Tout d’abord, je vous invite à ne pas tenir compte de la note que j’ai mise à ce jeu. Lisez plutôt le test en entier, ou essayez. Ce n’est qu’ainsi que vous pourrez vous faire une vraie idée de Myst.
Une légende…
De même qu’il y a des œuvres littéraires qui sont très compliquées à transcrire au cinéma, il est, de mon point de vue, des jeux dont il n’est pas aisé de réaliser le test.
Myst est de ceux-là. Mais avant tout, Myst est une légende. Un de ces hits d’un temps passé, qui marqua toute une époque et, en terme de ventes, l’un des plus gros jeux jamais sorti sur PC.
Un scénario planant
Myst commence comme le pilote d’une série télé. Vous incarnez un type (Qui ? On sait pas) sur une île (Où ? On sait pas). Le type ne sait pas où il est, ni comment il est arrivé là, ni pourquoi.
Bon, à ce niveau-là, on se balade un peu, ébahi à l’époque par la qualité des décors (j’y reviendrai). On tourne très vite en rond et, finalement, un seul endroit est vraiment intéressant : la bibliothèque. Là-dedans, vous trouverez vite deux livres, et dans chacun d’eux, un personnage qui parle et s’anime comme sur une télé, et qui vous demandera de l’aide. C’est-à-dire : récupérer les pages manquantes de leur bouquin respectif.
Sans en dire trop sur le scénario (je développerai si je me motive à tester Riven un de ces quatre), celui-ci est extrêmement ambitieux, et vous vous apercevrez assez vite que vous n’êtes qu’un pion, manipulé par une puissance qui vous dépasse. Un dieu peut-être ?
Ainsi, ce n’est pas une île que vous visiterez, mais plusieurs. Chaque page est un nouveau monde à visiter, car c’est cela qu’a fait le « dieu » cité au-dessus : développer son art jusqu’à pouvoir donner vie à son imagination.
Tout au long du jeu, on baignera dans une ambiance oppressante, pesante, terriblement stressante, voire teintée de désespoir et de solitude. Croyez-moi, même si vous êtes sur une île, vous n’êtes pas en vacances ici.
Une beauté hallucinante !
A l’époque, le choc graphique était total.
Myst est un point & click, composé de plans fixes (des photos si vous préférez). On se déplace en cliquant sur l’endroit où on veut se rendre.
Ce jeu est extraordinairement beau en son genre. Je me rappelle, dans le temps, que j’étais persuadé que c’était de la vraie 3D, que mon PC était trop une bête et tout… Que nenni, c’est une simple succession d’images presque fixes (on trouvera pas mal d’animations sur certaines, mais n’empêche que techniquement, c’est pas de la 3D).
En gros, c’est photo-réaliste, quoi. Alors certes, les animations se résument à des portes qui s’ouvrent, des ancres qui remontent, un bateau qui avance, une éolienne qui tourne… mais c’est magnifique.
En fait, ce qui est exceptionnel dans Myst, c’est le design général du jeu. Les personnages ? Bah, on en voit 3 dans le jeu, et ils sont… normaux quoi. Par contre, l’île est… vraiment extraordinaire. Un monde sorti d’un pur esprit. La technologie côtoie la nature à tout moment. Les lagons côtoient les bunkers, on trouve des arbres-ascenseurs, des bâtisses remplies de passages secrets, des aquariums sous-marins… Un univers qui semble inspiré de Jules Verne.
En revanche, ce monde est totalement dénué de présence vivante. Pas d’animaux, pas d’humains… Seulement un monde vide, qui rappelle le bouquin (ou le film) Les Langoliers de Stephen King, si vous le connaissez. L’expression « seul au monde » vient vraiment à l’esprit quand on se lance dans ce jeu.
La bande-son contribue grandement à l’ambiance. Si la musique est presque absente, les quelques thèmes sont néanmoins grandiose, épiques ! Parfaitement adaptés à l’action du moment, ils s’intègrent parfaitement et contribuent à renforcer l’ambiance d’un des jeux les plus immersifs jamais sortis.
