Ibara est un jeu vidéo PlayStation 2 publié en 2006 .

  • 2006
  • Shoot Them Up

Test du jeu vidéo Ibara

4/5 — Exceptionnel ! par

Développé par Cave, édité par Taito

Dans le tout petit monde des manic shooters, il y a Cave et les autres. Et parmi les autres, il y a du bon, hein, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, mais Cave, c’est un autre niveau. Et il y a eu un très grand nombre de titres Cave qui sont passés à la postérité, parmi lesquels les sagas DonPachi ou ESP, ou encore des one-shots de légende comme Progear ou Guwange. Ibara, lui, n’a jamais atteint le statut d’oeuvre culte. Peut-être à cause de sa confidentialité (il n’est sorti qu’au Japon, sur la borne CV1000 qui a vu naître également ESPGaluda II et la série des Mushihime-Sama), mais peut-être aussi parce que son ADN n’est pas tout à fait celui de ses géniteurs…

GIRL POWER !

Une fois encore, le jeu étant intégralement en japonais - et fort dépourvu de notions explicatives qui plus est - il me sera bien difficile de vous décrire son scénario. Nous nous trouvons dans un univers steampunk à la Progear, votre biplan lourdement armé affrontant une horde de vaisseaux futuristes dirigés par six femmes vêtues comme au XIXe siècle (on peut les admirer dans la galerie). Elles ont des noms aussi improbables que French Lace, Gloire de Midi ou Orange Meillandina, mais ne vous fiez pas à ces patronymes loufoques, elles sont toutes plus redoutables les unes que les autres.

BATTLE IBARA ?

Ibara est un shoot’em up vertical tendance manic shooter qui se déroule le long de six niveaux (ville portuaire, canyon, vallée, cieux, château et jardin) gardés bien entendu par un boss chacun. Vous dirigez Bond pour le premier joueur, ou Dyne pour le second, ce qui n’a aucune incidence sur votre manière de jouer. Vous pouvez par contre choisir entre le mode Arcade, portage fidèle de la borne d’origine, et le mode Arrange, qui reprend quelques spécificités de la version Black Label, à commencer par le choix de votre armement. Comme toujours, vous disposez de tout un tas d’options telles que le réglage de la difficulté, le passage du mode Yoko (affichage vertical) au mode Tate (affichage horizontal), et même la possibilité, en Arrange Mode, de changer la couleur des tirs adverses pour une meilleure lisibilité de l’action.

Le titre se joue de manière très classique. Vous vous dirigez au moyen du stick analogique gauche et disposez de deux boutons, l’un permettant de faire feu sur l’adversaire, et l’autre de projeter une smart bomb afin de nettoyer l’écran de toute menace. Le système d’obtention des différents bonus (puissance de feu, augmentation du score, modules et surtout, bombes) est très similaire, étonnamment similaire même, à celui de Battle Garegga, un autre grand nom du shoot’em up, mais signé 8ing / Raizing celui-là. Pour les bombes notamment (j’insiste sur ce point parce que c’est quelque chose que je n’ai vu que dans ces deux jeux), il faut récolter des tas de petites icones en forme de bombes pour en faire une grande icone. Tant que vous n’en avez pas une grande, vous ne pouvez pas tirer, en somme. Comme quoi, la taille, ça compte finalement. Le système de scoring, basé sur l’obtention de médailles, est lui aussi un import direct, mais ça pour le coup, on peut le retrouver dans d’autres jeux.

LE CAVE SE REBIFFE…

Véritables orfèvres en matière de 2D, les graphistes de chez Cave signent ici encore un jeu d’une beauté rare. Les décors fourmillent de détails, les sprites, même des boss, ne sont pas particulièrement imposants mais ils sont joliments dessinés et, surtout, ils bougent avec fluidité. A vrai dire, il n’est pas rare que l’écran soit littéralement envahi, tant par les sprites adverses que par les rideaux de boulettes, les explosions, les bonus à récolter, etc. Et malgré ce joyeux bordel, il est très rare qu’Ibara saccade.

La partie sonore, quant à elle, est originale. Plutôt que de marteler le joueur de thèmes speeds et agressifs, les compositions J-pop d’Ibara sont relativement relaxantes, parfois même planantes, et finalement, cela ne fait que renforcer la furia qui se déchaîne sous nos yeux, tout en évacuant le stress du joueur.

Pour le reste je le redis, Ibara a de faux airs de Battle Garegga, que ce soit de par son univers, son système d’upgrade et même, parfois, par certains de ses boss. Une communion d’idées qui relève soit du plagiat, soit de l’hommage (à moins que Raizing ait collaboré sur ce titre, mais ce n’est précisé nulle part), mais qui étonne de la part de Cave. C’est un peu comme si Zizou avait joué comme Frank Leboeuf pendant la coupe du monde, on ne voit pas bien l’intérêt pour le premier de la classe, d’imiter le dernier des ânes. Si ce n’est que 8ing / Raizing n’est pas le dernier des ânes non plus, mais vous aurez compris l’analogie.

Toujours est-il que cette proximité d’esprit, dirons-nous, n’entâche en rien la qualité du produit final, plaisant à jouer et jouissant d’une difficulté solide mais pas infranchissable. S’il est un défaut que l’on devait souligner, ce sera le manque de clarté de l’action, par moments. Même en changeant la couleur des boulettes, il est parfois difficile de s’y retrouver dans tout ce qui vole, et il arrive que l’on ne sâche plus, dans le feu de l’action, si c’est quelque chose que l’on doit ramasser ou au contraire éviter. Gênant.

Ibara