Heretic est un jeu vidéo PC publié par ID Soften 1994 .

  • 1994
  • First Person Shooter (FPS)

Test du jeu vidéo Heretic

4/5 — Exceptionnel ! par

Après le Space Marine progressant sur les lunes de Mars ravagées par une invasion de créatures diaboliques vomies de l’enfer, après le même Space Marine de retour sur terre mais qui continuait à buter du démon à tour de bras, ID software prit la décision de proposer un peu d’exotisme aux fanatiques des FPS, un peu déçus par le manque d’innovations de Doom II, en les transportant dans un monde imaginaire où le mal fait loi et où la magie règne en maître (si ça ne vous fait rien, je m’auto-attribue le prix du poncif le plus banal et affligeant du jour…). En tant que dernier représentant d’un ordre de mages blancs décimé par un seigneur des ténèbres nommé D’Sparil, c’est à vous qu’incombe la mission d’éradiquer l’influence de ce culte démoniaque. Autrement dit, mon p’tit apprenti, va falloir dératiser des forteresses en tous genres, récupérer des armes toujours plus ravageuses, mettre la main sur des clés pour ouvrir les portes scellées, et renvoyer ad patres trois monstres beaucoup plus gros et féroces que leurs congénères à la fin de chaque épisode.

L’arme de base de votre thaumaturge est un simple bâton de mage qui permet, au choix, de tirer de petites étincelles dorées ou de servir d’arme contondante. On trouvera par après « l’arbalète éthérée »‘, qui tire des carreaux d’énergies, la « griffe de dragon », semblable au chaingun de Doom, mais qui tire des projectiles bleus, le « sceptre infernal » à cornes de bélier qui fonctionne sur le même mode, le « sceptre du phénix » qui tire de grosses boules de feu explosives (copie conforme du lance-roquette de Doom ?), et une mitraillette primitive qui projette de petites bombes. L’arme la plus sympathique reste néanmoins les « gants du nécromancien » qui vous permettent de vider l’adversaire de sa substance vitale au corps-à-corps. Quand on parvient à dénicher un grimoire dans l’un ou l’autre couloir mal famé, les effets de toutes ces armes sont considérablement augmentés. Par exemple, l’arbalète tire trois carreaux simultanément, la mitraillette lance une seule et énorme bombe, tandis que les gants vous permettent de récupérer l’énergie vampirisée à votre profit. Parmi les autres options disponibles, mentionnons, dans la célèbre veine du « piège à con », l’œuf magique qui a la capacité de transformer le mage en…un petit poulet de rien du tout, dont l’unique préoccupation sera de mettre la plus grande distance possible entre lui et les adversaires qui rôdent dans les parages. La variété des objets que l’on peut récolter et la possibilité de les utiliser en différé fut l’occasion, pour la première fois dans un FPS, de faire apparaître un menu d’inventaire présentant tous les artefacts récoltés.

Les adversaires, pas vraiment plus nombreux que dans Doom, sont de traditionnelles créatures d’heroic-fantasy : de petites gargouilles rouges, des golems, des guerriers mort-vivants, des invocateurs, des homme-serpents, des dragons-garous, etc…Tout comme dans Doom, trois longs épisodes sont proposés par Heretic, chacun étant constitué d’une dizaine de zones. Le premier d’entre eux se déroule dans divers lieux d’une cité médiévale (« La cité des damnés »); le second dans une zone volcanique (« La bouche de l’enfer »), tandis que le dernier vous plongera dans la forteresse de l’ennemi, concentrée sous un gigantesque dôme magique (« Le dôme de D’Sparil »). Un add-on, Shadow of the Serpent Rider, qui fut publié environ un an plus tard, comprenait deux autres épisodes. Heretic reprend les mêmes principes que Doom, à savoir qu’il ne sera pas question d’accomplir des missions compliquées ou différentes de stages en stages. Dans chaque zone de jeu, l’unique objectif sera de trouver la porte de sortie et, par conséquent, les clés permettant d’y accéder.

Outre le mode solo, Heretic pouvait se jouer à deux par modem où jusqu’à quatre joueurs en réseau dans un mode collaboratif ou en deathmatch sanglant.

