Power Rangers : Super Legends est un jeu vidéo PlayStation 2 publié en 2007 .

  • 2007
  • Beat them all

Test du jeu vidéo Power Rangers : Super Legends

2.5/5 — Moyen par

Développé et édité par Disney Interactive sur PS2, PC, DS, Wii, 2007.

Dans mon test du Petit Monde de Charlotte j’ai évoqué mon vice, qui se manifeste par l’achat systématique de tout jeu vidéo méga kitch passant sous mon regard quand j’ai ma carte bleue. Alors vous pensez bien que quand je suis tombé sur Power Rangers : Super Legends, mon sang n’a fait qu’un tour. Eh oui, les hommes qui se baladent en pyjamas bicolores en exécutant sans arrêt des chorégraphies qui feraient rire même des danseurs de Tecktonik, ça me fait un effet fou depuis ce jour béni où j’ai regardé pour la 1ere fois Bioman en 1987.

15 SÉRIES DIFFÉRENTES…

Pour commémorer le 15e anniversaire de la série Power Rangers, Disney a pondu un jeu qui se veut une compilation des 15 « saisons » d’une série vraiment pas comme les autres. Ne cherchez pas à entraver quoi que ce soit à l’histoire du jeu si vous n’êtes pas un fan de la série, ce serait tout bonnement impossible. Pour vous expliquer de quoi il retourne, je me dois de vous faire un long mais nécessaire briefing sur 2 concepts de séries télévisées : les Sentai et les Power Rangers.

Les Super Sentai sont des séries typiquement japonaises qui font office d’institution au pays du Soleil Levant. Elles sont toutes bâties sur le même schéma immuable : les forces du mal attaquent la Terre et 5 jeunes Japonais les repoussent grâce à leurs connaissances en arts martiaux. Lorsque le combat devient trop intense, ils activent leur médaillon/bracelet/trucmuche magique à l’aide d’une super-choré-de-la-mort-qui-tue, ce qui va les transmuter en sentai, une escouade de guerriers portant chacun une combinaison de couleur criarde (rouge, bleu, jaune, rose, parfois vert, blanc ou noir) et dotés d’une épée et/ou d’un pistolet laser. Après avoir latté tous les méchants anonymes et le gros monstre les commandant, l’affrontement se termine invariablement par un combat de robots géants (les gentils appellent leur mécha, qui arrive en 3 secondes depuis la base secrète ; les méchants font pareil ou bien, à l’aide d’un objet magique, décuplent la taille du monstre vaincu). Y’a bien vite fait un semblant d’histoire avant d’en arriver là, mais globalement les scenarii de chaque épisode sont 100 fois plus simplistes que le plus nase des épisodes de l’Agence tous risques.

Alors bon, avoir une série comme ça pourquoi pas. Les combats étant assez dynamiques, on peut même trouver cela divertissant. Mais là où il y a de quoi interloquer le profane, c’est quand il va lire qu’il existe 35 séries sur le même thème ! À raison d’une par an, tous les ans (et ça continue toujours).

En France, la mode a duré environ 7-8 ans, entre 87 et 95, sans atteindre la ferveur connue dans l’archipel nippon. Une partie des sentai a été importée. La première, la plus connue et, selon moi, la meilleure de toutes, étant Bioman (la seule ou presque à mettre en scène des personnages intéressants et un tant soi peu profonds, pas excessivement manichéens, et parfois assez adultes. Par la suite, Maskman, Liveman (faussement nommées Bioman 2 et 3), Jetman ou encore Flashman ont débarqué sans connaître le même engouement. Depuis 1995, la seule série sentai encore diffusée en France (sur les chaînes classiques) est Power Rangers. Mais c’est bizarre ça, comment fait-elle pour atteindre les 700 épisodes (!) alors que toutes les autres séries n’ont pas duré plus d’une saison ? La réponse appartient à un homme d’affaires visionnaire, Haim Saban.

Saban décide d’importer le concept du sentai aux States. Sauf que les Américains ne s’intéressent pas à ce qui n’est pas américain. Saban a alors une idée de génie : adapter une série à la sauce américaine, en gardant intégralement les combats en costume et en filmant chez l’Oncle Sam le reste de l’épisode, le tout en mettant en scène des personnages bien représentatifs outre-Atlantique : le beau gosse musclé, le black funky et danseur, l’asiatique discrète, l’intello de service et la poupée Barbie, portant chacun dans le civil une tenue de couleur correspondante à celle de leur armure ; c’est que les petits Américains, faudrait pas les prendre pour plus intelligents qu’ils ne sont.

