Il y a des jeux, comme ça, où il suffit de laisser tourner la vidéo d’intro pour savoir qu’on est en face de quelque chose de grand, quelque chose qui sent à plein nez l’uvre qui a été travaillée, quelque chose dont les auteurs y ont mis tout leurs cur, bref, quelque chose qui a été soigné, une vraie pièce d’orfèvre. Et lorsqu’au fur et à mesure on avance dans le jeu, cette impression se confirme, alors c’est qu’on ne s’était pas trompé. Onescapee, c’est d’abord avant tout un jeu à la Another World ou Flashback si vous préférez. Onescapee est un jeu amiga cd à l’origine, développé par Invictus, une équipe hongroise. Un portage pc a été fait, complètement gratuit, avec des graphismes filtrés et musique en mp3. Le résultat est tout simplement stupéfiant. Vous ne vous doutiez pas que vous étiez passé à coté de ce jeu depuis si longtemps.
Posons le sujet
Dans un futur assez éloigné, l’existence d’extraterrestres est confirmée, mais ils sont belliqueux. Mais vous, vous rentrez tout simplement chez vous. Vous vous affalez devant la télé et vous ne pensez pas à tout ça. Hélas, ces fameux extraterrestres débarquent chez vous et vous kidnappent. Embarqué à bord d’un de leurs vaisseaux, vous vous retrouvez sur leur planète en fâcheuse posture.
Quant à vous, vous êtes bluffé ! Vous êtes tout de suite mis dans le bain de la qualité du jeu. Intro faite avec le moteur du jeu qui montre de quoi il est capable, design à la Blade Runner, la présentation de l’univers est faite. L’intro commence a poser le scénario. Vous êtes bercé par une musique rock chantée (n’oubliez pas que le jeu était sur cd à l’origine), pas du gros hard rock barbare, mais du rock classieux, qui n’empêchera pas les quelques bruitages de l’intro d’exister. Elle sera d’ailleurs entrecoupée d’écrans de présentation de l’équipe. Que ce soit visuellement ou auditivement, le charme opère pleinement : le jeu a de la classe.
Si on jouait ?
Mais j’y viens. Fans de Another world, Flashback, Prince of persia, et autres Blackthorne, vous pouvez déjà commencer à vous prendre le jeu. C’est du même style, la même orientation, avec des petits puzzles en plus, des énigmes plutôt corsées, et beaucoup, beaucoup de tableaux. Pour tout vous avouer, c’est plus orienté énigmes que action comparé aux autres, ce qui n’est pas un mal, ça lui permet de bien se distinguer. Les flèches pour se déplacer, Maj pour courir, contrôle pour tirer (quand vous aurez enfin le pistolet). Pas plus. Comme dans tous les jeux de ce genre, l’animation du personnage est très fluide, et il subit une inertie. Les niveaux sont tous composés de plusieurs tableaux, qu’il faudra parcourir sain et sauf. En général assez labyrinthiques, il faudra veiller à bien se repérer, et à bien faire attention aux détails du décor, car les morts stupides seront légion. Et oui, le jeu est assez dur. Les énigmes sont assez variées, peuvent être du niveau d’un Shivers, et finalement, il n’y a pas trop de plates-formes, ni même de grosse mitraille. C’est surtout débarquer dans le niveau, comprendre ce qui se passe, l’observer, déjouer les pièges, et enfin passer au niveau suivant. Pensez à sauvegarder au bon moment, car certaines actions (très peu) ne vous entraînent pas à la mort mais vous empêchent de progresser. On peut s’en rendre compte assez facilement, surtout si on a fait quelque chose dont on n’a pas compris l’utilité. Le passage d’un tableau ne se fait pas uniquement à la gauche et à la droite de l’écran, mais aussi en haut et en bas : certains passages sont incrustés dans le décors, mettez-vous en face et faite haut. Du coup, on peut avoir une progression tout à fait non linéaire, et disposer alors d’un univers tout à fait cohérent dans les déplacements qui nous sont permis. Parfait exemple, un niveau se déroule dans une ville. Toutes les rues, portes et autres passages sont des endroits où on peut aller et des tableaux que l’on peut explorer. Preuve au passage du soin apporté au soft : des tableaux qui ne servent à rien dans le jeu, mais qui sont somptueux, des petits luxes qui mettent une ambiance incroyable, où la musique peut être du même niveau que celle de l’intro. Tout ça, ne serait que pour rendre plus cohérent l’univers, peaufiner le jeu, faire plaisir au joueur. Ce n’est pas souvent qu’on voit ça !
De l’amiga ? ha ha !
Il n’y a pas de quoi rire, niveau technique, c’est de l’orfèvre. On ne pourra seulement regretter qu’un nombre de couleurs restreints à 256, d’où certains passages qui en pâtissent un peu. Mais pour le reste, c’est du tout bon. L’animation du personnage est riche (plus d’une centaine de bitmaps ont été nécessaire), pas aussi réussie que celle de Flashback, mais garde tout de même un charme. Les décors sont assez variés, grottes, villes, lacs (chut ! n’en disons pas plus), l’ambiance change ainsi, et la qualité graphique des décors est là pour prouver que ce jeu a été pensé, pas fait à la va-vite, avec un vulgaire outil de programmation basique de jeu, non, il a été réfléchi, imaginé, esquissé, rêvé. Les détails parleront d’eux-mêmes. Petite particularité cependant, je dois vous prévenir que le jeu peut se faire violent. Pas de grosse bidasse, ni de tripaille, juste du sang, lors des scènes cinématiques de mort (souvent assez stylisées). Niveau sonore, la claque ! Des bruitages assez riches, même si on en aurait voulu plus (comme au niveau de l’eau par exemple). Pas de voix, car pas de dialogues, on reste contemplatif devant l’histoire, dont on comprend ce qui se passe (comme dans Another World). On le comprend de soi-même, pas besoin de scénario alambiqué pour en construire un qui n’en valait pas la peine, non, on est loin de ça. On est dans un jeu vidéo, et on se permet des folies. Une fois arrivé à la fin, vous savourerez l’apogée du charme du jeu. En fait de voix, si il n’y en a pas dans l’histoire, les musiques en sont accompagnées, dans un style rock très rare dans un jeu vidéo. On n’en croirait presque pas ses oreilles. Maniabilité très bonne, même si la difficulté peut en rebuter beaucoup. Certains passages nécessaires sont mal montrés, et certaines énigmes tordues. On a affaire après tout ici à un jeu de réflexion avant un jeu d’action. Le jeu est assez long, (autant qu’un another world ou un flashback), et se savoure tout autant. Les multiples scènes cinématiques y sont pour quelque chose, et surtout leurs incrustations dans le jeu. On vit l’histoire tout comme on la contemple.
Vous voyez où je veux en venir
Pas la peine de tergiverser plus longtemps, c’est un jeu a essayer absolument, les fans du genre seront aux anges car il n’y en a pas beaucoup des comme ça, et quand la qualité est autant au rendez-vous, il faut savoir se faire plaisir. Pas de pinaillage possible, le site des auteurs met en téléchargement libre la version PC, complète bien sur, alors que la version amiga est toujours en vente. Peu importe, il n’est plus question de se faire du fric avec, mais de faire plaisir aux joueurs. Je dirais pour ma part, que c’est un bon chef d’uvre, qui ravira forcément ceux qui ont aimé Another World ou Flashback. Allez donc vous faire une idée en le téléchargeant ici, si ce n’est toujours pas fait :