Panzer General est l’un des plus agréable Wargame à avoir jamais vu le jour, et le premier de la longue série des jeux SSI qui allait s’ensuivre. Son principal point fort fut qu’il sut éviter l’austérité et la rigueur propres à nombre de wargames très pointus, tout en proposant une complexité suffisante pour susciter un minimum d’efforts de la part du joueur. Il parvint donc à attirer les néophytes tout en ne suscitant pas la condescendance des experts. Panzer General vous propose de revivre la totalité du deuxième conflit mondial, vu du côté allemand. Vous allez en effet incarner un officier allemand et son corps d’armée de la campagne de Pologne jusqu’à la fin du conflit, quel que soit la tournure qu’il prenne.
Plusieurs campagnes seront disponibles, qui vous emmèneront dans des zones de conflits aussi variés que l’Europe occidentale lors du Blitzkrieg de 1940, le front de l’est à partir de l’opération Barbarossa en 1941, ces deux mêmes fronts après que le sort des armes se soit inversé (à partier de 1943 à l’est et 1944 à l’ouest) et enfin, en Afrique du nord. Pour remporter la victoire dans chacune des batailles des différentes campagnes, vous devrez vous emparer de tous les objectifs stratégiques indiqués par votre carte d’état-major dans le nombre de tours imparti par le jeu. Suivant la rapidité avec laquelle vous mènerez votre mission à bien, vous remporterez une victoire mineure ou majeure. Outre le fait de vous rapporter davantage de points de prestige, la victoire majeure fera que l’on vous laissera opérer sur des champs de bataille supplémentaires. Ainsi, si vous reportez une brillante victoire en Pologne, vous aurez l’opportunité de commander l’invasion de la Norvège. Dans le cas contraire, vous filerez directement sur le front occidental pour la bataille de Belgique. Dans certains cas, l’histoire elle-même sera modifiée. Ainsi, une triomphe rapide dans l’opération Barbarossa et à Kiev vous permettra d’attaquer Moscou beaucoup plus tôt, évitant ainsi les rigueurs de l’hiver russe. Une autre bataille vous permettra de préparer l’invasion de l’Angleterre avec le soutien de la flotte italienne (ce qui ne sera pas de trop, vu la disproportion des forces entre les flottes britanniques et allemandes). Si vous parvenez à remporter la victoire à Tobruk ou El Alamein, les troupes allemandes et italiennes auront l’opportunité de pousser leur offensive au Moyen-Orient et de s’emparer de la Syrie et de l’Irak sous domination britannique. Et enfin, à supposer que vous ayez pu liquider l’Union Soviétique en 1941 ou 1942, et que vous ayez réussi à repousser le débarquement allié en Normandie ou du moins, en France continentale (ça fait beaucoup de « si », bien entendu), une mission vous permettra rien de moins que le débarquement sur la côté américaine et la capture de Washington !
En vous emparant des différents objectifs (et, dans une moindre mesure, des autres villes et aérodromes), vous gagnez des points de prestige. Cette particularité est évidemment à double tranchant puisque, lorsque vos adversaires s’emparent des villes et aéroports en votre possession, c’est vous qui perdez des points de prestige.
Avec ces points de prestige, vous pouvez « acheter » de nouvelles unités pour remplacer celles qui ont été détruites au combat. Mais cette solution est un pis-aller, puisque rien ne remplacera la valeur des unités expérimentées que vous possédiez depuis les premières batailles.
Je m’explique : lors de la campagne de Pologne, vous disposez d’un certain nombre d’unités qui vous appartiennent et gagnent de l’expérience au fil des batailles. Lorsque vous recrutez une nouvelle unité, elle démarre avec 0 points d’expérience, mais elle évoluera à son tour en expérience jusqu’à sa destruction.
Les unités les plus anciennes sont donc assez logiquement les plus expérimentées et les plus efficaces ; il faudra donc en prendre grand soin et éviter de les jeter dans un combat perdu d’avance. La progression dans le conflit obéissant à l’amélioration historique des armements, les unités les plus anciennes seront rapidement démodées face à l’équipement de vos adversaires. C’est là qu’interviendra l’upgrade. Ainsi, si vous disposez toujours d’un vieux Panzer II de 1939 durant la bataille de Stalingrad, vous pourrez consacrer quelques points de prestige à upgrader cette unité, par exemple, en char Panther, afin qu’elle tienne la route face aux chars soviétiques du moment.
