Skunny, c’est un peu la mascotte du pauvre. Non ! Que dis-je ? Des personnages comme Zool tiennent déjà lieu, dans un certain sens, de Sonic du pauvre. Skunny végète encore un cran en-dessous. Cet écureuil dépourvu de personnalité, vedette des softs à petit budget, s’est retrouvé accomodé à toutes les sauces : « Skunny in the Wild West », « Skunny in Outer-Space », « Skunny : Save our Pizzas » (Non, ça ne s’invente pas !), … Autant de petits jeux de plates-formes de troisième division qui ne se sont jamais risqués à approcher du cercle fermé des références micro. Etant donné qu’en 1993, le jeu le plus fun de la galaxie était certainement Super Mario Kart, l’infâme rongeur est tout naturellement devenu la vedette d’une course de petits bolides dans laquelle lui et ses petits amis à poils, à plumes et à écailles vont faire les fous, tendre des pièges vicieux et tirer des missiles sur leurs concurrents.
Une course de petit bolides qui a observé attentivement les principes ludiques de Mario Kart et en a tiré quelques conclusions sur la manière de rendre une course de kart attrayante : plusieurs modes de jeu, un esprit mignon tout plein et des bonus stupides capables de retourner une situation désespérée au dernier moment. Et malgré cet espionnage industriel de grande envergure, « Skunny apprend à conduire » ne surclasse en rien le niveau extrêmement faible des autres jeux mettant en scène ce personnage aujourd’hui oublié.
Réalisation graphique :
A première vue, ce Skunny Kart a l’air plutôt mignon, enfantin, plein de couleurs vives et de décors farfelus. A y regarder de plus près, il s’agit en réalité d’un soft très laid, aux décors très vides, et aux véhicules atrocement pixellisés et géométriques. Les petits animaux-pilotes sensés faire naître une sympathie instinctive envers le jeu (un hippopotame, une pieuvre, un coq, un raton-laveur, …et ce branleur de Skunny) n’ont absolument aucun charme. Ajoutez à cela une animation bancale et saccadée, qui tremblote comme un épileptique exposé à Doom 3, et vous aurez une vague idée de l’étendue du désastre. Ah oui… malgré leur nombre honorable, les circuits n’ont rien de bien excitant non plus.
Jouabilité / difficulté
On se dit alors qu’au moins, avec un jeu de kart, la jouabilité ne peut être que très réussie. Obtenir un minimum de sensations dans ce qui n’est finalement qu’une course de peluches sur roues, même le plus inapte des développeurs devrait arriver à obtenir un résultat satisfaisant. Là aussi, le choc est douloureux : Skunny Kart n’est franchement pas très maniable. On pilote les engins comme on peut, et on arrive même à gagner les courses, mais ce n’est pas pour autant qu’on trouve le pilotage agréable. Pour être tout à fait honnête et ne pas noircir inutilement le tableau, il faut reconnaître qu’il y a tout de même pas mal de bonus dans les circuits pour agrémenter les parties : mines, missiles, accélérateurs, bonus agrandissement / diminution du kart, peau de banane, chaton qui se défoule sur le pilote, … Skunny Kart est au moins complet de ce point de vue là. Et il est d’autant plus regrettable que ces quelques bonnes idées ne parviennent pas à rattraper cette sauce décidément bien amère.
**Son **
Ici au moins, on ne nourrissait guère d’illusions à l’égard de ce qu’une course de kart pouvait offrir. Mais Skunny-la-poisse est décidément très fort : bruitages et mélodies ne sont pas uniquement insignifiants, ils sont également stridents et casse-pied.
En bref : 7/20
Si au niveau des possibilités, Skunny Kart offre ce qu’on est en droit d’attendre d’un jeu de ce type (pièges, armes, bonus d’accélération, mode VS en écran splitté et Battle Arena où tout le monde se fume joyeusement la tronche), sa réalisation est tellement mal fagotée et brouillonne qu’on a du mal à s’amuser sincèrement. Disons que si vous étiez naufragé sur une île déserte avec un ami et un PC sur lequel n’est installé que Skunny Kart, vous pourriez tout de même meubler les premières heures de solitude en vous faisant quelques courses à deux joueurs. Mais en 1993, il valait mieux acheter une console pour profiter pleinement des joies de la course de kart fantaisiste. En fait, Skunny Kart, c’est un peu comme un T-Shirt Iron Maiden déniché sur un marché gitan, ou du vin rouge avec un gros moine rougeaud sur l’étiquette. De loin, on se dit que ça a l’air bien sympathique et qu’on fait une bonne affaire vu son prix modique. Mais un fois la chose en main, on découvre qu’on s’est fait rouler dans la farine et qu’il ne s’agit que d’une grotesque contrefaçon, qui vous laissera un souvenir amer jusqu’à la fin de vos jours. Mais bon, avec un développeur nommé Copy Soft, vous vous attendiez à quoi après tout ?