Développé par Bits Corporation Ltd, publié par Philips Interactive Media en 1996.
Selon Nietzsche, « un nihiliste est un homme qui juge que le monde tel qu’il est ne devrait pas exister, et que le monde tel qu’il devrait être n’existe pas. Donc vivre (agir, souffrir, vouloir, sentir) n’a pas de sens : ce qu’il y a de pathétique dans le nihilisme, c’est de savoir que tout est vain - et ce pathétique est encore une inconséquence chez le nihiliste ».
Il ajoute qu’il existe également un état normal du nihilisme, qui est la négation de l’être, et qui est une manière divine de penser, en ce sens qu’elle est un rejet définitif de tout idéalisme (du nihilisme au sens faible) et de ses conséquences (la morale entre autres).
Mais l’auteur qui poussa le nihilisme dans son plus lointain extrême fut certainement Albert Caraco, qui voyait la vie comme un non-sens absolu. (Extraits de l’article consacré au nihilisme sur Wikipedia.)
Bon, maintenant que vous êtes bien regonflés à bloc et tout sourire (…), passons au test de ce jeu. Celui-ci est-il aussi drôle que son titre ?
Vous ne vivez (ainsi que ceux que vous allez affronter) que pour le bagarre. Pas de projet d’avenir, pas de plan d’épargne, pas d’investissement dans l’immobilier ou les SICAV, non. Seule la castagne par lasers et missiles interposés vous maintient dans l’illusion de faire partie du monde des vivants.
Ce shoot them up vous met aux commandes d’un vaisseau avec lequel vous allez devoir affronter d’autres bagarreurs au sein d’arènes de combat baptisées « kraals ». Ces zones magnétiques se divisent en trois catégories : les mandalas (horizontales, les plus courantes), les mantras (verticales, un peu comme si vous étiez à l’intérieur d’une roue) et les flux (sphériques). Il y en a 29 en tout.
Préparation
Afin de mettre un maximum de chances de votre côté, il va s’agir de bien vous préparer. Pour ce faire, à l’intérieur du vaisseau-mère, dans le lounge, vous disposez du jeu d’arcade « Mandala » pour vous entraîner – plutôt anecdotique selon moi ; il vous affiche une vue du dessus qui n’a que peu à voir avec le jeu proprement dit – et surtout, du magasin (où acheter vos missiles et vaisseaux) et de l’arsenal (où vous pouvez équiper les dits missiles sur votre engin). Bien entendu, rien de tout cela n’est gratuit, d’où la nécessité de vous procurer de l’argent (ou cash) ; vous en trouverez à foison – après avoir dégommé un adversaire notamment, mais pas uniquement – dans les kraals et il vous permettra d’acquérir des vaisseaux plus résistants et mieux armés.
Vous pouvez également (je vous le conseille) acheter des spongers – jusque quatre –, qui se chargeront de récolter du cash pour vous pendant que vous augmenterez vos points en tirant sur tout ce qui entre dans votre champ de vision. Attention cependant : ces parasites sont destructibles, et vu qu’ils augmentent leur niveau par kraal terminé, mieux vaut garder un œil sur leur jauge d’énergie et intervenir si l’un d’eux est en difficulté. Vous leur devez bien cela pour l’aide non-négligeable qu’ils vous apportent.
Point de vue armement, outre les lasers, vous disposez de plusieurs types de missiles aux propriétés différentes, comme le baiter qui, une fois un engin touché, transforme celui-ci en cible commune pour tous les autres protagonistes (autant dire qu’il vaut mieux l’éviter comme la peste) ou le nutter, gros missile pachydermique – donc lent – mais causant d’importants dégâts. Ou encore le cutter, qui se tire vers l’arrière, l’attracteur, qui transforme l’engin touché en aimant et attire sur lui tout ce qui traîne (vive les mines !!!), et le blinder qui brouille les instruments de bord.
A noter que votre premier engin ne dispose que d’une seul travée, ne vous autorisant donc qu’un seul type de missile.
