Le Seigneur des Anneaux, vous connaissez ? Je me doute que oui, le contraire serait peu probable.
Par contre, en jeu vidéo, vous connaissez toujours ? En ce qui me concerne, il y a encore 2 mois j’aurais répondu non. Ma seule expérience en la matière était l’incroyable (pas dans le bon sens du terme) Lord of the Rings sur Super Nintendo, mais c’est comme les Zelda CDI, il n’existe pas.
Toujours est-il que ce jeu a inspiré l’univers d’énormément de jeux de rôle, donc j’avoue avoir été pas mal surpris en lançant le jeu « Le seigneur des Anneaux, le Retour du Roi » sur PC, adaptation du troisième film tiré de la trilogie de Tolkien.
Mais… MAIS… c’pas un jeu de rôle. :(
En effet, sitôt passé une cinématique bien classe (normal, elle vient du film) nous présentant le bordel régnant au gouffre de Helm, et l’arrivée de Gandalf sur les lieux, on se retrouve aux commandes de celui-ci dans une sorte de beat them all. Ou plutôt un hybride RPG/beat them all… de quoi rappeler de vilains souvenirs à certains possesseurs de Mega CD (les anciens joueurs de Revengers of Vengeance).
Y’a des uruk-haï partout, des orcs plus ou moins lourdement armés et protégés… Les flèches volent dans tous les sens, les elfes sont aux prises avec un ou plusieurs ennemis. J’en vois au loin qui amènent un bélier ! Bon ben ouais, c’est la guerre, la même que dans le film.
Mais… Pourquoi il parle direct du jeu ce testeur à la noix ? Et pas des menus, du contenu ou autre ?
Bah en fait, au début, y’a ni réelle intro ni menu ni rien… Cette mise en bouche, la bataille du gouffre de Helm, c’est ça l’intro. Ce n’est qu’une fois cette mission terminée que vous aurez accès à ce qui semble être un jeu plus « normal », à savoir avec des menus qui contiennent des options de commandes, sons et vidéos pour commencer.
C’est le premier et l’un des plus lourds reproches que je ferai à ce jeu, cette manière de nous lancer sans prévenir dans l’action… Okay, c’est classe le fait de voir les images du film se fondre d’un coup en 3D temps réel, et se retrouver à jouer comme ça, c’est ultra immersif, très hollywoodien… Mais ils pourraient au moins nous laisser paramétrer nos commandes avant. Enfin bon, on peut accéder à tout ça en mettant pause, c’est déjà ça.
La première mission, l’intro donc, vous fera diriger Gandalf, et seulement lui. Elle vous mettra bien dans le bain également, malgré sa grande simplicité.
Analysons vite fait : vue à la 3ème personne, c’est beau et fluide (j’y reviendrai), jouable une fois qu’on a reparamétré les commandes (là aussi j’y reviendrai). J’ai une jauge de vitalité, qui baisse quand je prends des coups, et une jauge d’expérience qui augmente quand je tue un ennemi… tiens, y’aurait quand même des aspects jeu de rôle là dedans ? Pour encore plus d’immersion, on constate de petites coupures de quelques secondes dans la baston, où on verra Legolas ou Gimli demander de l’aide. On peut également interagir avec quelques éléments du jeu (pousser un gros rocher du haut d’une muraille, se servir d’une arbalète géante).
Un fort côté RPG
Le système de combat est original.
Bon à la base, (j’insiste, à la BASE) les actions disponibles sont peu nombreuses. Un coup faible et rapide (inefficace contre les boucliers), un coup plus fort mais plus lent (pour péter les boucliers), un bouton pour parer, un pour achever un ennemi au sol. Vous pouvez effectuer des attaques à distance (pour Gandalf c’est un genre de boule d’énergie, pour Legolas son arc, pour Gimli un lancer de hache, etc). Et c’est quasiment tout, associé à quelques mouvements supplémentaire comme effectuer une roulade, un saut en arrière, un pas de côté, etc. Ça va paramétrer sec dans les options.
Bon moi, les beat/jeux de baston, je m’en sors mieux en appuyant comme un con sur le clic/bouton, c’est donc ce que j’ai fait, et c’est assez impressionnant.
