Blood Omen 2 est un jeu vidéo PlayStation 2 publié en 2002 .

  • 2002
  • Aventure

Test du jeu vidéo Blood Omen 2

3.5/5 — Très bien par

Développé par Crystal Dynamics, édité par Eidos Interactive sur PC, Mac, PS2, Game Cube, Xbox, 2002.

« Rah, les vampires ! Ils sont si beaux, si sexys, si gentlemen, si protecteurs ! Brad Pitt, Tom Cruise et surtout le bel Edward, waaah ! Comme j’aimerais en rencontrer un ! »

Ouais, ben vaudrait mieux pour toi que ça ne soit pas Kain, ma petite. Parce que si côté charisme et classe il assure, côté qualités humaines, c’est pas trop le Prince Charmant. Humain rime plutôt avec bouffe pour lui.

KAIN EST DE RETOUR. ET IL A FAIM. TRÈS FAIM.

C’est qui ce fameux Kain ?

« Le frère du Undertaker ? » me répondraient les fans de catch. Non, lui ça s’écrit Kane, mais c’est un bon point pour la culture générale.

Petit résumé pour ceux qui n’auraient pas lu le test de Blood Omen : Legacy of Kain sur PlayStation.

Kain était un jeune noble fougueux vivant dans le pays médiéval de Nosgoth. Sauvagement assassiné par des malandrins, il a été ressuscité sous la forme d’un vampire par Mortanius, le Nécromancien. Considérant au départ son état comme une malédiction, il finit par épouser sa nouvelle nature, et bascula définitivement du côté obscur en décidant de damner le monde (2 fins sont possibles dans BO : LoK ; celle-ci est retenue comme officielle).

Après avoir détruit les piliers sacrés de Nosgoth, il forma une armée de vampires et entreprit de devenir seul maître du Royaume, grâce à sa toute-puissante épée Soul Reaver.

C’est ici que démarre la narration de Blood Omen 2.

200 ans après BO 1, Kain arrive à Meridian, la capitale de Nosgoth. Son armée livre une sanglante bataille aux Séraféens, derniers remparts de l’humanité face aux vampires. Kain est vaincu en combat singulier par le mystérieux Seigneur Séraféen, et plongé dans un abîme sans fin.

200 nouvelles années plus tard, il se réveille dans un monde qui lui est désormais inconnu, dirigé de main de fer par les Séraféens. Les vampires sont une fois de plus en voie d’extinction. Les survivants ont formé la Cabale, et essaient de résister à leurs tortionnaires. Ils placent tous leurs espoirs en leur ancien leader. Cependant, l’ancien maître de Nosgoth a perdu de sa superbe. Ses armées sont détruites, ses anciens lieutenants sont passés à l’ennemi, sa force est amoindrie. Il a perdu la plupart de ses capacités surnaturelles. Mais sa soif de sang, de pouvoir et de vengeance est à son paroxysme…

LA SAGA LEGACY OF KAIN

Blood Omen 2 est chronologiquement le second opus de la série Legacy of Kain, mais c’est le 4e volet de la pentalogie à avoir vu le jour.

Outre les 2 Blood Omen, la saga Legacy of Kain comprend la sous-série Soul Reaver, dont le protagoniste principal est le dévoreur d’âmes Raziel, ancien lieutenant de Kain. Dans la mythologie, les évènements de Soul Reaver 1 et 2 se produisent des siècles après BO 2.

L’ultime épisode, Legacy of Kain : Defiance, réunit les 2 personnages et se déroule après SR 2.

Hormis Blood Omen, sorti sur PSX sous forme d’un action / RPG en vue aérienne, les autres volets sont des jeux d’action / aventure parfois proches du beat them all, en 3D et sur les supports 128 bits (sauf SR 1, jouable sur PSX).

La trame globale de la série est assez difficile à suivre. Des voyages dans le temps créent en effet des paradoxes temporels qui modifient la réalité, changent le cours de certains évènements et font renaître des personnages défunts.

On a vraiment du mal à s’y retrouver, notamment dans Soul Reaver 2 et Defiance, qui mettent en scène plusieurs personnages ayant trouvé la mort dans BO. Je n’adhère pas.

Si Blood Omen 2 semble lui aussi né d’un paradoxe temporel créé dans SR 2, il s’insère parfaitement dans la chronologie initiale, et son scénario tient la route (seul un personnage mort dans Blood Omen est toujours en vie, sans aucune explication). Les joueurs n’ayant pas connu les Soul Reaver ne seront donc pas du tout perdus. Il est par contre mieux d’avoir joué à BO sur PSX auparavant, mais ce n’est pas indispensable.