Comme précisé plus haut, vous accéderez à davantage d’engins au fur et à mesure que vous compléterez les systèmes et battrez des adversaires ; en effet, les vaisseaux de vos adversaires vaincus deviennent disponibles par la suite, parmi lesquels on peut noter une soucoupe volante dépourvue de missiles (mais extrêmement rapide et équipée d’un triple laser) ou un bulldozer de l’espace avec « Kiss me » inscrit sur la benne. Sans oublier l’engin furtif qui échappe aux radars et rend impossible le verrouillage d’un ennemi sur vous. Un choix suffisamment varié pour permettre plusieurs stratégies : subtile avec un engin rapide, très maniable mais peu résistant ou bourrine avec un mastodonte lent mais super solide et disposant d’une puissance de feu phénoménale.
Batailles
Une fois votre fidèle destrier (oui, bon, c’est pas un cheval mais j’ai du mal à trouver des synonymes pour engin, vaisseau, …) fin prêt, il ne vous reste plus qu’à accéder au dôme (ou écran-carte), et choisir une destination. Tout d’abord, sélectionnez une orbite ; chaque orbite comporte plusieurs kraals nécessitant d’être tous terminés pour pouvoir choisir l’orbite suivante. Bien entendu, tous les kraals d’une orbite donnée ne vous sont pas accessibles dès le début ; vous devrez posséder suffisamment de cash ainsi que le grade ad hoc (car vous « montez en grade » au fur et à mesure de vos victoires). Le but ultime : obtenir le grade de Cardinal – et, à cet effet, déposer l’actuel Cardinal, c’est-à-dire le réduire en poussière cosmique.
L’objectif primaire est donc d’éliminer le ou les adversaire(s) dans un kraal donné. Evidemment, la récupération de cash et autres bonus (missiles, boucliers, renforceurs de coque, bombe à retardement, …) fait partie de ce dont vous devez vous préoccuper aussi. Un kraal est terminé une fois que vous vous retrouvez seul survivant. Il arrive pendant le jeu qu’un adversaire préfère s’éjecter dans son cercueil (c’est ainsi que les nacelles de survie sont appelées) plutôt que de périr avec son vaisseau. Lorsque cela se produit, l’engin de récupération pour guerriers en détresse de Gladys et les soeurs fera son entrée. Pour augmenter votre score – et faire le boulot à fond – il est alors bon, à défaut d’être moral, d’achever le pilote (c’est en fait extrêmement jouissif !!!).
Notez que si vous vous retrouvez dans cette situation (devoir vous éjecter), certains cercueils disposent d’un petit réacteur et même d’un laser. Vous pouvez donc vous diriger vers cet engin de récupération en espérant y parvenir avant de vous prendre un missile dans la tronche. Leurs services ne sont toutefois pas gratuits… ne rêvez pas !
Quand un engin ennemi explose, il arrive régulièrement que son noyau radioactif soit libéré. S’en approcher trop est dangereux, mais le dégommer rapporte du cash.
Vous disposez de plusieurs moyens de défense inhérents au vaisseau ; certains peuvent effectuer de grands sauts, d’autres peuvent se camoufler momentanément. Il existe aussi des téléporteurs qui vous permettent de passer d’un endroit donné dans le kraal à un autre (pratique pour échapper à un ennemi qui vous colle de trop près).
Une autre chose importante : comme écrit plus haut, vous devez vous acquitter d’une certaine somme avant de recevoir l’accès au kraal suivant. Si d’aventure vous êtes fauché, vous avez alors la possibilité (en fait l’obligation) de pénétrer un kraal sans adversaire majeur, si ce n’est la racaille (vermin), des vagues de petits engins peu puissants mais rapides. Le seul objectif est d’en détruire le plus possible pour remplir votre portefeuille et pouvoir payer l’accès au kraal suivant par la suite.
