La série des Klonoa n’a eu qu’une courte durée : deux petits épisodes, quelques jeux annexes, majoritairement sur Game Boy Advance (mais aussi sur WonderSwan ou Playstation première du nom), et la mascotte voulue par Hideo Yoshizawa - le créateur de Ninja Gaiden - a fait l’effet d’un pétard mouillé. Sur une Playstation 2 naissante, le voyageur aux longues oreilles a dû se frotter d’entrée de jeu au Jak & Daxter de Naughty Dog, puis rapidement au Ratchet & Clank d’Insomniac, deux cadors de la plate-forme avec qui le titre de Namco n’avait pas les moyens de rivaliser.
J’AI ENCORE REVE D’AILES
A chaque fois c’est pareil. Klonoa dort paisiblement lorsqu’un inconnu, à travers son rêve, le projette dans un autre monde. Ici, ce sont les royaumes de Lunatea qui sont en danger. Les quatre cloches qui maintenaient le monde en harmonie ont été rejointes par une cinquième, qui n’appartient pas à cette dimension. Depuis, les monstres rôdent et les prêtresses qui gardaient les cloches sont mal en point. Klonoa et ses amis sont donc mandatés pour récupérer le pouvoir des bonnes cloches (sic) et pour découvrir ce qui se trame derrière l’apparition de la cinquième.
T’AS D’BEAUX YEUX TU SAIS, C’EST DOMMAGE QUE TES OREILLES LES CACHENT
Klonoa 2 : Lunatea’s Veil est un jeu de plates-formes qui se joue en deux dimensions - sur un seul plan, donc - dans des environnements en 3D. Le principe rappelle beaucoup des titres comme Pandemonium ! ou Nights… into Dreams. Le titre comporte vingt-deux niveaux, appelés Visions, à travers lesquels on peut circuler librement (après les avoir terminés, oeuf corse) au moyen d’un atlas rudimentaire. Là encore, il s’agit d’un héritage des deux jeux pré-cités.
Les environnements sont variés : île battue par la tempête, pentes enneigées, couloirs dignes d’une expo art-déco, montagne sous une immense lune rousse, etc. L’ensemble est peuplé de créatures que ne renierait pas Kirby, autres source d’inspiration, si l’on peut dire, de la saga.
Dans la majorité des cas, il s’agira de rallier un point A à un point B en parcourant une ligne droite parsemée de monstres et d’obstacles. Le principe de Klonoa est que les premiers servent souvent à franchir les seconds. En effet, de base, vous disposez d’un bouton pour sauter (croix ou triangle) et d’un second pour attrapper un ennemi (cercle ou carré). En rappuyant sur la touche d’attaque, vous projetez l’ennemi au loin. Alors bien sûr, vous pouvez le balancer devant ou derrière vous pour vous débarrasser de ses congénères, par exemple, ou encore l’envoyer « dans le décor » en visant le fond de l’écran ou l’avant plan (comme les Tortues Ninjas sur Super NES, souvenez-vous). Mais vous pouvez aussi le jeter lors d’un saut pour vous propulser plus loin, ou vers le sol pour briser une plaque qui obstruait un passage en sous-sol.
Ce faisant, vous pourrez atteindre des endroits autrement innaccessibles, et récupérer les différents objets plus ou moins cachés sur votre parcours. Les coeurs restaurent votre jauge de santé tandis que les chronomètres servent de checkpoints. Les cristaux permettent de débloquer des artworks, et les six étoiles que contient chaque niveau débloquent des mini-jeux au niveau du menu principal.
Hormis les phases traditionnelles, certains niveaux vous proposent des courses de surf à travers des pentes sans fin qui tournicottent dans tous les sens. Le but est ici d’éviter tout ce qui se met en travers de votre passage, sans oublier de récolter pierres et étoiles. Enfin, tous les trois ou quatre niveaux, vous devrez affronter un boss.
BORGNE TO BE ALIVE
Il faut faire preuve de tolérance envers Klonoa 2, paru durant les prémices de la Playstation 2 et encore loin, très loin, d’en exploiter le plein potentiel. Visuellement, nous sommes plus proches des jeux Saturn sus-cités que des petites merveilles de Naughty Dog et Insomniac. Il faut dire que le titre de Namco ne joue pas tout à fait dans la même cour, puisqu’il représente les derniers gargouillis du platformer 2D. Old-school jusque dans ses polygones peu texturés, il est par contre coloré, et tant l’animation fluide que la bande-son enjoleuse lui donnent des airs de sympathique comptine pour les plus jeunes.
Parce qu’à vrai dire, Klonoa 2 est tout de même très simple. Pas forcément simpliste, mais disons qu’à la manière de Kirby, dont elle reprend le principe de jeu (les transformations en moins) et, à peu de choses près, le level-design, l’oeuvre de Mr Yoshizawa ne pose jamais vraiment problème. Les niveaux s’enchaînent comme on enfile les perles, et bien peu de surprises attendent le joueur. La durée de vie s’en ressent, mais à ce petit jeu-là, les premiers Jak & Daxter et Ratchet & Clank n’étaient pas brillants non plus.
Finalement, ce qui dessert peut-être le plus Klonoa 2, c’est son manque d’originalité. Puisant allegrement ses concepts dans celui des hits que sont Nights ou Kirby, il ne fait jamais montre de suffisamment d’ambition pour surpasser ses modèles, et reste par conséquent toujours dans leur ombre.