT JAMAIS

**Rygar : The Legendary Adventure est l’un des meilleurs action / beat them all de la PS2, très jouable, avec des graphismes magnifiques et une superbe bande son. Si l’histoire un peu simpliste reste prenante, on peut toutefois lui reprocher d’être un peu mou, de manquer de rythme, de variété dans le gameplay (tout péter), et de ne pas offrir assez de challenge hormis contre les boss, très réussis. Plus quelques petits défauts comme une gestion hasardeuse des angles de caméra fixes et le fait de terminer le jeu un peu trop rapidement.

Malheureusement, il est loin d’avoir acquis la même notoriété que les Devil May Cry ou les God of War, et finalement cette version PS2 de Rygar est plutôt passée inaperçue. Dommage.

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16/20**

en vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=c9iXBOJRN2E

Rygar : The Legendary Adventure