En 2008, les gens de Valve (à qui l’on doit un certain Half-Life) sortirent un jeu du nom de Left 4 Dead confrontant le joueur à des hordes de zombies. Un survival-horror ? Pas vraiment… Un FPS, oui, à quelques particularités près. Suivez le guide.
Les 4 as et l’invasion zombie
Les amateurs de films de zombies ne vont pas être dépaysés par l’univers et le scénario du jeu : un virus d’un type nouveau transformant les gens en zombies (ou « infectés » dans le jeu) agressifs se répand à toute vitesse. En deux semaines, l’infection a ravagé toute la Côte Est des États-Unis, désormais aux mains des infectés.
Seul un petit nombre de personnes apparemment immunisées a réchappé à l’infection. L’histoire s’intéresse à quatre d’entre eux : Bill, vétéran de la guerre du Vietnam ; Francis, motard ne manquant jamais une occasion de charrier son entourage ; Zoey, jeune femme de bonne famille et Louis, employé de bureau froussard mais bon vivant. Ces survivants vont devoir se serrer les coudes pour rejoindre la zone sécurisée par l’armée. Bien sûr, ce sera loin d’être une partie de plaisir vu les hordes d’infectés qui vont se dresser entre eux et la zone sécurisée.
Les 4 as redécouvrent le travail d’équipe.
Comme je le disais dans ma petite introduction, Left 4 Dead est un jeu de tir subjectif (ou FPS), se pratiquant essentiellement en ligne, où quatre joueurs incarnant les quatre survivants vont devoir s’entraider pour traverser des niveaux remplis d’infectés. Ces derniers s’inspirent beaucoup de ceux du film 28 jours plus tard : errant sans but dans un état semi-léthargique, ils se « réveillent » dès qu’ils croisent la route d’un non-infecté et le poursuivent pour le tabasser jusqu’à ce que mort s’ensuive. C’est une erreur de les sous-estimer : ils courent vite, ils savent grimper à peu près partout, et les voir débarquer en meute n’est jamais une bonne chose.
Néanmoins, de votre côté vous n’êtes pas sans défense. Vous disposez d’un petit panel d’armes allant du revolver au fusil d’assaut, de quoi vous soigner et, le plus important : vous n’êtes pas seul. Le jeu a été conçu de façon à optimiser le travail d’équipe et à vous rendre TRÈS vulnérable si vous êtes seul, le moindre infecté « spécial » (nous y reviendrons plus tard) pouvant avoir raison de vous en un coup. Vous verrez rapidement que votre barre de vie a tendance à descendre vite quand vous êtes agressé de toutes parts ; rester groupés est donc primordial pour pouvoir se couvrir mutuellement. Faites attention quand même où vous tirez : vous blessez vos coéquipiers à chaque fois que vous les touchez !
Mais l’aspect coopératif ne s’arrête pas là ; même caché par un mur, vous pourrez toujours voir les silhouettes de vos coéquipiers par l’entremise d’un halo bleu, utile pour se regrouper rapidement. Une fois votre barre de vie à zéro, vous ne mourez pas tout de suite : vous êtes « mis à terre » et vous retrouvez avec une jauge d’hémorragie qui descend progressivement, la voir vidée signifiant la mort. Bien sûr, en étant à terre vous vous retrouvez immobilisé, et il incombe à vos compagnons de venir vous relever pour que vous puissiez à nouveau vous déplacer. Toutefois vous n’êtes pas pour autant tiré d’affaire : il faut un certain moment pour vous relever, et votre sauveur est totalement vulnérable durant ce laps de temps. De plus vous ne recouvrez que trente points de vie qui descendent progressivement, il vous faudra donc rapidement des soins.
