Les 4 Fantastiques est un jeu vidéo PlayStation 2 publié en 2005 .

  • 2005
  • Beat them all

Test du jeu vidéo Les 4 Fantastiques

3/5 — Très bien par

Développé par 7 Studios, édité par Activision sur PS2, Xbox, GC, GBA, PC, 2005.

Depuis l’année 2000 et la sortie de X-Men, réalisé par Brian Singer, nombre de héros de comics (surtout de Marvel) ont eu l’honneur de s’afficher au cinéma, soulageant les surexploitées égéries de DC Comics Batman et Superman. Citons la trilogie des Spiderman par Sam Raimi, de loin la plus réussie, Iron Man, très correct, alors que Hulk, Daredevil, Elektra, Cat Woman, Ghost Rider et très probablement Captain America, en train de sortir à l’heure où j’écris ces lignes, sont tout à fait dispensables.

En 2005, le blockbuster de l’été s’appelait Les 4 Fantastiques (« The Fantastic Four » en VO), librement adapté du comic de Stan Lee.

Ce qui est marrant, c’est qu’un premier film sur les quatre super-héros avait déjà été réalisé en 1994, mais… n’a jamais été distribué. Paraît-il que le studio Constantin Film était obligé de le sortir pour ne pas perdre les droits. Ils ont donc fait tourner en un mois un long-métrage à très faible budget, avec des acteurs inconnus, sous-payés et très probablement mauvais, à en juger par leurs têtes de collégiens sur la seule photo que j’ai pu voir. Ah, et sans dire ni aux acteurs ni au réalisateur que personne ne verrait jamais le film, à part quelques spectateurs fréquentant des théâtres américains spécialisés. Le pire c’est que l’opération s’est révélée juteuse pour Constantin, puisqu’ils se sont fait un max de blé avec la sortie, onze ans plus tard, du film que l’on connaît, avant de remettre ça deux ans après avec les 4 Fantastiques et le Surfer d’argent.

LA CHOSE TORCHE LA FEMME INVISIBLE C’EST FANTASTIQUE

Concept de l’œuvre de Stan Lee : innover un petit peu en s’affranchissant des clichés presque immuables sur les super-héros : identité secrète mal assumée, jeune fille qui ne sert à rien mais qu’il faut tout le temps sauver, boulot à faire en solo, et sans faire de grandes phrases, pour que le grand public américain ne soit pas perdu.

Il a donc décidé de créer une équipe de héros connus du grand public, qui s’assument complètement et sont complémentaires, avec un qui fait des grandes phrases incompréhensibles et la nana de service capable de faire le job aussi bien que les autres (source : interview de Stan Lee à débloquer dans le jeu).

L’histoire : quatre scientifiques sont irradiés par des rayons cosmiques au cours d’un séjour dans l’espace, et acquièrent des super-pouvoirs qu’ils décident de mettre à profit pour combattre les super-vilains. Bon, c’est pas si original que ça en fait.

On a le leader Reed Richards (Red en VF), alias Mister Fantastic, capable d’étirer ses membres et de rendre son corps malléable à en faire crier de jalousie Eugène Tooms. Red est un éminent savant, également expert en systèmes informatiques. Catch phrase : « fascinant »

Sue Storm, Jane en VF, alias la Femme Invisible, la chérie de Red. Outre sa dépigmentation excessive, elle est capable de créer des champs de force et de lancer des boules d’énergie. Catch phrase : « je fais comment pour me maquiller moi, maintenant ? » Non, là je déconne.

Johnny Storm, alias la Torche Humaine, le petit frère de Sue / Jane. Capable de s’embraser et de se transformer en étoile filante. Il vole et peut balancer des boules de feu. Plutôt cool son pouvoir. Catch phrase : « ça va chauffer ! »

Ben Grimm, alias la Chose. Alors lui il a pas de bol, c’est le seul des quatre dont la transformation soit permanente. Il ressemble à un gros caillou. C’est bien pour défoncer des murs et soulever des voitures, mais pour emballer les nanas c’est pas terrible (et pourtant il est dur de partout). Élément comique de la série, il passe son temps à vanner la Torche, qui le lui rend bien faut le dire, et a toujours un bon mot avant d’attaquer la castagne. Catch phrases : « ça va faire mal ! », « mettez ça sur ma note ».

