Wing Commander III : Heart of the Tiger est un jeu vidéo PC publié par Origin Systemsen 1994 .

  • 1994
  • Simulation

Test du jeu vidéo Wing Commander III : Heart of the Tiger

3.5/5 — Très bien par

Revoici les félins extraterrestres les plus méchants de toute la galaxie, et le héros le plus médaillé de la flotte terrienne. Cette fois, c’est la bonne : les Kilrathi, race de tigres humanoïdes particulièrement pugnace et cruelle, sont au bord de la victoire. Seul Christopher Blair, l’homme qui tombe à pic, va pouvoir sauver la situation, même relégué sur un rafiot par son éternel et exaspérant supérieur : l’amiral Tolwynn.

Revoici donc le plus grand ‘sitcom’ spatio-cinématographique de l’histoire du jeu vidéo : Wing Commander. Et cette fois, il n’est pas tout seul, car il est accompagné de véritables graphismes en 3D et de scènes cinématiques entièrement filmées avec acteurs de renom à l’appui. Vous y trouvez du rire, de l’aventure et des bananes flambées.

Mon dieu, Charles-Henri, comme ce lion a de grandes dents !

Prenons d’abord le temps de faire un bref cours d’histoire. Origin Systems a sorti Wing Commander (1990) et sa suite Vengeance of the Kilrathi (1991). Ces deux jeux supervisés par Chris Roberts sont des monuments historiques de la simulation de combat spatial. Ils étaient, à leur époque, sans égal. Un excellent gameplay et une scénarisation cinématographique étaient leurs forces. Ils présentaient cependant un défaut : leur moteur graphique était très gourmand. Quoi qu’il en soit, Chris Roberts régnait en maître absolu du genre. Origin Systems appuya même sa suprématie en sortant Privateer en 1993, jeu hybride fait d’aventure, de commerce et de combat spatial, qui détrôna presque Elite, le maître incontesté de la simulation de commerce spatial.

Mais voilà, en 1993, Lucas Arts s’incruste dans l’équation avec son ‘Star Wars : X-Wing’, simulation de combat spatial dans l’univers de Star Wars. Ce jeu est tout en 3D avec un moteur graphique beau, sobre, léger et rapide et un gameplay d’une précision d’horloger suisse. Il fallait réagir. Mais, comme nous allons le voir, WC III permet tout juste de maintenir la franchise au niveau de la concurrence.

Use the force, Luke !

Dès le début, on découvre le premier gros changement : les scènes cinématiques entièrement filmées. On connaissait l’attirance de Chris Roberts pour Hollywood, mais on ne s’attendait pas à un tel déluge d’acteurs. Malcolm MacDowell joue le rôle de l’intriguant et irritant amiral Tolwynn. John-Rhys Davies, un habitué du cinéma fantastique en format séries (Sliders) ou téléfilms (tout ça bien avant son rôle de Gimli dans Le Seigneur des Anneaux), joue Paladin, l’ami du héros. Tom Wilson, qui n’est autre que Biff Tannen dans Retour vers le Futur, joue ici le rôle du désespérant Maniac. Et pour finir, ‘last but not least’, le revenant, Mark Hamill alias Luke Skywalker dans Star Wars. Depuis un accident ayant diminué sa mobilité faciale, il est cantonné aux séries et téléfilms de science-fiction. Tous ces acteurs font revivre nos personnages favoris. On va s’apercevoir rapidement que les cinématiques sont, malheureusement, de mise en scène inégale, et n’ont pas le même impact que les cinématiques animées du second épisode. On peut mettre cela sur le dos de l’expérimentation, car les cinématiques de WC IV sont vraiment parfaites.

Faites chauffer les canons

Les mécanismes du jeu ont peu changé depuis Vengeance of the Kilrathi, mais nous allons tout de même les rappeler pour les néophytes. Le joueur incarne Christopher Blair. C’est l’homme qui a sauvé l’humanité dans les deux premiers Wing Commander. Il est à nouveau recalé dans un porte-astronef de seconde zone par son supérieur, l’amiral Tolwynn. Ce dernier semble peu apprécier notre héros. Le jeu commence ici. Il y a deux phases différentes : les missions et les inter-missions.

Entre les missions, le joueur peut se déplacer dans le porte-astronef et discuter avec ses coéquipiers. Cela permet de suivre l’histoire. Le jeu demande parfois de choisir entre deux réponses possibles au cours d’un dialogue. Ces choix ne modifient pas l’histoire et permettent principalement d’influer sur le moral de l’équipage. Faites donc attention à vos réponses ; le moral détermine le niveau de pilotage de vos coéquipiers.

