Ring : L'Anneau des Nibelungen est un jeu vidéo PC publié par Cryoen 1999 .

  • 1999
  • Aventure

Test du jeu vidéo Ring : L'Anneau des Nibelungen

3.5/5 — Très bien par

Une nouvelle idée est apparue à Philippe Ulrich : un jeu basé sur la tétralogie de Wagner, dont les musiques seront dirigées par Sir Georg Solti, et les graphismes dirigés par Druillet. A l’équipe de Cryo de rassembler tout ça, et d’en faire un jeu à la sauce jeu d’aventure en omni3D. Ce n’est pas une mince affaire, on peut dire qu’ils se sont attelés à quelque chose de dur. Il faut que l’univers crée soit harmonieux, et homogène. De plus, l’œuvre de Wagner se respecte, on ne fait pas n’importe quoi avec, le jeu se doit d’être très soigné. Qu’en est il finalement, de ce jeu, qui ne met pas tout le monde d’accord. Alors que certains crient au génie, d’autre hurlent à la daube. Voyons donc voir de quoi il en retourne. Autant vous prévenir tout de suite que si vous êtes allergique à Wagner ou à Druillet, ce n’est pas la peine de chercher par ici.

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* Histoire *

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Vous incarnez ISH, un des derniers survivants de la terre. A bord de cette espèce d’astéroïde aménagé, où votre mère vous accueille, vous allez devoir reconstituer la légende de l’anneau des Nibelungen. Vous aurez donc à incarner Alberich, Loge, Siegmund, et Brünnhilde, personnages importants de la tétralogie, dans l’ordre de votre choix, même si il est conseillé de suivre l’ordre de l’histoire, donc dans l’ordre que je vous ai donné. L’endroit où débute l’aventure va vous permettre de connaître les personnages (si vous le voulez bien), en allant devant vous, vers les statues, qui représentent les personnages de l’histoire. Un clic dessus, et la mère de ISH vous raconte qui est le personnage en question. Mais, pour commencer le jeu, vous allez devoir aller au fond du trou qui se trouve au centre de l’astéroïde. Au fond se trouve un cercle, qui vous permettra de choisir le personnage que vous voulez.

Mais l’histoire qui va réellement nous concerner, c’est l’histoire des opéras de Wagner, la légende de l’anneau des Nibelungen. Wagner s’est inspiré de légendes nordiques et germaniques pour composer ses opéras. Alberich, le roi des nains, en ayant renié l’amour a pu voler l’or du Rhin. Si un anneau venait à être forgé, il donnerait à son propriétaire une puissance au delà des Dieux. Ce qu’il va s’empresser de faire. Pendant ce temps, Wotan, le Dieu des Dieux, n’est pas d’accord avec les 2 frères géants, qui lui ont construit la forteresse exigée, sur le prix à payer, qui est de Freia, la sœur de sa femme, qui assure grâce à ses fruits, jeunesse et immortalité aux Dieux.

Pour adapter cette histoire en jeu vidéo, les concepteurs ont du changer quelques éléments de l’histoire. Pour commencer, Druillet est un dessinateur de bandes dessinées de… science fiction. Et oui, les concepteurs ont plus cherché à faire une adaptation originale de l’œuvre de Wagner plutôt que de la copier, ce qui aurait été un peu vain et prétentieux. Ne vous étonnez pas alors du look cybernétique de Wotan, ou du fait que les géants sont maintenant deux immenses robots, avec missiles incorporés. Ne vous étonnez pas trop non plus si Alberich utilisera une moto sur un système ferroviaire pour traverser les mines, ou si il traverse les eaux du Rhin sur un surf. Attention, ôtez vous tout de suite cette image de Alberich en Harley Davidson ou bien en maillot de bain en train de surfer sur une vague. L’ambiance qui règne est du Druillet, de la science fiction, si bien que rien n’est tourné au vulgaire. La moto est robotique, futuriste, de même pour la planche de surf. Rajoutez encore divers éléments humoristique, tel que un petit golem peureu, ou bien Alberich qui charrie Loge… Bref, c’est l’ambiance graphique en elle-même qui est changée, de même qu’il a fallu adapter certains éléments, pour que ce soit tout de même un jeu vidéo, et non un film interactif. Donc, oui, des énigmes et des puzzles ont été rajoutés, mais si on veut être un tant soit peu crédible en matière de jeu vidéo, il fallait inventer des éléments d’histoire, ou modifier des éléments, afin de pouvoir créer un peu de gameplay. Comprenez donc par là que l’histoire du jeu ne sera, bien sûr, pas à 100% fidèle aux opéras. Par exemple, dans le jeu, Loge n’est pas accompagné de Wotan. Mais il faut avouer que ce ne sont que des broutilles, dont on comprendra leur utilité. De tout façon, le fond de l’histoire reste le même, et le jeu n’a pas l’intention (encore heureux) de prétendre pouvoir remplacé les opéras. On ne joue pas à Ring en se disant que ce sera pareil que d’aller voir les opéras.

