Développé par Examu, édité par Atlus
Parmi les seconds couteaux du jeu de baston, Atlus se place en éditeur majeur. Dit comme ça, ça fait un peu condescendant, mais la boîte a tout de même produit les séries Power Instinct de Noise Factory (dès 1993) et Guilty Gear d’Arc System Works (débutée en 1998). Au milieu des années 2000, elle dote son catalogue d’une troisième saga, signée celle-là par Examu.
RADIO CLICHES BONSOIR
A la manière des vénérables Asuka 120% (dont un épisode a été testé avec justesse et talent par votre serviteur), la série des Arcana Heart a pour principale particularité de ne vous laisser incarner que des filles. Pas un gramme de testostérones là-dedans, rien que des tas d’œstrogènes pour ravir les otakus, d’autant que chaque prétendante au titre représente un cliché à elle seule. Pour bien asseoir l’absence totale de morale de développeurs qui n’ont basé leur licence que sur son aspect fan service, le jeu est en outre privé de tout scénario.
JOJO’S BIZARRE ADVENTURE
Arcana Heart est donc un beat’em up en deux dimensions, qui vous permet d’incarner un fantasme nippon parmi onze : la soubrette servile mais surpuissante (Fiona), la collégienne jupe-plissée-chemise-bustier-pigeonnante (Heart ou Saki, les Ryu et Ken du jeu), la combattante froide et distante (Kamui), la nageuse en combi moulante (Kira), la ninjette jeune et remuante (Konoha), la gothique un peu flippante (Lieselotte), la fille cool et athlétique (Lilica), la geisha en costume traditionnel (Maori), l’experte en arts martiaux souffrant de surcapacité pulmonaire (Mei-Fang) ou la sorcière dépassée par les évènements (Yoriko). A ces onze-là s’ajoute un boss (une bosse ?) en la personne de Mildred, working girl castratrice aussi belle que redoutable.
Les présentations étant faites, sachez que le fond de jeu n’est pas bien différent de ce que vous connaissez par ailleurs. Vous vous déplacez au stick et utilisez trois boutons pour trois puissances de coups : faible (carré), moyen (triangle) et fort (cercle), la gâchette R2 permettant de réaliser des projections.
A ces bases s’ajoutent de nombreuses combinaisons de coups et attaques spéciales. Les super attaques (des coups spéciaux plus puissants que la normale) ne sont réalisables qu’après avoir rempli, au moins partiellement, la jauge de super attaque située en bas d’écran. Cette dernière peut grimper jusqu’au niveau neuf, et on la remplit soit en lattant l’adversaire, soit en se prenant ses coups.
Juste au dessus de cette jauge se trouvent trois conteneurs qui représentent la première particularité du jeu : le homing meter. Ce dernier se remplit tout seul et permet d’utiliser les homing commands (bouton croix). Sous ce terme barbare sont regroupées toutes les petites commandes spéciales des jeux de baston modernes qui nous simplifient bien la vie, comme les dash avant et arrière, les plongeons, les guard cancels, les combos breakers… Toute utilisation de l’une de ces techniques vide l’un des trois conteneurs, si bien que vous devrez attendre qu’il se remplisse de nouveau avant de pouvoir réitérer ce genre d’exploits.
Autre spécificité du titre, nos charmantes créatures sont accompagnées de créatures bien moins charmantes appelées Arcanas. Moins charmantes certes, mais bien pratiques. Tout d’abord, ces bestioles vous confèrent des bonus de puissance, ou de résistance, ou de plein d’autres choses. Ensuite et surtout, chaque Arcana connait des combinaisons de coups rien qu’à lui, et qui seront donc attribuées au personnage qui s’associe à lui. Comprenez donc qu’avec onze personnages jouables et onze Arcanas, vous pouvez obtenir cent vingt-et-un types de combattants différents ! Enfin, une fois par round, vous pourrez déclencher le mode Arcana Force (gâchette L1), qui remplit immédiatement votre homing meter et durant lequel vous pourrez invoquer votre bestiole (une attaque spéciale appelée Arcana Blaze). Ceci pompe intégralement votre jauge de super attaque.
LE SEXE FAIBLE ?
Si l’on passe outre l’absence de scénario et l’aspect archétypique des protagonistes, Arcana Heart est un jeu intéressant. Le système des Arcanas, assez proche dans sa philosophie des Stands de Jojo’s Bizarre Adventure (d’où mon inter-titre assez abscons du dessus), permet de très nombreuses combinaisons entraînant un vrai changement, déjà, et le homing meter impose aux joueurs les plus techniques de se restreindre sur les comportements « anti-sportifs » puisque réservés traditionnellement à une élite pratiquant le jeu de baston depuis longtemps. Cela ne veut pas dire qu’Arcana Heart privilégie les newbies, simplement qu’il leur donne la possibilité de s’amuser eux aussi.
En matière de réalisation, le titre d’Examu ne casse pas des briques. La 2D est propre et colorée, les héroïnes pourront plaire aux fans de mangas de type Sailor Moon. Les animations sont relativement fluides, les quelques effets sont jolis, sans plus, et la bande-son est très passe-partout.
Autrement dit, c’est plus pour son gameplay ingénieux que pour sa plastique qu’Arcana Heart a de l’intérêt. La durée de vie n’est pas non plus faramineuse, avec seulement onze personnages jouables et, à priori, aucun moyen de débloquer le boss final (ou alors j’ai pas trouvé). La bonne idée, c’est que cette version console intègre la possibilité de jouer en original ou en full. Cette dernière option, tirée de la mise à jour arcade appelée Arcana Heart FULL !, rééquilibre la balance entre les personnages trop puissants et ceux qui étaient jusque là leslow tiers du jeu. A vous de voir ce que vous préférez.