GUN est un jeu vidéo PlayStation 2 publié en 2005 .

  • 2005
  • Action

Test du jeu vidéo GUN

4/5 — Exceptionnel ! par

Une victime collatérale du matraquage médiatique, voilà ce que GUN a fait de moi. Alors que d’ordinaire, je mets une certaine fierté à ne pas tenir compte du marketing publicitaire dans mes achats vidéoludiques, voilà que je tombe un jour sur un spot TV montrant un cow-boy galopant fièrement dans une plaine le long d’un train à vapeur lancé à pleine allure, et ce même cow-boy vidait le chargeur de son fusil à canon scié sur une poignée de margoulins sournoisement planqués sur les wagons et la locomotive. Immédiatement, un flot de souvenirs me revint à l’esprit : Les sept mercenaires, L’homme de la plaine, Le bon la brute et le truand, Il était une fois dans l’ouest, Et pour quelques dollars de plus, … Tous les antiques codes du western remontaient à la surface. Et on me proposait, à moi, de revivre tout ça en incarnant le traditionnel pistolero mal rasé et taciturne ? Quelques heures plus tard, j’insérais le jeu dans la Playstation ronronnante de plaisir, je lançais le célèbre thème d’Harmonica d’ « Il était une fois dans l’ouest » et c’était parti pour un trip ado mal digéré en bonne et due forme. Un jeu avec des cow-boys… le dernier auquel j’avais joué…Pffuuuu… ça devait être Sunset Riders en 1993.. !

I’m a poor lonesome cowboy…

Dans GUN, le joueur incarne Colton White, un trappeur des grandes étendues sauvages de l’ouest des années 1880. Avec son père Ned, Colton fournit en victuailles et en gibier les navires à vapeur qui remontent le Missouri. Le début du jeu, qui inculque au joueur les principes de base du gameplay, prend d’ailleurs la forme d’une partie de chasse dans laquelle wapitis, cailles, loups et ours feront les frais de l’absence de conscience environnementale de Colton. Après être monté à bord du navire avec Colton pour régler la transaction du jour, Ned s’isole brièvement avec une prostituée qui lui remet un mystérieux message… juste avant d’être sauvagement massacrée par un des passagers du navire, un prêtre fanatique nommé Reed. Dans la cohue qui s’ensuit, le navire est pris d’abordage par une bande de déserteurs de l’armée confédérée, qui parviennent à endommager la salle des machines. Grièvement blessé durant l’affrontement, Ned demande à Colton de fuir et d’entrer en contact avec une certaine Jenny au saloon « L’Alhambra » de Dodge City. Cette femme devrait pouvoir lui clarifier toute la situation. Il lui apprend aussi qu’il n’est que son père adoptif, mais rend son dernier souffle avant de pouvoir en dire plus. Colton parvient à s’échapper avant que le navire ne soit envoyé par le fond. Avec comme seule horizon une femme à rencontrer dans un saloon mal famé du Far-West et l’idée perturbante de ne pas être celui qu’il avait toujours cru être, Colton se met en route vers sa destinée. Waoouww… ça c’est du scénario ! Classique, bateau, vu et re-vu, mais on s’en fiche : on n’accouche pas un bon western avec des paradoxes temporels ou de la philosophie post-punk. Pour l’instant, il est de toute façon impératif de trouver un cheval. Un véritable héros de l’Ouest n’est rien sans son cheval ! Arrivé à Dodge City, il faudra y faire vos preuves. C’est un poncif, que tout le monde a appris en regardant des westerns le dimanche après-midi : « l’étranger » n’est jamais le bienvenu dans les villes de l’Ouest, à moins qu’il ne fasse la preuve qu’il tire plus vite que son ombre. Tirer plus vite que son ombre est justement une des caractéristiques principales de Colton. Nous y reviendrons. Dans l’ensemble, le scénario est plutôt bien ficelé. On passe évidemment par tous les poncifs du genre (bagarre de saloon, chinois qui travaillent sur la voie ferrée, attaque de diligence, Peaux-Rouges pleins de noblesse, pillards, desperados et mystérieuses cités d’or…), mais on se paye tout de même suffisamment de rebondissements et de surprises (plus ou moins prévisibles, mais vous êtes bon public oui ou non ??) pour que la curiosité soit tenue en éveil tout au long de la partie.