Gandalf (et les autres aussi d’ailleurs, vous verrez dans les missions suivantes) bouge comme un jeune de 20 ans sorti d’un film genre Tigres & Dragons. Et vas-y que je te pare avec le bâton pendant que je te fais une brochette d’orcs avec mon épée en esquivant les flèches qui viennent de derrière. Trop la classe ! Et le tout en bougeant la souris au feeling et en cliquant rageusement sur ses boutons gauche et droite… C’est merveilleux les jeux vidéo.
Il y a une troisième jauge donc j’ai pas encore parlé, une jauge d’efficacité. Le principe est simple : elle se remplit vite quand vous donnez des coups à un ennemi, se vide assez vite quand vous tapez à côté ou ne faites rien. Elle se vide très vite si on se prend des coups. Bref, pour remplir la jauge, faut être efficace, faire de bon combos et éviter de se prendre des coups.
Mais à quoi qu’elle sert cette jauge d’efficacité ? Bah en fait, il y a 4 crans là-dedans : « pas mal », « bon », « excellent » et « parfait ». Cela sert à calculer vos gains d’XP. Ainsi, un ennemi à la con rapporte un certain nombre de points d’expérience. Je vais prendre un exemple faux : l’orc vaut 100 points à la base. Si vous l’achevez avec votre jauge d’efficacité dans le « pas mal », il vaudra 100 points. Si la jauge est dans le « bon », il vaudra le double, soit 200 points. Si la jauge est dans l’excellent, encore le double (400 points), et encore le double pour le « parfait » (800 points).
A la fin de la mission, une moyenne des coups portés est faite, et vous gagnez encore un bonus d’XP supplémentaire. Par exemple, j’ai tué 110 ennemis dont 85 en « pas mal », 23 en « bon » et 2 en excellent (ça ressemble pas mal à ce que moi je fais), la moyenne de la mission sera « pas mal » et j’aurai un bonus modeste.
Cette expérience peut faire monter vos personnages de niveau en cours de mission. Pour cela, il faut atteindre un certain palier (ex. : 3000 points pour le niveau 2, 10 000 pour le niveau 3, 35 000 pour le niveau 4…). Cela vous fera taper un peu plus fort et vous rendra un peu plus résistant, mais rien de très flagrant à ce niveau-là. Cela vous donnera aussi accès aux capacités développées entre chaque mission (là par contre ça aidera beaucoup).
En effet, avec l’XP que vous avez gagnée, vous pouvez « acheter » des compétences après chaque mission. Chacune de ces compétences a un coût plus ou moins fort en XP et nécessite un level minimum pour être active ou pour pouvoir être utilisée. On peut séparer ces compétences en plusieurs catégories. Déjà, celles propres à un personnage, et celles qu’on peut appliquer à TOUS nos personnages d’un coup (mais ce genre de compétences est aussi applicable à un seul perso pour un coût moindre si on le souhaite).
Ces compétences sont très variées. Cela va d’une simple augmentation de vitalité, de résistance ou de puissance, à l’apprentissage d’un enchaînement particulier (Fléau des orcs permet de faire tomber et d’achever un orc très rapidement par exemple). Legolas peut avoir des flèches plus puissantes, Gandalf invoquer du brouillard, Gimli avoir une seconde hache ou un bouclier…
Donc, comme je l’ai dit plus haut, si A LA BASE les possibilités d’actions ne sont pas énormes, ça s’étoffe très vite en cours de jeu. Dès les missions 4-5 on se retrouve avec une dizaine de mouvements potentiels, et pas assez de doigts pour tout faire aussi vite qu’on le voudrait.
Bourrin comme un rush de Zerglings
Chaque mission commence par une cinématique tirée du film, et dans chaque mission on a un fondu qui nous amène de ce film au jeu sans coupure.
Chaque mission est scriptée à mort, à défaut d’une réelle interactivité avec les niveaux. Ainsi, ça pète pas mal, on a de belles explosions, des tas de détails qui tuent (et vas-y que l’ent derrière éclate deux orcs l’un contre l’autre, et vas-y que ça s’écroule de partout autour de moi, et vas-y que je te vois une charge de 10 000 orcs en arrière-plan, pendant que ces débiles viennent m’affronter par petits groupes de 2 à 5).
