J’en ai vu passer, des jeux, depuis ma tendre jeunesse. Je dirais pas que je suis un vieux briscard, mais comme dirait le colonel Danning, à moi, on la fait pas ! Parmi tous les titres disponibles gratuitement sur PC, il est très compliqué de faire son choix, mais parmi cette myriade de jeux, il en est un qui a immédiatement attiré mon regard. Un qui sent bon les années 90, un petit jeu amateur développé grâce à The Games Factory, le logiciel de développement pour les nuls.
LA FAIM JUSTIFIE LES MOYENS
Santaman, ou le Père Noël pour les plus fervents adeptes de la loi Toubon, est le héros de ce jeu. Cette fois-ci, il a terminé sa tournée de cadeaux et il est en train de dormir quand, en pleine nuit, il se retrouve réveillé par une fringale de tous les diables. Descendant alors vers son congélo vêtu simplement de son slip kangourou (Santaman hein, pas le frigo), il compte bien jeter son dévolu sur ses succulents gâteaux glacés. Las ! Les sucreries ont été volées par Dieu sait qui, et la personne en question est en train de les semer un peu partout sur sa route. Ni une ni deux, Santaman enfile sa célèbre tenue rouge et court aux trousses du fuyard.
JE VEUX MA PART DU GÂTEAU !
Santaman and his Iced Muffins est un jeu de plates-formes orienté réflexion, construit sur le même modèle que son prédécesseur, Santaman Got the Blues. À ceci près qu’il s’agit cette fois d’un vrai jeu complet plutôt que d’une démo, puisque le titre comprend tout de même douze niveaux, répartis sur trois mondes. Tous les deux niveaux, vous rencontrerez votre épouse, la valkyrie Santette, qui vous donnera un mot de passe pour recommencer pile là où vous en étiez, sans vos pouvoirs mais avec toutes vos vies.
Les premiers niveaux se déroulent au pays de Santaman, ce qui implique une bonne dose de neige, de glace, de stalactites et de morve qui pendouille au coin du nez. Le climat se réchauffe ensuite grandement, puisque la suite de votre périple vous conduit sur une île tropicale. Mais quelle que soit la latitude à laquelle vous vous trouvez, vous trouverez toujours sur votre route des gobelins. De simples gardes, des guerriers farouches, des boucaniers même, mais toujours ces faciès rebutants de brutes épaisses.
Santaman and his Iced Muffins reprend le principe de base de son aîné, à savoir qu’il faudra récolter tous les objets du niveau pour en débloquer la porte de sortie. Deux différences notables avec la précédente itération : il s’agit ici de ramasser des muffins et non des paquets cadeaux, et le nombre restant à trouver vous est indiqué en haut d’écran. La jouabilité n’a pas non plus changé beaucoup, et vous disposez toujours des flèches directionnelles pour vous déplacer, et de trois touches (à définir vous-même) pour agir : l’une pour sauter, l’autre pour utiliser votre premier pouvoir et la dernière pour utiliser votre deuxième pouvoir.
Les énigmes des niveaux se basent encore une fois sur un grand nombre de leviers à actionner, mais pas uniquement. Il faudra aussi faire une usage correct de vos deux pouvoirs, la boule de feu et le bloc de glace. En effet, vous ne pouvez « transporter » que trois unités de chaque pouvoir à la fois. Or, vous pouvez en avoir besoin pour latter vos ennemis, mais aussi pour réaliser diverses actions (allumer un poêle avec la boule de feu par exemple) vous permettant de débloquer un nouvel accès. Vous devrez donc vous retenir de jouer les Rambo, et parfois préférer la discrétion. Il est en effet possible de se planquer dans les coins d’ombre, comme dans Oddworld. Pour recharger vos pouvoirs, vous devrez trouver des sphères (rouges pour le feu ou bleues pour la glace) ou, mieux encore, des générateurs de sphères qui peuvent recharger trois unités de pouvoir d’un coup.
MON PÈRE NOËL CE HÉROS
Hayo van Reek, le gars qui a pondu les deux Santaman, a effectué de gros efforts entre les deux épisodes de son diptyque. À tel point que cette deuxième aventure est proprement bluffante, d’une qualité à même de rivaliser avec nombre de productions commerciales.
Les graphismes sont tout bonnement superbes, en témoignent les captures d’écran ci-dessus. Le design des personnages est toujours aussi mignon, la finesse du trait s’est encore accrue, et le jeu affiche des couleurs chatoyantes bien mises en avant par des effets de lumière et transparence de toute beauté. C’est beau, c’est toujours aussi fluide et, cerise sur le gâteau (jeu de mots involontaire), les thèmes musicaux sont toujours aussi agréables à l’oreille, rendant un son cristallin qui convient à merveille à cette ambiance de Noël.
À jouer aussi, les améliorations sont de taille. Le héros demeure tout aussi maniable que précédemment, mais en outre le système de pouvoirs limités offre une nouvelle perspective de jeu bien plus attrayante qu’auparavant. La construction des niveaux est également bien mieux pensée, et la difficulté légèrement rehaussée. Santaman and his Iced Muffins n’est pas pour autant bien complexe, et il ne vous faudra pas plus d’une ou deux heures pour le traverser dans sa globalité, mais ce court voyage vous promet dépaysement et plaisir de jeu.
Frais et original, ce petit programme exécutable directement sous Windows, sans installation préalable, est un petit rayon de soleil dans un monde du jeu vidéo devenu tentaculaire et froid. Vous connaissez l’adage : c’était mieux avant. Et justement, Santaman and his Iced Muffins vous propose de vous ramener au temps jadis, là où la plate-forme en deux dimensions et en pixels faisait le bonheur de ceux qui la pratiquaient.