Pour terminer cette section, sachez qu’il vous est loisible de vous téléporter hors du kraal si vous sentez que vos chances de vaincre sont insuffisantes. Notez toutefois que cela n’est pas instantané ; en effet un compte à rebours précède la téléportation, pendant lequel vous demeurez vulnérable.
Enfin, vous devrez aussi vous soucier des mines qui tapissent certains niveaux. Particulièrement si un ennemi dispose de missiles attracteurs.
Graphismes
A première vue les décors peuvent paraître austères… en effet les kraals sont représentés par une structure type «fil de fer». Hormis quelques planètes et étoiles comme fond, le décor est noir (c’est un peu normal aussi, on est dans l’espace).
Personnellement, j’apprécie beaucoup car cela donne une meilleure visibilité (on n’a pas son attention détournée par des flopées de détails inutiles) et on peut donc se concentrer sur l’essentiel, à savoir les vaisseaux concurrents, le cash et les bonus divers. Les engins sont bien détaillés et se distinguent facilement les uns des autres.
Mention spéciale aux gros boss comme ce robot dont il faut détruire les différentes parties du corps – la tête pour terminer.
Encore une chose : il est possible, équipé(e) de lunettes prévues à cet effet, de visionner le jeu en 3D. Je n’ai pas eu l’occasion de le faire (pas de lunettes dans la boîte, aurais-je été spolié ?) et n’ai donc aucun commentaire à faire à ce sujet.
Sons
Les sons sont bien rendus et variés. Il y a une multitude de bruits d’explosions, de tirs, de signaux en tous genres (entrée d’un ennemi dans le kraal, alerte à proximité d’un noyau radioactif, présence d’un bonus etc.) et ils sont dans l’ensemble « brillants » et « claquants » (vivants, quoi). Mais ce qui tue, c’est la bande-son magistrale : Dog Eat Dog, Sugar Ray et Pop Will Eat Itself, entre autres. Ça déménage, et ça met une ambiance du feu de Dieu ! J’ai adoré ce jeu en bonne partie grâce à la musique bien rock.
Maniabilité
Il n’y a pas de souci à ce point de vue. La souris dirige le vaisseau et commande le laser et les missiles, et on cible les ennemis, accélère, se défend etc. à l’aide du clavier. Cela devient vite automatique. Le vaisseau est bien maniable, répond au doigt et à l’œil. Evoluer au sein du kraal est un plaisir. On a un sentiment de liberté assez exaltant.
Le système de visée est aussi bien pensé : vous disposez d’un viseur dont la couleur change selon qu’il cible un ennemi, un bonus, ou encore un objet neutre mais susceptible de renfermer du cash (astéroïde, débris, …). De plus, TAB vous permet de viser l’ennemi le plus proche de vous ; la touche majuscule de gauche cible le dernier ennemi à vous avoir agressé, etc.
Humour
Hein ? Quoi ? Qu’est-ce qu’il raconte, Angus ? Ben oui, les noms de certains de vos adversaires prêtent à sourire (« Buttface » = tête de cul, « Private Partz » = je vous laisse deviner, …). Humour de potache, soit, mais c’est un petit plus indéniable. Vous aurez bien entendu remarqué l’orthographe approximative, ce qui renforce l’image de crétins des protagonistes.
A noter que dans la version en anglais, l’éjection du cercueil est référencée sous la dénomination « premature ejaculation ». No comment on this one…
En résumé, Nihilist est un bon jeu, il est agréable de s’y immerger et il possède un visuel particulier, à défaut d’être révolutionnaire. La prise en main est aisée, et combinée à une bande sonore bien remuante, des bruitages claquants et variés et un humour légèrement débile. A essayer au moins une fois. Après, ça dépendra de vous… mais je pense qu’il vous plaira (si vous aimez les shoots, cela va de soi).
Sachez enfin que Nihilist offre (enfin, à l’époque) la possibilité de jouer jusqu’à quatre simultanément par modem interposé.
Verdict : 8/10