Après avoir terrassé le cruel vizir Jaffar dans le premier et légendaire épisode, le jeune prince pensait pouvoir couler des jours heureux avec sa dulcinée et caressait l’idée alléchante de pouvoir un jour régner sur la Perse. C’était sans compter les pouvoirs post-mortem du redoutable magicien. Un jour de sinistre mémoire, le prince pénétra dans la salle du trône pour constater avec horreur qu’une réplique de lui même avait pris position auprès du sultan et de la princesse, qui le regardaient à présent comme un intrus et un étranger. Avant que son clone n’ordonne aux gardes de s’emparer de lui, le prince eut le temps de voir se dessiner sur son visage les traits honnis de Jaffar. La fuite restant le seul choix qui s’offrait à lui, il bondit par la fenêtre et prit la poudre d’escampette. Le premier niveau, quoique court, est très excitant puisqu’on fonce à toute allure sur les toits de la cité en tuant quelques gardes au passage, et qu’on termine cette évasion en bondissant sur un navire qui quitte lentement les quais. Un naufrage plus tard, le fugitif se retrouve sur une île et découvre une caverne donnant accès à un immense labyrinthe souterrain, qui donnera accès à un tapis volant qui emmènera votre héros vers une grande cité en ruine, et ainsi de suite. Le scénario tient relativement bien la route, et de nombreuses courtes séquences intermédiaires retraceront l’odyssée du prince à travers divers lieux symboliques de son passé, dans ce qui ressemble fort à un voyage initiatique. Comme dans Prince of Persia premier du nom, on dispose d’un nombre de vies illimité, mais il est vital d’arriver à franchir tous les niveaux dans le temps imparti. Un gameplay stressant, puisqu’il est tout à fait possible d’arriver très loin dans le jeu avant de se rendre compte qu’on ne dispose plus d’assez de temps pour boucler les derniers niveaux.
Les ennemis sont plus variés que les sempiternels soldats enturbannés du premier épisode, puisqu’on rencontrera également un grand nombre de squelettes, des têtes de démon flottantes, des serpents venimeux et des gardes à tête d’aigle. Ces adversaires ont également la fâcheuse habitude de vous tomber sur le râble en masse, rendant les combats beaucoup plus délicats à négocier qu’auparavant. Les pièges sont également plus nombreux mais toujours aussi sanguinolents pour les princes maladroits. Les décors eux-mêmes ont changé : en lieu et place des donjons répétitifs du premier épisode, on visitera des cavernes constellées de puits de lave, des ruines, des palais de pierre rouge, mais l’architecture générale des niveaux, labyrinthiques et parsemés de gouffres et de plates-formes instables, n’a que peu évolué. On se retrouve en fait davantage face à un Prince of Persia + plutôt qu’à un nouveau jeu totalement novateur.
Réalisation technique :
Qualitativement, les différences techniques entre Prince of Persia 2 et son prédécesseur restent assez minimes, même si le second épisode demeure assez logiquement plus joli que le premier (ce qui tient surtout à la variété des décors). L’animation est restée grosso modo identique à celle du premier épisode, bien qu’enrichie de quelques mouvements comme la reptation, et la relative variété des décors évite la monotonie visuelle du premier jeu. Une bande sonore agréablement changeante (mais toujours dans les tons orientaux) agrémente l’action en fonction de son intensité. Quant à la jouabilité, elle demeure fidèle à elle-même, à savoir qu’il faudra toujours disposer d’une précision d’horloger pour réussir à accomplir certaines successions de sauts sur des plates-formes branlantes avant de se raccrocher in extremis à la dernière d’entre elles. On aime ou on n’aime pas, mais c’est le principe même des Prince of Persia qui demande cela.
En bref : 14/20
Ce deuxième épisode de Prince of Persia apporte son lot de modifications cosmétiques, sans changer d’un iota les grands principes du jeu imaginé par Jordan Mechner. On retrouvera donc l’animation de très haute volée, les combats rondement menés et la jouabilité hyper délicate de la célèbre série. Dans l’absolu, cet épisode s’avère donc objectivement supérieur au n°1, sans pour autant bénéficier de la même aura mythique. Les habitués se retrouveront très rapidement en terrain de connaissance, et ceux que la jouabilité millimétrée de Prince of Persia a toujours rebutés ne risquent pas de trouver leur bonheur avec cet épisode. Prince of Persia 2 aura de toute façon nettement moins marqué les esprits que le premier épisode, l’évolution technique des jeux PC de l’époque ayant probablement ramené celui-ci à un niveau plus standard. Il faudra encore passer par un Prince of Persia 3D assez quelconque pour que la série, avec Sands of Time et ses successeurs, retrouve son éclat d’antan.