Juste après Soldier of Fortune, je teste Kingpin. Amis poètes, revenez donc par ici.
Ohhhh ! De la tripaille !
Ce jeu a été développé par Xatrix. Ça vous dit quelque chose ? Et si je vous dit Redneck Rampage ? Ah, je vois que maintenant, vous voyez de quoi je parle. :) Eh oui, c’est le retour des fous furieux, c’est Familles de France qui vont être contents.
Kingpin se présente donc comme un FPS, tout en 3D. Il se déroule dans un monde alternatif, ressemblant un peu à celui de Sin City, en plus pourri. On trouve énormément d’éléments faisant penser qu’on se situe dans la période de l’entre-deux-guerres (années 30 : comme toute l’architecture et l’ambiance générale), mais aussi quelques curiosités faisant penser à une période plus récente (la présence de lance-roquettes modernes, des insultes assez récentes aussi).
A noter que comme Soldier of Fortune, Kingpin a été classé comme déconseillé aux moins de 16 ans.
Un scénario épais comme une feuille de papier à cigarettes
En gros, vous incarnez un tueur, un immonde salaud, un gangster dont j’ai oublié le nom. Ce type, qui a été foutu à la porte de son gang et laissé pour mort, a décidé de devenir calife à la place du calife, c’est-à-dire se venger et monter son propre gang. C’est la signification de Kingpin, qui veut dire Caïd, chef de gang.
Bref, un prétexte pour tuer, étriper, torturer et insulter à tout va.
Petite précision, dans le jeu, vous avez le choix entre deux modes de jeu : une version édulcorée, sans le sang, les massacres et les insultes, et la version « normale », dirons-nous, celle que je teste en fait (mais j’y reviendrai), où on s’en donne à cœur joie.
Des ennemis remarquables !
Je tiens à le préciser : malgré l’hyper violence du titre, il ne fait pas bon foncer dans le tas sans réfléchir.
D’abord, parce que votre personnage, comme tout le monde, est fragile. Prenez une balle dans le ventre, et vous êtes fini. De même que pour vos ennemis.
Qui plus est, vos ennemis ne sont pas des aliens ni des soldats/terroristes. Non, ils sont humains, comme vous. Et le jeu a peut-être un minimum de morale de ce côté-là.
Voyez-les, tout d’abord, comme des PNJ avec lesquels il est possible de discuter, de façons amicale et inamicale. On en trouve de toutes sortes, représentant au mieux cet univers si sombre : loubards, autres caïds, prostituées, rottweilers, etc. Ils ont ce que j’appellerai des « réactions », là aussi positives et négatives. Cela dépend de deux critères : la façon dont vous leur parlez, et vos actions.
Exemple : avant tout, sachez que vous pouvez ranger votre arme. Et c’est conseillé. Ramenez-vous devant un groupe de 5 loubards l’arme à la main et vous verrez ce qui vous arrivera… Sachez aussi que la distance entre vous et votre interlocuteur est très importante. Gardez vos distances et tout ira bien. Rapprochez-vous et il sera méfiant, nerveux, et risque d’avoir des paroles désagréables. Si vous approchez encore, vous pourriez bien prendre un coup de barre à mine dans les dents, voire une balle dans la tête.
De même, fini le temps des vieux FPS tout moisis où l’on pouvait allumer moult civils et, au niveau d’après, avoir une ardoise vierge. Si vous dessoudez plusieurs types du même gang, les autres risquent fortement de vous traquer.
Que dire d’autre… Le jeu se veut réaliste, comme je l’ai dit. Ainsi, fini les médipacks et les munitions à même le sol. Vous en trouverez chez des trafiquants, des vendeurs, voire sur des cadavres ennemis. Et tout ça se paye… On trouve donc quelques côtés RPG là-dedans, puisque vous devrez gagner de l’argent au gré des missions ou des rencontres pour continuer à pouvoir vous offrir tout ça.
Les objectifs in game sont variés : cela peut aller de l’assassinat au passage à tabac tout simple, en passant par le vol d’objets précieux, voire le kidnapping.
Mais… j’ai dit que notre perso était très vulnérable aux balles, c’est pas un peu dur donc ? Bah si… mais vous pouvez aussi engager des hommes de main (encore avec de l’argent) pour vous « assister ». Ceux-ci font du bon boulot en général, et obéissent à des ordres simples (Attaque ! Suis-moi ! Reste là !).
