Maniac Mansion, c’est rien moins que le premier véritable succès de LucasFilm Games. C’est aussi le premier point ‘n click à utiliser le fameux moteur SCUMM, et il donnera naissance à un autre « must have », Day of the Tentacle. Rien qu’avec ça je pourrais arrêter ce test, ces trois arguments pouvant à eux seuls justifier l’acquisition de ce bijou. Mais voilà, j’ai la fâcheuse manie d’en broder des kilos, alors nous voilà partis pour quelques milliers de caractères aussi inutiles à écrire qu’indispensables à lire.
HOUSE OF THE DEAD
De tous temps, le manoir Edison est passé pour une vieille bâtisse miteuse, peut-être hantée selon les rumeurs. En tout cas l’un de ces on-dit affirme que la bicoque serait le témoin muet d’expériences affreuses mettant en scène d’étranges créatures. On parle même d’une météorite qui serait tombée à proximité vingt ans auparavant, provoquant d’étranges phénomènes.
Quoi qu’il en soit, la charmante Sandy a disparu et son petit ami Dave est persuadé qu’elle est retenue captive chez les Edison. Aussi amène-t-il quelques amis pour fouiller la maison et retrouver sa copine.
LES COPAINS D’ABORD
Maniac Mansion étant le premier point ‘n click de la firme, et sans doute l’un des premiers auxquels j’ai pu jouer, je me dois de vous fournir quelques explications sur ce type de jeux. Il s’agit en règle générale d’aventures se déroulant sur un écran fixe, où l’on déplace le personnage, à la recherche d’objets ou d’indices, d’un simple clic de souris. C’est une définition très légère et il existe des myriades de contre-exemples, mais c’est le meilleur moyen d’appréhender ce type de jeux.
Maniac Mansion se joue sur les deux tiers de l’écran, le derniers tiers étant occupé par un bandeau qui donne accès à divers types d’actions (ouvrir, allumer, prendre, voir, etc. Il suffit de regarder la capture ci-dessus pour s’en rendre compte).
C’est aussi dans ce bandeau, en dessous des actions, que seront placés les objets que vous risquez de trouver lors de vos explorations, et que vous réutiliserez en cliquant sur Utiliser, puis sur l’objet et enfin sur l’endroit du décor où vous souhaitez l’utiliser.
Rien d’extraordinaire pour qui a déjà pratiqué un jeu LucasArts. La principale originalité de Maniac Mansion, qui sera ré-utilisée dans sa suite, Day of the Tentacle, est la multiplicité des héros. En effet, vous choisissez en début d’aventure qui accompagnera Dave dans sa quête. Il y a six choix possibles (parmi lesquels Bernard, le héros de Day of the Tentacle), et vous devrez sélectionner deux personnages parmi ceux-là, ce qui implique de menus changements dans le déroulement de la quête.
L’intérêt d’avoir plusieurs personnages pour réaliser une même quête est que de nombreuses actions nécessiteront une certaine coopération. En vrac, quelques exemples sans spoiler : il faudra ouvrir un passage secret avec un des persos pour qu’un autre puisse l’explorer, ou encore ouvrir une vanne avec l’un pour récupérer deux objets importants avec l’autre.
Enfin, s’il est impossible de mémoire de mourir dans Maniac Mansion, il est par contre tout à fait possible de se retrouver définitivement bloqué. Et ce de trois manières différentes. La première est de se faire capturer ; les autochtones du manoir se déplaçant de temps en temps, il vaut mieux ne pas se trouver sur leur chemin à ce moment-là. La deuxième est du même genre, certaines de vos actions déclenchant une alarme qui alertera les Edison. Enfin, la troisième est une protection installée par LucasArts. Il vous faudra bien vite trouver le code qui ouvre une porte blindée ; or, ce code se trouvait sur le boîtier de la version originale. Notez que le pack LucasArts que l’on trouve sur les réseaux P2P (et qui n’est pas complet en fait, il manque Loom, The Dig, Monkey Island 3 et Zak McKraken) recèle la version crackée du jeu, qui est en fait le jeu bonus de Day of the Tentacle.
CASSE LA BARAQUE
Si Maniac Mansion est devenu culte, c’est en grande partie pour son ambiance. Puisant son scénario dans tous les films d’horreur de série B, le jeu mixe l’ensemble et en fait ressortir le côté grand-guignol. Oui, Maniac Mansion est une parodie de slashers à la sauce Lucas, aberrante et tellement attachante.
La version que j’ai testée était la version EGA, et si on a vu nettement mieux depuis, Maniac Mansion s’en sortait avec les honneurs à l’époque. La baraque assume tous les clichés que l’on a l’habitude de voir dans les films d’horreur, et foisonne de détails par endroits. Les couleurs sont également bien travaillées, ce qui n’est bien entendu pas le cas de la version CGA dont j’ai pu voir quelques illustrations à gauche et à droite.
Par contre, à moins que vous soyez un fan inconditionnel des musiques synthétiques d’époque, vous couperez rapidement le son au risque de devenir fou face à ces sonorités imbuvables.
La jouabilité est réussie, comme il se doit chez LucasFilm, et l’aventure n’est ni trop difficile, ni trop linéaire. Par contre elle est comme toujours assez courte, mais on ressort régulièrement le jeu pour une petite partie, comme on ressort une bonne bouteille de vin qui prenait la poussière à la cave.
La comparaison s’arrête là, puisque Maniac Mansion est à jouer sans aucune modération.