Les ennemis sont très, très nombreux. Comme dans le film, on a vraiment un énorme sentiment d’infériorité numérique, et même de désespoir, le sentiment d’une bataille perdue d’avance. On se retrouve face à des vagues d’assaillants très supérieurs en nombre (genre 3 ou 4 contre 1) et surtout quasiment continues.
Heureusement qu’ils sont plus fragiles que nous. ^^’ Le principe du jeu en lui-même est celui d’un bête beat them all : vous avancez et vous trucidez tout ce qui est hostile. Vous perdez si vous mourez, et parfois selon d’autres conditions (Frodon doit être protégé en permanence par exemple).
Dans pas mal de missions, on trouve des genres de mini-boss (des ennemis plus résistants, on les reconnaît car ils disposent d’une jauge de vitalité, et rapportent plus d’XP) et même d’un gros boss pour certaines missions (le roi des morts, Arachne…). Pour ces boss, il faudra taper dessus… sauf que ce sera plus long, et qu’ils tapent plus fort.
Que dire encore… On peut interagir avec quelques éléments de décor, par exemple provoquer un éboulement sur un groupe d’orcs, utiliser des chaudrons d’huile bouillante à Minas Tirith…
Vous l’aurez compris : le jeu est bourrin, et surtout cherche à tout prix à être le plus fidèle possible au film, et y parvient avec brio. C’est certes scripté à mort, mais on y croit !
Niveau contenu ?
On a une quinzaine de missions, représentant les moments forts du film (la chute de Minas Tirith, la défaite de Saroumane, le gouffre du destin, le roi des morts et j’en passe). Chaque mission est à la base jouable par un ou plusieurs personnages.
On est absolument pas obligé d’accomplir toutes les missions pour arriver à la fin du jeu. En réalité, elles se divisent en 3 parcours : celui de Gandalf qui veut poutrer Saroumane et défendre Minas Tirith, celui d’Aragorn, Legolas et Gimli dans le chemin des morts, et celui de Sam, Frodon et Gollum à travers le Mordor.
Pour chacun de ces parcours, on trouve les personnages qui y étaient dans le film. Mais une fois le jeu fini, on peut s’amuser à jouer autrement, à aller par exemple traverser le Mordor avec Gandalf, attaquer Isengard avec Aragorn… Et on peut débloquer quelques personnages supplémentaires : Faramir, Pipin et Merry.
Le jeu est, en soi, assez court à finir la première fois. Il est pourtant dur (la première fois aussi).
Pour améliorer la rejouabilité, on peut y jouer à deux en coopératif. Un mode très réussi.
Et niveau technique ?
Je me rends pas trop compte de ce à quoi devait ressembler un jeu à la 3ème personne fin 2003 sur PC… Moi je trouve ça beau. Certaines textures sont un peu simples, et la modélisation de nos personnages est curieusement assez moyenne à mes yeux (les ennemis sont mieux réussis). Les niveaux sont variés… autant que le film en fait. Entre la forêt de Fangorn, les plaines du Rohan et le Mordor, ça offre du choix. Les animations sont réussies également.
Au niveau sonore, c’est presque tout bon. On retrouve les thèmes du film, ainsi que les voix de la plupart des personnages (Aragorn, Legolas, Gimli, Frodon). Les bruitages sont très bons aussi, entre les explosions, les cris de guerre et d’agonie des orcs. Gros bémol sur les voix de Gandalf et Gollum, qui ne sont absolument pas les mêmes que dans le film. Pour Gandalf, ça choque un peu mais rien de grave, pour Gollum c’est insupportable.
