System Shock 2 est un jeu vidéo PC publié par Electronic Artsen 1999 .

  • 1999
  • Role Playing Game (RPG)

Test du jeu vidéo System Shock 2

5/5 — Parfait ! par

Développé conjointement par Irrational Games et Looking Glass Technologies (déjà responsable des excellents Ultima Underworld et Thief : The Dark Project), System Shock 2 est la suite tant attendue du hit édité par Origin en 1994. Probablement, comme vous allez le voir, un des meilleurs jeux sortis sur PC et ayant été maintes fois primé, il n’en reste pas moins un simple succès d’estime en terme de ventes.

Look at you, hacker… how can a miserable insect such as you defy a perfect cybernetic lifeform?

Il est probable que nombre d’entre vous ne connaissent pas le premier épisode dont je vais résumer ici le scénario. Dans la seconde moitié du XX°s, une entité cybernétique d’une extrême intelligence connue sous le nom de Shodan prend le contrôle de la station orbitale militaire Citadel. Créant une armée d’hommes génétiquement modifiés (après les OGM, on a donc droit aux HGM ;) ), l’intelligence artificielle n’ayant ni plus ni moins que l’ambition d’accéder au statut de divinité (sic) menace la planète. Le joueur, incarnant un criminel hacker repentis, réussit à s’infiltrer dans Citadel et à contrecarrer les plans de Shodan.

Ceci nous mène au scénario de System Shock 2. Suite aux événements de Citadel, le gouvernement, un conglomérat axé autour de la firme TriOptimum (responsable de la création de Shodan), s’effondre sous les coups de buttoir d’une rébellion généralisée. C’est une junte militaire, l’UNN (Unified National Nominate) qui prend le pouvoir, TriOptimum étant réduite à une entreprise au bord du gouffre mais qui parvient à survivre. 35 années s’écoulent, jusqu’à la publication des travaux de la scientifique Nobelisée Marie Delacroix concernant un système de propulsion permettant de dépasser la fameuse barrière de la vitesse de la lumière. L’UNN est évidemment enthousiaste face aux possibilités offertes par une telle découverte et confie contre tout attente le soin de développer un prototype. à TriOptimum Evidemment, c’est danser avec le Diable mais la firme disgraciée est la seule disposant du savoir-faire nécessaire. Ainsi naît le Von Braun, nouvelle fierté de l’arsenal terrien. Hors de question cependant de laisser le Von Braun se balader tout seul, d’abord bien entendu pour des raisons stratégiques, ensuite parce que la confiance accordée à TriOptimum a des limites… restreintes. Sa première mission sera donc sous le contrôle des militaires et l’appareil sera accompagné par le destroyer lourd UNN Rickenbauer.

Incarnant un militaire embarqué dans l’expédition, vous vous réveillez d’un coma vous laissant sans mémoire à bord d’un Von Braun dévasté… et une voix, celle d’un rescapé, le docteur Polito, qui vous guidera… A partir de là, il ne sera plus question que de mutants agressifs, d’une mystérieuse entité connue sous le nom de la Multitude (The Many) et… de Shodan! Je n’irai pas plus loin au risque de trop dévoiler l’intrigue de l’histoire.

Car c’est là une grande partie de l’intérêt du jeu! Qu’est ce que la Multitude? D’où sortent ces mutants? Quel est le rôle de Shodan là dedans? Et plus généralement, que s’est il passé sur le Von Braun et le Rickenbacker? Et c’est avec maestria que se dévoileront au fur et à mesure du jeu les fils de l’histoire alors que les mails de votre allié s’accumuleront et que vous trouverez les logs des membres de l’équipage.

I’ve uploaded cybermodules. Use them wisely…

Plus qu’un FPS, System Shock 2 est très orienté jeu de rôle. Ainsi votre personnage dispose bien sûr d’un inventaire et, outre les armes, aura accès à un très grand nombre d’objets. S’il n’y a pas de niveaux d’expérience à proprement parler, l’accomplissement de certaines tâches lui donneront accès à des cybermodules permettant d’investir dans des implants cybernétiques améliorant ses capacités. Ces implants seront « achetés » à des bornes spécifiques et sont divisés en quatre familles.

La famille « Personnage » comprend les caractères intrinsèques à votre personnage. On trouve ainsi la force, qui définit la puissance de vos coups avec les armes de corps-à-corps et la taille de votre inventaire, l’endurance qui définit votre nombre de points de vie, l’agilité, qui détermine avant tout votre rapidité et votre capacité à ne pas vous blesser en cas de chûte. La cyber-affinité est votre capacité à vous débrouiller avec les appareils électroniques. Enfin, la capacité psionique est relative à l’utilisation de vos capacités psycho-sensorielles qui correspond au système de magie.