Concrètement, Power Rangers est adapté de « Kyoryu Sentai Zyuranger », une série ayant pour thème des robots dinosaures. PR reprend donc toutes les scènes de combats autour desquelles est fabriqué le scénario de chaque épisode.

Le problème, si vous avez tout lu jusque là, c’est que la saison d’après, la série Zyuranger a été remplacée au Japon par le nouveau sentai « Kosei Sentai Dairanger ». La formule n’a pourtant pas varié : cette série a elle aussi été adaptée, en tant que 2e saison de PR, en tentant de garder une certaine cohérence, comme les costumes. Pour ce faire, il se murmure même que certaines scènes de Zyuranger auraient été tournées spécialement pour PR. Un sacré schmilblick quand même, mais qui a l’utilité de générer des coûts de production super faibles, là où la série rapporte jusqu’à 15 milliards de dollars en un an grâce à tous les produits dérivés. Ce qui n’a pas empêché la production de virer 3 acteurs principaux qui protestaient d’être sous-payés. J’adore.

À partir de la saison 4, les Rangers changent enfin de costumes et de zords (leurs robots), et s’il reste une cohérence de façade entre les saisons, le nom de la série change chaque année : Power Rangers ne devient plus qu’un terme générique (« Power Rangers : Mighty Morphin », « Power rangers : Lost Galaxy », etc.).

À dater de la saison 6, la prod décide carrément d’arrêter de s’embêter à trouver une cohérence d’une saison à l’autre, et crée des séries complètement indépendantes des précédentes (avec renouvellement systématique des acteurs). Ces séries se déroulent à des époques et des lieux différents (parfois dans l’espace), selon la trame du sentai de référence.

Power Rangers est donc un concept sacrément bien trouvé, qui ne coûte pas cher et rapporte un max, surtout que l’audience dans les pays occidentaux reste bonne, même si elle connaît une certaine érosion ces dernières années. Saban a vendu la licence de la série à Disney, et le tournage a été délocalisé en Nouvelle-Zélande.

Voilà, j’ai fini. Pour plus d’infos, vous pouvez consulter ce site très complet : http://www.rangersstation.com/site/dossiers/commencement.htm

…UN SEUL JEU

Comment réaliser un jeu qui se base sur 15 séries différentes ?

Plutôt que de se focaliser sur une seule série (celle de 2007, Opération Overdrive ? Celle des 3 premières saisons, Mighty Morphin ?), Disney a décidé que le jeu serait une compilation des différentes séries. D’où le terme « Super Legends ».

Power Rangers : Super Legends comprend 6 niveaux correspondant chacun à une série (Opération Overdrive, l’Autre Galaxie, Mighty Morphin…), et mettant en scène les Rangers et les méchants y évoluant (dont un gros méchant emblématique). Enfin, seuls leurs costumes distinguent les Rangers de chaque niveau ; ils ont tous les mêmes caractéristiques.

Le jeu impose initialement de choisir un des 2 Rangers jouables au début d’un stage (ou les 2 si vous jouez en multi). Il sera par la suite possible de sélectionner n’importe quel Ranger disponible (Rangers des niveaux précédents et débloqués).

À l’instar de la série, une trame globale a été bricolée pour donner une cohérence au jeu : le Seigneur Zedd, gros méchant de la 1ere série, a repris sa forme maléfique et a trouvé un cristal lui permettant de voyager dans le temps. Il décide alors d’éliminer les Rangers de toutes les époques pour pouvoir conquérir le ou les mondes. Son adversaire, le Ranger Omega, se charge de prévenir et de réunir près de lui tous les Rangers, afin d’unir leurs forces contre Zedd.

L’objectif des Rangers sera de mettre une raclée à leur adversaire de toujours, puis à rejoindre le Ranger Omega et aider le groupe.

Bon j’espère que le scénario du jeu est plus clair à présent. Sinon, vous aurez au moins enrichi votre culture générale. Place au test.

T’AURAIS MIEUX FAIT DE RESTER AU LIT ZEDD !

Power Rangers : Super Legends se présente sous la forme d’un beat them all / jeu de plates-formes en 3D non intégrale. Les persos et les ennemis sont en 2D, le décor en 3D. Bien que la série TV ne soit pas un dessin animé, les graphismes sont réalisés en cel-shading, pour un résultat mitigé. Les niveaux sont assez inégaux : certains sont presque vides, comme le niveau du désert (logique mais moche quand même), d’autres beaucoup plus luxuriants et texturés, comme celui se déroulant dans une forêt dans le Japon féodal, ou des niveaux futuristes auxquels la 3D donne une grande profondeur.

