Legacy of Kain : Soul Reaver 2 est un jeu vidéo PlayStation 2 publié en 2001 .

  • 2001
  • Aventure

Test du jeu vidéo Legacy of Kain : Soul Reaver 2

4/5 — Exceptionnel ! par

_Développé par Crystal Dynamics, édité par Eidos, sur PC et PS2, 2001

_Legacy of Kain : Soul Reaver 2 est le 4e volet de la pentalogie LoK. C’est la suite directe de Lok : Soul Reaver, sortie sur PS1, PC et Dreamcast.

Là où ça devient compliqué, c’est que les opus de la saga ne viennent pas chronologiquement, eu égard à de fréquents va-et-vient entre futur et passé, sans parler de la création de « paradoxes temporels » qui sont censés modifier le futur, et qui donnent prétexte à la naissance de Blood Omen 2, le 3e volet de la série, jeu qui ne respecte aucun des évènements survenus au cours des autres volets. Ayé, j’ai déjà perdu la moitié des lecteurs pour mal de tête.

BLOOD OMEN + 1000 ans + 500 ans = SOUL REAVER – 1530 ans = DEBUT de SOUL REAVER 2

Ne tournons pas autour du pot. Si vous aspirez à comprendre l’histoire de SR2, il faudra obligatoirement vous rencarder sur BO et SR. Soit en ayant fait les 2 jeux sur PS1, soit en consultant les infos contenus dans le DVD bonus vendu avec le jeu, et a minima en lisant mes tests de ces 2 premiers volets. Le scénario (ultra méga hyper complexe), est en effet la principale richesse de SR2.

Plutôt que de poursuivre la série à la dernière époque recensée, les développeurs ont fait le choix de renvoyer Raziel dans le passé. On comprend facilement pourquoi : tous les protagonistes de la saga sauf Kain et Raziel sont morts depuis longtemps, et Nosgoth est complètement ravagé. Autant revenir dans le temps et aller à la rencontre de personnages mythologiques insuffisamment exploités jusqu’ici.

Le jeu démarre pile au moment où SR se termine. La cinématique d’ouverture reprend d’ailleurs celle de fin de SR. Après avoir vaincu Kain, Raziel assiste à la fuite de celui-ci dans un passage temporel, et décide de le suivre. Il est accueilli par le gardien du temps Moebius, qui semble le connaitre et qui a anticipé sa venue. Notre spectre dévoreur d’âmes, anciennement vampire et encore plus anciennement prêtre Sarafan, va passer tout le jeu à essayer de découvrir et comprendre sa destinée, qui lui sera révélée au cours d’interminables cinématiques et de discussions sans fin avec des persos tels que Kain, Moebius, l’Ancien, Vorador ou Janos Audron.

Bien que l’Histoire soit de plus en plus dure à suivre et souvent tirée par les cheveux, la narration est prenante, servie par des dialogues de grande qualité et un doublage excellent, même si dans la version française les voix sont affreusement mal synchronisées avec le mouvement des lèvres.

ETERNITY IS RELENTLESS

Le très sombre Raziel va donc explorer la contrée de Nosgoth à différentes époques, à la recherche d’indices sur son histoire et sur lui-même. Paradoxalement, ce jeu, qui se présente toujours sous la forme d’un action / aventure en 3D, est beaucoup plus linéaire que son prédécesseur, les voyages dans le temps rendant impossible le fait de revenir sur ses pas.

L’anti-héros bénéficie de la même et fluide liberté de mouvement que dans SR (courir, sauter, faire un grand saut, planer). Notons qu’il a conservé les aptitudes qu’il a acquises au cours du volet précédent en absorbant l’âme de ses frérots (escalader les murs poreux, nager et traverser des grilles dans le plan spectral). Le système de plans a bien sûr été repris : Raziel évolue le plus clair du temps dans le plan matériel, mais peut choisir de passer dans le plan spectral pour résoudre une énigme, et profiter de la relative altération du relief. Egalement, lorsqu’il perd toute son énergie, il est incapable de maintenir son enveloppe physique et se trouve rejeté dans cette sphère (il est immortel quoi).

Le système de combats (contre des chasseurs de vampires et des démons essentiellement) a été légèrement modifié : Raziel peut bloquer les coups et surtout les esquiver, et il n’a plus besoin de se servir d’un élément du décor pour porter un coup fatal lorsqu’il est à griffes nues. Des fatalities assez barbares se déclenchent en fonction de l’instrument utilisé : transpercer le cœur, décapitation, immolation. La Soul Reaver spectrale, véritable arme symbiotique greffé au bras de notre « messie », est toujours utilisable, à ce détail près qu’à présent il peut s’en servir même lorsque son énergie n’est pas pleine. La Soul Reaver est de loin l’arme la plus destructrice, mais présente l’inconvénient d’absorber elle-même l’âme des ennemis vaincus, et même de pomper la propre énergie de Raziel si celui-ci s’en sert en continu. A utiliser avec parcimonie donc.