MAC KAIN, CELUI QUI EN PARLE LE MOINS MAIS QUI EN BOIT LE PLUS

Avant de pouvoir se mesurer au Seigneur Séraféen, Kain devra recouvrer ses pouvoirs et sa force, en s’abreuvant de sang et en récupérant des « dons obscurs » sur les cadavres des vampires félons (qui font office de bosses).

Il dispose d’une jauge de sang reflétant sa santé, et d’une jauge de force représentant sa puissance physique. La force se remplit en suçant le sang des créatures vaincues (tous les ennemis peuvent être sucés, même les squelettes…) et en trouvant des reliques, des sortes de coffres de pouvoir éparpillés dans Nosgoth. Une fois la jauge de force remplie, Kain gagne un « niveau » et ses 2 jauges s’allongent un peu. Il deviendra donc de plus en plus puissant et résistant.

La jauge de sang s’égrène avec le temps, et pas uniquement quand le vampire se prend des coups. Il faudra donc boire autant de sang que possible.

La dernière jauge à l’écran est la jauge de rage. Au cours d’un combat, celle-ci augmente lorsque Kain pare des attaques. Lorsque la jauge est remplie, Kain peut déclencher un don obscur de combat.

Kain possède comme habiletés de départ les dons naturels du saut, de pouvoir flotter dans les airs en tombant, du murmure (communiquer par télépathie avec d’autres vampires), de la télékinésie à courte portée (il peut faire jaillir le sang de ses victimes à terre), et peut utiliser ses griffes pendant un combat.

Il démarre également l’aventure avec les dons obscurs de Brume (il peut se fondre dans la brume et se faufiler derrière les ennemis sans être repéré) et de Furie. Il pourra par la suite acquérir ceux de Folie et d’Immolation.

Les 3 derniers s’utilisent au combat, lorsque la jauge de rage est remplie. Les dons Grand Saut, Télékinésie (à longue distance) et Sortilège (contrôler temporairement l’esprit d’un humain non hostile) s’utilisent hors des combats.

Par contre, notre vampire est très vulnérable à l’eau et au feu.

Blood Omen 2 se joue par ailleurs comme un beat them all relativement classique. Le seul menu est celui des dons obscurs (un don à la fois sera activé). Le reste du gameplay consiste à avancer, à grimper en sautant ou en escaladant des échelles, et bien sûr à combattre. Les commandes au combat sont : frapper, parer, saisir et esquiver (faire un pas de côté, possible en dehors des combats aussi, en fait). Un bouton sert à attaquer avec l’arme standard (griffes ou arme équipée) et un avec le don obscur. Enfin, un 3e bouton permet de saisir un adversaire à la gorge, puis de le balancer ou de le cogner en l’air.

Kain peut ramasser des armes traînant par terre ou portées par les ennemis, mais il ne peut en détenir qu’une seule à la fois, ce qui est assez dommage. Ces armes ne sont que des armes blanches de style épée, hache, bâton et lance. Plus l’arme est grande, plus elle occasionne de dégâts.

Outre l’action pure, le jeu propose quelques phases de réflexion, des énigmes à déjouer pour progresser. La plupart du temps, il s’agit d’actionner des leviers, de pousser des caisses et d’obliger des humains à actionner des leviers.

On peut même avancer que Blood Omen 2 comporte des petites phases d’infiltration, où il faut se faufiler derrière les ennemis, en se changeant en brume au besoin. Kain pourra alors achever une créature avec une « fatality », un coup de grâce particulièrement barbare.

Quelques cinématiques et dialogues entendus entre personnages non-jouables font avancer l’intrigue.

Blood Omen 2 s’étale sur 11 niveaux, pour une vingtaine d’heures de jeu.

Il prévoit un système de sauvegarde simple et pratique. Il suffit d’enclencher une sorte de balise pour redémarrer à la dernière balise frappée, ou au début du combat si vous périssez de la main d’un boss. Par contre, en mourant ou en reprenant votre partie, vous revenez avec votre jauge de sang remplie mais perdez systématiquement l’arme que vous déteniez.

Le premier niveau est assez didactique ; la délicieuse vampire Umah se chargeant de veiller à ce que Kain retrouve la mémoire, et que le joueur se familiarise avec les commandes.