A la fin de chaque aventure, la mère de ISH lui demande ce qu’il a vu, à lui donc de dire ce qu’il a compris de l’histoire, et de la leçon dont il en tire. A la mère donc de lui expliquer à son tour, et d’en faire le parallèle avec ce qui s’est passé à propos de la terre. Ces passages sont très intéressants, ils approfondissent notre vision de l’œuvre de Wagner, de telle façon qu’on en devient passionné par l’histoire, surtout quand la mère de ISH fais un parallèle entre l’histoire et notre XXIeme siècle. Le jeu, ici, frappe très fort, si bien que tout amateur des opéras s’en trouvera intéressé par le jeu.

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* Gameplay *

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Le jeu se joue comme un grand classique du jeu d’aventure à la sauce Cryo, ceux qui ont déjà joué à Versailles : complot à la cour du roi Soleil, ou bien encore Atlantis ou Chine, la cité interdite seront en terrain connu. La vue est à la première personne, le curseur qu’on dirige à la souris sert à regarder autour de soit à (presque) 360°. Le curseur change de forme si on peut se déplacer ou interagir avec le décor. On se déplace case par case (comme dans Myst, par exemple). Le clic droit sert à faire apparaître l’inventaire, ainsi qu’une petite icône qui permettra de revenir à ISH pour choisir une autre histoire (je ne vous le conseille pas), et à faire apparaître l’option menu. Vous serez emmené au cours de l’histoire à résoudre diverses énigmes et puzzles. Faites bien attention à ce que vous faites car vous pouvez mourir dans le jeu. Donc n’avancez pas n’importe où et pensez à sauvegarder souvent.

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* Divers soucis *

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Pourquoi ce jeu ne fait pas l’unanimité ? Pourquoi connaît il des fans comme des détracteurs ? Commençons par voir ses particularités, celles qui fâchent et celles qui plaisent. Tout d’abord, le jeu est beau. Les détails sont très fins, et l’ambiance graphique très recherchée. Les décors sont riches et variés, et les vidéos sont somptueuses. Cependant, la résolution du jeu par défaut est un peu basse (640x480), et on ne peut bien évidemment pas la changer. Ce qui fait que certains passages perdent de leur superbe, du fait que la résolution ne rend pas forcément justice aux décors. Cependant, on peut noter que vers la fin (le passage avec Brünnhilde), certains petits bugs graphiques apparaissent, comme cette texture en plein milieu de la montagne, qui est d’une couleur bien différente du reste de la montagne, de telle façon qu’on la remarque tout de suite, et ça fait vraiment tache dans ce genre de jeu, surtout quand elle apparaît aussi dans la vidéo (du fait que tout a été fait à partir du même moteur). De même par exemple pour cette pierre, bien trop angulaire par rapport aux autres, si bien que elle aussi fait tache, et nous gêne dans notre immersion. Dans le même genre, certaines vidéos amènent à un retour sous Windows. Ce n’est pas trop grave dans la progression, vu qu’il suffit de les zapper avec la touche ESC, mais ça fait quand même sacrement tache. J’en ai relevé trois dans tout le jeu. L’utilisation des objets est très simple, d’ailleurs on n’a même pas à chercher à faire des combinaisons tordues, de ce coté là, pas de soucis. Sauf dans le passage avec Siegmund quand certains objets peuvent être inaccessibles si on ne fait pas tout dans le bon ordre, ni même quand certains objets peuvent disparaître si ils ne sont pas bien utilisés. Je n’ai constaté ce soucis qu’avec le passage de Siegmund (peut être aussi à un moment avec Loge, mais là, c’était en cherchant la petite bête). La musique maintenant. Forcément très belle, surtout quand il s’agit de Wagner dirigé par Georg Solti. Au-delà de la musique classique en général (ça ne concerne que mon avis), la musique de Wagner est la seule capable de me faire vibrer, la seule qui soit vraiment harmonieuse, la seule qui soit vraiment belle. Quel plaisir alors de la retrouver dans un jeu vidéo. Les musiques ont par contre été étudiées pour pouvoir être jouées en boucle, donc les concepteur ne se sont pas contentés de bêtement implémenter les musiques au jeu, mais à les adapter. De cette façon, la musique peu tourner en boucle sans qu’on ne s’en rende compte. Dommage cependant que la musique s’arrête si on va au menu. De même, il n’y a pas de transition entre les différentes musiques, si bien que l’on passe de l’une à l’autre un peu brutalement. Ce problème n’est en fait que réellement agaçant lors du passage avec Brünnhilde. C’est un peu dommage de passer de la chevauchée des Walkyries aux chants des filles du Rhin de façon aussi brutale. Les dialogues, quand à eux, sont une franche réussite. Pas de fautes d’orthographe dans les sous-titres, les dialogues sont tout à fait dans le ton des personnages, qui ont chacun une façon de s’exprimer propre à eux, et le doublage est très réussi, un exemple même dans la matière. Les énigmes maintenant. Certaines sont assez faciles, d’autres sont de difficulté appréciable, de façon a ce qu’on ait envie de la réussir sans solution, et qu’on éprouve du plaisir lorsqu’on a réussi. D’autres par contre, hélas, sont absurdes, presque introuvables, surtout pour le joueur lambda, qui ne sera pas forcément mélomane ni même incollable sur la tétralogie. Bref, je ne peux que vous conseiller d’avoir une solution complète à portée de main, car certaines énigmes sont vraiment tordues.