Il s’agira donc de garder un œil sur votre santé, mais aussi sur celle de vos compagnons. Les kits de soin sont rares mais efficaces ; vous pouvez toujours en utiliser sur vous, mais il ne faudra pas hésiter à s’en servir pour soigner un coéquipier grièvement blessé. Le temps que vous vous soigniez, vous êtes immobilisé et vulnérable. Vous trouverez aussi des pilules antidouleur, beaucoup moins rares mais à l’efficacité limitée ; elles vous permettent de bénéficier de points de vie temporaires (qui s’estompent avec le temps, donc). Elles peuvent constituer un excellent moyen d’économiser un kit de soin, voire de pallier à une absence de kit. On appréciera aussi leur effet à usage immédiat, contrairement aux kits.
Dans les situations désespérées, vous pouvez toujours compter sur un explosif, que vous trouverez en fouillant les niveaux. Vous aurez le choix entre un cocktail molotov des plus classique, ou une bombe artisanale possédant l’amusante propriété d’émettre un signal une fois lancée, attirant les infectés alentour avant d’exploser quelques instants plus tard. Chaque survivant ne peut transporter qu’un explosif à la fois, alors utilisez-les à bon escient !
Les 4 as dans la panade
Maintenant que nous avons vu les bases du gameplay, intéressons-nous au déroulement d’une partie de Left 4 Dead. Le but sera, sans surprise, de chercher à s’échapper de la zone contaminée en atteignant un véhicule de secours. Avant de commencer, vous aurez le choix entre différentes « campagnes », successions de plusieurs niveaux séparés par des pièces sécurisées (ou « abris ») où les survivants peuvent faire le plein de munitions et se soigner sans crainte des infectés ; ces pièces servent aussi de lieu de respawn pour les joueurs morts au cours d’un niveau. La progression dans les niveaux peut être entrecoupée par des « événements crescendo ». Ce sont en fait des événements scriptés où les survivants doivent, pour ouvrir un chemin, actionner un mécanisme rameutant une horde d’infectés. Par exemple, on devra tirer au canon sur une barricade bloquant la route, ou appeler un ascenseur et résister aux assauts des infectés le temps qu’il arrive. Les campagnes se terminent par un « final » où les survivants doivent tenir une position fortifiée face à plusieurs vagues d’infectés en attendant l’arrivée du véhicule de secours. Les environnements sont heureusement suffisamment variés d’une campagne à l’autre pour que chacune ait sa propre ambiance. Une campagne proposera par exemple de traverser une forêt, tandis qu’une autre prendra place en pleine zone urbaine avec une petite visite du métro et des égouts à la clé.
Je parlais plus en arrière des « infectés spéciaux ». Ces derniers sont plus rares que les infectés de base, mais leurs capacités hors-normes les rendent bien plus dangereux. On en dénombre 5 types :
Le hunter : infecté d’une agilité surprenante, capable d’effectuer des bonds de 6 mètres de haut et de 15 mètres de long. Il profite de sa rapidité pour bondir sur les survivants, les plaquer à terre et les lacérer de ses griffes jusqu’à la mort. Une fois plaqué par un hunter, la victime ne peut compter que sur l’aide de ses amis pour s’en débarrasser.
Le smoker: infecté doté d’une langue longue de 30 mètres qu’il peut déployer et rétracter à la manière d’un caméléon. Il l’utilise pour ligoter un survivant à distance avant de le traîner jusqu’à lui pour le tabasser. De la même manière, un survivant attrapé par un smoker doit attendre que ses coéquipiers viennent l’aider pour se dégager de l’étreinte de la langue. Il a aussi la particularité, à sa mort, d’émettre un gaz causant la toux parmi les survivants, ce qui les empêche de communiquer.
Le boomer: infecté caractérisé par son obésité, qui s’amuse à vomir sur les survivants. Non seulement le vomi les aveugle temporairement, mais en plus l’odeur attire les infectés des environs. Il a aussi la fâcheuse manie d’exploser quand on lui tire dessus, faisant gicler son vomi sur tout ce qui se trouve dans un périmètre de deux mètres environ. Autant dire que chercher le contact avec ce genre d’infecté est une très mauvaise idée.
Le tank : infecté plus rare que les trois précédemment cités, mais d’une dangerosité très élevée. Sorte de Hulk zombifié capable de projeter un survivant d’une simple mandale, il aime aussi extraire des rochers du sol pour les balancer à la tronche de ses victimes. Extrêmement résistant ; il faudra s’accrocher pour en venir à bout.
