Midtown Madness avait été une révolution en son temps. Jusqu’alors (à quelques exceptions près, comme Vette en 1989… mais bon, avec les graphismes en surface pleine de l’époque, on ne peut pas dire qu’on profitait vraiment du paysage), aucun jeu de course automobile n’avait offert la possibilité de rouler dans une véritable ville reproduite avec précision. Les développeurs se contentaient d’ordinaire de circuits ruraux, avec les sempiternels lampadaires, tas de bois, barrières de supporters et autres bords de route insipides. Alors que rouler dans une véritable ville, avec ses piétons, ses particularités routières et surtout, ses centaines de conducteurs qui n’en ont rigoureusement rien à foutre de la compétition à laquelle vous participez, c’est tout de même autre chose, pas vrai ? Comme on ne change pas une équipe qui gagne, Midtown Madness II propose la même recette que dans le premier jeu… mais ailleurs ! Cette fois, on ne foncera plus à travers Chicago, ville peut-être un poil impersonnelle pour des yeux européens, mais sur les routes de deux métropoles nettement plus charismatiques : San Francisco et Londres.
San Francisco est bien entendu une ville toute en dénivelés, où vous vous amuserez à réaliser des bonds dignes des plus grands films policiers de série B des années 70, pour peu que vous empruntiez à pleine vitesse les rues en pente où circulent les funiculaires. Les principaux lieux marquants de la ville sont fidèlement reproduits : le Golden Gate Bridge bien entendu (qui se termine malheureusement sur une boucle, vous empêchant de rouler de l’autre côté de la baie vers Marin County) mais aussi la Coit Tower, Russian Hill et l’étroite route en lacet de Lombard Street, ou Chinatown et ses rues parsemées de drapeaux arc-en-ciel. Comme Chicago, San Francisco est délimitée par une autoroute qui encercle complètement la ville. La deuxième cité adopte un principe totalement différent. Bien moins vallonnée que la grande ville californienne, Londres possède en revanche un charme tout britannique, avec ses petites routes encombrées, ses ruelles et ses impasses et on y repère aussi nombre de monuments célèbres : la Tour de Londres, le Tower Bridge, Buckingham Palace, le Royal Albert Hall, la cathédrale St-Paul, l’abbaye de Westminster ou les bâtiments du Parlement et Big Ben. Les développeurs ont également reproduit le célèbre « Tube », dans lequel vous pourrez rouler pour rallier plus rapidement un point de la carte. Mais prenez garde à ne pas entrer en collision avec le métro qui y circule… !
Comme son prédécesseur, Midtown Madness II vous propose une dizaine de véhicules immédiatement disponibles. On retrouve parmi eux de grands classiques (Cadillac Eldorado, Ford Mustang GT, Mini Cooper, VW Beetle, Bus Greyhound, camion de pompier) mais également quelques tutures adaptées aux circonstances (le fameux Cab londonien, ou le bus rouge à impériale). D’autres véhicules peuvent être débloqués en remportant plusieurs courses mais il ne s’agit globalement que de versions légèrement améliorées de ceux qui étaient déjà disponibles à la base. Les modes de jeu n’ont pas évolué depuis le jeu précédent : on retrouve toujours la course-éclair, la course à checkpoints, (qui nécessite une connaissance minimale des villes pour dénicher le moyen la plus rapide de franchir tous les checkpoints) et le mode circuit, où il faudra simplement remporter la course sur un parcours délimité par des barrières nadar. La seule réelle nouveauté apportée par ce second opus est un mode « cascade » dans lequel, aux commandes d’une Ford Mustang à San Francisco et d’un taxi à Londres, vous devrez réussir des épreuves de pilotage extrême de plus en plus dangereuses. On retrouve évidemment aussi le mode Cruise, qui vous permet simplement de vous balader librement en ville, avec les flics prêts à vous tomber sur le râble si vous brûlez un feu rouge ou percutez un autre usager de la route.
Sorti un an après le premier opus, Midtown Madness II fait assez logiquement un peu mieux que son prédécesseur au niveau visuel. Les décors sont un peu plus fouillés, les détails, un peu plus nombreux et la gestion des dégâts de votre voiture, un peu plus crédible. Il faut reconnaître aussi que San Francisco et Londres possèdent une architecture nettement plus alambiquée que Chicago, et les façades d’Height Ashbury et Covent Garden sont nettement plus élégantes que le style bétonné de la capitale du Michigan. En revanche, si votre véhicule est très bien modélisé (avec des courbes et des reflets tout à fait crédibles), les autres véhicules renouent avec cet aspect géométrique sommaire qui plombait déjà le premier épisode, et le jeu n’est toujours pas exempt de bugs graphiques. Il arrive de temps à autre que le véhicule traverse un mur ou roule sur du vide. Pas très convaincant pour un jeu qui mise avant tout sur une atmosphère réaliste. Ceci dit, réalisme ou pas, la conduite est toujours aussi arcade. Les véhicules ne se pilotent évidemment pas de la même façon selon que l’on soit au volant d’une Beetle ou d’un camion, et le principe d’inertie et d’aspiration sont présents (à un degré très faible cependant) mais le jeu n’embarrasse pas le joueur avec une notion réaliste de la conduite. La masse de dégâts que peut supporter le véhicule avant de rendre l’âme explique peut-être l’avertissement – un brin moralisateur – de la page d’accueil du soft, indiquant qu’il ne faut pas conduire comme ça dans la vraie vie et bien attacher sa ceinture de sécurité. Au niveau son, pas grand-chose à signaler : les bruitages sont corrects, sans plus, et les voix présentes dans les différents modes de jeu sont assurés par des commentateurs à l’accent agréablement typé : un hippie shooté, un Écossais et même une imitation convaincante de la reine d’Angleterre. En version française malheureusement, tout cela tombe un peu à plat.
En bref : 14,5/20
Sans renouveler le moins du monde le concept de base, Midtown Madness II offre principalement un plus grand nombre de voitures pilotables et deux villes à la fois plus étendues et plus « design ». Malgré de petits couacs de temps à autre, Midtown Madness II reste très correct techniquement et le fun est toujours bien présent. Là n’est pas la question. Depuis sa sortie, un événement a rendu Midtown Madness II complètement dépassé : il s’agit de l’apparition successive des GTA. A l’instar de celles du premier jeu, les compétitions de Midtown Madness n’ont rien de vraiment excitantes et plusieurs missions de GTA consistaient de toute façon en un rallye fléché à travers la ville. Quant au fait de rouler simplement en ville sans but précis – principal atout de Midtown Madness - GTA est bien supérieur à ce niveau aussi, avec des flics plus vicieux, des piétons enfin écrasables et surtout, des environnements beaucoup plus originaux et fantaisistes. Le réalisme avec lequel Midtown Madness II a tenté de reproduire des villes réelles se retourne en fait contre lui : tout cela manque un peu de fantaisie et de vie. C’est bizarre mais c’est comme ça : San Fiero est un terrain de jeu beaucoup plus amusant que le véritable San Francisco ! Quant à Londres, on peut toujours rêver à un futur GTA qui se déroulerait dans la vieille Europe ! Ceci dit, si vous trouvez le billet d’avion trop onéreux pour vous rendre dans ces deux villes, cette petite balade routière dans des décors fidèlement reproduits ne manque finalement pas de charme.