1998, un évènement inattendu s’est produit. Le niveau des océans est monté de 3 mètres. Je viens de lancer Unreal sur mon PC, alors un 166 MMX étincelant. Il se démenait de tout son être pour afficher le jeu sur mon écran, mais Unreal en valait la chandelle ! Premier double clic sur Unreal.exe, et le moteur 3D me montre sa puissance : présentation en grande pompe d’un niveau du jeu, un château. Mais pas n’importe quel château, celui qui vous fait d’abord halluciner par ses reflets, ses textures, ses effets de lumière, ses douves enivrantes… Puis par le halo de mystère qui émane de son charme. Une seul chose nous vient alors à l’esprit : entrer dans l’écran de son PC, entrer dans ce château, entrer dans l’univers Unreal.
Seul, dans un monde hostile, je survivrai
Je lance alors l’aventure via une interface qui rappelle mon bureau Windows 95, la grisaille en moins. J’incarne un prisonnier, en transit dans l’espace vers une destination inconnue. Mais le vaisseau Vortex Rikers qui m’emmenait moi, prisonnier 849, et mes futurs compagnons de cellule se trouve perturbé par le champ gravitationnel d’une planète inconnue. La conséquence est un crash pur et simple sur la planète, avec des conséquences dramatiques : je suis apparemment le seul survivant. Une aubaine pour retrouver ma liberté ? C’est ce que je me demanderai tout le long de mon aventure, à parcourir cette planète et l’Histoire qu’elle porte. Je serai peut être un héros ou juste un être de passage, mais une chose et sûre, je me battrai. Bien vite, je récupère une arme laissée par un des gardiens, un fantastique pistolet à dispersion. Il n’est pas très beau, on dirait vraiment de la camelote. Fait à partir de tôle de ferraille, il tire néanmoins des décharges d’énergie peu puissantes, mais suffisantes. Je n’ai que ça sous la main de toute façon, et il a tout de même l’énorme avantage de pouvoir se recharger tout seul. Je peux aussi concentrer mon tir pour projeter un coup plus puissant. Je lis les dernières notes, les derniers messages laissés par les autres avant de mourir. Ces autres sont des hommes, mais aussi des habitants de cette planète. C’est un univers hostile, peu en réchappent, mais moi, j’y parviendrai. Je parcourrai cette planète et les civilisations qu’elle abrite, je parcourrai la faune et la flore, je parcourrai cette planète jusqu’à la quitter.
Je suis à la fois terrifié quant à mon sort et émerveillé : cet univers est captivant. Non seulement, les diverses notes que je recueille me font comprendre l’histoire de ce monde, qui sont ces Nalis, extra-terrestres que j’effraie mais qui me sont parfois d’un grand secours ; ces Skaarjs, créatures belliqueuses terrifiantes et surentraînées, capables d’esquiver les tirs de mes armes ; mais aussi les divinités veillant sur cette terre. Je suis aussi subjugué par l’architecture de ce monde, que ce soit la nature elle-même, avec ses canyons, ses falaises, ses plaines… mais aussi les constructions faites par les habitants. Je traverse de nombreux villages, certes primitifs à première vue, mais attendrissants alors qu’ils semblent lutter contre la technique sauvage des tyrans. Des temples, des villes, des souterrains, des cités perdues dans le ciel, des mines, des châteaux… Moi qui ne suis qu’un paumé, vous me demandez de traverser tout ça ? Ok, tope là mon p’tit pote, c’est que je m’y plais bien, ici. J’étais un prisonnier, un renégat, et me voici un conquérant, ou un héros perdu dans ses ambitions. Quoi qu’il en soit, de proie cherchant la fuite, je deviens prédateur cherchant justice. Mon vieux pistolet à dispersion ne me servira plus que pour des tâches futiles, comme détruire ces caisses en bois servant à transporter des minerais, des munitions, et bien d’autres objets encore. Maintenant, j’ai des armes bien plus puissantes, mais nécessitant une grande maîtrise. Laissez moi par exemple vous présenter le fusil ASMD. Vous pouvez soit tirer un laser simple, soit une boule d’énergie un peu lente. Essayez maintenant de lancer une boule d’énergie et de tirer un laser dessus. *SHBOOM*. Impressionnant, n’est ce pas ? Imaginez un peu ce que ça fera avec quelques ennemis autour de cette jolie explosion ? Ouais, je vois qu’à votre sourire, vous avez compris ! Laissez-moi vous gâter. Vous voyez ça ? C’est le Razorjack ! Ça vous lance des lames tranchantes comme des rasoirs, idéal pour faire sauter quelques têtes. Mais faites gaffe, hein ? C’est que ça rebondit sur les murs ces cochonneries là ! Et ça ! Le GES Bio Rifle. Foutez de la boue de Taridyum dedans (vous en trouverez facilement dans le coin), et faites vous plaisir. Lancez plein de petites boules, ou au contraire, une grosse boule, mais en tout cas, sachez que ça pète au bout de quelques secondes, que ça colle, et que ça explose directement en contact avec un être vivant ! Encore un dernier ? Ho, il en reste encore bien d’autres, mais laissez moi vous montrer celui-là, le lance-roquette. Hé, vous savez comment on l’appelle dans le coin ? Ils appellent ça, le « bâton lanceur de feu », ou un truc comme ça ! Ha, marrant hein ? Faites gaffe tout de même, une fois chargé, ça peut vous lancer huit missiles ou huit grenades d’un coup ! Dévastateur !