Hormis les unités qui vous sont propres, vous disposez également d’autres unités, allemandes ou autres, qui peuvent gagner elles aussi des points d’expérience mais ne vous accompagneront pas dans la bataille suivante.
Les différents types d’unités que l’on peut avoir en sa possession font partie des classes suivantes : infanterie, chars d’assaut, véhicules de reconnaissance, artillerie, anti-chars, chasseurs, DCA, DCA mobile, bombardiers tactiques et bombardiers stratégiques. Chacun de ses unités dispose de nombreuses caractéristiques qu’il faudra assimiler progressivement pour limiter les pertes à chaque affrontement. Même si un petite aide de jeu vous fournit avant chaque assaut une estimation des pertes de part et d’autre, il sera important de savoir globalement à quelle unité on a affaire. Par exemple, on comprendra vite qu’il est irresponsable d’envoyer vos chars d’assaut déloger de l’infanterie d’une ville ennemi : même si cela fonctionnait, vous aurez probablement subi de lourdes pertes, même avec un puissant char expérimenté face à de l’infanterie bas de gamme sans expérience. Il sera également important de faire soutenir vos chars et divisions d’infanterie par l’artillerie, ou de faire accompagner vos bombardiers par des chasseurs. Ces derniers attaqueront préventivement dès qu’une unité adverse tentera de s’en prendre à vos bombardiers plus vulnérables.
Les caractéristiques recouvrent des domaines comme les points d’attaque face à des unités légères, les points d’attaque face à des unités lourdes, l’esprit d’initiative, les capacités de défense, la vitesse de déplacement, le nombre de munitions ou les réserves de carburant. Ces derniers points sont particulièrement importants : rien n’est plus énervant que de s’enfoncer profondément dans les lignes ennemies avec vos unités blindées les plus puissantes, pour finir par vous retrouver immobilisé , sans munitions et à la merci des troupes ennemies. C’est encore pire pour les avions puisque, si vous ne revenez pas à la base à temps, vous perdrez tout simplement votre unité.
Le relief et le climat jouent également un rôle non négligeable dans la bonne marche du jeu. Ainsi, opposer de l’infanterie aux chars en rase campagne vire rapidement au jeu de massacre.
Par contre, ces mêmes unités retranchées sur une montagne ou de l’autre côté d’un fleuve seront nettement plus difficile à réduire. La configuration de certaines zones jouera également un rôle important. Ainsi, durant certaines campagnes en Afrique du nord, les troupes seront concentrées sur la bande côtière, puisqu’il serait hasardeux de se lancer en plein désert (où l’on a certes de la place, mais où les points de ravitaillement ne sont pas vraiment nombreux). Dans les immenses plaines russes, l’étanchéité du front sera difficile à maintenir et les partisans soviétiques, bon marché et très mobiles, risquent de réoccuper vos possessions dans votre dos et d’attaquer vos convois d’artillerie (d’où l’utilité de faire occuper les villes par vos alliés hongrois et roumains, inutiles à l’offensive mais apte à éliminer les quelques poches de résistance qui subsistent sur vos arrières).
Quand au climat, la pluie et plus encore la neige auront un effet désastreux sur votre progression, ralentissant vos unités et empêchant votre aviation de sortir.
Il me reste encore à vous parler des flottes et des transports. Les unités maritimes (Torpilleurs, Destroyers, Croiseurs, Battleships et sous-marin Les anglais possèdent en outre des porte-avions) sont disponibles pour certaines batailles, mais vous ne pouvez ni les acheter ni les emmener avec vous pour la bataille suivante.
Quant aux transports (camions et véhicules blindés), ils vous permettent de transporter les unités lentes (artillerie et infanterie) au même rythme que les chars, mais elles sont alors très vulnérables à tous types d’attaque.
Hormis le mode campagne, il est également possible de jouer séparément chaque bataille disponible dans le jeu, en contrôlant cette fois l’un ou l’autre camp. Le plus grand plaisir reste bien entendu de prendre, pour chaque bataille, le camp des vaincus historiques et d’essayer de faire mentir l’histoire. Et croyez moi, ce n’est parfois pas de tout repos, même si je me rappelle avoir réussi une fois à faire débarquer les troupes grecques en Italie lors de la bataille des Balkans 1941 ou d’avoir permis à une unité belge d’occuper brièvement Cologne le 21 mai 1940 (plus pour la gloriole qu’autre chose, ces deux unités audacieuses ont été promptement liquidées par l’aviation allemande). Le mieux que l’on puisse faire dans certaines batailles est de contenir l’avance ennemie au prix de lourdes pertes en espérant tenir jusqu’au terme des rounds impartis.