Le but de nos héros costumés est de vaincre le boss de chaque niveau et de contrecarrer ses desseins machiavéliques. Sauf que celui-ci se planque, et qu’à côté de ça il faudra en général l’affronter 3 fois en tout, puisqu’un niveau est composé de 3 parties : 2 parties classiques avec un affrontement final au corps-corps, puis un combat de zords. Eh oui, le méchant va multiplier sa taille, et les PR vont alors faire appel à leur zord, leur robot géant. S’ensuit alors un nouveau face-à-face particulièrement kitch, avec des actions au tour par tour, où il vous sera demandé de faire bouger le robot à l’aide d’une combinaison de touches (appuyer répétitivement sur un bouton, réaliser rapidement la combinaison s’affichant à l’écran, faire tourner le stick…). De votre dextérité dépendra l’issue de l’assaut (l’attaque et la parade seront réussies ou pas, l’épreuve de force tournera à votre avantage ou pas). Après quelques coups, le méchant sera mis définitivement hors circuit.

Pour la partie classique du jeu, il faudra trouver la sortie de chaque niveau, en tapant les ennemis qui vous embêtent ; seuls certains passages nécessitent de vaincre toutes les créatures à l’écran pour progresser. Les coups à disposition sont des enchaînements pieds-poings, des lancers (avec le méchant dans le rôle de la boule et ses potes faisant office de quilles), des tacles glissés et des tirs du pistolet laser (possibilité de le concentrer). Enfin, chaque Ranger possède un super coup qu’il peut déclencher lorsque sa jauge d’éclair est suffisamment remplie ; cela touchera tous les ennemis à l’écran. Les super coups sont légèrement différents d’un Ranger à l’autre ; en fait, ce qui change, c’est surtout la choré et le cri de guerre qui l’accompagne.

Les combats sont répétitifs, comme dans tout beat classique, mais il n’y a pas de quoi se lasser avec tous les mouvements disponibles (certains d’entre eux se débloquent après achèvement d’un niveau).

Le challenge principal ne provient pourtant paradoxalement pas des affrontements, puisque les Rangers sont immortels ; lorsque leur jauge de vie se vide, ils réapparaissent en pleine forme pile à l’endroit de leur « mort » ! Le seul inconvénient, très mineur, c’est que la jauge de super-coup s’est vidée… Difficile de ne pas réussir à finir un niveau donc, surtout que s’il y a de temps à autre un chemin qui dévie de la route principale à emprunter, la sortie n’est jamais ratable.

OK, les Rangers sont les gentils et ils ne peuvent que gagner, mais bon, pour la difficulté on repassera.

Le vrai défi consiste plutôt à trouver les objets cachés dans chaque niveau : les « objets temporels » et les 6 lettres du mot RANGER. Ils sont en général dissimulés dans un coin de l’écran difficile à atteindre, ce qui implique de bien regarder partout, de sauter le plus haut possible à certains endroits etc. Trouver tous les objets d’une même région permet de débloquer respectivement des images et des Rangers. Les images ne servent pas à grand-chose et ne sont même pas belles, mais débloquer un nouveau Ranger est toujours sympa (16 en tout sont disponibles) même si comme je le mentionnais, à part la couleur et surtout le design du costume, et le super-coup dans un certaine mesure, les spécificités sont vraiment minimes.

Le jeu fixe également un objectif d’ennemis à vaincre et de combos à réaliser pour chaque niveau, et vous attribue une note de performance qui prend en compte le résultat des challenges. Il vous sera par la suite possible de refaire cette partie du niveau, en sélectionnant un autre Ranger, et en essayant d’obtenir une meilleure note. Juste pour la gloire ou pour débloquer des bonus, car même un « D » vous fait passer au niveau suivant.

Pour être exhaustif, signalons qu’outre les objets temporels et les lettres, vous pouvez ramasser des capsules vertes redonnant de la vie, des éclairs jaunes augmentant la jauge de super-coup, et des sphères scintillantes de différentes couleurs, trouvées ou obtenues en battant des ennemis, qui vous donneront des points dont la note finale sera également fonction. Enfin, des sphères non scintillantes vous procureront un pouvoir temporaire qui va amplifier les capacités de votre Ranger : multiplicateur de combos, de dégâts, effets des lancers et du pistolet accrus, invulnérabilité temporaire. Plutôt une bonne idée tout ça ; le problème c’est qu’on s’y perd complètement parmi tous les trucs à ramasser. Difficile de se souvenir de l’effet de la sphère rouge ou rose quand on les ramasse par exemple. Le didacticiel de la 1ere région ne suffit pas pour tout assimiler.

