Nous sommes en 1991. Quelques mois auparavant, Origin sortait le deuxième épisode de son simulateur spatial Wing Commander. Dans cet épisode, le Colonel Machin… Ah ! oui, c’est vrai, dans Wing Commander premier du nom et sa suite, il vous revenait de nommer votre personnage. On apprendra plus tard que les employés d’Origin Systems l’appelaient Blue Hair, en référence à sa chevelure. Ce nom deviendra plus tard Blair, à partir de l’épisode III pour être exact. Bon, notre bon colonel Blue Hair, donc, après avoir été le grand héros de la guerre dans WC1 (Wing Commander I), est accusé de haute trahison dans WC2, avant de prouver son innocence et de devenir à nouveau le héros de la guerre. Je me suis toujours demandé si ça ne devenait pas lassant, à force, d’être beau, grand et fort.
Il était une fois le laser
Vous vous demandez peut-être de quelle guerre il s’agit. Nous sommes dans la deuxième moitié du troisième millénaire. Cette guerre, qui dure depuis plusieurs années, oppose la Confédération Terrienne à l’Empire des Kilrathi. Ces derniers sont une race extraterrestre de félins bipèdes. Ce sont de sauvages guerriers, qui ne vivent que pour le combat et la chasse. Des ennemis parfaitement haïssables, à l’aspect un peu kitch. On pourrait se demander si on ne se retrouve pas à regarder une comédie, tellement le jeu semble jouer avec les caractères, parfois exagérés, des personnages, et certaines situations à la limite du burlesque. Cependant, l’histoire n’est pas exempte de drames. On retrouve au final les éléments qui font un bon blockbuster à l’américaine.
Voici donc notre pilote de chasseur spatial préféré qui revient pour de nouvelles aventures. Lui et sa tignasse bleue vont, bien malgré eux, se retrouver enrôlés dans le service des opérations spéciales, dans le but d’aider une planète Kilrathi à se rebeller.
Petits PC s’abstenir
Le moteur de jeu reste strictement identique. Les graphismes ne sont pas améliorés, les sons n’ont pas évolué depuis Vengeance of the Kilrathi (nous avons donc encore droit à ces lasers faisant un bruit de cotillons du nouvel an, et à des musiques de bonne qualité). Special Operation 1 est ce que l’on appelait à l’époque un data disk, une extension contenant uniquement des niveaux supplémentaires. Pour rappel, ce jeu est affiché dans une résolution ‘ultra fine’ de 320x200 en 256 couleurs. Les développeurs avaient pris le parti de ne pas réaliser leur moteur en véritable 3D, mais dans un mélange 3D/2D particulier. Ainsi, la position du vaisseau se situe dans un espace en 3D, mais il est représenté par des images 2D orientables et « zoomables ». En d’autres mots, lorsque nous regardons un vaisseau avec un angle de 45°, le moteur nous affichera l’image correspondant à sa vue de ¾. Si on tourne légèrement autour, on continuera de voir sa vue de ¾, et il faudra se déplacer davantage pour voir son image de côté. Si on avance vers un chasseur, son image sera « zoomée ». À l’époque, cela permettait d’avoir un jeu plus fluide et plus beau. Les défauts de lenteur et de collisions parfois douteuses n’ont pas été corrigés. Heureusement, ceux-ci restent peu gênants. En parlant de la vitesse du moteur, il fallait une configuration solide pour pouvoir jouer ; ceci est d’ailleurs devenu une marque de fabrique d’Origin Systems.
Blue Hair saves mankind
Nous avons droit à une nouvelle mini-campagne, décrivant ce qui s’est passé après la victoire des humains dans le secteur Enigma. Elle propose une quinzaine de missions et, contrairement à celle du jeu initial, elle est complètement linéaire. Il n’y a pas d’arbre complexe permettant de suivre différentes branches du scénario, selon la réussite ou l’échec de certaines missions critiques. Comme le nombre de missions est réduit, ce n’est pas vraiment un problème. En plus d’un nouveau scénario, cette extension permet de piloter un nouveau bombardier possédant une énorme puissance de feu. L’ensemble est peut-être un peu léger en nouveautés, mais le scénario est sympa et permet d’en apprendre plus sur certains personnages de cet univers, au travers de missions d’escorte, d’assaut de bases ennemies, de reconnaissance ou de défense de notre vaisseau-mère. Les phases de jeu aux commandes de votre chasseur sont toujours entrecoupées de cinématiques narrant l’histoire. Elles sont du plus effet, avec des scènes de chasseurs qui décollent ou de dialogues (il est vrai très statiques ; souvent, seule la bouche est animée) sympathiques. Encore une fois, rires et pleurs sont de rigueur.
Accrochez-vous au manche
Le gameplay du jeu est, lui aussi, parfaitement identique à celui de Vengeance of the Kilrathi. Vous pourrez de nouveau dessouder vos ennemis à coups de laser ou de missiles, vous défendre avec vos boucliers, et rentrer à la base aux commandes d’un vaisseau dans un état lamentable. Vous pouvez vous sortir de situations compliquées grâce à la post-combustion de votre chasseur, et il est toujours possible d’effectuer des manœuvres assez spectaculaires. Pendant les phases de vol vous avez accès aux mêmes modes visuels : vue de l’arrière de votre vaisseau, vue de côté, vue de face, vue panoramique de l’action (assez classe, mais injouable) et vue depuis le cockpit (la seule vraiment jouable). Il faut tout de même noter une différence : les ennemis sont plus coriaces que dans la campagne principale. Mais cela n’est pas insurmontable, la difficulté reste correcte.
Au final
Récapitulons. Le scénario est bon et l’ambiance est toujours assurée par de belles cinématiques, et de plus en plus de voix digitalisées. Le gameplay n’a pas évolué, mais il était déjà très bon. Par contre, un seul vaisseau en supplément, c’est maigre. Cette extension est surtout indispensable pour suivre le scénario de la série et prolonger la durée de vie du titre initial.