Little Big Adventure est un jeu vidéo PC publié par Adeline Soften 1994 .

  • 1994
  • Aventure

Test du jeu vidéo Little Big Adventure

4.5/5 — Exceptionnel ! par

Si la French Touch a indiscutablement marqué le début des années 90, son aura commença à pâlir dès le milieu de cette décennie. Après avoir été encensées comme une nouvelle manière de concevoir le jeu vidéo, les réalisations made in France gagnèrent rapidement la douteuse réputation d’être d’une esthétique aussi remarquable que leur contenu ludique était faible. C’était sans compter Frédéric Raynal, géniteur du célèbre Alone in the Dark, et sa nouvelle société Adeline Software. Avec une équipe de développement constituée en majorité des programmeurs d’Alone in the Dark, Raynal réussit à prouver à la face du monde qu’il était possible de créer des softs techniquement réussis, dotés d’une atmosphère unique et d’un gameplay capable de rivaliser avec les meilleurs jeux console.

LBA (Little Big Adventure en version longue) se déroule sur la planète Twinsun, un monde éclairé par deux soleils jumeaux et dont les deux hémisphères sont séparés par une infranchissable chaîne montagneuse. Quatre races pacifiques cohabitent sur cette charmante petite planète : les Quetchs, qui ont une apparence humanoïde ; les lapichons, de grands échalas avec une tête de lapin ; les Grobos, qui sont plus proches de l’éléphant et les Bouboules qui sont de simples sphères avec des bras et des jambes. Bref, un petit univers bien ordonné où tout sent bon le propre et la lavande. C’était sans compter l’existence du Dr FunFock, un scientifique mégalomane qui a profité de ses connaissances en clonage et en téléportation pour s’emparer du pouvoir et transformer la paisible planète en univers concentrationnaire à grande échelle. Pourtant, malgré la redoutable police de clones et le réseau de téléporteurs qui lui permet d’intervenir à n’importe quel endroit du globe, les habitants ne perdent pas foi en l’avenir. Une vieille légende affirme en effet que la déesse Sendell viendra un jour les sauver du péril qui les menace. Inquiet devant la recrudescence d’actes de sédition, FunFrock a fait interdire toute référence à la déesse. Pourtant, un jeune Quetch nommé Twinsen commence à faire des rêves à ce point précis et insistants que la rumeur se met rapidement à courir sur toute la planète que la déesse aurait trouvé son champion et que la dictature vivrait ses dernières heures. Déterminé à étouffer dans l’œuf toute contestation, FunFrock fait enfermer Twinsen dans un asile psychiatrique. Le premier objectif de Twinsen sera donc de s’échapper de sa geôle, de retrouver sa femme dans le petit village voisin et de lui annoncer qu’il part au loin, afin d’accomplir sa destinée.

Cette odyssée amènera Twinsen à parcourir la totalité de la planète par tous les moyens de transports disponibles : à pied, en bateau mais aussi à dos de Dino-Fly, une sympathique bestiole qui se prendra d’amitié pour le héros et l’emmènera partout dans l’hémisphère nord. Twinsen aura à explorer des bases et des forteresses défendues par des cohortes de soldats-clones, mais également des villes et des villages dont tous les habitants auront quelque chose à vous raconter, qu’il s’agisse d’un indice capital ou d’un bavardage sans conséquence. Quoi qu’il en soit, Twinsen devra découvrir au cours de ses péripéties un grand nombre d’objets qui l’aideront à accomplir sa quête. Que ces artefacts lui soient donnés par un personnage amical en échange de l’un ou l’autre service rendu où qu’il faille terrasser un clone vindicatif pour l’obtenir, on se rapproche moins de la recherche d’objets à dénicher et à utiliser intelligemment des jeux d’aventure traditionnels sur micro, mais plutôt des jeux d’action / aventure à la Zelda tel qu’on les trouve sur console. Si, si… regardez bien : objets à dénicher et utilisation généralement évidente de ceux-ci, exploration de « donjons » et combat contre ses gardiens, visite de villages dont la plupart des habitants n’ont rien de vraiment capital à raconter… Ces caractéristiques font de LBA un jeu d’un genre relativement peu représenté sur PC, sans compter que son univers se révèle nettement plus riche et atypique que tout ce qu’on pouvait trouver sur les machines Sega et Nintendo.

