Prince of Persia : The Two Thrones est un jeu vidéo PC publié par Ubi Soften 2005 .

  • 2005
  • Action

Test du jeu vidéo Prince of Persia : The Two Thrones

4.5/5 — Exceptionnel ! par

Au cours des années 2000, le Prince de Perse en aura vu, du pays ! Pensez donc : dans les années 80, il lui suffisait de sauter sur des plates-formes, marcher sur des dalles pour ouvrir des portes et tuer une poignée de gardes pour devenir un héros. A présent, le voilà obligé de courir sur les murs, de se livrer à des acrobaties de chien de cirque, de débloquer des mécanismes compliqués conçus par des ingénieurs désœuvrés et même de voyager dans le temps, et tout ça, pour se retrouver en compétition avec de dangereux challengers qui lui dament le pion par bien des côtés. La course aux compétences, la compétition accrue dans le contexte d’une mondialisation grandissante, l’empiètement de la vie professionnelle sur la vie privée,… il en a marre le prince. Tout ce qu’il demandait, c’est de régner peinard, de passer son temps au harem et dans ses jardins d’orangers et de torturer un ou deux esclaves de temps en temps pour garder la main. Certainement pas de vivre des aventures palpitantes pour satisfaire l’égo d’une poignée de nerds vissés à leur écran. S’il s’en sort encore cette fois-ci, il jure bien qu’il va se goupiller une petite retraite tranquille sous les cocotiers. Ah non… pas sous les cocotiers. Y a plein de sable, sous les cocotiers.

Si le déroulement du scénario entre les deuxième et troisième opus vous semble quelque peu tiré par les cheveux, c’est que vous n’avez pas réussi à terminer l’Âme du Guerrier en possession de la totalité des upgrades. Dans le cas contraire, vous auriez découvert qu’au lieu de tuer l’Impératrice du Temps, le Prince la sauvait de son funeste destin au cours d’un dernier affrontement titanesque avec le Dahaka. Quoi qu’il en soit, voilà à présent le Prince et Kaileena (l’impératrice au cas où vous n’auriez pas suivi ; après toutes ces péripéties, ils en sont à tu et à toi) en route pour la Babylone natale du Prince dans l’espoir d’y mener une vie enfin apaisée. Quelle n’est pas leur surprise de découvrir une cité en flammes, tombée sous la coupe d’un mystérieux ennemi. Soudards et archers étrangers rôdent dans les rues, pillant les habitations et traitant sans pitié les habitants. Dans sa précipitation, le Prince avait en effet oublié un léger détail : les Sables du Temps n’ayant jamais été créés, toutes les aventures qu’il a vécues n’ont jamais eu lieu ! La cité du Maharadjah n’a jamais été conquise et surtout, son ennemi mortel, le vizir, n’a jamais péri. En possession du sablier vide et de la dague du temps, l’infâme magicien a découvert une ancienne prophétie qui lui enjoignait de s’emparer de Babylone afin d’y attendre l’arrivée de l’unique ingrédient manquant à ses plans machiavéliques : les Sables du Temps. Et grâce à vos manipulations inconscientes, les Sables du Temps, c’est maintenant Kaileena ! A peine les deux tourtereaux ont-ils accostés que la jeune femme est capturée par les gardes. Le Prince poursuit les ravisseurs jusqu’au cœur de la ville mais arrive trop tard : le vizir exécute Kaileena sous ses yeux, libérant par là même les Sables maléfiques contenus dans son âme. Le palais tombe une fois de plus sous la coupe de la magie noire, Kaileena s’est évaporée, le vizir devient un demi-dieu et le prince se retrouve projeté au fond d’un cul-de-basse-fosse. Il ne lui reste plus qu’à réparer ses conneries une fois de plus… en priant pour ne pas en déclencher d’autres au passage.

Prince of Persia : the Two Thrones n’est pas avare en nouveautés. A commencer bien entendu par quelques nouveaux mouvements pour le héros. A présent, lorsqu’il court le long d’un mur ou tente de l’escalader, le Prince peut planter sa dague dans les blasons sculptés afin de rester accroché. Il lui est également possible de descendre en se laissant glisser lorsque deux murs très rapprochés forment une sorte de cheminée, et de rebondir sur les volets entrouverts de certaines habitations. Les combats sont plus riches en possibilités et plus violents que jamais, et ce troisième épisode de Prince of Persia ajoute une notion d’attaque sournoise qui vous permet de vous débarrasser d’un adversaire en un unique coup. Par exemple, si vous vous approchez silencieusement d’un garde par l’arrière, il vous sera possible de l’égorger ou de lui briser la nuque. Il vous suffira d’appuyer sur le bouton d’attaque au moment crucial, indiqué par un bref scintillement de votre lame. Enfin, les courses-poursuites avec le Dahaka ont disparu au profit de courses de chars endiablées à travers les rues poussiéreuses de la ville. Dans la plus pure tradition de Ben-Hur, il vous faudra écraser les conducteurs adverses contre un mur ou un obstacle et éliminer à coups de lames ceux qui s’aviseraient de sauter sur votre véhicule.