La famille « Armes » comprend plusieurs types d’armes, et votre capacité à les utiliser : améliorer une capacité permettra un tir plus précis et surtout de moins ressentir le recul de l’arme.. On trouve les armes standards (pistolet, fusil…) et les armes lourdes (fusil d’assaut, lance-grenade…) qui sont les plus utiles et par là même celles qui méritent le plus votre intérêt. On trouve également les armes fonctionnant avec batterie (energy), remarquablement inefficaces mais qui présentent l’intérêt de ne pas avoir besoin de munitions – on les rechargent à des bornes énergétiques – et les armes exotiques qui sont un mélange de technologie humaine et anélide (vous en saurez plus à leur propos en jouant au jeu ;) ). Ces dernières nécessitent de faire des recherches dessus avant de pouvoir les utiliser. Parmi celles-ci on peut citer une lame de cristal ou encore un canon viral. L’arsenal est donc varié, d’autant que chaque arme dispose souvent de plusieurs types de munitions. Ainsi le pistolet peut être armé de balles classiques, anti-personnelles ou perce-armures alors que le lance-grenade n’accepte pas moins de 4 types de grenades! Néanmoins, il est hautement recommandé d’économiser ses cartouches et de fait, la clef à molette que vous trouvez au début du jeu sera votre principale compagne dans le cassage de monstre, au moins pour les premiers niveaux…

Troisième catégorie de capacités, tech qui couvre l’ensemble du savoir-faire technique. Ainsi, réparation, modification et maintenance sont relatives aux armes et permettent respectivement de réparer une arme cassée, d’améliorer une arme et de renforcer sa condition. En effet, les armes, vous les trouverez éparpillées dans les vaisseaux, souvent à côté du corps de leur ancien propriétaire. Elles sont donc dans un état divers lequel est reflété par un chiffre de 0 (cassée) à 10 (parfaite). Plus le chiffre est faible, plus une arme risque de s’enrayer et autant le dire, cela arrive très souvent avec une arme en mauvais état. Inutile de vous faire un dessin sur les conséquences d’un tel événement en plein combat… ;) La capacité recherche permet d’étudier les objets inconnus que vous trouverez dans le jeu, notamment sur les cadavres ennemis. Outre une meilleure connaissance de vos adversaires (ce qui est un plus au niveau de l’immersion), elles vous donneront accès à de nouvelles armes (les armes exotiques, cf plus haut) ou amélioreront vos performances contre les ennemis étudiés. Mener des recherches nécessite souvent des matériaux chimiques, que vous trouverez dans des salles spécifiques réparties dans les étages du Von Braun. Enfin il faut parler du hacking, capacité très importante, qui vous permettra de pénétrer divers systèmes informatiques sécurisant l’accès à certaines salles ou verrouillant certains containers. Vous pourrez aussi hacker les distributeurs automatiques, permettant de réduire les coups d’achat du matériel. On ne saurait souligner suffisamment l’importance de cette caractéristique tant elle est utile.

La dernière catégorie concerne les capacités psioniques, c’est-à-dire le système de magie. Si vous avez les capacités nécessaires et l’objet adéquat (un objet rappelant une louche), vous pouvez en effet lancer des « sorts », au prix d’un certain nombre de points de psi en fonction du sort lancé et de la puissance utilisée. Les sorts sont répartis sur 6 niveaux et sont plus ou moins intéressants. On retiendra essentiellement le psi pull qui permet de récupérer des objets hors d’atteinte ou encore un sort permettant de répliquer des objets, ce qui est très utile quand on l’utilise sur des munitions. ;) Il faut investir d’abord dans le niveau de psi souhaité puis acquérir les sorts indépendamment, ce qui finit par coûter très cher en terme de cybermodules!

A noter qu’au début du jeu, vous aurez l’opportunité de personnaliser dans une certaine limite les capacités de départ de votre personnage. Il faudra en effet choisir un corps d’armée entre les Marines, la Navy et l’OSA (Services Spéciaux), chacun offrant ses propres spécificités. Ensuite, par 3 fois, vous aurez le choix entre 3 missions, chacune augmentant certaines capacités.

Outre les armes, le personnage aura accès à une foultitude d’objets, que ce soit des armures, des objets servant à vous soigner (seringues, medikits…) ou encore de rares objets permettant occasionnellement de pallier à une défaillance dans une caractéristique (comme les ICE picker qui permettent de crocheter n’importe quelle serrure). Vous pourrez également utiliser des implants boostant temporairement une caractéristique. Alimentés en énergie, ceux-ci doivent être rechargés à une borne énergétique pour être efficaces. On trouve même une console portable dans laquelle on peut rajouter des cartouches : on a ainsi des petits jeux accessibles dans le jeu! On ne gardera cependant guère longtemps ce genre d’objet futile tant l’inventaire paraît restreint. Les armes prennent en effet beaucoup de place sans compter que les munitions en prennent également! On se retrouve ainsi régulièrement face à des choix cornéliens quand à quel objet conserver et quel objet bazarder.

