Harry Potter et l'Ordre du Phénix est un jeu vidéo PC publié par Electronic Artsen 2007 .

  • 2007
  • Aventure

Test du jeu vidéo Harry Potter et l'Ordre du Phénix

3.5/5 — Très bien par

L’Ordre du Phénix était, à mon sens, le plus réussi de tous les romans mettant en scène le jeune apprenti-sorcier de Poudlard. Au contraire du film ajouterais-je, le plus décevant d’entre tous… justement en raison de l’absence de cette profusion de détails et de la très lente instauration de l’ambiance qui rendaient le livre passionnant. De quel côté de la Force penchera donc le jeu vidéo ? Saura-t-il retranscrire correctement l’esprit de guérilla adolescente contre l’ordre établi incarné par l’infecte Dolorès Ombrage, ou se contentera-t-il de quelques scènes chocs destinées à frapper les esprits, au détriment de toute profondeur ? En tout cas, le scénario de ce cinquième jeu Harry Potter se montre d’une grande fidélité au récit original. On se retrouvera donc à crapahuter un peu partout dans Poudlard à la recherche de recrues pour l’Armée de Dumbledore, à les entraîner en secret, à croiser la baguette avec quelques Serpentards mal embouchés, à jouer de sales tours à Ombrage… tout cela avant de se diriger vers le ministère de la magie et l’affrontement final contre Qui-Vous-Savez. En pratique, Harry Potter et l’Ordre du Phénix prend la forme d’une très longue succession de courtes quêtes destinées à recruter les membres de l’armée secrète et à contrer les desseins de Voldemort tout en respectant scrupuleusement le bon déroulement du synopsis. Recruter les élèves pour l’armée de Dumbledore demandera qu’Harry accomplisse une petite mission pour s’assurer la coopération de la personne concernée : la mission peut consister à rechercher les cinq gargouilles parlantes de l’école, à récupérer un appareil photo caché au sommet d’une des tours de l’école ou à dénicher un passage secret menant vers la « Salle sur Demande ». A ces missions s’ajouteront des quêtes secondaires pour le compte de professeurs et d’autres séquences destinées à assurer la fidélité au scénario d’origine (protéger Dudley contre les Détraqueurs au début du jeu, discuter avec tout le monde à Grimmauld Square durant les vacances, résister aux occlumencies de Rogue en appuyant frénétiquement sur les directions opposées à sa baguette, etc.).

L’école de Poudlard est imposante mais on s’y repère tout de même assez vite. N’oublions pas qu’Harry Potter et l’Ordre du Phénix est destiné à un public jeune, aussi Electronics Arts a-t-il inclus l’utilisation de la fameuse « carte du maraudeur » afin que l’on puisse rapidement connaître la position du personnage qu’on doit rencontrer ou de la salle où il faut se rendre. Des petites empreintes de pieds apparaissent alors au sol et il suffit de les suivre pour se rendre à l’endroit indiqué. Etant donné le temps qu’on passe à crapahuter dans les couloirs, mieux vaut d’ailleurs suivre sagement le chemin indiqué, car les déplacements sont assez imprécis et pour ne rien arranger, la gestion de la caméra est plus que pourrie (enfin, je dis « gestion » mais il est impossible de recentrer la vue soi-même, et on en est donc réduit à subir le – mauvais – boulot effectué par les développeurs). Tout en explorant Poudlard, Harry peut interagir avec un grand nombre d’objets (cadres, armures, tapis, statues,… tous les objets interactifs sont surlignés en bleu afin qu’on les repère plus facilement). Accomplir l’action requise (par exemple, tirer un tapis vers l’avant, réparer une amphore brisée ou raccrocher un tableau tombé du mur) vous permettra de récupérer des orbes magiques qui augmenteront l’efficacité des sortilèges mais débloqueront aussi divers bonus (interviews en vidéo des acteurs ou des développeurs du jeu) pour le fan hardcore du jeune magicien. A noter que seule l’action logique sera autorisée dans ce genre de situation : inutile, donc, de s’escrimer à réparer un cadre en parfait état ou d’essayer de tirer une statue vers soi. Certains mini-jeux (partie d’échecs, jeu de mémoire avec des cartes explosives) peuvent également être pratiqués avec certains élèves, afin de récupérer d’autres orbes magiques.

