Ceci n’est pas un Megaman. De toute façon, ceci provient du studio Rozner Labs qui n’a jamais existé, et a été édité par Hi-Tech Expressions qui n’a jamais existé non plus. Tout ceci avec l’accord de Capcom qui, lui, aurait sans doute préféré, rétrospectivement, que ceci n’existe jamais. Du coup ceci n’est pas un test, d’ailleurs son rédacteur n’est même pas sûr d’exister lui-même. Enfin bon, ceci dit il est toujours comme ça quand il est bourré…
ET SI TU N’EXISTAIS PAS
Ceci nous conte l’histoire d’un petit robot bleu avec un bras canon qui N’EST PAS Megaman. Il lui ressemble vaguement, certes, mais c’est pas lui. À la limite, appelons-le Mega Man, en deux mots, et puis on n’a qu’à dire que c’est la mascotte de l’entreprise qui fabrique des luminaires. De toute façon ils s’en foutent, ils y connaissent rien en jeux vidéo. Et puis tiens, preuve que c’est pas le même, lui ne se bat pas contre l’affreux Dr. Wily, mais contre un certain docteur Wiley (c’est pas des blagues !). Bon, c’est vrai qu’il ressemble un peu au savant fou, et puis c’est vrai aussi qu’il fabrique des robots, mais eh ! Tiens, la preuve ultime : ses robots à lui ne sont pas numérotés comme les autres ! Alors si ça c’est pas de la preuve qui tue, je sais pas ce qu’il vous faut.
DIS-MOI COMMENT J’EXISTERAIS
Megaman (aïe, ça me pique les doigts rien que de l’écrire) est un jeu d’action/plate-forme qui ressemble à première vue aux épisodes classiques développés par Capcom ; mais parce que c’est un jeu sous DOS et développé de plus par une équipe américaine (et sorti d’ailleurs que là-bas, heureusement), le bon goût en moins. Il s’agira de traverser un niveau d’introduction puis d’affronter trois Robot Masters inédits avant de défier le brave Wiley dans sa citadelle.
Le jeu est disponible en affichage CGA (sisi), EGA et VGA, avec ou sans animation (j’ai pas essayé sans, mais ça doit pas être pratique si rien ne bouge), avec ou sans son, avec ou sans joystick, avec ou sans cerveau… Pour les besoins de cette expérience que l’on ne peut décemment pas appeler test, nous utiliserons l’affichage VGA, le son et les contrôles au clavier (et l’utilisation de mon cerveau de génie). Dès lors les contrôles sont les suivants : les flèches directionnelles permettent de mouvoir le héros, la barre d’espace sert à tirer et la touche J à sauter.
Le stage d’introduction n’a pour but que de vous habituer aux commandes, et plus précisément à la flèche de droite. En effet, vous avancez droit devant vous. Une bête vous attaque, il est probablement impossible de la tuer mais qu’importe, puisque normalement vous atteindrez la fin du niveau avant qu’elle ne vous pulvérise. Ensuite, place aux stages respectifs de Sonicman l’homme-grenouille, de Dynaman le poseur de bombes et de Voltman l’électricien en chef. Il ne vous restera plus dès lors qu’à traverser l’abominable forteresse de Wiley, à y réaffronter les trois boss puis à vous défaire de Crorq (sisi) le robot gardien puis de Wiley lui-même. Vous y gagnerez le droit de regarder un bel écran fixe qui signifie la fin du jeu.
Vous obtiendrez de temps à autre des recharges de vie ou d’énergie en abattant les ennemis sur votre route, et bien entendu les armes des boss vaincus, qui vous permettront de tuer les suivants puisque, comme dans tout Megaman (au moins un truc que Hi-Tech a respecté), les Robot Masters sont vulnérables à l’arme du copain.
TO BE OR NOT TO BE ? NOT TO BE
L’on se demandera encore sans doute longtemps pourquoi ? Pourquoi Capcom a-t-il laissé faire cela ? C’est le même problème que pour les Zelda sur le CD-I de Philips : qu’ont à y gagner des sociétés aussi renommées et aimées que Capcom ou Nintendo, à confier leurs licences fétiches à des impotents du clavier ?
Visuellement, ce Megaman est d’une pauvreté affligeante. Comparé même aux épisodes NES, les couleurs sont plus ternes (sans même parler du CGA), les sprites bien moins fins, à tel point qu’on les croirait réalisés sous Paintshop par un pauvre scolopendre fumeux (de la même variété que le chou de Bruxelles à poil dur). Les animations sont pour leur part bien trop rapides, si bien que l’on ne comprend pas ce qui se déroule sous nos yeux. Quant à la partie sonore, il n’y a aucune musique en jeu, juste des bruitages. Et des bruitages qui abîment les oreilles et font saigner le cerveau, encore.
Les contrôles sont mal fichus, l’incroyable imprécision des tirs rend l’aventure quasiment impossible à boucler, et la difficulté est de toute manière atroce, les ennemis et pièges arrivant sans cesse.
Ceci n’est pas un test. Ceci a pour vocation de vous démontrer les méfaits de l’usage d’un clavier à mauvais escient. Si on vous le demande, vous direz que vous n’avez jamais lu ceci. Vous direz qu’il n’y a jamais eu de Megaman, pas plus que de Mega Man, sur PC. Si on vous le demande, vous direz que vous n’avez pas pu y jouer, que vous n’étiez pas chez vous, que ce jour-là vous aviez piscine. Que des extraterrestres avaient enlevé votre chien qui avait bouffé votre devoir de maths.