Beware, insect, they lust for your flesh

En règle générale, le jeu se compose d’une succession de missions à accomplir, un briefing vous étant donné par mail par votre interlocuteur. Souvent bien ficelées, elles restent assez variées et si les instructions sont précises et que l’automapping aide largement, certains renseignements capitaux (codes d’ouverture de portes…) ne peuvent être trouvés que dans des logs de l’équipage. Ceux-ci ont donc une grande importance dans le jeu, outre leur rôle dans la compréhension de l’intrigue et on aura soin de tous les consulter. Heureusement il est possible de relire tous les logs trouvés sur un étage dans l’interface du jeu, bien conçue. Les appareils sont subdivisés en niveaux ayant chacun une fonction propre. Ainsi on commence au premier étage du Von Braun qui contient le complexe de recherche alors que le niveau inférieur contient toute la machinerie du vaisseau et que le niveau 5 comprend les installations de loisirs (on y trouve même une maison close). On déambulera dans un jardin, un complexe sportif, des hangars… Complexes, leurs décors sont variés et ils fourmillent de bonus cachés. Comme de bien entendu, ils sont hantés d’ennemis divers et notamment des mutants, armés d’abord de simples barres à mine puis de grenades (rien que ça), des chimpanzés mutants ayant la capacité de projeter des rayons d’énergie psionique ou encore des femmes cyborgs, véritables mégères. Mais d’autres plus dangereux encore feront leur apparition. Leur intelligence est variable, certains étant capables de se mettre en retrait et on sursaute souvent, surpris par un vilain suffisamment discret. Quoi qu’il en soit, ils sont tous redoutables à leur échelle : comprenez par là qu’aucun n’est franchement à prendre à la légère et qu’il est important de comprendre rapidement quelle arme est la plus efficace contre tel ou tel ennemi. Les bourrins n’ont aucune chance de survie et la discrétion est le meilleur moyen de s’en sortir bien que cet aspect soit moins poussé que dans Thief. La furtivité est d’autant plus importante qu’à de multiples endroits se situent des oeufs éclosant de nouvelles horreurs à votre passage et bien, sûr ils sont bien cachés. Enfin, il faut faire avec le système de sécurité dirigé par l’ordinateur central, Xerxes, ses tourelles automatiques et ses caméras de surveillance. Si vous êtes repéré par le système de vidéo-surveillance, l’alerte s’enclenchera pendant 2 minutes et un paquet de monstres rappliquera… Heureusement, une simple balle suffit à détruire une caméra.

On retiendra donc l’importance de se mouvoir avec prudence au sein du complexe et de gérer de façon économique ses ressources et notamment ses munitions, même s’il est possible d’en acheter aux distributeurs automatiques moyennant des nanites. D’autant que le jeu est très difficile, peut-être trop… et c’est peut être là son seul et unique défaut. Si je ne suis pas un joueur exceptionnel, je pense me situer tout de même au-dessus de la moyenne et franchement, les moments critiques et les sueurs froides ne manquent pas, même en mode Easy! Je n’ose pas imaginer ce que ça donne en mode Impossible, je n’ai pas essayé. Les monstres ne sont pas à prendre à la légère et les points de vie tombent vite, d’autant que les pièges sont souvent placés de façon à vous surprendre et ont un effet dévastateur sur votre personne. Bref c’est dur. Seules les énigmes ne sont pas trop ardues, du moins si on prend le temps de correctement lire les briefings et de consulter les logs. Il serait dommage de ne pas le faire tant l’histoire est distillée avec savoir-faire (je sais je me répète mais j’ai vraiment apprécié). En effet, les logs sont audios, pas simplement sous forme écrite. Bien rédigés, ils sont aussi très bien réalisés : le jeu des acteurs est, une fois n’est pas coutume, très convaincant car ceux-ci transmettent généralement bien les sentiments des personnages joués, que ce soit le désespoir, la colère ou la douleur. D’autant que chaque log restitue l’ambiance sonore derrière le discours. On entend ainsi les crépitements d’une transmission altérée, une porte qui s’ouvre, ou encore la cause de la mort du « rédacteur ». Une grande réussite du jeu, cela lui confère une ambiance incroyable et proprement terrifiante digne des meilleurs survival-horrors.