Pour ne rien gâcher, vous aurez également la possibilité de conduire certains véhicules : voitures, motos pour la totalité.
Les armes proposées sont nombreuses : lance-flammes, barre à mine, pistolet, magnum, fusil à pompe ou mitraillette.
Une ambiance détonnante !
Comme je l’ai dit plus haut, Kingpin est gore, vraiment très très gore. Vive les démembrements et transformations de gangsters en steak haché.
Mais il n’est pas gore pour être gore ; c’est avant tout pour servir l’ambiance hallucinante de ce jeu.
Même en film, j’ai rarement vu ambiance si noire et sombre. Tous les mecs (ou femmes) que vous croiserez sont d’immondes salopards, taillés comme des armoires à glace, avec des tronches à faire pâlir de peur Chuck Norris. Dans cette ville, le meurtre et le viol sont monnaie courante, et vous assisterez à moult horreurs partout où vous passerez. Dealers, prostituées, trafiquants d’armes… Tout le monde est là, on a l’impression d’être en enfer.
A vrai dire, il ridiculise totalement Soldier of Fortune au niveau du gore ou de l’ambiance. Ce dernier n’était finalement qu’un Quake-like gore sans originalité, ayant juste l’avantage d’être plus précis dans les points d’impact (la localisation des tirs sur les corps), à côté de Kingpin.
Une technique remarquable
Comme Half Life avant lui, et Soldier of Fortune après lui, Kingpin utilise le moteur de Quake II… Totalement revisité.
Encore une fois, le jeu n’a plus rien à voir avec Quake II, et ridiculise même des jeux plus récents comme Unreal. À l’époque, c’était le plus beau jeu tous supports confondus. Maintenant, il a certes vieilli, mais il reste impressionnant. C’est sombre, violent, les décors un peu répétitifs mais bien texturés. La modélisation des personnages est… particulière. Ils sont tous taillés comme Terminator ; c’est beau en plan fixe, mais on a l’impression, en mouvement, qu’ils… ondulent, un peu comme de la gelée. Mais ça reste magnifique.
De même, mention spéciale pour les chiens. Sorte de croisement entre un rottweiler et un petit taureau, ils foutent les boules, c’est rien de le dire.
Et que dire des effets lumineux, superbes. Que ça soit les tirs de flingues ou les explosions, du grand art ! Et le gore est… gore, voire parfois dérangeant.
La jouabilité est grosso modo la même que celle de Quake II. Les amateurs de Quake-like ne seront donc pas dépaysés. Courir, marcher, sauter, se baisser, utiliser, parler, strafer… Des actions normales et qui sortent instinctivement. Le côté role play du jeu (dialogues et gestion de l’argent) se fait très simplement aussi.
Pour ce qui est de la bande-son… faut aimer le hip hop, certes (musique réalisée par Cypress Hill d’après les crédits du jeu), mais ça colle très bien à l’ambiance. De même pour les bruitages, fameux et orduriers… et Ô joie, tout est en français pour les insultes et noms d’oiseaux. ^^
Que dire d’autre… Le mode multijoueur ressemble pas mal à celui de Quake II. Sauf qu’on y meurt vite, bien sûr. Ça donne un côté très angoissant et stressant ; là ou SoF était fade, Kingpin est grandiose, là aussi.
Quelques défauts quand même
Kingpin n’est pas exempt de quelques défauts malgré tout…
Déjà, on notera qu’il est assez buggué. Graphiquement, et au niveau de l’IA, aussi. Si celle-ci est dans l’ensemble remarquable, ça cafouille parfois, surtout au niveaux des alliés. Certains patch corrigeaient ça à l’époque. Sont-ils faciles à trouver de nos jours ? J’sais pas trop. :/
Certaines missions sont un peu répétitives aussi, mais globalement, le jeu reste passionnant.
Et le seul énorme défaut : la difficulté du jeu. Même en mode novice (le plus facile des 3 modes possibles), le jeu est vite très dur. Et en mode normal, quasiment impossible, à mes yeux, dès les missions 4-5.
Conclusion : 18/20
9/10, pour son ambiance extraordinaire, et son avance technologique à l’époque. Ce jeu est mon Quake-like favori de la fin des années 90. Un grand jeu ; dommage qu’il soit si difficile.