La witch : sans conteste celle qui vous donnera le plus de sueurs froides. Elle se contente de pleurer dans son coin sans faire de mal à personne, mais attention à ne pas la déranger en restant près d’elle ou en lui tirant dessus : elle s’énerve progressivement puis finit par entrer dans un état d’hystérie, chargeant droit sur le malheureux qui a fini par l’enrager. Ce dernier a d’ailleurs intérêt à courir vite car la witch est capable de mettre à terre un survivant en un seul coup, avant de l’étriper avec ses griffes.
Tout ces infectés spéciaux sont reconnaissables par leur apparence unique et leurs grognements propres. Par exemple, si vous entendez une quinte de toux, vous saurez qu’un smoker se balade dans les parages ; reste à savoir où et quand il va frapper.
La balade (en enfer) des 4 as
Venons-en maintenant aux différents modes de jeu, qui sont au nombre de quatre. Il y a d’abord le mode « campagne », mode de base vous proposant de faire l’une des campagnes en compagnie de trois amis (ou avec trois inconnus si vous n’avez pas d’amis).
Vient ensuite le mode solo, où vous pouvez faire une des campagnes seul avec trois bots comme seuls alliés. C’est très bien au début pour découvrir par soi-même les différentes campagnes et s’entraîner sans gêner personne, mais ce mode atteint vite ses limites, le jeu étant conçu pour le multijoueur. Les bots qui vous accompagnent visent certes très bien et savent parfaitement se servir des médikits, mais ils sont incapables de prendre des initiatives, vous suivant bêtement. Quelquefois leur comportement atteint même la limite de l’aberration, par exemple quand ils se mettent à vous soigner alors que l’abri est à deux mètres devant et qu’une witch à côté de vous est sur le point d’attaquer.
Passé ce mode solo plus que moyen, nous arrivons au mode « survie », où il s’agira pour vous et vos trois amis de survivre, le plus longtemps possible, dans une arène fermée face à un nombre toujours plus croissant d’infectés. Tout à fait sympathique quand on n’a pas le temps pour une campagne.
Enfin vient l’un des modes les plus intéressants : le mode « versus ». Il oppose deux équipes de quatre joueurs, l’une incarnant les survivants et devant comme d’habitude atteindre l’abri, tandis qu’une seconde représente les infectés spéciaux (à l’exception de la witch), dont l’objectif consiste à abattre les survivants avant qu’ils ne parviennent à l’abri. Une fois les survivants morts ou en sécurité, le jeu leur attribue un score en fonction de la distance parcourue, des dégâts subis et, éventuellement, du nombre de survivants encore en vie à la fin du niveau. On recommence ensuite le niveau en inversant les rôles, avant de passer au niveau suivant et ainsi de suite. L’équipe avec le plus grand score cumulé à la fin de la campagne est déclarée vainqueur.
À première vue, le contenu de Left 4 Dead semble rachitique comparé à d’autres productions : les campagnes sont au nombre de six et ont une durée de vie moyenne d’une heure, sans compter que l’on a rapidement fait le tour des modes de jeux. Heureusement, Valve a compensé ce défaut par une énorme rejouabilité des campagnes : l’apparition des infectés et la disposition des objets se fait de manière totalement aléatoire ; en conséquence le déroulement de chaque campagne peut totalement changer d’une partie à l’autre.
L’ambiance est aussi un atout indéniable : les environnements sombres et fermés rendent parfaitement le côté apocalyptique de l’univers, sans être oppressants comme un Silent Hill. On se surprend même à stresser lorsque la barre de vie est au plus bas et qu’on entend les grognements d’un hunter prêt à nous bondir dessus.
Même les personnages ont reçu une attention toute particulière ; ils ont chacun une personnalité bien affirmée et n’hésitent pas à se parler entre eux lors d’un moment de répit, voir même à s’engueuler en cas de tir allié.