Une intéressante nouveauté apportée par LBA repose sur les différents modes d’actions que l’on peut sélectionner. Les actions autorisées à Twinsen dépendent en effet de l’humeur qu’on lui a attribué. Quatre modes peuvent être sélectionnés à n’importe quel moment de la partie pour que Twinsen interagisse avec son environnement. Le mode normal permet à Twinsen de se déplacer normalement, de discuter avec les habitants de la planète et d’utiliser divers objets. Le mode « sportif » lui permet de courir plus vite et de sauter. Le mode « agressif » lui donne la capacité de frapper adversaires ou innocentes créatures. Enfin, le mode « discret » lui permet de se déplacer sur la pointe des pieds sans attirer l’attention des gardes à la solde de FunFrock. Ces quatre modes auront également un impact sur la manière dont Twinsen utilisera les deux armes qu’ils pourra obtenir au cours de l’aventure : la balle magique et le sabre.

Réalisation graphique :

La vue en 3D isométrique offre à LBA une touche graphique très particulière. On remarque certes les assemblages de polygones qui ont servi à créer les différents personnages, et les structures imposantes (les navires par exemple) sont très géométriques, mais ils se fondent parfaitement dans l’ensemble. Les couleurs sont chatoyantes, avec un contraste particulièrement intéressant entre les teintes colorées des villages twinsuniens et la grisaille des bases et des forteresses de FunFrock. On note aussi un contraste amusant entre les sprites qui ne sont pas détourés et présentent donc un rendu avec un très léger flou, et les décors qui semblent avoir été dessinés au fusain. Si la réalisation technique de LBA est sympathique mais pas extraordinaire, c’est surtout par l’originalité de son univers que le jeu laisse un excellent souvenir. Une fois n’est pas coutume, on n’a pas l’impression de repérer une influence particulière dans les décors et l’atmosphère des différentes îles. Raynal et son équipe ont bel et bien élaboré un univers totalement original, qui ne ressemble à rien d’autre qu’à lui-même.

En ce qui concerne les animations, elles sont généralement amusantes et particulièrement bien décomposées.

Jouabilité / difficulté

C’est peut-être à ce niveau que l’on peut déceler une légère faiblesse dans la réalisation par ailleurs excellente de LBA. Si on maîtrise très rapidement les déplacements en vue isométrique, les combats sont parfois un peu difficiles à gérer. Twinsen est parfois un peu pataud et les coups ne sont pas toujours très précis. De plus, dès qu’il est touché, Twinsen tourbillonne brièvement sur lui-même en criant, ce qui laisse souvent le temps à l’adversaire de porter deux ou trois coups supplémentaires au personnage. Même remarque pour les sauts : LBA comporte un certain nombre de séquences de plates-formes et la manière de sauter de Twinsen est un peu maladroite, ce qui rend parfois ces séquences assez frustrantes. Pour l’époque, on pouvait cependant apprécier l’I.A. encore balbutiante utilisée durant les combats. En fonction de leur position, certains clones préfèreront par exemple se ruer sur le bouton d’alarme pour appeler des renforts plutôt que d’attaquer Twinsen directement. Si un minimum d’exploration et de réflexion est nécessaire afin de comprendre ce que le gameplay attend du joueur dans chaque zone de jeu, la progression reste quand même relativement simple, et on ne tournera jamais des heures en rond en se demandant ce qu’il faut faire. Une grande partie des endroits de la planète est accessible assez rapidement, bien que quelques forteresses resteront hermétiquement fermées jusqu’à un stade assez avancé de la partie. LBA est d’une longueur tout à fait appréciable, l’univers est imposant, les lieux visités sont très nombreux (plus d’une centaine) et la difficulté est parfaitement dosée, avec son lot de difficultés et de séquences parfois ardues mais sans que le challenge ne soit jamais vexant, à deux ou trois exceptions près. Terminons par le système de sauvegarde automatique, un peu mal fichu, mais on s’y habitue vite.

Son

De charmantes petites mélodies viennent rythmer l’aventure de temps à autre (Le thème principal est particulièrement mémorable !), les bruitages sont réussis et assez cartoonesques et les voix digits sont de bonne facture mais souvent dans un ton assez puéril qui peut irriter.

En bref : 17/20

A condition de passer outre son côté très enfantin en surface, LBA offre une aventure passionnante, pleine de surprises et d’humour et une quête d’une longueur appréciable. Bien réalisé, long et plutôt original dans son genre, LBA séduit surtout par son univers totalement original et par un scénario bien moins gamin qu’il n’y paraît de prime abord. Seuls quelques faiblesses assez énervantes dans la jouabilité empêchent LBA d’atteindre la perfection. Un hit incontournable de l’année 95, à savourer de 7 à 77 ans.

Little Big Adventure