Bujingai : Swordmaster est un jeu vidéo PlayStation 2 publié en 2005 .

  • 2005
  • Beat them all

Test du jeu vidéo Bujingai : Swordmaster

3.5/5 — Très bien par

Développé par Taito, édité par Taito au Japon en 2003 (Bujingai), par BAM Entertainment aux USA en 2004 (Bujingai : the Forsaken City) et par 505 Gamestreet en Europe en 2005 (Bujingai : Swordmaster)

Il n’y a pas si longtemps, les jeux vidéo faisaient preuve d’imagination. Pour prendre une boîte comme Taito, qui pondait des jeux par paquets de douze dans les années 80 et 90, ces gars-là nous parlaient des invasions extraterrestres, des dragons cracheurs de bulles, des moines exorcistes, des tengus canardeurs ou encore des chevaliers élus des dieux. Félicitations à ceux qui ont trouvé toutes les références, mais l’idée était surtout de démontrer que les univers de la firme étaient variés. Parmi ces univers, celui de Demon Sword avait le bon goût d’évoquer le cinéma d’action made in Hong-Kong et ses nombreux bras d’honneur à la physique. Eh bien tout ça pour en revenir à Bujingai, que l’on pourrait considérer comme une suite indirecte.

GUERRE ET EPEES

Au vingt-deuxième siècle, une catastrophe planétaire a engendré la disparition des trois quarts de la population mondiale, le reste de l’humanité s’étant alors découvert des pouvoirs incroyables et une longévité accrue. Par la discipline et la volonté, ces survivants se sont alors piqués d’intérêt pour la magie et l’art du combat à l’épée. Cent ans plus tard, l’un de ces surhommes, Lau Wong, traque sans relâche son ancien condisciple Rei Jenron, possédé par un esprit malin. Le gars Jenron a fait pas mal de conneries depuis, à commencer par la création de portails dimensionnels qui permettent aux démons de venir faire un tour sur Terre, et surtout, il a pris possession de l’âme de la douce Yohfa, la nana de Lau, et ça, ben fallait pas.

LE PLANTER D’BATON, M’SIEUR DUSSE

Bujingai : Swordmaster est un beat’em all en trois dimensions, à la croisée des chemins entre les représentants du genre dans les années 80 et des titres comme Dynasty Warriors. Son principal atout est qu’il met en scène un héros de wu-xia (ces œuvres qui racontent l’histoire d’un expert en arts martiaux errant sur les chemins chinois) à la manière d’un film de Hong-Kong, avec force moulinets des bras arme à la main et figures aériennes improbables où le voltigeur ne redescend que lorsqu’il se rend compte que ça fait vingt-sept minutes qu’il a commencé son saut et qu’au bout d’un moment, on va finir par croire que c’est du chiqué.

Les environnements qui composent les huit niveaux du jeu sont à l’avenant, et hormis une ou deux villes à l’abandon, on retrouve les légendaires forêts de bambous, les tours chinoises qui semblent interminables, les portiques tout en haut des montagnes, les îles volantes ou encore les fameux cerisiers. Quant aux autochtones, il s’agit exclusivement de démons, à l’allure humanoïde pour la plupart, en dehors des boss et de quelques bestioles comme les araignées-démons.

Pour venir à bout de cette infamie, vous dirigez Lau au stick analogique gauche et utilisez le bouton croix pour sauter, le carré pour frapper, le cercle pour balancer un sort et le triangle pour les attaques spéciales. Vous pouvez cibler un adversaire au moyen de la gâchette R1 puis changer de cible, si vous le souhaitez, grâce à L1. R2 permet de recentrer la caméra dans le dos de Lau, et L2 d’afficher le radar indiquant la position des ennemis et la sortie.

Ca c’est pour les règles de base. Ensuite, il faut savoir que vous pouvez réaliser vous-même les sauts dignes du Secret des Poignards Volants dont je parlais plus haut. Pour cela, il faut rappuyer sur croix lors d’un saut, et maintenir la touche enfoncée autant que nécessaire. Vous pouvez également grimper aux murs en restant appuyé sur croix, là encore.

