To be or not to be
Je commencerai par un peu de philosophie : peut-on tester quelque chose qui n’existe pas ?
Et un peu de physique quantique. La réponse est oui et non. La seule manière d’avoir une réponse est d’essayer.
Si je dis ça, c’est parce que Prince of Persia 3D, à l’instar d’autres jeux comme les Zelda sur CD-I, sont de ces jeux dont l’inconscient collectif voudrait nous faire croire qu’ils n’existent pas. Des jeux qui représentent des « accidents de parcours » au sein de séries si mythiques qu’une qualité seulement bonne est déja un affront en soit.
Voyons cela.
Tout fout l’camp !
Prince of Persia 3D est, à l’instar de Mario 64, la première adaptation 3D d’un immense hit de la vieille époque. Prince of Persia étant l’une des séries les plus vieilles et celèbres des jeux vidéo, ce passage 3D semblait inévitable.
Un jouuuur mon priiiince viendraaaa !
Côté scénario : au douzième siècle, dans la Perse Antique, un jeune gueux embarqué clandestinement sur un navire à destination de contrées lointaines, devient Prince de Perse et coule des jours heureux en compagnie de la belle Princesse qu’il a épousée. Faut dire qu’en combattant les ennemis du Sultan (père de sa dulcinée) il a été bien vu par la suite. C’était sans compter sur le roi Assan, le jaloux petit frère du Sultan, dont le fils difforme, Rugnor, devait épouser la Princesse. Celui-ci manigance un plan. Une invitation diplomatique se transforme rapidement en guet-apens et le Prince, comme un blaireau, se retrouve prisonnier.
Vous contrôlerez donc le Prince, et vous avez pour but de sortir de ce traquenard et de botter les fesses du méchant et de son fils, avant d’aller retourner câliner la Princesse.
**Ô nuit d’Arabiiiiiie **
Prince of Persa c’est ça : une ambiance particulière, parfumée d’Orient. La musique se doit d’être enivrante, avec de jolies voix de femmes de peu de vertu, des flûtes dont les mélodies rampent dans les couloirs. On doit s’attendre en fermant les yeux à tomber nez à nez avec un tapis volant, ou un ennemi armé d’un gros cimeterre.
Après quelques secondes dans le jeu on est convaincu : on est bien dans un Prince of Persia.
**Matte moi ce biceps tout texturés ! **
Le jeu est beau, très beau pour l’époque. Les décors sont magnifiques, tout évoque la Perse et contribue à l’ambiance si particulière des PoP. Pour chipoter, les personnages sont un peu trop carrés, peut-être.
Niveau aptitude, le Prince est égal à lui-même : très agile. La jouabilité, cependant, est assez mauvaise. On notera le même temps de réaction que lors des premiers épisodes en 2D, et surtout les caméras se placent très très mal.
Autre défaut : les bugs. Je ne sais trop s’il s’agit de bugs ou de défauts de conception. Ainsi, on ne peut s’accroupir près des murs. Le prince refuse parfois de sauter, et il est très balourd dans son maniement, entre le temps de latence et son aptitude à prendre les virages très très larges. En etant mauvaise langue, si on était dans un jeu de courses je dirais qu’il faut contrebraquer avant de tourner.
**Ou sont les feeeemmes ??? **
Pour faire très simple : Prince of Persia 3D est un Tomb Raider-like. Son modèle était à l’apogée de son succès à l’époque et ma foi, niveau jouabilité, PoP 3D fait beaucoup moins bien. Niveau charisme le prince se défend mais son coté cubique l’empeche de rivaliser avec le 95D de Lara Croft.
Le jeu en lui-même consiste à se battre, à résoudre des énigmes pas très compliquées et à éviter des pièges sortis tout droit d’Indiana Jones (rochers qui tombent, pics qui jaillissent du mur, …). Ceux qui voudraient découvrir ce titre maintenant et qui ont joué à Sand of Time ne seront pas perdus. Les phases de combat, même si elles ne sont pas parfaites, sont très réussies, on fait à peu près ce que l’on veut, et on se prend vite pour un Jackie Chan perse.
**Agaga gnéééé !!! Lui méchant moi taper !! **
Derniers défauts du jeu : si le Prince est un peu cubique, les PNJ alliés et les ennemis sont très moches : très cubiques et leur animation est désastreuse. L’intelligence artificielle ennemie a 10 ans de retard, puisque les ennemis ne réagissent qu’une fois que vous êtes à une certaine distance d’eux (courte, la distance), quand bien même vous seriez dans leur champ de vision depuis belle lurette.
En bref… Prince of Persia est-il un grand jeu ? La réponse est non. La caméra est franchement pénible, le jeu un peu facile, l’IA trop crétine.
Prince of Persia est-il une daube ? La réponse est encore non. S’il ne rivalise pas avec Tomb Raider III, son rival de l’époque, il n’en est pas moins un soft d’une certaine qualité, proposant une ambiance digne de la série et de très bons graphismes.
Prince of Persia 0.5
Son principal défaut à mes yeux est d’avoir été bâclé sous certains aspects. Ainsi les graphismes et la musique sont excellents, mais la jouabilité totalement bâclée. De même pour les ennemis. Dur de comprendre.
**Moins de pizza chez Ubi Soft ! **
Si on comparait ce jeu au fabuleux Sand of Time, considéré par l’inconscient populaire comme le vrai renouveau de Prince of Persia en 3D, force est d’admettre que Sand of Time a été bien plus bichonné. Certes 3 ans séparent ces titres, donc difficile de les comparer technologiquement, mais on sent vraiment que le travail réalisé sur PoP 3D a été réalisé avec un perfectionnisme moindre que son successeur. C’est vraiment dommage, oui.
Finalement, je mets à ce Prince of Persia un 6/10 que je trouve mérité. Avec une meilleure IA, et une meilleure gestion des caméras, il aurait valu 8/10 à mes yeux. Ce jeu vérifie l’adage que j’ai cité en début de test : des jeux qui représentent des « accidents de parcours » au sein de séries si mythiques qu’une qualité seulement bonne est déjà un affront en soit.
Prince of Persia 3D est un bon jeu, décevant pour la série, mais un bon p’tit jeu quand même. Maintenant que son prix n’est plus un problème, il mérite d’être découvert, et de se réconcilier avec les fans de la série.