Ce film a fait l’objet logique d’une adaptation en jivé, sur la PS2 et les consoles qu’on appelait « next gen » à l’époque. La PS2 regorge de jeux à licence, c’est assez hallucinant. Celle-ci est-elle bien exploitée ? Euh… franchement, on n’a jamais vu un super jeu tiré d’un film moyen (parlez-en en commentaire si vous avez un contre-exemple). Le jeu s’intitule sobrement les 4 Fantastiques.

ON EST LES GENTILS ET ON N’AIME PAS LES MÉCHANTS

Si dans le comics, les Fantastic Four affrontent une kyrielle de super-vilains (en 50 ans et 588 numéros, de 1961 à 2011, fallait bien trouver des occupations), dans le film ils ne sont confrontés qu’à leur ennemi juré, le Docteur Fatalis (ou Doctor Doom en VO), incarné à l’écran par Julian McMahon. Mais si, vous le connaissez, c’est le chirurgien qui se tape tout ce qui bouge dans Nip Tuck, sans le moindre état d’âme quand il dit à la nana « maintenant casse-toi et reviens plus, je t’appelle un taxi ». Voilà ce que j’appelle un super-héros. Enfin c’est pas le sujet.

Dans le jeu par contre, bien que le début et la fin reprennent grosso modo ceux du long métrage, de nombreux super-vilains apparaissant dans le comics font office de bosses de fin de niveau. On retrouve l’Homme-Taupe, Diablo, Annihilatus, l’Homme-Dragon, le Maître des maléfices…

Les 4 Fantastiques se présente (j’accorde avec « jeu ») sous la forme d’un beat them all très arcade. Dans le mode Histoire, il y a 10 niveaux à terminer, eux-mêmes composés de 2 à 6 missions. Vous passez chaque niveau à courir après le méchant qui le garde, avant de le confronter. On avance et on tape dans le tas quoi.

Le jeu est assez court et se finit rapidement, mais deux éléments rallongent un peu la durée de vie. D’une part il existe trois niveaux de difficulté, et finir en normal et en hard débloque deux niveaux supplémentaires. D’autre part, lors de chaque mission, il vous sera assigné des objectifs bonus (nombre d’ennemis minimum à dégommer, temps limite à respecter, nombre de combos à placer, ne pas perdre de vie). Si vous remplissez tous les objectifs bonus d’une même mission vous gagnez le bonus, une prime de points ou bien un accroissement de la jauge de vie (ou de pouvoirs cosmiques) maximal. Également, un secret est caché dans chaque zone. Le trouver débloque un extra (bande-annonce, fan-art etc.).

Il existe enfin un niveau caché déblocable uniquement par le code suivant : Droite, Droite, Carré, Rond, Gauche, Haut, Bas. Mais ce niveau « Enfer », tous comme les deux autres niveaux à débloquer, est vraiment court et ne rajoute que 10 minutes de jeu supplémentaires.

Ils existent eux aussi, donc je vais les évoquer ; je parle des deux autres modes de jeu : Dojo et Arène. Dans le premier, vous affrontez plusieurs vagues d’ennemis successives avec le perso de votre choix, jusqu’à ce que vous en ayez marre. Dans le second, vous vous mesurez indirectement au joueur 2 : deux vagues de méchants vous attaquent, celui qui en dézingue le plus remporte la manche. Deux modes qui ne servent quasiment à rien, quoi.

Pour revenir au mode Histoire, vous contrôlez alternativement les quatre personnages, dans le cadre de missions en solo ou en coopération avec un et parfois les trois autres Fantastiques. Dans ce cas vous pouvez changer de personnage à tout moment, le reste de l’équipe étant dirigé par l’IA ou bien par un ami. Oui oui, un seul ami. C’est tellement le foutoir à l’écran, entre pelletées d’ennemis, flammes qui jaillissent, objets qui explosent, rayons qui fusent, qu’on a déjà du mal à se repérer à deux (voire seul parfois), sachant que l’écran n’est pas scindé. Un mode 4 joueurs n’était donc pas gérable. Jouer à deux implique d’ailleurs de ne pas trop s’éloigner de son camarade, ce qui est assez frustrant.

Chaque perso dispose bien sûr d’attaques exploitant au mieux ses pouvoirs (c’est pour ça que je me disais que le gameplay pouvait valoir le coup). Red fait des grands moulinets avec ses bras élastiques, Johnny balance des jets de flamme et des boules de feu, Jane envoie quelques rayons et peut créer des champs de force faisant office de bouclier, et Ben fonce tête baissée dans la mêlée.

