Pro Tennis WTA Tour est un jeu vidéo PlayStation 2 publié en 2002 .

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Test du jeu vidéo Pro Tennis WTA Tour

1.5/5 — Bof… par

Développé et édité par Konami sur PlayStation 2, Game Boy Advance, Game Cube, XBOX, 2002.

Je ne suis pas le dernier à fustiger le manque d’imagination, d’innovation et d’audace de certains développeurs, préférant nous balancer un FF XII, un PES 10, une 15e ou 20e resucée de Zelda, Castlevania ou Metal Gear plutôt que d’explorer de nouveaux horizons, de proposer des jeux originaux. Mais après avoir testé la première incursion du vénérable Konami dans le monde du tennis, je me dis que le conservatisme à outrance a parfois du bon. Ça évite de faire de la merde par exemple.

En l’an de grâce 2002, Konami s’est ainsi essayé à la création d’un jeu de tennis, portant exclusivement sur le circuit féminin, dans le but probable de tirer profit de la sous-représentation (temporaire) du genre sur les 128 bits (surtout sur Game Cube), et d’occuper le devant de la scène au moins en attendant Virtua Tennis 2. C’est ainsi que le constructeur nippon a sorti à quelques mois d’intervalle 2 titres : WTA Tour Tennis puis Pro Tennis WTA Tour. Difficile de pas confondre les 2. C’est bien le second que je vais vous décrire dans cette page. Un prix de 5€ en occase et Jelena Dokic sur la jaquette (qui n’a pas trop marqué l’Histoire, c’est en gros une mini Kournikova, un peu moins belle mais un (petit) chouïa plus performante ; elle a refait surface en 2009) m’ont incité à taquiner à nouveau la petite balle jaune.

COMMENT FAIRE DU TRÈS MAUVAIS AVEC DU MAUVAIS ?

Y a qu’à demander à Konami.

WTA Tour Tennis n’était déjà pas reluisant du tout. Il incluait un roster composé des 20 meilleures joueuses de l’époque, plutôt encourageant de prime abord, mais l’affreuse modélisation de celles-ci les rendait méconnaissables. Plus 20 joueuses fictives à débloquer et la possibilité de créer sa propre joueuse. Si les modes entraînement et carrière, très complets jusqu’à en devenir un peu lourds, ainsi que la possibilité de paramétrer le nombre de jeux à atteindre au cours de chaque match étaient intéressants, la jouabilité du soft était véritablement médiocre. Je ferai peut-être le test un de ces jours si je remets la main sur ce titre.

Pro Tennis WTA Tour reprend presque les 20 mêmes joueuses, sans améliorer leur modélisation, et laisse tomber les joueuses fictives et celle à créer. Sont disponibles les stars du moment que sont Martina Hingis, Serena Williams, Jennifer Capriati, Lindsay Davenport, des vieilles gloires en bout de course comme Arantxa Sanchez et Monica Seles, des étoiles montantes venues de l’est telles Elena Dementieva et Mirjana Lucic, des Belges (Kim et Justine) et des faire-valoir comme Sandrine Testud et Alexandra Stevenson. Ah, et Dokic bien sûr. Mais elles ne sont pas toutes reconnaissables. Difficile par exemple de différencier Kim de Justine quand on joue en double avec elles. Mince quoi, on est quand même sur PS2…

Pour ce qui est des modes de jeux, on retrouve le classique mode exhibition et le mode tournoi (un seul tournoi à disputer), à jouer en simple ou en double, associé au CPU ou à un ami. Il est possible d’inclure jusqu’à 4 joueuses dans un même match. On peut prendre n’importe quelle joueuse, mais le choix de l’arène ou du tournoi est limité à 2 au départ (Mont Royal et Tokyo) et ne pourra être étoffé qu’en débloquant les autres.

On note la disparition pure et simple du mode entraînement, ainsi que le drastique allègement du mode carrière (mode Tour). Exit la possibilité de gérer sa fatigue en planifiant ses tournois, ce mode ne consiste plus qu’à enchaîner les 9 tournois disponibles, dont les 4 tournois du Grand Chelem. Et le calendrier WTA n’est même pas respecté ; on finit ainsi la saison par Wimbledon, quelle hérésie… Ces 9 tournois sont catégorisés selon la signalisation officielle (Grands Chelems, Master Series, Tier 1, 2 et 3). Plus le tournoi est coté, plus il comporte de tours (les Grand Slams démarrent aux 16e de finale), plus il est relevé (les meilleures joueuses sont toutes là), et plus il attribue de points et de dollars. Et vice-versa pour les épreuves de faible renommée. Une formule automatique calcule probablement les fameux points et dollars, mais le jeu ne fournit aucune explication à ce sujet. De manière générale, le mode Tour ne s’embarrasse jamais d’explications superflues… ni même intéressantes : l’ordinateur ne donne jamais le score des matches entre 2 joueuses contrôlées par le CPU, et une fois éliminée d’un tournoi vous ne saurez jamais qui l’a remporté, à moins de déduire à la louche les résultats par rapport au classement, actualisé après chaque épreuve.

