Au début des années 90, rares étaient les jeux de plates-formes micro à se hisser au niveau de leurs pendants sur console. La plupart d’entre eux reposaient sur un gameplay faisant la part belle à l’accumulation du score, et présentaient des principes de jeu et une architecture tout à fait classiques, dépourvue des éléments et des caractéristiques originales qui rendaient les références du genre passionnantes et excitantes sur console. SuperFrog fait partie des rares spécimens à avoir marqué les esprits, non pour son originalité mais pour sa chouette réalisation et son rythme soutenu.
Comme on pouvait s’y attendre, SuperFrog parle d’un prince transformé en grenouille par une méchante sorcière, laquelle a également enlevé la princesse, histoire de lui donner une raison supplémentaire de râler. Heureusement pour elle, la grenouille tombe un jour sur une canette de lucozade (une sorte de boisson énergétique typiquement british) et devient SuperGrenouille, un héros désinteressé et déterminé à utiliser ses super-pouvoirs tout neufs et sa belle cape rouge pour secourir sa princesse et l’embrasser afin qu’elle devienne à son tour une grenouille (ce qui est quand même plus simple que de persuader la jeune femme d’embrasser un batracien de manière désintéressée). Notez que des pubs pour ce fameux lucozade apparaissent fréquemment dans le jeu, qui fait donc office de sponsor officiel de SuperFrog (comme 7-up pour Cool Spot et Chupa Chups pour Zool).
Les 6 niveaux et la multitude de sous-levels de SuperFrog sont bien conçus. Bien que toujours prolixes en petits bonus inutile, leur construction générale, les nombreux passages secrets, warp-zone, bumpers et les chemins variés que l’on peut prendre pour atteindre la sortie du niveau témoignent que les programmeurs ont observé avec attention la manière dont on s’y prenait sur console pour confectionner un hit. Au niveau de ses principes de jeu, SuperFrog demeure très classique et prévisible. La grenouille saute sur ses ennemis pour les éliminer, mais peut également dégotter une sorte de balle magique pour attaquer en courant moins de risques. Au programme également, des ailes pour voler brièvement, le fameux lucozade pour récupérer de l’énergie et des pièces d’or à collecter pour pouvoir terminer les stages.
Réalisation technique :
Un peu légers au niveau des décors, les graphismes de SuperFrog sont plutôt sympathiques, avec des couleurs vives, un univers très mignon et un petit sprite principal qui inspirait la sympathie, avec son allure un peu ridicule, ses yeux globuleux et son sourire d’imbécile heureux. SuperFrog peut courir très vite lorsqu’il est dans une pente (pas à la vitesse de Sonic ou Jazz Jackrabbit, mais la grenouille a tout de même une bonne cadence) et le scrolling est parfaitement fluide et sans défauts en toutes circonstances. La bande sonore est très réussie, avec de petites mélodies idiotes et entraînantes, qui restent coincées en tête pas mal de temps après que l’on ait quitté le jeu, et des bruitages réussis. Pour terminer par le sujet qui fâche toujours, la jouabilité s’en tire bien. Elle n’est pas parfaite en toutes circonstances les sauts sur les ennemis ne sont pas toujours très précis mais on est tout de même très loin de l’imprécision chronique de Zool (pour rester dans les références du genre).
En bref : 15/20
SuperFrog n’est pas très original en soi. On n’a jamais l’impression de découvrir quelque chose de nouveau au fil de ce jeu qui utilise sans scrupules tous les gimmicks et les éléments classiques du jeu de plates-formes réussi. Reste qu’il est bien réalisé, rapide, maniable et fondamentalement sympathique à jouer. Les niveaux sont vastes, les passages secrets sont nombreux et, si on n’atteint pas vraiment le rang des superproductions console, on n’en est quand même pas très loin. Faute d’un Sonic ou d’un Mario, SuperFrog se laisse donc déguster sans déplaisir.