Sacrifice est un jeu vidéo PC publié par Interplayen 2000 .

  • 2000
  • Stratégie

Test du jeu vidéo Sacrifice

4/5 — Exceptionnel ! par

Introduction

Sacrifice a été développé par Shiny (la même équipe que pour MDK) sur Playstation puis porté en 2000 sur PC.

Il est classé parmi les RTS, mais c’est un peu un mélange de genre entre un jeu d’aventure, un wargame, et le quelque chose qui sera présent aussi dans Black & White.

Bien qu’il y ait la possibilité de jouer en réseau, il faut abandonner l’idée de jouer en multi. La raison en est simple : ce jeu est incontestablement taillé pour son mode solo.

Le scénario

Attention, ce qui va suivre n’est en aucun cas le scénario défini par le jeu puisque celui-ci est inexistant. Je me contente simplement de recréer un contexte probable inspiré du jeu lui-même.

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Les dieux aiment le pouvoir. Et ils sont capables du meilleur comme du pire, pour peu que l’on s’intéresse suffisamment à eux. Mais même la plus puissante des forces divines ne peut changer les règles du jeu : là où il n’y a pas de foi, il n’y a pas de pouvoir.

Mon nom est Elred. Je suis né dans un lieu où personne n’a la foi. Cet endroit, qui aurait dû être normalement préservé de la présence des dieux, a été ravagé par des puissances qui dépassent l’entendement. Tout ce que j’ai connu a disparu, ma famille, mon village, mon pays, tout est devenu mort, ruines et désolation.

C’est à ce moment de ma vie que j’ai commencé à étudier le mysticisme et les religions, et surtout à prier, prier pour que le responsable de cette horreur soit réprimé comme il le mérite, et paie pour tous ses crimes.

Un jour je serai entendu, car là où il y a la foi, il y a le pouvoir. Je serai l’instrument divin de la justice et j’agirai sans aucune conscience ou subjectivité morale. Quand le pouvoir n’est plus, le bannissement est éternel. La vanité des dieux sera leur perte.

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Premières impressions

L’écran de chargement est un simple écran noir avec des instructions qui défilent à la mode DOS, ça fait un peu dépouillé puisque les jeux de cette époque possèdent un affichage avec barre de progression. Mais passons. ;D Ce petit désagrément est rapidement oublié avec l’écran principal qui est de toute beauté : on a un très joli effet tunnel. ^^

Hum… on dirait qu’il manque quelque chose tout de même … Oui, je crois que les gars de Shiny ont oublié une intro pour le jeu !!! Enfin, c’était surtout histoire de planter un contexte, ce que j’en dis, moi…

Pour le reste, lancer la mission solo ne pose pas de soucis, c’est à ce moment que l’on peut voir la première cinématique en guise d’intro. Après cela nous voilà incarné dans le Mage Eldred au-devant des 5 dieux qui composent le monde de Sacrifice.

Mais là encore une drôle d’impression … J’insère le CD et cherche frénétiquement une doc … Et non, pas de doc à part un lisezmoi.txt qui ne laisse aucune place au contexte ou un quelconque scénario pour le jeu !!! Bon tant pis, enquillons plutôt les tutos. ;D

Prise en main

Jouer à Sacrifice est plaisant, et le contrôle est très intuitif. Une fois les bases acquises, tout va bien. ^^ En fait, la souris ne contrôle que la vue caméra et les unités, le déplacement du personnage se fait uniquement à l’aide des touches curseurs. Donc pour les touches droite et gauche, le mage pivote plutôt que de réaliser un mouvement latéral comme beaucoup de FPS.

En plaçant la souris contre les bords de l’écran, nous avons le contrôle caméra. Les bords haut et bas permettent de zoomer / dézoomer, les bords droite et gauche de faire pivoter la vue autour du mage.

Une petite interface style HUD permet de voir les réserves (âmes, mana et vie), on a droit à une mini-carte et il reste trois icônes discrètes pour invoquer des monstres, lancer des sorts ou encore bâtir des structures et convertir des âmes.

Au niveau de la traduction il y a quelques lacunes par contre ; en fait certains dialogues ne sont tout simplement pas traduits. Cela dit le strict nécessaire à la compréhension est là.

Sinon les tutos expliquent bien les bases, la pratique fait le reste. ;D

Les graphismes

C’est un gros point fort du jeu, les graphismes sont éblouissants, on est complètement immergé dans l’univers heroic fantasy qu’inspire le jeu. Le petit truc marrant c’est que les niveaux sont comme suspendus dans le vide avec des bords coupés au cutter ! lol Mais ça renforce encore plus l’ambiance féérique.