« TU ME RECONNAIS COMME LE SEUL MAÎTRE DE NOSGOTH ? ALORS TU PEUX MOURIR EN PAIX, TU CONNAIS LE FUTUR. »

Blood Omen 2 reste relativement fidèle à la série en termes d’ambiance, de combats épiques et de tueries sanglantes. Les fans se réjouiront de pouvoir à nouveau diriger le corps livide de Kain le conquérant. Malgré tout, le jeu n’est pas exempt de défauts de réalisation, de jouabilité, et laisse finalement un peu sur sa faim.

Ceux qui ont joué à Blood Omen version PSX se souviennent probablement douloureusement des lacunes de réalisation du titre : temps de chargement effroyablement longs et nombreux, ralentissements à l’écran, mauvaise gestion de la caméra. BO 2 assume malheureusement cet héritage. Beaucoup de problèmes de ralentissements, d’animation des personnages et de saccades sont à dénombrer. Kain reste parfois bloqué sur un rebord sans pouvoir bouger, avant que la situation ne se décante 10 secondes plus tard, ou qu’il faille redémarrer la partie. Si ces défauts sont fort notables, ils s’avèrent tout de même beaucoup moins gênants que les temps de chargement de BO.

Les graphismes sont assez bons, les environnements vastes mais inégaux. Certains niveaux sont majestueux, avec de splendides effets et teintes pour animer les tourbillons de nuages dans le niveau de la prison éternelle, par exemple ; d’autres proposent des décors assez vides et ternes.

La brume volumétrique, les fontaines et les statues du quartier bourge, la lumière filtrant par les vitraux de la magnifique cathédrale sont d’autres éléments qui en jettent un max.

Bien que les cinématiques soient visuellement de belle facture et les personnages bien modélisés, on déplore un inexcusable manque total de synchronisation entre mouvements des lèvres et dialogues. La scène d’intro avec l’éveil de Kain est, sur ce plan, une horreur qui risque de vous faire laisser tomber le jeu directement.

Le doublage est de qualité, que ce soit en anglais, en français ou en allemand (oui, j’ai regardé quelques vidéos soluces en allemand…). Les PNJ sont presque tous des paysans avec un accent et un verbiage très moyenâgeux. C’est assez marrant de les entendre discuter entre eux, mais lorsqu’on les bouscule ou qu’ils sont témoins des tueries de Kain, ils laissent échapper des réflexions ou des cris redondants et parfois complètement hors-sujet, ce qui devient vite lassant.

La bande-son est bonne elle aussi, mais les thèmes musicaux sont trop discrets à mon goût. Bien que rendant une jolie ambiance, ils sont tellement peu marquants qu’on peut se demander, à la fin de l’aventure, s’il y avait vraiment des musiques dans le jeu. A contrario, les thèmes lyriques et gothiques de Blood Omen vous restent en tête une vie durant…

Côté gameplay, y’a vraiment de quoi rester sur sa faim pour qui a comme référence la toute première aventure de Kain. Exit le large choix d’armes, d’items, de sortilèges, de formes à prendre ; on ne peut faire appel qu’à 7 dons obscurs et ne porter qu’une seule arme à la fois. Des armes qui sont finalement toutes similaires et n’apportent rien de plus à part une puissance accrue.

Les combats sont, du coup, vraiment très répétitifs, avec le schéma parer-taper ou parer-taper avec un don obscur, et éventuellement quelques esquives. Un seul combo est disponible en lançant plusieurs attaques d’affilée. La technique de saisie à la gorge marche seulement contre un nombre très réduit d’adversaires, les autres l’esquivent systématiquement. La possibilité de se changer en brume permet d’abréger quelques combats, mais on aurait apprécié une ou deux autres fonctionnalités.

Les ennemis ont beau être relativement variés (brigands, voleuses, gardes, chevaliers, hylden, araignées…), ils attaquent presque tous au corps-à-corps et selon le même schéma (identique au vôtre).

En dehors des affrontements, Kain se déplace assez bien, notamment grâce au saut et à l’habileté de flotter, mais il manque un déplacement latéral, qui éviterait de perdre plusieurs secondes pour réussir à agripper une échelle alors qu’on est juste à côté, par exemple.