Pendant les missions, vous pilotez un chasseur pour accomplir divers objectifs. Les plus courants sont la patrouille d’un secteur, l’escorte d’un vaisseau-amiral ou l’assaut d’un vaisseau-amiral ennemi. Au cours de ces missions, vous disposez de canons de divers types pour vous défendre : laser, ion, plasma, etc. Leurs munitions sont illimitées et il représentent les armes de base. Pour faire plus de dégâts, vous avez accès à divers missiles, en nombre limité, à utiliser avec parcimonie. Vous disposez également d’un petit chargement de contre-mesures vous permettant d’égarer les missiles adverses. Chaque chasseur possède une épaisseur de blindage et des boucliers énergétiques. Chacun affiche des caractéristiques différentes : vitesse max, manœuvrabilité, blindage, boucliers et nombre de canons, missiles et contre-mesures. Ils sont regroupés dans plusieurs catégories : chasseurs léger/moyen/lourd et bombardier. Le préféré des joueurs reste le chasseur lourd, suffisamment maniable et doté d’un arsenal prêt à faire exploser la plupart des vaisseaux-amiraux.

Faites chauffer le porte-monnaie !

Le deuxième gros changement, dans ce troisième épisode, est le passage à la 3D complète. L’ancien moteur utilisant des ‘bitmaps’ orientables a été mis au rebut. C’est bien, car la concurrence avait frappé fort l’année précédente avec Star Wars : X-Wing. La série Wing Commander se devait de répondre. C’est fait de fort belle manière grâce à un graphisme plus léché que son concurrent. Malheureusement, l’ordinateur moyen de l’époque peinait un peu à afficher tout ça à une vitesse convenable, et il fallait une machine de guerre pour le faire tourner. Mais ce n’est pas grave car tout est beau. On peut maintenant admirer les vaisseaux amiraux sous toutes les coutures tout en profitant d’effets de lumière. Les lasers sont cette fois tout à fait crédibles, les explosions vous mettent parfaitement dans l’ambiance. On s’y croirait.

Pourtant, l’ensemble possède un aspect plus brouillon que son concurrent. Cela est dû à un gameplay moins précis et moins exigeant. La gestion des collisions est plus laxiste dans Wing Commander III et le jeu est moins difficile ; il s’apprivoise plus rapidement et est ainsi plus accessible. Il faut également noter que les séquences filmées souffrent un peu du manque de couleurs et d’une compression moyenne. Si, à l’époque, on n’y prêtait pas attention sur un 14 » cathodique, de nos jours, avec des écrans LCD de 22 », le problème saute immédiatement aux yeux.

La bande-son de ce jeu est également bonne, mais souffre des effets du temps. Les canons lasers font un doux bruit, les réacteurs se déchaînent et les voix digitalisées sont parfaites pour se plonger dans l’ambiance. Certaines musiques de cinématiques n’ont rien à envier au 7e art. Évidemment, la musique d’accompagnement des missions peut vite devenir crispante.

C’est Émile le tueur !

Ce brave colonel Blair, toujours prêt à sauver l’humanité… dans quelle mission suicide va-t-il encore être embarqué ? L’histoire commence lorsqu’il est transféré dans un porte-astronef de seconde zone. C’est encore un mauvais coup de l’amiral Tolwynn. Mais heureusement, une fois arrivé sur cette poubelle ambulante, notre héros retrouve certains de ses vieux compagnons de combat. L’atmosphère est toujours un mélange de sérieux épique et de comique de situation. Malheureusement, dans ce troisième épisode, l’alchimie n’est pas aussi bonne et l’histoire peine à nous passionner. Les personnages sont moins hauts en couleur et l’intrigue est minimaliste. Celle-ci use de quelques rebondissements assez convenus (traîtrise, coups du sort) et la campagne, même si elle est non-linéaire, n’est pas un modèle du genre. Les missions homériques sont moins intenses et certains personnages, jadis source d’humour, sont moins attachants.

Peut mieux faire

Wing Commander III est plutôt un bon jeu. Il est accessible tout en proposant un challenge parfois corsé. Son moteur 3D est beau. Ses cinématiques sont d’assez bonne qualité, tant au niveau du jeu d’acteur que de la qualité des décors, mais sont d’une mise en scène assez plate. Parfois, les incrustations des acteurs sont trop voyantes. La musique est bonne. Mais le jeu peine au niveau de l’intrigue et de l’ambiance. C’était pourtant un des deux aspects réussis de cette série spatiale. Cela ne rend pas ce troisième épisode mauvais pour autant, mais il est clairement un niveau en dessous de ses prédécesseurs. Il est possible que cette baisse de niveau soit due à l’apprentissage du style cinématographique, car le quatrième épisode, sorti un an plus tard, corrige ces défauts.

Wing Commander III : Heart of the Tiger