Bien que les ennemis soient beaucoup plus nombreux, puissants et vifs que dans SR, les face-à-face restent plutôt aisés à négocier, surtout contre un seul adversaire à la fois ; le schéma « esquive / contre-attaque » faisant mouche à chaque fois. Par ailleurs, peu de combats sont obligatoires. Il suffit de tracer la route et de sauter au-dessus des méchants pour progresser. Les prêtres Sarafan et surtout les démons de la fin du jeu sont tout de même assez balèzes, et parfois le jeu oblige à les vaincre pour avancer. Les seuls bosses dénombrés sont finalement les mêmes que dans l’opus précédent, et on les affronte à la suite juste avant le dénouement. Dans l’ensemble, les combats sont très répétitifs et donc plutôt faciles, surtout avec la Reaver. Les bosses sont plus durs à vaincre…mais Raziel est invulnérable lorsqu’il les affronte. Le challenge est ailleurs.

**FREE WILL IS AN ILLUSION

**Ailleurs, c’est-à-dire pour résoudre les énigmes. Exit cette fois les casse-têtes à base de blocs à pousser qui pullulaient dans SR. A présent, les passages cérébraux sont cantonnés aux forges, des espèces de cavernes que Raziel doit traverser pour améliorer la Reaver, et la doter de pouvoirs élémentaux (ténèbres, lumière, air et feu). Ces pouvoirs ne s’utilisent pas contre les ennemis, comme on pourrait le penser, mais sur des éléments du décor, pour casser des barrières, ouvrir des portes scellées, activer des conduits d’air… une manière d’encadrer la progression, et de diversifier les casse-têtes. Par exemple, il faudra utiliser successivement différents pouvoirs pour s’extirper des dernières forges. Les énigmes à base de changement de plan sont en revanche très limitées, mais certains passages font fumer la cervelle.

Malheureusement, on déplore la disparation des quêtes annexes, qui permettaient de dénicher des glyphes élémentales, sortes de magie à utiliser lors des combats. Contrairement aux aptitudes comme l’escalade et la nage, elles ne figurent plus dans l’arsenal de Raziel ; seules les armes permettent de vaincre les adversaires.

Dans l’ensemble, le gameplay me semble assez limité, entre combats répétitifs et énigmes parfois lourdes à résoudre. Pour moi, le seul véritable intérêt du titre est son histoire, et ses rebondissements très « matrixiens », sous réserve de déjà bien connaître ce qui s’est passé avant ce volet. Je pourrais presque vous conseiller de ne visionner que les cinématiques sans faire le jeu (lien vers les vidéos en fin de test). Soul Reaver 2 n’est pas très long, tant qu’on ne se perd pas, qu’on ne perde pas trop de temps sur les énigmes et qu’on ne cherche pas à se débarrasser de tous les ennemis. En traçant la route, on arrive même à un total d’heures de cut-scenes (environ 2h pour tout le jeu) pas si éloigné du temps joué ! La rejouabilité est donc assez faible.

Terminons par la réalisation technique. Les cinématiques sont de qualité visuellement parlant, avec des tirades sacrément classes (surtout en anglais) bien que parfois trop surjouées. Les graphismes du reste du jeu sont très bons également, surtout quand on se souvient que le jeu date de 2001 (et a failli sortir sur Dreamcast avant que le projet soit abandonné). Sans atteindre le niveau de détail et la finesse de LoK : Defiance, ils sont beaux, fins et pas du tout « aliasés », avec de très beaux effets pour représenter neige, brouillard, cascades, et surtout l’eau, lors des phases de nage toujours aussi magnifiques. L’architecture de la forteresse Sarafan est grandiose. Le jeu est très sombre par endroits (et époques), pour coller à l’atmosphère du titre. Le fond sonore est satisfaisant mais discret. J’ai bien aimé les cris de bataille et les imprécations des ennemis.

HISTORY ABHORS A PARADOX

Suite incontournable de Soul Reaver, sachant que celui-ci s’était fini sur un cliffhanger, Soul Reaver 2 fait traîner l’histoire et surtout son dénouement, puisque le jeu se conclut lui aussi sur une scène obligeant le joueur à acheter le tout dernier volet de la série. Histoire complexe et prenante si on fait l’effort de tout suivre, oui, sensation d’être pris pour des jambons, oui aussi. Le titre s’est du coup vendu honorablement, mais à un million de copies de moins que SR.

Le jeu est finalement très proche de son grand frère en terme de gameplay, le système de combats étant tout de même un poil plus intéressant mais trop répétitif, et les énigmes sont moins nombreuses mais peut-être mieux pensées. Bonne réalisation, jolie ambiance, et personnages assez classes, font de SR2 un titre intéressant, mais pas franchement transcendant à jouer.

15/20

En vidéo : [http://www.youtube.com/watch?v=eNo-hfY-hKg&feature=related

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Legacy of Kain : Soul Reaver 2