J’aurai bien besoin de ça pour me défaire d’ennemis de plus en plus puissants et intelligents. Oui, il ne s’agit pas de créatures stupides se jetant bêtement sur moi, mais d’adversaires capables de sauter par-dessus mes roquettes ou de bondir sur le côté pour éviter des projectiles un peu lents. J’aurai besoin aussi de multiples objets comme une lampe, des petites torches éclairantes à jeter, des gilets de protection, des tubas, des graines… oui, des graines de fruits Nali. C’est très bon, et ça pousse en quelques secondes sous vos yeux. Par contre, j’aurai juste besoin de mes yeux pour me rendre compte de la beauté du jeu, de mes oreilles pour apprécier les musiques hypnotisantes d’Alexander Brandon, virtuose du synthétiseur, qui nous a fait vivre d’autres jeux encore comme Unreal Tournament ou Deus Ex. J’aurai aussi besoin de ma bouche pour esquisser le sourire traduisant le plaisir que je ressens face au gameplay du jeu, ingénieux et jouissif à la fois, avec des touches de mystère et d’exploration. Oui, de l’exploration, et pas qu’un peu. Encore aujourd’hui, Unreal peut se vanter d’être un des FPS avec le level design le plus développé qui soit, tutoyant celui d’un Tomb Raider. Vous ne suivrez pas un couloir, mais de la 3D. La 3D qu’on nous vantait à l’époque, et on avait raison, car cette nouvelle dimension était un territoire qu’on s’était empressé d’explorer. Et lorsque nous sort de l’esprit inventif de développeurs l’univers d’Unreal, l’irréel, on ne peut que remercier les géniteurs de ce FPS. Ils ont su nous enchanter, nous amuser, nous intriguer, nous captiver tout au long de cette longue aventure. Oubliez la poignée d’heures nécessaires pour finir les FPS qui sortent aujourd’hui, Unreal en fait le double voire le triple à lui tout seul. Malgré la fatale linéarité qu’Unreal est obligé de se coltiner en tant que FPS, il arrive néanmoins à accrocher toute personne aimant le jeu vidéo. Et si cela venait à ne pas suffire, si cela ne parvenait pas à étancher votre soudaine soif d’Unreal, il vous reste encore Unreal : Return to Na Pali, la suite de votre histoire, mais aussi le mode multijoueur, comprenant aussi des matchs contre des bots. Et si vous trouvez ce multi très bon, c’est normal, c’est tout simplement le précurseur d’Unreal Tournament, le mythe. Match à mort, match dans le noir, maître du monde, coopératif… Tout ça sont de multiples modes permettant de prolonger l’expérience Unreal avec d’autres joueurs. Mais ce sera pour ceux qui n’ont pas Unreal Tournament, car si le mode multi d’Unreal est très bien, celui de Tournament en est tout simplement l’aboutissement. Unreal est avant tout un jeu solo, un excellent jeu solo.
Conclusion
Elitiste ? Oui, Unreal l’était avec la configuration qu’il demandait à l’époque. Mais encore aujourd’hui, on peut dire qu’Unreal fait partie de ces FPS d’exception, de ces jeux de luxe réservés à des connaisseurs, tels des jeux ouvertement underground. Sauf que là, Unreal reste accessible à tous. Il suffit juste de laisser parler ses sens et ses instincts de joueur pour laisser l’alchimie opérer, et ainsi savourer l’un des meilleurs FPS conçus. Unreal, c’est le mythe des armes de la série des Unreal dans un univers digne de Tomb Raider premier du nom, tout en étant gentiment le précurseur de nombreux FPS teintés de RPG. Unreal est sans doute un FPS indémodable tant, même aujourd’hui, on y joue jusqu’à la fin sans broncher. Et il est suffisamment long pour qu’on n’en redemande pas… enfin, pas tout de suite. On va attendre un peu avant de continuer sur Return to Na Pali. En revanche Unreal 2, vous pouvez oublier, merci. Veuillez ne pas salir le nom d’Unreal désormais. Vivez l’expérience Unreal !