Au final, qu’est ce qu’on a ? Une sorte de caricature de Cryo. Une ambiance graphique et sonore réussie, des doublages très professionnels, mais un gameplay assez hasardeux. Au pire, il aurait été plus simple pour les concepteurs et pour les joueurs d’avoir un gameplay proche de l’Amerzone, c’est-à-dire, avec presque pas d’énigmes. On n’aurait perdu en difficulté, et le jeu se serait peut être finit trop vite, mais on aurait gagné en fluidité de progression de jeu. Voilà ce qui semble être le principal problème du jeu, une progression avec des hauts et des bas. Quand on commence à tourner en rond, on se demande ce qu’il faut faire. Puis on jette un coup d’œil à une solution, et on fait « haem », car on se dit qu’il fallait vraiment le trouver. Puis on continue, et on avance très bien, c’est très agréable, et puis, c’est le désastre, PAF, encore un truc à s’en tirer les cheveux. Des hauts et des bas, je vous dis. Hop, on avance très facilement, hop, on bloque sur un truc incompréhensible. Hop, le jeu est nickel, hop, il y a 2-3 bugs. Hop, on est à fond dans la musique, hop, elle change brutalement. Il y a bien des passages qui sont irréprochables, mais c’est tout le jeu qui aurait du être comme ça, surtout quand le projet est aussi ambitieux et génial, le fait est qu’on est beaucoup plus sévère avec un jeu dont on en attend beaucoup. Mais attention à ne pas descendre bêtement le jeu, car ça serait dommage, du fait de ses nombreuses qualités, et de son potentiel. La critique est facile, mais l’art est difficile. Il faut savoir rendre à César ce qui est à César, et déceler le bon du mauvais. Le jeu a un énorme potentiel, du coup on fait la gueule à certaines énigmes, alors qu’elles ne sont rien au niveau de l’absurdité comparées à un Lesiure Suit larry 7. On remarquera bien plus les quelques bugs que dans un autre jeu (l’Amerzone par exemple, qui, lui aussi, en avait). On hurle au n’importe quoi en ce qui concerne la fin, qu’on trouve bien trop space alors que j’ai vu bien pire, bien plus raté, ou bien plus space ailleurs (trop d’exemples en tête, mais je pourrai déjà dire Fable par exemple - le point and click, ou bien Tomb raider 2, ou bien etc…). D’ailleurs, elle n’est pas si incompréhensible que ça, et elle annonce surtout la suite.

Au final, ce qui semble être le gros souci du jeu est la finition. On dirait que la conception du jeu se déroulait normalement jusqu’à ce que Philippe Ulrich (directeur de Cryo), arrive affolé dans la boite en criant « finissez moi vite ce jeu, on n’est en train d’exploser le budget ! ». Aux concepteurs alors, dans la panique, de finir en vitesse la programmation du jeu, d’essayer de corriger les bugs dont ils se souvenaient, et de passer le jeu à la production en priant qu’ils n’aient pas oublié (trop) de bugs. J’invente, j’imagine, mais j’ai vraiment l’impression que c’est ce qui s’est passé. Car il n’est pas question de dire que le jeu n’est qu’une énorme farce qui baigne dans le foutage de gueule, du fait des énormes qualités du jeu. En fait, le jeu n’est pas mauvais, mais il aurait pu être bien meilleur. Les quelques bugs en moins, je lui aurais mis 8/10. Un gameplay façon l’Amerzone en plus, je lui aurais mis 9/10. Et si à la place de l’Amerzone, ça avait été des énigmes intelligentes et bien foutues, un peu comme dans Shivers, ça aurait été 10/10. Dommage, dommage, le 8/10 aurait pu s’obtenir avec un patch, et le 9/10 très simplement. Mais ça sera 7/10. Enfin bon, voyons tout de même qui sont Richard Wagner et Philippe Druillet pour ceux qui ne savent pas, et pourquoi eux. Je fais une très brève biographie, juste pour comprendre pourquoi.