Réalisation

Et en général on a pas à se plaindre de l’ambiance sonore du jeu. Les musiques technos futuristes sont péchues et donnent beaucoup de dynamisme au jeu et les bruitages, nombreux sont très bien restitués. On se doute que la stéréo est parfaitement utilisée et est utile pour localiser un ennemi. Le jeu gère d’ailleurs l’EAX si bien que ceux qui disposent d’une carte son gérant cette technologie pourront en profiter pleinement. Les bruitages ne se limitent pas qu’aux monstres, l’ambiance étant riche au niveau sonore : ordinateurs, chuintements… De temps à autres, vous entendrez la voix de la Multitude vous parler… L’ambiance sonore joue son plein rôle dans l’ambiance générale du jeu. Les autres aspects techniques ne dépareillent pas et le jeu est graphiquement très agréable. Les décors, malgré le fait qu’on se situe presque toujours dans un univers cybernétique, sont aussi variés qu’on pouvait l’attendre et on constate l’influence de plus en plus visible de la Multitude sur l’environnement au fur et à mesure de son avancée. Ils comprennent de nombreuses animations et des jeux de lumières variés et globalement réussis. Les monstres ont un design soigné, même s’ils sont un peu carrés. On reprochera par contre la très mauvaise qualité des cinématiques en vidéo, tant au niveau de l’algorithme de compression employé (même pour l’époque) qu’au niveau de leur réalisation. Elles sont d’ailleurs peu nombreuses (intro et fin du jeu). Seule se détache la cinématique faite avec le moteur du jeu au début du niveau 4 du Von Braun, trippante.

La jouabilité est typique de celle d’un Quake-like et le joueur aura loisirs de configurer son clavier comme il l’entend. On regrettera juste que seul le troisième bouton de la souris soit géré : pas de molette ni de gestion des boutons supplémentaires pour ceux qui ont le bonheur d’avoir une souris MX500 par exemple. Le jeu étant ancien, on ne peut pas vraiment lui reprocher cela dit… L’interface est pratique à utiliser et claire, les diverses informations étant réparties dans des espaces bien organisés et faciles de navigation. On apprécie la fonction d’automapping ainsi que la possibilité d’afficher une mini-carte des environs, nécessaire pour se déplacer rapidement vers un point précis. Mieux vaut mapper les armes sur le clavier parce que changer d’arme via l’inventaire est vraiment une calamité.

Long et très difficile, System Shock 2 offre une bonne durée de vie. Il m’a fallu environ 17h pour le terminer en mode Easy, comptez en moyenne une vingtaine d’heures et après cela il y a les 3 modes de difficulté supérieurs. Le dernier patch en date permet également le jeu en réseau jusqu’à 4 joueurs en mode coopératif, option que je n’ai pas essayé.

Conclusion

Quoi, avec tout ça vous n’avez pas encore envie de jouer à ce jeu? Alors je ne sais plus quoi faire… System Shock 2 est indiscutablement un des exemples les plus lumineux du mélange FPS/RPG. On retrouve en effet la finesse de la gestion des RPG (certes allégée) au dynamisme du Quake-like, ce qui en fait un titre qui mettra à l’épreuve et votre habileté et vos cellules grises. L’ambiance du jeu est rendue de façon magnifique, notamment grâce à la délivrance progressive et indirecte de l’intrigue via les logs. Le travail d’écriture est d’ailleurs à signaler car il est bien rare de trouver quelque chose d’aussi sophistiqué. Jeu sombre, angoissant à souhait, accrocheur, System Shock 2 est un challenge digne des plus exigeants et fait définitivement partie du panthéon du jeu-vidéo à mon avis…

Compatibilité

System Shock n’est pas copain avec Windows XP, loin de là… Vous pourrez trouver ici des informations sur comment le faire tourner sur cet OS : http://www.ttlg.com/forums/showthread.php?t=60930#shock2

Voici la méthode qui a fonctionné chez moi :

  • Installer le programme par la commande DOS : « install.exe -lgntforce » à partir du CD-ROM

  • Installation du dernier patch en cours

  • Modification du mode de compatibilité de l’exécutable en mode « Windows 2000 »

System Shock 2 a été testé avec succès sous Linux avec WINE 0.9.15. Les seuls soucis constatés ont été :

  • le pointeur de X reste visible, ce qui n’est pas gênant

  • les cinématiques ne sont pas jouées. Cela n’est pas gênant, d’autant qu’elles sont au format AVI, donc lisibles avec n’importe quel player

Cela dit, étant donné que System Shock 2 utilise le Dark Engine de Thief, il est probable qu’il ne fonctionne pas avec WINE 0.9.15 et supérieurs, étant donné que le support de Thief 2 dans WINE est cassé depuis la 0.9.15.

System Shock 2