Delphine Software, talentueux développeur français responsable de hits d’exception comme Time Commando et LBA, n’a pas toujours joué la carte de l’audace à tout prix. On lui doit aussi une bête série de jeux de moto, classique, fonctionnelle et commercialement sans risques. Mais attention, ce constat n’implique absolument pas que le résultat soit décevant. Au contraire, à défaut d’être devenu une référence populaire comme les Need for Speed dans le créneau voitures de sport, les Moto Racer ont tout de même permis à pas mal de joueurs – y compris les plus rétifs à la conduite comme moi – de s’amuser avec ces symboles pétaradants de la virilité conquérante.
Le premier volet de Moto Racer avait été l’une des premières simulations de sport moteur tirant parti des cartes 3DFX. Enfin… simulation est peut-être un bien grand mot, car Moto Racer tordait le cou au réalisme avec une facilité désarmante. Le truc à retenir de Moto Racer, c’était qu’il fallait rouler vite et bien dans des décors agréables à l’oeil et prendre des virages en épingle à cheveux en couchant la moto sur le flanc à un point tel que dans la réalité, le pilote terminerait probablement la course avec deux moignons sanglants en guise de jambes. D’ordinaire pas trop fan de tout ce qui implique de piloter un truc à moteur sans l’envoyer dans le décor, Moto Racer m’avait tout de même bien tapé dans l’œil, et je me jetais donc avec avidité sur le second volet deux ans plus tard. Voilà, encore une histoire qui n’intéresse personne mais vous donne au moins un indice sur le type de joueur susceptible d’être attiré par ce soft.
A défaut de révolutionner le contenu du jeu précédent, Moto Racer 2 est relativement éclectique puisqu’il propose à la fois des circuits de Superbike et des circuits de Motocross. La différence entre ces deux types de courses est simple : en Superbike, vous pilotez des bécanes très rapides (jusqu’à 180 mph) sur des parcours plats se déroulant généralement en zone urbaine ou dans la cambrousse britannique. En motocross, votre moto atteint plus ou moins la moitié de la vitesse de pointe des Superbikes mais les parcours sont truffés de bosses et de dénivelés vertigineux. Ces circuits se déroulent dans trois types d’environnements : forêt tempérée, jungle et désert.
Moto Racer II propose le nombre plutôt élevé de 32 courses différentes, que vous essaierez de remporter en pilotant l’une des 16 bécanes disponibles (8 Superbike et 8 Motocross) définies chacune par quatre caractéristiques (tenue de route, freinage, accélération, vitesse de pointe). Bien entendu, vous ne pourrez pas utiliser les motos tous-terrains sur les circuits pour Superbikes, et vice-versa : il y a des limites à la fantaisie tout de même. Toutes les courses peuvent néanmoins être pratiquées sous des conditions climatiques différentes. Cela ne change rien au pilotage mais permet de varier un peu les plaisirs. Sur les parcours de Motocross, vous aurez également l’opportunité de vous livrer à quelques acrobaties dangereuses, comme rebondir à pleine vitesse sur une bosse, vous cabrer avec votre moto ou vous soulever hors de votre siège. Evidemment, ces singeries ne sont pas aussi poussées que dans le fameux Motocross Madness mais que serait une course de motocross s’il n’était pas permis de faire un peu le con sur deux roues ? Mais l’élément le plus intéressant rajouté par ce second opus tient principalement à la présence d’un éditeur de circuits extrêmement simple à utiliser.
Réalisation graphique :
Du bon travail dans l’ensemble, bien que quelques bugs graphiques soient encore à déplorer et que les motos ne soient pas toujours représentées de la manière la plus réaliste qui soit. Tel n’est pas non plus le but de ce jeu très orienté arcade, bien que le réalisme ait été soi-disant amélioré depuis le jeu précédent. Le problème, c’est que si on n’attend pas de prouesses de réalisme venant d’un jeu d’arcade, on peut au moins espérer une foule de petits détails visuels et d’arrière plans originaux, tendance OutRun ou Speed Busters. Or, Moto Racer 2 reste assez sobre de ce point de vue. Les cinq environnements différents sont réussis mais limités et sans beaucoup d’originalité, et les circuits ne se différencient finalement que par leur tracé. On notera enfin l’effet de réverbération de la lumière qui apparaît fréquemment en pleine course. Ce genre de détail visuel m’a toujours fait sourire car, s’il est bien clair qu’il sert à démontrer le talent des développeurs en matière de rendu d’ombre et de lumière, sa présence me semble toujours un peu illogique dans un soft qu’on visualise en vue arrière !
Jouabilité / difficulté
Les contraintes de réalisme sont vraiment réduites à la portion congrue et Moto Racer est donc accessible à n’importe quel handicapé du guidon virtuel. On ne peut pas non plus rouler n’importe comment sans en payer le prix mais dans l’ensemble, piloter une moto dans Moto Racer 2 n’est pas plus compliqué que de piloter une voiture dans Need for Speed. Le jeu propose plusieurs modes de jeu (course solo, championnat Superbike, Championnat Motocross, etc.), tous les circuits sont accessibles dès le départ et Moto Racer 2 calcule les résultats de manière plus logique, ce qui permet de foirer une course sans être pour autant éliminé du championnat si votre classement moyen reste de bon niveau. L’éditeur de circuits est, quant à lui, très facile à maîtriser et permet de créer très rapidement des circuits à la hauteur de ceux proposés par défaut.
**Son **
Bruits de moteur de bonne qualité et excellente bande sonore bien pêchue, dans le genre punk à roulettes californien. Efficace, sans prétentions et c’est très bien comme ça.
En bref :15/20
Sans doute un peu trop orienté d’arcade pour l’amateur de simulation pointue, Moto Racer 2 n’en reste pas moins un jeu de courses plutôt agréable et accessible à n’importe quel conducteur du dimanche. Le grand nombre de courses et la possibilité d’élaborer ses propres circuits le dotent d’une très longue durée de vie. L’unique véritable reproche concernerait l’esprit général du jeu, qui semble parfois avoir le cul entre deux chaises : pas aussi réaliste qu’une simulation, pas aussi fantaisiste et fun qu’un véritable jeu d’arcade. Mais c’est un reproche bien maigre envers ce qui reste dans tous les cas un des jeux de moto les plus équilibrés de la fin des années 90.