Réalisation technique :

Heretic se situe dans la droite lignée technique de Doom, utilise le même moteur graphique de base et propose donc grosso modo le même rendu visuel. Ce sont surtout l’orientation Heroic-fantasy du jeu, l’architecture plus complexe des niveaux et les différents monstres, qui confèrent un cachet plus réussi à Heretic. Ces éléments donnent naissance à des environnements plus colorés et prodigues en détails que les sombres bases spatiales de Doom. Le niveau de la cathédrale désacralisée, par exemple, est particulièrement réussi. On appréciera de karcheriser le transept du bâtiment, avant d’aller straffer dans les déambulatoires qui donnent accès au petit cimetière abandonné de la bâtisse. On signalera aussi le très grand nombre de séquence en extérieur, et l’architecture généralement bien imaginée (pour l’époque) des différents bâtiments que l’on rencontre. Cela change des gros cubes bourrés de couloirs qu’on explorait dans Doom, et que l’on avait de toute façon très peu de chances d’apercevoir de l’extérieur, vu la rareté des occasions où on pouvait sortir prendre l’air. En raison des armes assez fantaisistes et, peut être, d’un manque de références cinématographiques (Qui n’a jamais eu l’impression, en se faufilant dans les couloirs des bases martiennes de Doom, d’être Ripley dans les couloirs du Nostromo ?), Heretic s’avère pourtant au final moins stressant que son glorieux prédécesseur. Les musiques, en accord avec l’univers médiéval, ne sont pas déplaisantes, même si on cesse rapidement d’y faire attention une fois confronté à votre premier essaim de gargouilles naines. Comme pour Doom, ce sont les bruitages d’ambiance qui contribuent majoritairement à l’ambiance, encore que l’on ne soit généralement pas sincèrement effrayé par les multiples grognements et grondements des créatures à abattre. Seuls les invocations murmurées des mages en lévitation parviennent à insuffler la poussée d’adrénaline tant attendue. Pour la jouabilité, il n’y a rien à déplorer. On maîtrise le mage aussi bien que le Space marine en son temps (on ne peut d’ailleurs toujours pas sauter dans Heretic, mais on peut par contre bouger la tête vers le haut ou vers le bas, et voler à condition de récupérer l’item correspondant) et les menus d’inventaire sont simples à utiliser.

En bref : 15/20

Davantage qu’un jeu novateur, Heretic tient davantage de la transposition de Doom dans un univers moyenâgeux. Si la réalisation technique semble, pour de simples raisons de style architectural, plus réussie que dans Doom, la technique de base n’avait pas fait l’objet d’améliorations notable entre les deux logiciels. Il est d’ailleurs assez amusant de constater les multiples similitudes entre Doom et Heretic. Prenez les armes, par exemple. En dépit de son cachet primitif, le matériel est, dans l’ensemble, relativement identique à celui qui existait déjà sur Phobos et Deimos. On retrouve en effet dans les deux cas une arme de corps-à-corps qui accroche l’ennemi et le charcute jusqu’à ce que mort s’ensuive (gants du nécromancien/tronçonneuse), une arme puissante mais à chargement lent que l’on utilise les trois quart du temps (arbalète/shotgun), des armes à tir rapide gourmandes en munition (griffe du dragon/chaingun), et même une arme qui provoque un certain recul et dont la déflagration peut se montrer aussi destructrice que l’impact (sceptre phénix/lance-roquette). Autre similitude curieuse : chaque épisode comprend une zone secrète assez difficile à atteindre.

Long, difficile et riche en passages secrets, levels cachés et séquences dont il est difficile de se tirer vivant, Heretic est pourtant moins mythique que Doom et, à vrai dire, un peu moins agréable. Le gameplay a également un peu vieilli aujourd’hui : la recherche de clés pour ouvrir des portes paraît un peu surréaliste, et l’absence d’évènements scriptés et de rebondissements dans le scénario pourrait décevoir ceux qui se sont mis aux FPS plus récemment. Reste que si vous n’êtes pas obsédés par l’excellence technique et que vous êtes en quête d’un FPS vintage difficile à terminer, qui ne vous fera pas le moindre cadeau et dans lequel vous tournerez en rond durant des heures à la recherche d’une de ces foutues clés, une petite balade dans l’univers d’Heretic devrait vous satisfaire amplement !

Heretic