La maniabilité constitue indéniablement le point fort du soft. Avec un peu de pratique, c’est un vrai régal de diriger les PR, qui défient les lois de la gravité : ils peuvent léviter un court instant et réaliser un enchaînement de coups en l’air, se déplacer à la vitesse de l’éclair, s’accrocher un petit temps aux murs et même réaliser un double saut (une fois en l’air, il est possible de sauter une 2e fois !). Je ne me souviens pas d’avoir eu cette sensation de liberté, de légèreté, dans un autre jeu vidéo.

CETTE FOA C’EST MOOOAA QUI VAIS GAGNER !

Autre point très intéressant : la possibilité de jouer à 2. Et de bien se fendre la poire tellement le jeu est kitch. Car certaines mini-cinématiques donnent lieu à des joutes verbales particulièrement mélodramatiques entre Rangers et le méchant, du style :

Trakeena : « Je vous aurai, Rangers ! Même si je dois y laisser ma peau ! »

Ranger rouge galactique : « Ta peau peut-être pas, mais ton honneur oui ! »

Sans compter certains passages… hilarants :

Goldar : « Dites-moi, Rangers. Pourquoi un poulet traverse-t-il la route ? »

Ranger rose : « Euh… pour aller de l’autre côté ? »

Goldar : « Eh non ! Pour se faire rôtir ! Ha ha ! Ha ha ! »

Rangers : « … »

Soyons bien conscients du côté ridicule des doublages, des dialogues et des monologues. Entre le « j’ai c’qu’il faut bébé ! » du Ranger rouge au « Girl Power ! » de la Ranger rose en passant par le boss de niveau qui se met à rigoler alors qu’il vient de mordre la poussière, c’est quand même gratiné. Dans la version française, les monstres ont la même voix qu’à la télé, si ça intéresse quelqu’un.

Compte tenu des vies infinies, le jeu se finit rapidement, car si compléter un niveau prend du temps (les 3 parties), il n’y a que 6 niveaux en tout. Mais un bug rallonge malheureusement le temps nécessaire : à de TRÈS nombreuses reprises, un ennemi se met à buguer. Il se « dématérialise » : on le voit à l’écran, mais on ne peut plus le toucher. Si cela survient dans un passage où il est obligatoire de battre tout le monde, eh bien y’a plus qu’à relancer la machine. Et recommencer tout le niveau alors qu’on était à la porte du boss. C’est lourd !!! Ça m’est arrivé au tout premier combat du jeu, ça partait bien…

Un autre point négatif, c’est la faiblesse de l’IA. Les méchants vous foncent dessus sans réfléchir, ils sont faciles à éviter ou à balancer dans des trous. Les boss ont des techniques un peu différentes, mais les exécutent toujours selon le même schéma.

La musique de lancement est bien pêchue, les autres sont très discrètes, correctes sans être marquantes.

J’ai déjà évoqué les graphismes ; je rajouterai juste que les animations sont assez limitées (une petite tornade de sable, une légère coulée de lave par-ci par-là). Le seul passage où le décor interagit avec les personnages, c’est lors d’un combat sur une route urbaine ; faudra éviter les voitures tout en tapant les méchants, c’est plutôt bien fait.

RÉSUMÉ

Une chose qu’on ne pourra retirer à Power Rangers : Super Legends, c’est sa fidélité à la série TV. Le jeu est tout autant bricolé, tout autant kitch, mais néanmoins divertissant, à condition de rentrer dans le délire. Finalement il était difficile de monter un scénario cohérent, et disons-le tout net : on ne comprend rien à l’histoire, et on s’en tape.

Si le jeu ne présente que peu de challenge du fait des vies infinies, de la simplicité des combats, de la faible IA, on peut tout de même passer un bon moment jusqu’à terminer le titre, autant dire assez vite, pour peu qu’on puisse éviter le bug fatal. Car la jouabilité et la maniabilité sont vraiment bonnes.

Les combats de zords auraient pu être une bonne idée, mais ils ne ressemblent pas à grand-chose et sont chiants à mourir. Bah, au moins ça va vite.

J’ai quand même bien envie de mettre la moyenne.

5/10

Power Rangers : Super Legends