La plupart des protagonistes de la deuxième guerre mondiale figurent dans Panzer General. Les Allemands, Britanniques, Américains et Soviétiques possèdent de nombreuses unités différentes dans toutes les classes. Un cran en dessous, on trouve les Français, Italiens et Polonais qui possèdent eux aussi des unités de chaque classe, mais en moins grande variété. Par exemple, les Français ne disposent que d’un seul type de bombardier stratégique, et les Italiens d’uniquement deux types de chars. Enfin, encore plus bas, on trouve les « petites » armées qui ne disposent généralement que d’infanterie, d’artillerie légère et, parfois, d’un unique type d’avion de chasse. Ce sont les Norvégiens, Belges, Yougoslaves, Grecs, Hongrois, Roumains et Bulgares.
Rien qu’en considérant l’ infanterie, les Allemands disposent d’infanterie de base en promotion 39, 41 et 43, d’unités d’élite des mêmes cuvées, de pionniers, de troupes du génie et de parachutistes. Les Américains possèdent les même unités auquelles il faut ajouter les Rangers. Les Français disposent d’infanterie de base et de partisans, les Italiens d’infanterie de base et de Bersaglieris, et les petites armées uniquement d’infanterie. Les Italiens et les Français ne disposent que d’un seul type d’unité DCA, les Polonais et les Soviétiques possèdent des unités de cavalerie, et Britanniques et Allemands bénéficient dans les dernières batailles d’avion à réaction. Chaque armée aura donc ses forces et ses faiblesses. En tout, c’est largement plus d’une centaine d’unités différentes que propose Panzer General.
Les batailles les plus passionnantes demeurent évidemment celles qui proposent à la fois des combats terrestres, maritimes et aériens, et un grand nombre de troupes différentes impliquées. L’une des plus passionnantes à ce titre est par exemple la bataille des Balkans qui oppose Allemands, Italiens et Bulgares contre Yougoslaves, Grecs et Britanniques, sur pas moins de 6 fronts différents ! Et l’une des plus redoutables est la campagne d’Allemagne. L’Allemagne dispose certes d’un meilleur équipement, mais elle est attaquée sur tous les fronts suivant un rapport de force de 1 contre 3. Il est très difficile, ne serait-ce que de survivre jusqu’à la fin des tours de jeu, pour ne même pas parler de reprendre l’offensive.
Le jeu se jouant au tour-par-tour, il était possible de jouer à deux à Panzer general, l’un à la suite de l’autre. Le jeu proposait également un système en réseau de jeu par mailing, assez étonnant.
Graphismes : Clair, lisibles et fins. On n’en demandait pas plus. Avec un peu de pratique, on reconnaît du premier coup d’il les différentes unités, et c’est le plus important. Le jeu proposait également quelques petites animations de combat, ma foi assez sympathiques. Vu qu’on en fait rapidement le tour et qu’elles ont tendance à ralentir le jeu, on les coupe assez rapidement.
Jouabilité : Comme expliqué plus haut, Panzer General est un bon compromis entre complexité et plaisir de jeu accessible à tous. Bien sûr, nous ne sommes pas dans un C&C-like, et il faudra apprendre au fur et à mesure les caractéristiques des différentes unités et de nombreux trucs de vieux soldat pour minimiser ses pertes. Contrairement à nombre de wargames, on ne se perd pas dans les menus qui sont d’un usage très facile et instinctif. Ce n’est pas un hasard si les wargames SSI ont toujours été les plus appréciés du grand public.
Son : : Un musique assez sympathique mais superflue, et des bruitages réduits à leur plus simple expression.
Intérêt : 19/20 Voilà encore un jeu qui m’aura coûté de nombreuses nuits de sommeil. Quand on est passionné par la seconde guerre mondiale, Panzer General est un must, ergonomique à souhait, complet et passionnant. Nul besoin de se farcir un énorme manuel de 300 pages pour maîtriser les principaux fondements du jeu, on prend très vite le coup de main et les icônes sont lisibles, claires et sans fioritures.
Si la difficulté reste assez élevée, on remporte néanmoins très vite ses premières batailles, et une chose en entraînant l’autre, on s’acharne afin d’obtenir la victoire la plus totale sur l’armée ennemie. Et même pour ceux qui n’ont jamais mis les pattes sur un « vrai » wargame, Panzer General pourrait bien être celui qui les réconcilierait avec le genre.. !