Pour ce qui est du combat à proprement parler, Lau utilise deux sabres qui laissent des traînées de lumière dans les airs. Outre l’aspect esthétique de la chose, cela permet de mieux visualiser où en est l’action. En effet, si l’on vous attaque de face et sans que vous ne fassiez quoi que ce soit, Lau dispose d’une sorte de système de parade automatique, tant qu’il vous reste un tant soit peu de votre Swordplay Gauge, représentée par un cercle de formes blanches à côté de votre jauge de santé. Vous n’avez rien à faire de particulier, par contre vous pouvez choisir d’enchaîner soit avec une esquive (bouton croix), soit en entrant en mode Swordplay (bouton carré). En gros, c’est une contre-attaque, où vos coups laissent des traînées de lumière bien plus imposantes à l’écran. Notez que de nombreux adversaires, à commencer par les boss, peuvent vous rendre la politesse, aussi ce sera à celui qui massacrera le plus la touche carré qui s’imposera.

Sur votre chemin, vous trouverez de nombreux objets : divers symboles qui vous permettent de débloquer des bonus (images, interviews…), des sphères jaunes qui restaurent votre jauge de santé, des sphères blanches qui permettent d’obtenir différentes améliorations (puissance, magie, HP, MP et résistance) ou encore de nouveaux sorts, tels le tourbillon de vent ou la boule de feu.

Notez enfin que les niveaux sont découpés en sections, et que certaines de ces sections vous demanderont… de réfléchir ! Ouatte ze phoque ?! Dans un jeu de baston, on me demande de rebrancher mon cerveau ? Rassurez-vous, vous ne risquez pas le claquage cérébral, il s’agit de petites énigmes comme, par exemple, de casser quelques stèles pour déverrouiller une porte. Il faut donc toujours casser quelque chose mais, là où vous devrez réfléchir deux secondes, c’est de trouver comment le casser, ce quelque chose.

HAPPY BIRTHDAY TO YOU

Présenté dans le cadre des cinquante ans (!) de Taito, Bujingai nous remémore l’époque, aujourd’hui révolue, où les jeux vidéo ne parlaient pas que de guerre, de tuning et de gangsters. Ce vent de nostalgie est encore accru par la réalisation. Non, la technique n’est pas du tout datée, les personnages comme les décors sont riches en détails, les animations sont d’une grande fluidité et la bande-son, signée du groupe Zuntata, excusez du peu, a de la gueule.

Non, si je parle de nostalgie, c’est juste que les graphistes et les animateurs ont tenté de reproduire l’ambiance des films de wu-xia, appliquant des filtres sépias, des jeux de caméra tels qu’on en voit dans ces productions (enchaînements très secs, voltige entre les plans serrés et les plans larges, etc.), et imitant à la perfection les chorégraphies de ces véritables ballets cinématographiques. La seule ombre au tableau de ce cadre idyllique concerne le héros androgyne et creux, basé paraît-il sur l’icône pop Gackt. Le bonhomme semble être un grand amateur de jeux vidéo, puisqu’il a aussi participé à la Compilation Final Fantasy VII.

En dehors de cela, Bujingai séduit tant par son univers que par son gameplay, étonnamment pas si bourrin que l’on peut le penser de prime abord. Le système de parade ingénieux demande plus que du button mashing bête et méchant, et les quelques énigmes au ras des pâquerettes font souffler un léger vent de fraîcheur (mais pas genre la grosse bourrasque de Noroît hein, juste un petit coup d’Harpic WC au mieux). La durée de vie est raisonnable pour un jeu de ce genre, et la difficulté pas trop élevée, voire franchement ridicule si l’on joue en mode facile. Reste une caméra pas vraiment docile. Il est un peu dommage de ne pas pouvoir la gérer au stick droit, et elle se fout parfois dans des angles pas possibles.

Mais bon an mal an, Bujingai s’avère une alternative crédible aux rares beat’em all qui ont vu le jour sur Playstation 2. Quoi, The Bouncer ? Non, laissez-moi rire ! Il ne reste que Devil May Cry, mais une fois qu’on en a fait le tour, Bujingai s’offre comme une solution de repli intéressante.

Bujingai : Swordmaster