La jouabilité… Ouille. :/
Comme dit plus haut, y’a énormément de combos dans ce jeu. Perso, ne disposant pas de pad, j’avance et strafe avec les croix du clavier, et je m’oriente avec la souris, qui me permet aussi (avec ses 5 boutons) de taper rapidement, fort, à distance, de parer et d’achever un ennemi (je vous laisse imaginer les crampes aux doigts après deux missions). Mais quand on commence à apprendre des combos à nos personnages, ça se gâte. Et vas-y que je dois appuyer sur F5 pour utiliser la compétence d’un perso, sur ctrl gauche en même temps que je tape pour faire le nouveau coup de la morkitu… C’pas tellement que chaque capacité soit dure à utiliser, mais c’est qu’il me semble impossible à moi, petit gamer sous-équipé et novice dans le genre de la baston 3D, de me servir de tous ces mouvements pourtant bien alléchants. Tant et si bien que vu que le bourrinage, finalement, ça marche très bien avec moi, je m’en prive pas… mais j’ai un peu le sentiment de rater quelque chose.
Gros bémol sur les caméras, qui sont orientées façon « caméras de surveillance ». En gros, elles ne suivent pas toujours le joueur, mais ont l’air plutôt plantées à un endroit (façon Resident Evil), à le suivre du regard sans se déplacer. Je pense qu’à la base ça servait à se croire encore plus dans le film. Cela dit, dans le jeu, ça fait que souvent on ne voit même pas où l’on va, ou bien qu’on ne voit carrément plus son personnage dès qu’un de nos allié passe devant le champ. Bon, le bourrinage, même en aveugle, ça marche bien, heureusement, et puis la caméra a beau être chiante, elle est prévisible vu que souvent peu mobile ; suffit de s’adapter.
Enfin, je tiens à nuancer, parce qu’à me lire on aurait vite fait de déduire (à tort) que le jeu est injouable. Ce système de caméras à la con ne concerne que les niveaux en intérieur (sinon c’est du Tomb Raider à peu de choses près, en plus jouable). Le jeu reste jouable et peut être joué de manière très recherchée… Moi je la joue bourrin parce que je sais pas trop faire autrement, c’tout.
Donc les vrais défauts ?
Si je devais bêtement les répertorier :
1 : La scène d’intro. Okay ça en jette, et on oublie vite le désagrément, mais plonger le joueur dans l’action sans même le faire passer par un petit menu, voire un « press start », ni lui laisser le temps de paramétrer ses touches, c’est vache.
2 : Jouabilité et caméra, je vais pas refaire un paragraphe dessus.
3 : Les scripts. C’est à la fois le plus grand avantage du jeu (mise en scène, immersion grandiose) et l’un des plus grands défauts. Parce que ça nuit énormément à la rejouabilité du titre. Ainsi, un script ça surprend une fois, moins la seconde fois, et plus du tout la troisième fois. On éprouve beaucoup de plaisir à finir le jeu, un peu moins à le finir avec la majorité des persos, et presque plus du tout avec les persos débloqués. C’est vrai que dans une bataille soi-disant bordélique (impression réussie les premières fois), s’apercevoir que les flèches et orcs viennent au même endroit, au même moment, à la seconde près… bof. Le jeu à deux relance l’intérêt pour deux ou trois parties, mais ça finit encore par lasser.
Là encore, le système d’upgrade grâce à l’XP gagnée incite à vouloir progresser, à être plus puissant, mais ce système a ses limites, à partir du moment où dès le niveau 8 (y’en a 10 en tout), la progression en XP est très difficile et notre puissance de toute façon suffisante pour finir facilement tous les niveaux avant d’avoir atteint le level maximal.
4 : Valable à l’époque, plus maintenant je pense. Ce jeu est sorti avant le film, et le spoile dans sa totalité. De nos jours, je pense que tous ceux qui peuvent y jouer auront déjà vu le film avant.
Au final ?
Je suis encore une fois pas objectif, parce que ce jeu m’en a mis plein les yeux. Okay c’est scripté à mort et la jouabilité est perfectible… mais c’était pour le spectacle, et c’est foutrement réussi ! Balancer des boules de feu dans des charriots explosifs entourés d’orcs, c’est génial ! Croiser le fer avec le roi des morts ou un troll des cavernes aussi ! Esquiver les flèches pendant que les Nazguls hurlent autour de vous, grandiose !
En bref, le Seigneur des Anneaux : le Retour du Roi, est un jeu/spectacle très réussi, et un beat them all de grande ampleur. Très fun, très prenant… Sans l’élire jeu du siècle, j’ai aimé. Le reste importe finalement peu.
Conclusion : 16/20