Outlaws est un jeu vidéo PC publié par Lucasfilm / LucasArtsen 1997 .

  • 1997
  • First Person Shooter (FPS)

Test du jeu vidéo Outlaws

4/5 — Exceptionnel ! par

IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST

L’intrigue se passe dans l’ouest américain au 19ème siècle et vous êtes James Anderson, un ancien marshall qu’on a poussé vers la sortie à cause de ses méthodes peu orthodoxes…

Vous vous êtes donc retiré dans un ranch isolé, avec votre femme Sara, et votre fille Anna afin de devenir une sorte de Charles Ingalls local. Vous aspirez depuis à une existence paisible, remplie de meuglements de génisses, de crottins de cheval, et de fillettes qui se vautrent lamentablement en dévalant une colline.

Mais depuis quelques temps un exploitant ferroviaire du nom de Bob Graham envoie ses sbires faire pression sur vous pour que vous lui vendiez votre terrain.

Vous êtes déterminé à ne pas céder à cette bande d’abrutis et passez plutôt votre temps à acheter du parfum à votre femme, heureuse de faire contraste avec l’odeur ambiante de fumier.

De retour chez vous avec le précieux élixir, vous découvrez votre ferme en flamme, et votre femme agonisant devant ce qui fut jadis le pas d’une porte. Votre fille à également été enlevée afin de servir de moyen de pression…

L’ouest est décidément un monde sans pitié, vous êtes bien placé pour le savoir. Si seulement vous étiez le seul salopard de la région, tout serait tellement plus simple…

Mais pas question de se laisser abattre : Anna est peut être encore en vie, et vous êtes désormais libéré du poids de l’insigne qui vous avait jadis empêché d’exécuter un grand nettoyage.

Avant toute chose il vous faut rendre visite à votre vieil ami, celui à qui vous aviez tourné le dos… Oui… il est encore là, à l’endroit même où vous l’aviez laissé… Ce bon vieux Colt Longhorn…

C’est à peu près comme ça que la magnifique scène d’introduction cartoon présente ce scénario (qui n’est pas sans rappeler, les deux premiers épisodes de la trilogie de l’or, de Sergio Leone).

La bonne nouvelle c’est que des animations comme ça il y en aura tout en long de l’aventure, entre chaque niveau.

Ça change des animations 3D temps réel sans saveur qu’on nous sert dans les FPS actuels. Il faut dire que tout le monde n’a pas le talent des designers de Lucas Arts dans ce domaine…

LE MONDE SE DIVISE EN DEUX CATEGORIES… (ça fait cliché, je sais…)

Outlaws est un FPS ; pour les extra-terrestres qui viennent de débarquer, ça signifie que c’est un jeu de tir en vue subjective (comme Doom) qui se joue avec le clavier, et à la souris. Il faudra donc disposer d’un minimum de deux tentacules, et un capteur oculaire (ou compatible) afin de pouvoir y jouer.

La souris sert à bouger la tête de son personnage sur deux axes, contrairement à Doom.

Mais Outlaws est avant tout un des rares jeux de ce genre (le seul à l’époque de sa sortie) à se dérouler au far west, une époque pourtant riche en action.

Le jeu vous donne le choix entre une campagne scénarisée composée de 9 niveaux (avec de belles séquences intermédiaires en 2D) et des missions historiques retraçant les aventures de notre charismatique héros filiforme (qui n’est pas sans rappeler Clint Eastwood) avant qu’il ne raccroche son insigne.

Le jeu vous fera voyager dans l’ouest lointain, des montagnes rocheuses aux frontière mexicaines, en passant par une virée sur les rails du fameux transcontinental.

Les niveaux sont de bonne facture, et il sera souvent possible de choisir son chemin et sa manière de faire. On peut par exemple faire le tour de chaque bâtiment en alignant tout le monde à la Winchester, s’infiltrer discrètement au couteau, ou encore foncer dans le tas en hurlant comme un iroquois enragé.

Seul le niveau de la scierie (le 3ème il me semble) vient ternir le tableau, accumulant anachronisme et « lourdeurs hydroliques » (il faut actionner divers boutons dans les canalisations en repassant plusieurs fois au même endroit…). C’est un des pires niveaux qu’il m’ait été donné de voir dans un doomlike, mais heureusement ce n’est qu’un mauvais moment à passer, le reste en vaut largement la chandelle.