Si les bruitages sont discrets dans Myst, vous ne serez jamais dans le silence. Les bruits d’ambiance (l’océan, la nature autour de vous, des grincements mécaniques…) sont superbement réussis, et en même temps, il n’y a pas grand-chose d’autre. En dehors de cela, le jeu est extrêmement calme, renforçant le sentiment de solitude évoqué plus haut.
Les quelques humains du jeu sont doublés en français, et ce doublage est de très bonne qualité.
Un gameplay unique !
Dans Myst, le héros, c’est vous. Je dis ça parce que jamais vous ne saurez son nom, ni d’où il vient. Vous pouvez très bien vous imaginez à sa place.
Myst, je l’ai dit, lorgne du côté du point & click… si l’on veut. Car ici, pas d’inventaire ni de menus compliqués… juste vous, vos mains et vos neurones.
Difficile de décrire le principe de Myst. Voyez-le comme un puzzle géant, où chaque assemblage de deux pièces permet d’appréhender plus de choses que lorsqu’elles étaient séparées. Et que cet assemblage vous ouvre la voie à suivre pour continuer le puzzle.
Les 99% du jeu sont donc des énigmes TRÈS tordues, d’autant que dans la version originale du jeu, on n’est absolument pas guidé ; on n’a aucune aide, aucune information sur la marche à suivre… On se retrouve largué sur une île pleine de mécanismes, de machines, de bâtiments, et ON SAIT PAS QUOI FAIRE !
Au début du jeu, tout se passe à tâtons. On explore tout, puis on appuie sur une manette, et on ré-explore tout pour voir si quelque chose a changé sur l’île. On essaiera ensuite d’autres interrupteurs, on testera leurs effets, puis on effectuera des combinaisons, jusqu’à trouver la logique de chaque île.
Tout ce avec quoi vous pourrez interagir est potentiellement un indice indispensable à la bonne continuation du jeu. Le tout baignant dans cette ambiance hallucinée, où nous sommes totalement libres dans nos mouvements, mais en même temps prisonniers d’un monde vide de vie.
Et petit à petit, vous démêlerez l’histoire de Myst, vous trouverez des indices sur ce qui s’est passé, sur l’histoire de ce monde.
Ouais mais… et donc ?
Myst peut être adulé ou totalement détesté. C’est aussi pour ça que je répugne à lui mettre une note (on devrait pouvoir choisir « inclassable », comme pour le genre).
Si vous aimez l’action (pas forcément avec des gros flingues, mais simplement un truc fun qui bouge), passez votre chemin.
Si vous vous sentez prêt(e) à vous arracher les cheveux de dépit… Si vous vous sentez prêt(e) à tourner en rond pendant des heures, voire des jours, avide de percer le secret d’un univers stupéfiant de crédibilité et de mystère… Si vous vous sentez prêt(e) à établir, IRL j’entends, des cartes géantes de chaque île et à noter chaque indice scrupuleusement… Alors vous pouvez vous laisser tenter.
Honnêtement, le jeu est court. Je l’ai bouclé en moins de 5 heures avec une soluce (pour les besoins du test, et pour m’assurer qu’il y avait vraiment plusieurs fins dans ce jeu). La première fois, ça m’avait pris un peu plus de 9 mois, en trichant par moments (quand le déclic veut pas venir…).
A noter qu’une version remastérisée (baptisée « Myst : Apogée ») est sortie, et propose un système d’aide in game, vous indiquant si besoin la marche à suivre quand vous êtes bloqué(e).
Bon, allez, mettons une note
Finalement, je lui mets 7/10, mais c’est parce qu’à mes yeux, cette note est la plus neutre que je puisse trouver.
Car Myst, objectivement, est très réussi techniquement. C’est beau, avec un design fascinant. La bande sonore est grandiose, l’histoire prenante et se distillant lentement…
Je ne connais personne qui soit resté indifférent face à Myst. Soit on l’adorait, soit on le détestait. Maintenant que la série est bouclée (5 jeux, quand même… même si j’en ai fini que 2), les avis ont pu évoluer.
J’attends donc les avis et commentaires de plus connaisseurs que moi.