Chaque dieu a son paysage, ses bâtiments, ses unités et des pouvoirs qui lui sont propres !!! C’est le style « Shiny » en fait, un design plutôt torturé, des unités en forme de pingouins qui bondissent pour avancer, ou bien des sortes de grands X qui attaquent tout ce qui approche… Les mages sont aussi travaillés de manière originale, ça plaît ou pas.

L’ambiance sonore

Le grand pouvoir d’immersion de ce jeu est incontestablement lié à son ambiance sonore. Une bande son plutôt pauvre en fait, puisque il doit à peine y avoir deux musiques. Cela dit elles sont dans le ton, et accompagnent admirablement vos aventures. Extrêmement discrète et efficace donc, la musique joue parfaitement son rôle sans jamais jurer avec le reste.

Pour les sons c’est tout le contraire ! lol

Des créatures tortueuses vont forcément avec des cri tout aussi tortueux, et il faut dire que ces bestioles sont loin d’être muettes ! Et puisque finalement il n’y a plus que cela qui saute aux oreilles, autant faire un peu d’humour en attribuant des cris en fonction de la nature et de l’arme de la créature. Un exemple, Perséphone utilise principalement des créatures dotées d’armes naturelles basées sur le son. Il est donc tout naturel que la créature s’éclaircisse la voie et fassent quelques vocalises pour s’entrainer. ;)

Côté technique

Pour l’époque la configuration demandée n’est pas rien, soit un Pentium II à 450 Mhz avec 128 Mo de RAM. Il utilise exclusivement l’accélération D3D, et donc DirectX est nécessaire.

Un bon point pour le côté utilisation, puisque le CD n’est pas nécessaire en tant qu’anti-copie pour jouer : il suffit d’entrer un code CD pour débloquer l’installation. A chaque lancement, une fenêtre de paramètres d’affichage s’ouvre systématiquement. Niveau périphériques, tout se joue à la souris et avec les touches de direction du clavier. Des raccourcis claviers sont en option ;D

En 2006 il tourne nickel (y compris les sons et musiques) et ne souffre d’aucun ralentissement. La seule incompatibilité trouvée est l’utilisation de la molette de la souris, mais cela ne gêne en rien la jouabilité.

Présentation des protagonistes

Entre les dieux, les mages et les héros, il y a beaucoup de personnages évoqués dans ce jeu. Et selon le déroulement du scénario qui dépend de vous, certains seront plus mis en avant que d’autres. ^^

  • Les dieux

Vous (le mage Elred) êtes un vagabond qui propose ses services aux dieux. Vous apprendrez vite à les connaître, il y en a pour tous les goûts et tout le monde aura sa préférence. ^^

  • Perséphone: C’est la protectrice de la forêt, une grande déesse du Bien. Cela dit le personnage est tout de même un peu ambigu, puisque même si elle répugne à user de la violence, elle se dégoûte encore plus de la perte de ses adorateurs. Et la meilleurs défense, c’est l’attaque…

  • James: C’est le dieu de la terre, des rochers, « des prières précieuses aussi, mais pas seulement » comme il dit lui-même. C’est sans doute le dieu le plus sage, le plus paisible, mais aussi le plus passif ! D’ailleurs en début de jeu il constitue un choix excellent. ^^

  • Stratos: Stratos se positionne au milieu entre le Bien et le Mal, en fait il se sent au-dessus de tout cela. Bien qu’il soit un tantinet prétentieux, c’est aussi le plus érudit de tout les dieux, ce qui n’est pas sans créer des convoitises…

  • Pyros: Il ne se considère pas comme un agent du Mal, pourtant son agressivité laisse supposer le contraire. Son credo est le développement technologique du feu et l’implantation d’usines en pleine forêt. Évidement cela génère dès le début de fortes tensions avec Perséphone !

  • Charnel: Il est le dieu du Mal et il le revendique ! Tout ce qui est souffrance lui donne la jouissance, et comme il dit souvent : « La mort n’est pas la solution à tout, la torture a elle aussi ses avantages ».

  • Les mages

Il en existe beaucoup puisque chaque dieu en possède deux pour sa protection. Voici les autres mages qui ont une place plus importante dans le jeu :

  • Eldred: le personnage principal du jeu est un mage qui vient d’un monde qui ne connaît pas la foi. Il a étudié tout au long de sa vie les sciences ésotériques et les magies. Puis il pria les dieux pour être téléporté vers un monde ou il pourra exercer son savoir. Le début du jeu est en fait la réponse à cette prière. ;)

  • Mitras: C’est un mage devin qui vous accompagne tout au long de l’histoire. C’est certainement le personnage le plus emblématique du jeu.

  • Jadugarr: Bien qu’il possède les pouvoirs de Stratos, ce centaure est un sans-dieu. Il a une place importante dans le scénario, vous aurez l’occasion de combattre à ses côtés, ou même contre lui.