**Max Payne, Sheriff de Dodge City **

Pour vous présenter un peu le principe des ludiques de GUN, disons qu’il s’agit d’un jeu d’action classique avec un solide background, un personnage en vue subjective, et où l’objectif est de survivre à toutes les mauvaises rencontres qui se présenteront. Une sorte de clone de Max Payne adapté au contexte du Far-West en quelque sorte. Tout comme dans Max Payne ou dans F.E.A.R. d’ailleurs, Colton peut avoir recours à une sorte de « bullet-time » qui, ralentissant toute l’action autour de lui, permet de tirer à la vitesse de l’éclair et d’abattre plusieurs adversaires en une fraction de seconde. GUN reprend également à son compte quelques éléments inspirés par la série des Grand Theft Auto. Kézako ? Quel point commun peut-il y avoir entre Dodge City et San Andreas ? Tout simplement la possibilité de s’écarter de la quête principale pour aller louer ses services au plus offrant. Diverses missions secondaires permettront à Colton d’augmenter ses caractéristiques martiales et de gagner de l’argent afin d’acheter diverses pièces d’équipement aux quelques marchands de Dodge City ou d’Empire City. Ces pièces d’équipement peuvent être de nouvelles armes, des munitions plus performantes, ou encore des items permettant d’améliorer le « bullet-time » ou les capacités d’équitation. Dans ce dernier cas, les items gagnés amélioreront l’endurance du cheval lancé au galop et éviteront que l’on doive trop cravacher la pauvre bête (qui peut en mourir si on abuse des coups d’éperon). Ces missions secondaires peuvent être de trois types. Les missions du Pony Express consisteront principalement à aller livrer quelque chose à quelqu’un, qui habite de préférence à l’autre extrémité de la carte. Evidemment, il y aura toujours bien une attaque de desperados durant le trajet pour venir pimenter la promenade. Les missions de chasseur de primes vous demanderont de traquer l’un ou l’autre affreux qui s’est planqué dans la nature et de le ramener mort (ce qui est facile…) ou vif (ce qui l’est beaucoup moins !). Enfin, certains trappeurs indiens vous offriront également de faire vos preuves en tant que Brave parmi les Braves. Pour les satisfaire, vous devrez tuer certains animaux rares (un vieux loup gris, un couguar, un bison blanc, …) sans utiliser les armes à feu de l’homme blanc. Ces animaux devront impérativement être tués à l’arc à flèches, et une approche prudente et discrète sera requise pour les ajouter au grand tableau de chasse de Colton.

**Wild Wild West **

GUN offre une très sympathique réalisation, et il faudrait être réellement très exigeant pour ne pas se montrer satisfait des performances techniques du jeu. Certes, il ne s’agit pas non plus du plus beau jeu de la console : certains décors sont un peu dépouillés et certains personnages semblent parfois un peu difformes, mais dans l’ensemble, GUN offre un visuel très chouette, avec de grands sprites, des décors inspirés, une animation de bonne facture (voire même splendide lorsqu’on est à cheval) et un bullet-time qui s’insère idéalement dans le jeu, comme s’il s’agissait d’un moment fort d’un film que l’on regarde. En parlant de bullet-time, utiliser cette capacité lorsqu’on est à cheval pour abattre un cavalier qui chevauche en parallèle provoque un sentiment d’excitation extraordinaire ! Apercevoir ce même cavalier brutalement désarçonné par la chute de sa monture (que vous veniez malicieusement d’abattre, pour dire toute la vérité…) fut un des plaisirs primitifs les plus jouissifs de mon passé ludique récent. Quel dommage que l’on ne puisse pas tirer en l’air avec deux colts, comme un Mexicain aviné, pour célébrer ce petit plaisir égoïste… ! De toute façon, plus que par sa finesse graphique, c’est surtout par son atmosphère très crédible que GUN séduit. Avec un peu d’imagination, on se plonge totalement dans ce western doté de toutes les caractéristiques rêvées pour oublier les soucis du quotidien et régler les conversations ennuyeuses à coups de colt. Arriver au petit trot sur les hauteurs de Empire City alors que le soleil se couche derrière des montagnes orangées vous fera ravaler tout éventuel sarcasme, croyez-moi ! Objectivement, l’espace réel de jeu n’est pas immense mais il parvient avec talent à donner l’illusion inverse. Intelligemment construit, avec des paysages qui rappellent tout autant les hautes terres du Dakota que les plaines du Midwest ou les canyons du Nouveau-Mexique, le territoire reproduit donne l’illusion de couvrir des centaines de kilomètres carrés, et on se laisse gagner de bonne grâce par l’idée qu’on pourrait chevaucher à l’infini à travers ces paysages de légende. La jouabilité est bonne, les commandes sont bien pensées et si quelques problèmes de précision dans les tirs sont à déplorer, cela se produit le plus souvent à votre avantage. Pour clôturer en beauté la description de ce western spaghetti interactif, Sergio Leone aurait certainement approuvé la bande sonore et les voix en anglais sont d’excellente facture.

**Court…mais tellement bon **

Quel dommage que GUN soit si court, car on aurait tenu là un véritable hit ! En une petite dizaine d’heures de jeu, la messe est dite. Les nombreuses missions secondaires permettent de rallonger la durée de vie, mais le plaisir est alors un peu artificiel. Si le jeu n’est pas exempt de petits défauts graphiques et ergonomiques, ils pèsent bien peu dans la balance face au plaisir que l’on prend à découvrir les secrets des origines de Colton.

L’atmosphère brutale du Far-West est retranscrite de manière réaliste et sans faux semblant. Colton boit de la gnôle pour récupérer de l’énergie, joue au poker pour se refaire une santé financière, et n’hésite pas à exécuter sommairement ses ennemis. Les prostituées abondent et ne s’en laissent pas compter par les malandrins qui peuplent les saloons, et les Peaux-Rouges sont considérés par les personnages autres que Colton comme de la vermine à exterminer. Pas joli tout ça, et le côté très cru du jeu n’a pas été au goût de tout le monde mais au moins, on ne pourra jamais reprocher à GUN de verser dans le politiquement correct et la niaiserie. Le rythme de l’aventure est soutenu et le scénario contribue à la perfection à maintenir l’envie de vaincre en éveil. En dépit de quelques boss plus coriaces, on ne coince cependant que très rarement dans l’aventure. Tout bénef pour le player fun, un peu moins pour la durée de vie. GUN n’en reste pas moins une aventure de haute volée, qu’on termine presque à regret, tant on s’est senti profondément impliqué dans cette lutte pour la survie dans l’Amérique sauvage.

GUN