D’où sort ce jeu?
Psychonauts est un jeu de plates-formes (non, ne fuyez pas tout de suite) qui transcende clairement le genre pour nous offrir une expérience inédite, et d’une qualité rare. Replaçons tout d’abord le jeu dans son contexte. Tim Schafer, qui s’est illustré dans de nombreuses productions LucasArts (à la grande époque des jeux d’aventure), dont Grim Fandango, fonde sa propre société en 2000. En 2005 sort non sans mal (les éditeurs hésitent à sortir ce jeu non conventionnel, OVNI vidéoludique) son premier jeu, Psychonauts, sur XBox, PS2 et PC.
Malgré le succès critique unanime qui entoure sa sortie, les ventes ne décolleront pas (faute à une campagne marketing quasi-inexistante). Le jeu sera également disponible via Steam quelques mois plus tard.
L’histoire
Le jeu nous plonge dans la peau de Raz (raccourci de Razputin), nouvel élève de facto du camp d’entraînement pour Psychonauts (d’où le titre, c’est fort non ?). Ces derniers sont des agents d’élite qui usent de pouvoirs psychiques pour contrer le psycho-terrorisme et rechercher des informations au coeur même de l’esprit des gens. Après avoir prouvé sa valeur, et surtout ces capacités psy, Raz est intégré momentanément à l’équipe. De là, tout en développant de nouvelles aptitudes, il découvrira un terrible complot au sein même de l’agence des Psychonauts, et tentera de résoudre cette histoire.
Sans doute classique, cette histoire est pleine de bondissements et surtout riche en personnalités fortes, autant dans le développement que par la touche graphique unique du jeu.
Le gameplay
Le gameplay reste classique, mais dispose de quelques idées agréables qui permettent de renouveler l’expérience du jeu sans pour autant perdre le joueur. C’est un jeu de plates-formes, mais c’est avant tout, en héritage aux jeux LucasArt, un jeu d’aventure. Il vous faudra découvrir le complot qui se trame, et pour cela discuter et explorer le monde qui vous entoure. En avançant dans le jeu, vous acquerrez de nouveaux pouvoirs psychiques, qui enrichiront le gameplay, sans pour autant le complexifier. Saut, tir (pouvoir), direction, inventaire / psy, rien de très difficile. Et c’est en cela que l’expérience est d’autant plus agréable qu’elle nous immerge immédiatement au coeur du jeu. La jouabilité est donc presque parfaite, Raz répondant très bien aux commandes. Quelques imperfections viendront peut-être gâcher l’expérience de certains, par une baisse légère de qualité de la jouabilité dans certains cas très précis d’utilisation de pouvoir, mais je ne veux rien vous révéler. Malgré tout, à moins d’avoir deux mains gauches, c’est vraiment proche de la perfection, et dans tous les cas, bien au-dessus de ce qui se fait d’habitude dans ce domaine.
Le level design
Le jeu se déroule en deux phases. Dans la première, Raz explore le monde qui l’entoure, discute avec les autres pensionnaires du camp, et s’entraîne. Mais pour avancer dans le jeu, il vous faudra vous entraîner, ou tout simplement aller extirper des renseignements dans la tête d’autres personnes. Que ce soit pour soigner une phobie, une folie, un ego démesuré, Raz va devoir pénétrer les esprits d’un certain nombre de personnages qui croiseront son chemin. Et c’est là que le jeu devient génial. Non pas qu’il ne l’était pas avant, mais c’est encore mieux cette fois. L’esprit des personnages est le reflet de leurs peurs, de leurs psychoses, de leur personnalité. De ce fait, nous allons découvrir des lieux uniques, et avec un objectif différent à chaque fois. En effet, on ne soigne pas tous les esprits de la même manière. Il faut faire face aux peurs de la personne, à son propre esprit : dérangé avec une version de la gravité et de la logique étrange, paranoïaque avec des agents secrets partout, amoureux, mais jamais satisfait, tout autant d’histoires que de personnages. Tout autant de monde, et de manières de les résoudre. Unique, et vraiment jouissif.
Le graphisme
La version PC est proche de la version XBox, avec des textures simples mais très propres, et un univers très coloré et tout simplement beau. La touche graphique, la patte artistique de l’équipe se ressent dans les moindres détails.
Le jeu est le plus propre qu’il m’ait été donné de voir depuis longtemps. Ce n’est pas une claque technique, mais c’est tout simplement beau, bien mis en scène, artistiquement irréprochable. De plus, le fait d’avoir des esprits différents permet de faire des ambiances complètement uniques et très différentes. D’un monde propre, net, vide, en passant par une boîte disco, ou encore simplement une oeuvre d’artiste raté, les inspirations sont diverses et toute dépaysantes. Un véritable régal à chaque découverte, en se demandant quel sera le prochain délire à explorer. L’animation est de plus sans faille, et très bien finie. C’est rare de nos jours, mais ce jeu transpire la finition, aucun détail ne vient perturber le tableau.
L’aspect sonore
Les doublages sont réussis, et donnent de la vie au jeu. Les bruitages sont réalistes, bien vus, et parfois un brin amusants. Du grand art. Quant aux musiques, discrètes, elles collent à l’ambiance du jeu, et ne sont jamais trop répétitives, sans pour autant être transcendantes. Un sans faute, encore, qui montre à quel point tous les détails ont été pensés, pour que rien ne vienne entacher l’expérience du jeu.
Pour conclure
Que dire de ce jeu, si ce n’est qu’il frise la perfection, et qu’il nous rappelle que la création vidéoludique peut parfois être assimilée à un art, un art habile qui doit savoir s’accommoder des diverses composantes d’un jeu, à savoir marier avec panache le gameplay, le son et le graphisme, pour en faire un tout cohérent et agréable à parcourir. De ce point de vue, Psychonauts est très réussi. On regrette juste une durée de vie limite (un peu plus d’une dizaine d’heures) et surtout une rejouabilité presque nulle. Sinon, c’est un sans fautes pour le premier titre de Majesco.
J’ai essayé dans ce test d’en révéler le moins possible, tout en expliquant au mieux les qualités de ce soft sans en cacher les défauts. La perfection n’existe pas, mais ce jeu s’en rapproche, et m’a fait vivre l’un de mes meilleurs moments vidéoludiques depuis que je suis un joueur.
Points positifs
Beauté et diversité visuelle
Gameplay varié qui se renouvelle
Scénario mené de main de maître
La cohérence de l’ensemble
Personnalité du jeu
La finition
Points négatifs
La durée de vie (mais des heures de pur bonheur)
Et ???
Verdict : 10/10