Quelques combos à 3 ou 4 mouvements sont disponibles, et peuvent être améliorés si vous marquez suffisamment de points (on voit franchement pas trop la différence), et d’autres peuvent être débloqués une fois certains niveaux atteints. Une touche sert à projeter les ennemis et une autre déclenche les « pouvoirs cosmiques », les super-coups quoi. Chaque membre de l’équipe en possède trois, bien utiles pour faire un peu de ménage quand une grappe d’adversaires vous tombe dessus.

Si vous passez plusieurs combos dans la même mission, vous pourrez déclencher une méga attaque, qui revient en gros à devenir invulnérable pendant une quinzaine de secondes.

Une petite coopération pendant la castagne est possible. Vous pouvez en effet réclamer de l’aide, et votre pote le plus proche va alors vous faire bénéficier d’un champ de force, ou d’une onde de choc dans le cas de la Chose. Inversement, vous pouvez aider vos coéquipiers dans la panade. D’autre part, il est en théorie possible de déclencher un combo d’équipe, du style Red projette un ennemi sur la Chose qui va l’accueillir d’une bonne droite. Mais c’est pas évident à mettre en pratique.

À part cogner, quelques passages nécessitent une « action contextuelle ». Ça peut être pirater un système (ça c’est pour Red), découper une porte, tourner une valve… Il faudra passer une espèce de mini-jeu propre à chaque perso : Red doit déjouer un mini casse-tête avec des disques magnétiques, alors que les trois autres doivent simplement appuyer sur un bouton ou faire tourner un stick le plus vite possible. C’est très répétitif, et donc très vite saoulant.

DIS MOI CE QUE TU N’AIMES PAS DANS CE JEU

Eh bien sa répétitivité déjà. Les combos ont beau sortir relativement facilement, on s’en lasse assez vite. Et ni l’upgrade ni les deux ou trois enchaînements nouveaux n’y remédient. Alors oui, il y a quatre personnages et c’est beaucoup mieux que s’il n’y en avait qu’un seul, on peut toujours changer quand l’un nous tape trop sur le système, mais le gameplay reste limité et n’évolue pas au cours de la partie. Et les actions contextuelles sont plus lourdes qu’autre chose. Après deux casse-tête de Red on en a ras-le-bol, sauf qu’il en reste une bonne vingtaine derrière…

À côté de ça, les phases de combat de masse sont souvent bordéliques, on ne voit pas trop ce qui se passe, on cherche son perso, et finalement on matraque un peu tous les boutons au petit bonheur la chance pour s’en sortir. Et ce n’est pas la désastreuse gestion des caméras qui arrange les choses. On a beau pouvoir l’ajuster manuellement, j’ai l’impression qu’on a souvent vue sur un mur quand on est acculé dans un coin.

L’ambiance est par contre plutôt pas mal, fidèle au film, avec beaucoup de passages assez kitsch que l’on doit à des doubleurs qui surjouent à mort. On trouvera ce côté nanar marrant ou ridicule, au choix. Les doubleurs du film reprennent leur rôle, tant en français qu’en VO. La bande-son est tout sauf inoubliable.

Les graphismes sont relativement moyens, certains décors sont pas trop mal, la modélisation des persos me semble OK (mais je suis assez tolérant là-dessus en général). L’écran trop surchargé fait oublier une assez bonne animation des personnages, particulièrement pour exécuter les combos.

Le jeu est bien sûr très court à finir et plutôt facile, et les niveaux supplémentaires et les deux autres modes n’allongent que de très peu sa durée de vie. Reste à tenter de décrocher tous les bonus du jeu, et là par contre c’est une autre paire de gants en caoutchouc. Pour les plus motivés uniquement. On peut aussi s’y essayer avec un ami, c’est gérable dans les missions où il n’y a que deux personnages ; dans celles où l’équipe est réunie, faut s’accrocher pour suivre.

RÉSUMÉ

Un beat them all relativement classique et plutôt fidèle à son film de référence, voilà ce qu’est Les 4 Fantastiques. Correct mais qui ne casse pas des briques. Diriger quatre personnages ayant chacun des pouvoirs propres n’empêche pas la redondance de la jouabilité, mais finalement le jeu est très conforme à ce qu’on pouvait en attendre. Un bon défoulement sans trop de prise de tête pendant quelques heures ou jours. Avant de passer à autre chose.

6/10

En vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=U7sixR1gxt4

Les 4 Fantastiques