Il est impossible de paramétrer le nombre de sets et de jeux comme en tournoi ou exhibition ; ce sera 3 sets gagnants et 6 jeux gagnants par set (ou tie break). Si comme moi vous trouvez cela trop long, vous pouvez toujours déclarer forfait et passer ainsi à l’épreuve suivante. Si vous perdez un match, vous avez la possibilité de vous voir accorder une revanche, ou bien d’accepter l’élimination et de passer à la suite. Pas très sport tout ça.

Le but du mode Tour est de finir à la 1ère place mondiale en fin d’année j’imagine. Ce qui est étrange, c’est que même sans gagner un match de la saison, vous pouvez finir dans les 8 premières en prenant une joueuse bien classée au départ, puisque vous ne perdez jamais les points déjà acquis. N’importe quoi.

Signalons que le mode Tour est jouable aussi en double… associé à une joueuse contrôlée par l’ordinateur uniquement, pff. Si votre partenaire ne vous plaît pas, il sera possible de faire un remplacement en cours d’année, entre 2 tournois.

Pour résumer mon avis sur les modes de jeux de Pro Tennis WTA Tour, disons que seul le mode Tour aurait pu être intéressant, mais que ce n’est pas le cas puisque le système de comptabilisation des points et des gains est trop nébuleux, qu’il n’y a aucune animation pendant et entre les matches, et qu’on ne peut pas y jouer à 2. Mais là n’est pas le pire défaut du titre…

UNE JOUABILITÉ DÉSASTREUSE

Konami excelle dans le paramétrage du maniement du fouet, c’est un fait avéré. Pour celui de la raquette, c’est une toute autre paire de chaussettes. Pour moi y a pas photo, les coups sont largement plus précis issus de la Wiimote qu’en essayant vainement de trifouiller les 4 boutons et le stick de la manette PS2. Y a quand même un problème quéq’ part, vous croyez pas ?

Pro Tennis WTA Tour est tout simplement injouable. La faute à un gameplay original mais complètement à côté de la plaque. Malgré plusieurs matches d’essai, après avoir consulté le manuel et des avis sur le net, je n’avais toujours pas réussi à gagner un seul jeu une fois arrivé à la moitié de mon test. Ni réussi à jouer un coup normal, c’est-à-dire une frappe non molle à moins de 3 mètres au dessus du filet. Et puis la lumière. Ça y est, j’ai compris comment réussir à diriger la balle. La méthode est la suivante : il faut d’abord appuyer sur une touche de commande (lob, slice, lift ou coup à plat) pour enclencher la préparation du geste, puis imprimer la direction de la balle par un mouvement du stick analogique. Dans les faits, la joueuse pourra déclencher une frappe 3 secondes après impulsion de celle-ci… Une fois qu’on a pigé le truc (je vous assure que ça prend vraiment pas mal de temps), on arrive à s’en sortir pour renvoyer une balle normale sur laquelle on arrive en avance. Mais si vous êtes en retard pour la récupérer (en bout de course), ou si la balle arrive en cloche, alors là faut s’accrocher pour réussir à la récupérer, et anticiper la trajectoire de la balle après un rebond est quasiment impossible.

En bref, le gameplay est complètement anti-intuitif et nécessite de douloureuses et pénibles heures d’entraînement pour, enfin, prendre un peu de plaisir avec ce jeu pourri.

Et ce n’est pas en choisissant une autre joueuse que ça va s’arranger, je ne vois aucune différence de technique entre elles, bien que le jeu dresse un diagramme de 5 caractéristiques comme la puissance et l’endurance. Et comme elles se ressemblent presque toutes physiquement, même le côté charme est absent.

Un dernier mot sur la réalisation technique : si les joueuses sont mal modélisées, le reste des décors est tout à fait correct, que ce soit le court, les arbitres et les gradins. Il est même appréciable d’avoir autant d’arènes différentes, et quelques jeux de lumière sur le court sont assez jolis. Le seul gros défaut est un affreux aliasing particulièrement prononcé sur toute la bande du filet.

Les effets sonores sont classiques mais bons : frappes des joueuses, encouragements de la foule, annonces du juge de chaise. Les commentaires sont en anglais, sauf à Roland Garros où ils sont dans la langue de Molière. Plus une musique d’intro et une de fin.

RÉSUMÉ

Finalement, WTA est à l’image de sa marraine J. Dokic : séduisant et prometteur à la base, mais qui ne sert à rien une fois raquette ou manette en main, et donc voués à un très rapide et inéluctable oubli.

Sur PS2, autant se tourner vers les valeurs sûres que sont Virtua Tennis 2 de Sega (pourtant inférieur à l’opus Dreamcast) et Smash Court Tennis de Namco.

3/10

Pro Tennis WTA Tour