Machinarium est un jeu vidéo PC publié par N/Cen 2010 .

  • 2010
  • Aventure

Test du jeu vidéo Machinarium

4.5/5 — Exceptionnel ! par

Une lueur d’espoir dans le monde du jeu vidéo :

Nous sommes en 2010. L’industrie du jeu vidéo est comme toutes les autres… contrôlée par des financiers qui ne cherchent que le profit et ont horreur des choses qui ne peuvent pas quantifier leur marge bénéficiaire. C’est pour ça qu’on a droit, depuis longtemps déjà, à des blockbusters formatés sans véritable âme (comme dans le cinéma déjà), des jeux qui se répètent perpétuellement, sans réelle prise de risque ni recherche artistique. Mais de temps à autre surgit un titre qui met la créativité et le gameplay fouillé en avant. Ces titres sont généralement pondus par des studios indépendants, qu’on imagine peuplés de créatifs passionnés cherchant à ajouter leur pierre à l’édifice du gaming. Et c’est à ceux-ci qu’on a affaire aujourd’hui… J’ai nommé : les Tchèques de Amanita Design (qui portent bien leur nom !!!), déjà responsables des Samorost 1 et 2, qui sont plutôt des essais.

Machinarium est un jeu qui vous transporte dans un univers robotique très mélancolique et travaillé, développé en Flash, et qui a obtenu le prix « Excellence in Visual Art » au « Independent Games Festival » à San Francisco. Et je peux finir mon test ici, tant ça peut tout résumer. Mais pour vous, mes chers gamers, je vais approfondir un peu… car c’est un jeu difficile à retranscrire.

Une histoire muette dans un monde vivant

Machinarium est surtout une vraie bouffée d’air frais vis-à-vis de cet amas de jeux commerciaux. Vous incarnez ici un petit robot inoffensif éjecté de son village. Votre but est donc d’y retourner, afin de retrouver là-bas votre petite amie (c’est motivant quand même !!!). Au début de l’aventure, il vous faut retrouver votre main et votre jambe (c’est subtil comme tutoriel !).

C’est aussi un point & click réalisé avec un design exceptionnel, plutôt futuriste mais très personnel et original, pas du tout clean et high-tech comme le veulent les clichés du genre. On a ici des couleurs pâlottes, qui nous font sauter à l’esprit des vieux films genre « Les Temps Modernes » de Chaplin. Cela est aussi partiellement réalisé grâce à l’aspect muet du titre : ici, aucun dialogue ni sous-titre ne viennent montrer le bout de leur nez. Tout est imagé. Des flashbacks viennent parfois ponctuer l’histoire sous forme de phylactères, avec aussi des petites illustrations pour vous éclairer sur les choses à faire. Le langage utilisé dans ces pictogrammes est universel, et non dépourvu d’un humour qui ne nécessite aucune parole pour être compris.

La difficulté du titre est bien dosée et progressive ; une initiation au genre en quelque sorte. Chaque détail a son importance, dans des décors entièrement dessinés à la main, et on se retrouve souvent à réfléchir à des solutions tordues aux énigmes, qui s’avèrent finalement… exactes !!!

Les personnages sont très attachants et ont un design personnel, caricatures de nous autres humains tellement ils semblent vivants ; chacun avec son propre caractère qui ajoute un élément à cet univers complexe et décalé.

Gameplay farfelu mais efficace

Le monde de Machinarium est très vivant, et on reste souvent admiratif devant un tel souci du détail de la part des développeurs. Mais le design d’un jeu ne suffit pas, à lui seul, à rendre celui-ci incontournable, car il faut aussi que le gameplay soit à la hauteur. Machinarium utilise les rouages habituels du point & click et y ajoute quelques subtilités, comme pouvoir ranger des objets à l’intérieur du robot (est-il un lointain cousin de Binder, de Futurama ?) ou sa capacité télescopique, qui nous aide à atteindre des objets inaccessibles en haut comme en bas, ce qui rend les énigmes bien plus farfelues et un poil tordues, mais en respectant toujours l’esprit général. Ce jeu va vous dépayser… un sentiment qu’on doit essentiellement ressentir face à un jeu d’aventure.

Les développeurs (ou plutôt les artistes !!!) ont intégré à l’aventure des mini-jeux, simples et cohérents avec l’univers, comme le Puissance 5 ou Space Invaders, auxquels on doit parfois jouer pour avancer dans l’intrigue.

Il est clair que les aficionados du point & click ne trouveront aucune difficulté, après un petit temps d’adaptation, à parcourir le titre. Mais même les joueurs occasionnels ne seront pas dos au mur trop longtemps face à un puzzle, car les développeurs ont pensé à eux en intégrant des indices quant à ce qu’il convient de faire, sous forme de bulles. Et si, quand même, vous n’y arrivez pas (ahhh, ces casual gamers !…), vous pourrez toujours passer par un petit shoot ‘em up (en guise de punition ?) au terme duquel on vous dévoile, au moyen d’une bande dessinée mignonne, les actions à effectuer pour venir à bout de l’énigme.

La musique aussi aide à l’immersion dans cet univers, tant elle colle parfaitement à l’ensemble. Et si ça vous intéresse, la bande originale est incluse en guise de bonus, si vous commandez le jeu depuis le site du développeur.

Les défauts (ah bon ! il y en a ?)

Comme nous vivons dans un monde où il n’y a rien de parfait, le seul inconvénient que j’ai trouvé au titre - outre qu’il est développé sous Flash - est qu’il est affublé, comme tous les jeux aujourd’hui, d’une durée de vie réduite… Mais on peut lui pardonner ça, tant l’aventure s’avère intense.

Un peu de marketing (il le faut quand même)

Le jeu est proposé à 17 euros sur Steam (à vérifier, car les prix peuvent varier d’un jour à l’autre), et à moins de 14 euros directement sur le site du jeu (avec la bande originale en cadeau !!!). Allez-y ; il le mérite amplement, car cette perle ne laissera personne indifférent.

Le mot de la fin

ACHETEZ-LE !!!

Machinarium