  • Marduk: C’est l’ennemi le plus coriace que vous aurez à affronter, au dernier niveau du jeu. Il a les pouvoirs de Charnel bien qu’aucun des dieux ne le soutienne.

  • Les héros

Chaque dieu possède aussi des unités très fortes ou avec des caractéristiques spéciales qu’ils vous « prêtent » à l’occasion de certaines batailles. Dans les premières missions il ne faut pas les perdre, mais par la suite leur mort est possible.

Déroulement du scénario

A la base le scénario est plus ou moins linéaire, mais c’est la manière de progresser qui donne le plus d’originalité au jeu. Il y a « seulement » 10 « niveaux », MAIS sans doute des centaines de possibilités, puisque pour chaque « niveau » il y a une seule mission à choisir parmi les cinq que proposent les dieux. Faites le compte : 5 possibilités au niveau 1, 5 possibilités au niveau 2, 5 possibilités au niveau 3, etc.

Si dans les premiers niveaux le choix d’une mission n’a pas de répercussions dans le niveau suivant, cela change rapidement puisqu’il y a plusieurs niveaux « charnières » qui décident de la destruction de plusieurs divinités. Donc dans ce cas précis, les missions suivantes proposées dépendent directement de vos choix. ;) Pour résumer, le jeu compte 50 missions, mais vos choix déterminent un parcours de 10 missions pour terminer le jeu !

Et ce n’est pas tout : selon vos choix, il peut se produire des situations spécifiques, prenons l’exemple du premier niveau :

  • Si vous travaillez pour Perséphone, un détail du scénario vous sera révélé.

  • Avec James et Stratos, rien de spécial.

  • Avec Pyros, vous aurez un choix à faire pendant le cours de la mission avec la possibilité de le trahir pour Perséphone.

  • Enfin, si vous travaillez pour Charnel, James vous accordera une faveur, c’est-à-dire au choix une meilleure résistance aux dégâts ou un bonus de vie.

Et il en va de même pour tous les niveaux. ;D

Échelle des difficultés

La difficulté est loin d’être effroyable, mais elle est croissante au fil des niveaux. Ce qui détermine la difficulté, c’est uniquement le nombre de mages que vous devez combattre !

  • Dans les premiers niveaux, il n’y a aucun mage ennemi, donc on peut les considérer comme faciles.

  • Puis vous avez un mage à combattre, mais il restera sur la défensive et donc ne vous posera pas trop de problèmes.

  • Ensuite, lorsque vous aurez un mage plus puissant à combattre, vous aurez un mage allié à vos côtés pour vous épauler !

  • Dans les derniers niveaux, ça se complique puisque c’est vous qui vous retrouvez face à plusieurs mages ;D

  • Et enfin, le tout dernier niveau contre Marduk, heu là ok, c’est effroyable. lool

Technique de combats

Voici quelques bases à mettre en pratique pour passer sans problèmes les premiers niveaux.

  • En début de jeu, vous possédez beaucoup moins d’âmes que vos ennemis, et donc moins d’unités. Rester en position défensive près de votre autel vous donne un avantage tactique puisque le mage ennemi ne pourra pas recharger son mana, contrairement à vous ! Vous pouvez ainsi décimer tranquillement les unités hostiles. En fait c’est ce qui a fait la ruine des parties en multijoueur. lool

  • Profitez de la fuite du mage ennemi pour récupérer les âmes et les convertir.

  • Ne cherchez pas à contrôler tous les geysers de mana, concentrez-vous plutôt sur l’autel du mage ennemi.

  • En cas de profanation de votre autel, ne cherchez pas à le rejoindre si vous pouvez supporter le handicap, surtout si vous êtes sur le point de porter un coup fatal.

Victoire !!!

Les plus tenaces auront la possibilité de voir une séquence de fin plutôt hilarante, oui auto-dérision oblige. ;-) Un petit cadeau aussi puisque Marduk est débloqué en mage jouable, et enfin il vous est possible pour vos parties en multi d’avoir un mage qui suive l’évolution que vous avez eue durant le scénario.

Conclusion

La capacité d’immersion est honorable, malgré les nombreux cafouillages que l’on peut reprocher. Je pense notamment au début du jeu avec l’absence d’intro, et des traductions douteuses. Heureusement les traits artistiques donnés par les dessinateurs sont très marqués et rappellent toute l’originalité du jeu.

Sans crever des plafonds de jouissance, ce jeu restera pour moi une expérience unique, une bonne surprise vidéo-ludique que l’on rencontre peu souvent. Et puis il fallait tout de même oser réaliser un RTS en vue subjective, et malgré tout Shiny l’a fait !

Sacrifice