Left 4 Dead s’avère donc être un jeu prenant, on se surprend à recommencer encore et encore les mêmes campagnes juste pour le plaisir d’abattre des infectés. Le mode versus offre même une dimension compétitive bienvenue et un renouvellement du gameplay avec la possibilité d’incarner les infectés. Le challenge n’est pas non plus en reste, il faudra s’accrocher pour terminer une campagne dans le mode de difficulté le plus élevé.
Vu comme ça, Left 4 Dead s’apparente donc au FPS coopératif parfait. Malheureusement le jeu souffre de quelques défauts, à commencer par quelques bugs de collision. Il n’est pas rare de voir le bras d’un infecté dépasser d’un mur, ce qui nuit un peu à l’immersion. De plus il est impossible de choisir directement sa partie, le jeu nous faisant obligatoirement passer par un système de matchmaking pour soi-disant trouver les coéquipiers nous correspondant le plus.
On pourra aussi reprocher une trop grande linéarité dans les niveaux ; les chemins alternatifs se comptent sur les doigts d’une main sur l’ensemble du jeu. La répétitivité des campagnes peut donc devenir lassante au bout d’une cinquantaine d’heures de jeu. Mais pourquoi Valve ne prend-il pas la peine d’étoffer le contenu du jeu par l’ajout de nouvelles campagnes ou armes, par exemple ? Tout simplement parce que le studio a sorti Left 4 Dead 2 un an après la sortie de L4D premier du nom. Conséquence : le premier épisode est délaissé au profit de son successeur, alors qu’il a encore pas mal de potentiel. Les joueurs de la première heure, qui s’attendaient à d’innombrables mises à jour toutes plus formidables les unes que les autres, ont de quoi être frustrés en se retrouvant avec seulement deux nouvelles campagnes et un mode survie deux ans et demi après la sortie du jeu. Il faudra donc se rabattre sur les campagnes développées par les joueurs pour apporter du neuf au jeu. Heureusement, certaines sont très bonnes (d’ailleurs je vous recommande I Hate Mountains, un vrai bijou).
Techniquement parlant
Graphismes : Bien que ce soit loin d’égaler les productions actuelles, les graphismes restent agréables à regarder. Les animations sont convaincantes. Reste ce malheureux problème de collision (dont j’ai parlé plus haut) qui fait parfois dépasser un bout d’infecté d’un mur.
Maniabilité : Comme tout FPS sur PC qui se respecte, L4D adopte le combo clavier-souris, qui a fait ses preuves depuis fort longtemps. Les touches restent quand même entièrement paramétrables.
Durée de vie : Si vous vous contentez du mode solo, ne comptez pas plus de 5 à 6 heures pour boucler toutes les campagnes. Mais le véritable intérêt reste dans le multijoueur, où la durée de vie peut tendre vers l’infini.
Bande-son : Le jeu adopte une musique discrète et inquiétante la plupart du temps, mais devient plus rythmée lors du Final ou pendant l’affrontement contre un tank. L’ensemble reste agréable à écouter. En ce qui concerne les doublages, ils sont très convaincants en anglais. Les doublages français sont malgré tout corrects, mais en deçà de la version anglaise.
Scénario : Mis à part le background, le scénario est peu travaillé ; on ignore comment les quatre protagonistes se sont rencontrés et on sait encore moins ce qui leur arrive en dehors des campagnes. Ces dernières ont d’ailleurs très peu de liens entre elles. On voit par exemple les survivants s’échapper en bateau à la fin d’Arrêt de Mort, pour les retrouver sur le toit d’un immeuble à la campagne suivante. Toutefois, cette narration peu développée permet de laisser plus de place à l’action, qui conserve un rythme soutenu.
Left 4 Dead s’avère donc être un excellent FPS coopératif, avec des mécanismes de jeu parfaitement huilés et une ambiance digne des plus grands films de zombies. Même si son successeur lui fait de plus en plus d’ombre, L4D reste un incontournable dans le genre, le passe-temps parfait en compagnie de trois amis.
Note : 18/20