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* Richard Wagner (1813-1883) *

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Originaire de Leipzig, en Allemagne, Richard Wagner s’intéresse à la musique, et s’inscrit à l’université de Leipzig en 1831. Il consacra 25 ans dans la composition de « Der Ring Des Nibelungen », l’opéra qui nous intéresse ici. Il fit construire l’opéra de Bayreuth pour l’occasion. Der Ring Des Nibelungen se compose de 3 parties, plus un préambule. Chaque partie était jouée par nuit, de plus, elles durent très longtemps, plus de 3 heures chacune, si bien que l’œuvre au total dure 14 heures. Voici les parties en questions :

  • L’or du Rhin (préambule)

  • La Walkyrie (1er nuit)

  • Siegfried (2e nuit)

  • Le crépuscule des Dieux (3e nuit)

Cet opéra a été un succès sans précédents, certains l’élèvent même au rang d’œuvre majeure de l’humanité. On raconte même que lors de la fin de la première représentation du crépuscule des Dieux, le public a applaudi pendant 1H30.

Maintenant, pourquoi cet opéra ? Comme vous avez pu le constater, cet opéra est un succès, encore aujourd’hui, et si il y a bien un opéra à connaître, à avoir vu au moins une fois dans sa vie, c’est bien celui là. De plus, l’histoire est basée sur de la mythologie, et avec des éléments de fantastique, ça peut bien passer en jeu vidéo. De plus, le jeu vidéo pourrait donner envie d’aller voir ce fameux opéra. Rajouter à cela le fait que cet opéra a une histoire riche et complexe, et que quand la mère de ISH nous explique tel ou tel passage, on est dans la réussite.

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* Philippe Druillet (1944)*

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Philippe Druillet est un dessinateur et scénariste de bande dessinée, de style franco-belge, et spécialisé dans la science fiction. Il a publié un livre en 1966, Le mystère des abîmes, avant d’entrer dans le célèbres journal Pilote, alors dirigé par André Goscinny. Il va alors mettre en bandes dessinées son personnage de Lone Sloane. La bande dessinée aura un franc succès. Il participera plus tard à la création de Métal Hurlant et des Humanoïdes Associés.

Pourquoi Druillet ? Lorsqu’on regarde une bande dessinée de Druillet, on est surpris, on n’en connaissait pas des comme ça avant. On se retrouve face à un mélange harmonieux de science fiction et de psychisme. Voila ce que c’est, de la science fiction psychédélique. Si le jeu avait cherché à avoir des graphismes classiques, pour essayer de se rapprocher le plus possible de l’opéra, ça aurait été prétentieux, idiot et inintéressant. C’est pourquoi il fallait un nouvel univers graphique pour adapter Der Ring Des Nibelungen en jeu vidéo. On s’est alors tourné vers le dessin précis, net et imaginatif de Philippe Druillet.

A noter, pour l’anecdote, que Leji Matsumoto a aussi adapté Der Ring Des Nibelungen en manga, avec son personnage d’Albator.

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* La suite dans RING II *

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Pourquoi la fin de Ring annonce une suite ? Tout simplement parce que le jeu s’arrête scénaristiquement à l’épisode de Siegfried (le jeu comprend déjà 6 CD, on comprendra alors ce choix). Ring II sera alors la suite : Le crépuscule des Dieux. Hélas, si Ring II se trouve plus facilement dans le commerce, il a le mérite de mettre plus de monde d’accord : il est nul. J’ai bien vu certains commentaires positifs, mais rien de bien sérieux, et le peu que j’en est essayé me fais confirmer ce que les autres affirment. Globalement peu jouable, dialogues ratés, graphismes 2D plutôt jolis mais avec des personnages 3D qui font tache et qui sont ratés, diverses inepties et fautes de goût se ramassent à la pelle, Ring II est une suite vraiment ratée, qui n’a plus grand-chose à voir avec le premier Ring.

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* Conclusion *

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Ring n’est pas un mauvais jeu, il souffre d’une mauvaise finition qui laisse une impression de fini à la hâte. Ring avait un potentiel énorme, et si il ne reste pas trop mal, il n’empêche qu’il aurait pu être facilement bien meilleur. Quoiqu’il en soit, Ring : l’Anneau des Nibelungen est un jeu intéressant et captivant, et avec lequel j’ai passé de bons moments.

vidéo du jeu:

http://www.dailymotion.com/video/x2wc2y_ring-lanneau-des-nibelungen_videogames

http://www.youtube.com/watch?v=IwtpzSVDDgI

http://www.jeuxvideo.tv/ring-l-anneau-des-nibelungen-video-43069.html

Ring : L'Anneau des Nibelungen