Il est par ailleurs très facile de rester coincé, de ne pas parvenir à résoudre une énigme ni à trouver comment vaincre un boss. Parfois, l’issue n’est pas évidente, mais on peut la trouver en essayant quelques trucs. À d’autres moments, on reste bloqué parce qu’une caisse n’est pas exactement au bon endroit, et surtout parce que le don obscur Grand Saut est assez capricieux. Le Grand Saut vous permet de bondir d’une plate-forme à une autre, mais sous la condition générale de se trouver au même niveau de hauteur. En bougeant le curseur, c’est lorsque celui-ci devient mauve que le saut est possible ; tant qu’il est blanc, ça ne marche pas. Or, il faut parfois le positionner pile au bon endroit et à partir du bon endroit pour que ça marche. À de très nombreuses reprises, j’ai ainsi pensé qu’un saut n’était pas possible alors que c’était la seule façon de passer un obstacle. Un défaut qui apporte son gros lot de frustration.

Il faut donc s’armer de patience pour vaincre le jeu sans aide ; j’ai constaté avec BO 2 que j’en manquais de plus en plus…

Pas évidentes à négocier, les confrontations contre les 5 bosses comptent parmi les meilleures phases de jeu. Chacun de ces combats se déroule en 3 étapes, où une seule façon de toucher son adversaire s’appliquera (souvent en utilisant les éléments du décor). Ces affrontements sont intéressants et variés, et donnent droit à un don supplémentaire en récompense.

Si le jeu est plutôt long, si les environnements à traverser sont diversifiés, s’il existe une vraie histoire, le scénario reste assez linéaire. Les rebondissements sont rares et les personnages alliés ne servent pas à grand-chose à part à blablater. Seule Umah mouille un peu ses griffes. L’histoire n’est donc pas spécialement exaltante.

Dans le même ordre d’idées, le personnage principal, s’il conserve un charisme indéniable, est beaucoup plus plat que celui qu’il était voilà 400 ans. Fini le Kain tourmenté, désorienté, humain finalement ; le nouveau Kain est un être impitoyable, indifférent, dévoré par l’ambition du pouvoir, bardé de certitudes. Ce qui le rend moins intéressant et attachant. Il continue, certes, à s’adresser de temps en temps directement au joueur par des monologues intérieurs, comme il le faisait dans BO, mais ses répliques n’ont rien du mordant et du caractère culte de celles qu’il faisait autrefois. Il ne semble même plus prendre de plaisir à tuer, un comble…

Il en va de même pour Vorador, le vampire sado-hédoniste aux mœurs particulièrement déviantes, personnage le plus cool de BO. Il adopte ici un langage fort policé, des attitudes prudentes et rationnelles. Bref, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Comme quoi une décapitation, ça vous change un homme…

Vous l’aurez compris, j’ai assez nettement préféré Blood Omen à Blood Omen 2, malgré une réalisation technique largement supérieure et des défauts toujours nombreux mais beaucoup moins gênants. Je trouve l’aventure originelle beaucoup plus épique, avec ses thèmes gothiques, ses passages gores souvent malsains, la non-linéarité de son action, la richesse de son gameplay et, surtout, la profondeur du scénario et la profondeur et l’ambivalence du personnage principal. Le tout premier Legacy of Kain me semble vraiment à part. Son côté malsain et sa violence gratuite omniprésente collent parfaitement avec l’univers du jeu, qui se déroule dans un monde décadent, mourant même, corrompu de toutes parts. BO 2 essaie de le copier, mais très maladroitement. On retrouve, le temps de quelques passages, les malheureux enchaînés aux murs se confondant en lamentations et attendant de se faire bouffer ou exécuter, mais cela ne colle pas vraiment avec l’univers dépeint ici. On a vraiment l’impression que les développeurs ont rajouté ces scènes dans le seul but de faire plaisir aux fans de la 1e heure, mais franchement, ça ne passe pas. Le gore est surtout de façade. Le titre me semble édulcoré, aseptisé par rapport à sa référence. Je m’érige donc en porte-à-faux avec ceux qui avancent que BO 2 réussit à conserver l’atmosphère du premier opus. L’ambiance est présente, mais différente.

RÉSUMÉ

**Blood Omen 2 **est un bon jeu, long, agréable à jouer dans l’ensemble, avec une jolie ambiance, un personnage charismatique, des possibilités de jeu liées à la nature du vampire, des graphismes assez beaux et une bande-son de qualité, bien que trop discrète. Des points positifs qui effacent globalement des bugs techniques assez nombreux. Malgré tout, il ne propose rien de vraiment spécial ni nouveau. Il se rapproche finalement de pas mal d’autres titres de genre similaire, et sa rejouabilité est limitée. Un bon jeu, mais qui n’a rien d’unique. Et qui ne compte pas parmi les meilleurs de la saga.

7/10

Blood Omen 2