Legend of Kyrandia II : The Hand of Fate est un jeu vidéo PC publié par Westwood Studiosen 1993 .

  • 1993
  • Aventure

Test du jeu vidéo Legend of Kyrandia II : The Hand of Fate

4.5/5 — Exceptionnel ! par

Après que le prince Brandon ait débarrassé Kyrandia des sortilèges du cruel bouffon Malcolm, tout semblait devoir aller pour le mieux dans le royaume féerique. C’était sans compter les catastrophes qui s’abattent périodiquement sur tous les royaume imaginaires de jeux vidéo, tout spécialement quand ils vivent un peu trop en paix. Bref, Kyrandia est en train de disparaître petit morceau par petit morceau, un peu à la manière du monde de Fantasia dans « l’histoire sans fin ». Toute la sagesse des magiciens du royaume est inutile face à ce terrible maléfice. Contre toute attente, la solution viendra de Marko, arriviste et bon à rien attitré du royaume. Ou, pour être plus exact, de son fidèle animal de compagnie, la Main, un curieux gant blanc doué de raison. Bref, le problème viendrait de la présence d’une mystérieuse ancre de pierre située au centre de la terre. Tout le monde applaudit. Génial ! Kyrandia est sauvée ! Merci la Main ! Malheureusement, il faut aller la chercher, cette fameuse ancre de pierre. Et là, comme les magiciens du cru sont réputés être aussi couards que misogynes, tous les regards se tournent vers Zanthia, la benjamine de la confrérie et accessoirement, sa seule représentante féminine.

L’aventure démarre assez mal : sitôt de retour dans sa demeure au fond des marais, Zanthia découvre un véritable capharnaüm. Tout est sans dessus dessous et, beaucoup plus grave, son grimoire et son chaudron magique ont disparu. Faun, sa feignasse de farfadet domestique, ne lui sera guère utile, et voilà Zanthia réduite à partir en escapade dans le marécage putride à la recherche de ses artefacts manquants, avant de pouvoir même songer à débuter son expédition vers le centre de la terre. Une fois sortie de son bayou résidentiel, de surprises en pérégrinations imprévues, Zanthia visitera des endroits inattendus et fantasmagoriques, et rencontrera divers personnages farfelus : moutons parlants, fantômes, elfes obèses, dragonnets maladroits, yetis érotomanes, agents de voyage, …tout le petit peuple d’un conte de fées revu et corrigé par Westwood interviendra dans la mission de Zanthia, pour le meilleur et (parfois) pour le pire.

Toute magicienne qu’elle soit, Zanthia n’en reste pas moins femme avant tout. Et la donzelle, qu’elle se prépare à se rendre en ville ou explore des îlots volcaniques, prend un soin méticuleux de sa personne, change de vêtements en permanence, lisse son brushing et prend tout le temps nécessaire pour vérifier que son maquillage ne coule pas…bref, elle se livre à toutes ces activités auxquelles les femmes consacrent un temps fou quand ce n’est pas le moment et qu’on est très pressé. Antithèse d’une Lara Croft délurée et bagarreuse, le tempérament supra-féminin de Zanthia donne lieu à toutes sortes d’évènements cocasses et à des réparties bien senties qu’on ne risquerait pas d’entendre de la bouche d’un sempiternel héros mâle sans peur et sans reproches !

Dans la veine de l’épisode précédent, Kyrandia II est un classique jeu d’aventure, avec son lot d’objets à trouver et à utiliser intelligemment, de mécanismes à actionner et d’énigmes à résoudre. Il est possible de ramasser des tonnes d’objets dans tous les coins, certains ne servant d’ailleurs à rien. La plupart trouveront cependant leur utilité d’une manière ou d’une autre dans la préparations d’élixirs en tout genre… à moins qu’il faille d’abord mélanger plusieurs de ces produits pour obtenir la composante adéquate ? En effet, en bonne sorcière, Zanthia devra également concocter diverses potions pour progresser dans l’aventure. Pour cela, rien de plus simple : il suffit de trouver les ingrédients – ou quelque chose qui s’en approche - indiqués par le livre de sorts, de tout balancer dans le chaudron et, miracle de la thaumaturgie, de verser la décoction ainsi obtenue dans une fiole. En cas de mauvaise manipulation, pas de panique : il est toujours possible de tirer la chasse du chaudron ( !) mais vous êtes alors bon pour retrouver à nouveau tous les ingrédients.

Graphismes : On n’est pas loin du sommet des jeux d’aventure en 2D de cette époque. Bien que les personnages restent relativement peu détaillés, surtout au niveau des visages, les décors sont superbes, colorés, finement travaillés. Qui plus est, le style résolument féerique des contrées de Kyrandia est tout simplement fabuleux. L’animation n’est pas très travaillée, mais c’était un peu le lot de tous les jeux d’aventure de l’époque.

Jouabilité : Contrairement au jeux Lucasarts de l’époque, Kyrandia ne reprend pas le principe des verbes à combiner avec un objet. Il suffit de cliquer sur un objet pour le ramasser, l’utiliser avec un autre élément ou actionner un mécanisme. Dans l’ensemble, les énigmes ne sont pas vraiment compliquées à résoudre et on progresse sans trop de peine dans le scénario. A deux exceptions près cependant : l’énigme de la suite de sonorités produites par les lucioles au début du jeu, et la dernière énigme avec les statues sont assez fastidieuses, même quand on pige le truc du premier coup, et gonflent un peu artificiellement la durée de vie. Mais ce ne sont là que des cas isolés dans ce jeu par ailleurs très bien pensé.

Son : : De jolies mélodies qui collent bien à l’ambiance générale, et des bruitages rigolos. La version CD-Rom proposait en outre des voix en anglais très réussies. Mention spéciale à la comédienne derrière Zanthia, exceptionnellement crédible et douée. Mine de rien, ce genre de petit détail a toute son importance.

Intérêt : 17/20 – Moins bêtement manichéen que son prédécesseur, Kyrandia II propose une héroïne attachante, des énigmes presque toujours bien imaginées, de petites touches d’humour bienvenues, et un univers magique du plus bel effet. La progression est continue, intéressante, et les voix digitalisées apportent un réel plus à la version disquette. L’un des meilleurs jeux d’aventure de cette époque, tout simplement.

Legend of Kyrandia II : The Hand of Fate