Mais le principal ajout de ce troisième épisode tient à l’apparition du «Prince des ténèbres ». Hé oui, après toutes les épreuves qu’il a endurées, le jeune héros naïf des débuts est devenu un homme cynique et sans pitié. Son exposition aux Sables du Temps au moment de l’exécution de Kaileena n’a fait que révéler au grand jour cette seconde nature. De temps à autre, le Prince se transformera donc en un alter-ego diabolique, un humanoïde noir comme la nuit qui partage quelques traits de parenté avec le Dahaka. Sous cette forme, le Prince devient un tueur mortellement dangereux, qui utilise un redoutable fouet en supplément de son arme habituelle. Mais toute médaille a son revers : sous cette forme, l’énergie noire du Prince consume, lentement mais inexorablement, sa barre d’énergie. La seule solution pour ralentir ce processus est de collecter du sable, dans les divers conteneurs présents dans le coin, mais aussi en tuant et en tuant encore tous les adversaires qui se présenteront. Les séquences avec le Prince des Ténèbres sont donc de véritables courses contre la montre – ou plutôt contre la mort - et on sera souvent tenté de foncer sans réfléchir afin de trouver le plus vite possible un moyen de revenir à un état normal. Cette mutation n’est en effet pas irréversible : tout contact avec l’eau purifiera le Prince et lui fera retrouver sa forme originelle…jusqu’à la transformation suivante.

Réalisation graphique :

Une fois de plus, Prince of Persia est beau, voire même magnifique par endroits. Vu qu’à peine une année s’était écoulée entre cet ultime épisode et le jeu précédent, il ne faut pourtant pas s’attendre non plus à une hausse vertigineuse en qualité, mais vu le niveau des épisodes précédents, ce n’était pas vraiment obligatoire. On découvre tout de même de nouvelles perspectives majestueuses et des séquences plus impressionnantes que jamais, comme la séquence sur les toits de la cité ou les trépidantes courses de char…. Sans oublier quelques boss qui font clairement dans la démesure. C’est surtout au niveau de son atmosphère générale que cet ultime épisode marque sa singularité. Nettement moins sombre et désespérée que celle du second épisode, elle se situe plus ou moins entre celle du premier et du second. On se livrera donc à des prouesses athlétiques dans de luxueux palais dignes des mille et une nuit, mais aussi dans les ruelles poussiéreuses et sur les toits écrasés par la chaleur de Babylone. D’une part, on découvre un grand nombre de séquences en extérieur, un environnement ensoleillé et des couleurs plus chaleureuses que dans les autres épisodes ; d’autre part, le caractère teigneux du Prince et ses transformations en créature démoniaque (tempérées par un certain humour cependant) ne font pas oublier que l’ambiance du second épisode n’est pas si loin. En résumé, cet épisode est une fois de plus magnifique, les affrontements et les acrobaties sont une fois de plus dignes d’un film à grand spectacle et les environnements – courts mais nombreux et variés – font de cet épisode une réalisation moins monotone que Warrior Within ».

Jouabilité/difficulté

Aucun problème une fois de plus : c’est mieux avec une manette mais ça reste parfaitement jouable au clavier. Au niveau de la difficulté, the Two Thrones est nettement moins ardu que son prédécesseur. Bien qu’il soit très long, on progresse avec une certaine régularité mais on notera tout de même quelques passages vraiment très difficiles, sur lesquels on passe plus de temps que sur les 10 séquences qui ont précédé.

Son

Ici aussi, on renoue avec une tendance plus traditionnelle de la série, avec d’agréables mélodies orientales qui varient en fonction des circonstances. Bruitages vibrants de violence, doublage français de qualité, humour qui dédramatise l’action (les dialogues entre le Prince et son Moi maléfique valent souvent leur pesant de cacahuètes) : du grand art une fois de plus !

En bref : 17,5/20

Devinez quoi ? Prince of Persia : the Two Thrones est un jeu de très haute volée, même si je pense que la série a bien fait d’en rester là. Passons sur le côté Hollywoodo-Matrixien de l’action, elle est valable pour les trois épisodes. Passons aussi sur les séquences de plates-formes : elle ne seront jamais aussi vicieuses que celles du second épisode. Oublions aussi les duels, riches en possibilités mais qu’on mène généralement à la barbare parce que ça marche aussi et qu’on s’esquinte moins les doigts. Et plongeons directement dans le cœur du sujet : ce troisième Prince of Persia vaut-il le coup ou n’est-il que le dernier avatar d’une série qui s’essouffle ? Pour ma part, il s’agit sans conteste d’une brillante réussite, plus accrocheuse que le second épisode et qui s’incline devant Sands of Time uniquement parce que l’effet de surprise est moins présent. Dans leurs grandes lignes, les trois épisodes de Prince of Persia se ressemblent évidemment beaucoup. The Two Thrones apporte lui-aussi son lot de nouveautés et d’aménagements superficiels mais ils ne sont pas suffisants pour révolutionner la série. La transformation en Prince noir est par exemple une bonne idée, qui aurait cependant pu être encore mieux exploitée (les séquences de ce type font appel, soit au bourrinage pur et dur, soit à la chance). Ce qui sauve ce troisième épisode de l’impression de redite est le soin apporté à la mise en scène. The Two Thrones offre des environnements beaucoup plus variés que ceux de Warrior Within et un scénario nettement plus intéressant que celui de Sands of Time. Pour l’ambiance dominante, je vous laisse seul juge. Pour ma part, j’adhère davantage à l’esprit de ce nouvel épisode qu’au précédent, qui avait le chic pour me filer le bourdon pour le reste de la journée. Plus classique, The Two Thrones fait appel aux retournements de situation, à l’humour pince-sans-rire et au grand retour d’anciens personnages de la série (des ficelles classiques du cinéma hollywoodien, quoi !). Etant bon public et n’attendant pas de Prince of Persia qu’il participe à mon édification morale, je n’en demande pas plus. Un petit reproche cependant : la difficulté est assez inégale tout au long du jeu : on joue pendant un heure en traversant les stages sans se fatiguer et puis subitement, on tombe sur une séquence qu’on doit recommencer 20 fois avant de piger le truc. Hormis cette petite faiblesse, foncez : ce troisième épisode en vaut largement la peine.

Prince of Persia : The Two Thrones