Il y a également pas mal de secrets et de clins d’oeil disséminés dans les niveaux, ceux-ci vous permettront par exemple de trouver des munitions supplémentaires ou de rencontrer des personnages atypiques, comme Max (du jeu « Sam et Max : Hit the Road »).

CEUX QUI ONT UN PISTOLET CHARGE…

Du côté des armes elles sont forcément classiques étant donné l’époque de l’action, mais il y a plusieurs originalités :

Premièrement, les armes ont une précision qui leur est propre : deux tir consécutifs au revolver ne suivront pas forcément la même trajectoire. Même si les mouvements du héros ne sont pas pris en compte comme dans Counter Strike.

Deuxièmement, il faut recharger ses armes (souvent balles par balle), ce qui à l’époque n’était pas si courant dans les jeux de ce genre. Par contre je trouve que ça se fait beaucoup trop rapidement, ce qui rend cette option un peu inutile étant donné qu’on peut recharger vite fait sans même prendre la peine de se mettre à couvert… C’est réellement dommage car à cette époque le nombre de cartouches dans le barillet (et aussi la qualité de ces dernières !) était un paramètre pour le moins vital en cas d’échauffourées. (« Je sais ce que tu penses : c’est 6 fois qu’il a tiré, ou 5 fois seulement ?[…]. Alors tu tentes ta chance ou pas ? »)

De plus, les armes ont souvent deux modes de tir, par exemple on pourra trouver une lunette pour améliorer la Winchester, ou maintenir la détente du pistolet en actionnant le percuteur avec l’autre main pour tirer plus vite (et moins précisément).

A noter également qu’il est possible de désactiver le réticule pour la visée (sauf pour la winchester équipée d’une lunette) en passant par le menu des options.

Ce que je conseille fortement car le fait de tirer au juger donne un cachet particulier au gameplay et aide d’autant plus à se mettre dans la peau d’une fine gâchette de l’ouest.

Enfin, le jeu gère la localisation des impacts, c’est-à-dire qu’une balle entre les deux yeux fera d’autant plus mal qu’une balle dans les jambes.

… ET CEUX QUI CREUSENT.

Côté graphismes c’est clairement dépassé, d’ailleurs même à la sortie du jeu ils avaient bien 2 ans de retard. Les ennemis et certains objets sont en fait des billboards (images toujours face à la caméra) ce qui rend le jeu assez pixellisé. De plus le moteur 3D utilise une méthode de projection bâtarde (mi-cônique, mi-orthographique), ce qui donne des erreurs de perspective lorsqu’on baisse ou lève la tête. Des patchs permettent d’utiliser les fonctions de filtrage d’une carte 3D, mais le jeu reste tout de même assez moche…

En revanche la musique est tout bonnement magnifique (le jeu a gagné plusieurs prix pour ça). Les compositions de Clint Bajakian n’ont rien a envier à celle de Morricone dont il s’est inspiré avec brio.

Il n’y a qu’à écouter « The Last Gunfight »(Outlaws) et « The Ecstazy of Gold »(Le bon, la Brute et le Truand) pour s’en convaincre.

L’interprétation est également remarquable : ça sonne vrai, et pour cause ; Bajakian n’a pas hésité à sortir violon, choristes et guitare sèche. On est bien loin du son de guitare électrique tout droit sorti d’un synthétiseur sur fond de boite à rythme comme les ténors du genre en utilisent encore aujourd’hui…

Bref, c’est pour moi un des meilleurs doom-like, qui pourrait même plaire aux plus réticents à ce genre tant il prend le contre-pied des standards habituels.

PS : le jeu propose également un mode multijoueur, que je n’ai malheureusement pas testé faute de joueurs.

A noter également que Lucas Arts a décidé de stopper le support du jeu. Allant jusqu’au retrait du site officiel où l’ont pouvait trouver les patchs. Et ce alors que le jeu est toujours en vente… C’est le genre de détail qui m’énerve un peu (moi qui hésitait entre 8/10 et 9/10…).

Outlaws