Comme il fallait bien inventer quelque chose de nouveau, les différents sorts maîtrisés par Harry durant sa cinquième année à Poudlard pourront être réalisés en faisant effectuer un mouvement particulier à la souris. Ainsi, tel sort nécessitera un brusque mouvement en avant avec le bouton gauche enfoncé ; tel autre demandera que l’on « dessine » des cercles concentriques avec le bouton droit, et ainsi de suite. L’idée est sympathique mais la précision n’est malheureusement pas vraiment au rendez-vous, et on arrive rarement à incanter le sort désiré. On finit rapidement par agiter la souris dans tous les sens puisque le jeu se charge d’ordinaire de déterminer lui-même le sort en adéquation avec la situation. Par exemple, lorsqu’on affronte un Serpentard en duel magique, on peut très bien effectuer un «Reparo » par inadvertance : le jeu n’en tiendra pas compte et se contentera de prendre en compte les mouvements « Stupefix » (immobilisation) et « Expelliarmus » (désarmement).

Réalisation graphique :

Harry Potter et l’Ordre du Phénix est une fois de plus un simple portage console… MAIS… une fois n’est pas coutume, le résultat final s’avère plus que correct. Certes, on est très loin de la qualité graphique d’un jeu développé spécifiquement pour PC mais globalement, le jeu s’avère nettement plus beau que ce à quoi nous avaient habitués les autres transfuges venus de la PS2 ou de la GameCube. On note évidemment pas mal de faiblesses : certains personnages ne sont guère reconnaissables ; d’autres, comme Ron, ont l’air perpétuellement sous cocaïne mais dans l’ensemble, la retranscription de Poudlard est plus probante qu’elle ne l’avait été jusqu’ici. Certaines salles sont superbes (le grand hall avec les escaliers mouvants et la salle commune des Gryffondor notamment), les effets de lumière sont très réussis et au final, on prend tout de même un certain plaisir à explorer un Poudlard qui n’avait jamais été aussi brillamment retranscrit. S’il fallait réellement faire son fourchelangue sur certains aspects du design graphique, je dirais qu’il est un peu dommage de se retrouver face à une copie conforme du film, alors que le jeu aurait peut-être pu donner une autre interprétation de l’univers d’Harry Potter que celle imposée par les réalisateurs successifs. Mais finalement, j’ai surtout l’impression qu’à avoir fait saliver toute la planète, Harry Potter et l’Ordre du Phénix souffre surtout du fait de ne pas surpasser tout ce qui existe en matière de jeu d’action et donc, de ne pas répondre totalement aux espoirs placés en lui. Pour un jeu d’action console transposé sur PC, il est de toute façon difficile d’espérer mieux.

Jouabilité/difficulté

Comme indiqué plus haut, la maîtrise des sorts s’avère assez bancale et brouillonne. Dommage car l’idée de base était excellente. Pour ne rien arranger, c’est l’ensemble des commandes qui posent problème. Diriger Harry à travers les couloirs de Poudlard n’est franchement pas pratique au clavier, on se retrouve souvent coincé par des étudiants qui traînaient là et on heurte les murs en tentant de diriger le petit sorcier dans la bonne direction. Sans oublier des mouvements de caméra mal fichus dans l’ensemble et impossible à réorienter manuellement. D’un autre côté, étant donné qu’il est impossible de mourir, aucune imprécision dans le gameplay ne se paiera jamais au prix fort.

Son

Electronics Arts a véritablement fait en sorte qu’on ne perçoive plus de différences avec le film. Les mêmes compositions majestueusement orchestrées, les mêmes acteurs/doubleurs pour la version française, les mêmes bruitages… seul regret : il devient rapidement pénible d’entendre Hermione ou Ron répéter quinze fois la même chose si on flâne un peu trop longtemps en se rendant d’un endroit à un autre.

En bref : 13/20

Harry Potter et l’Ordre du Phénix me pose un cas de conscience. Il est suffisamment atypique pour générer des sentiments partagés à son égard et, suivant qu’on le considèrera comme un jeu ou comme une « expérience », l’avis sera différent. En tant que jeu, l’Ordre du Phénix est plus que limité. Les incessants aller-retours à travers l’école finissent pas devenir pesants, les missions sont basiques et n’offrent rien de férocement original, le travail de recherche a été la plupart du temps mâché par les programmeurs et les phases d’action n’offrent aucune challenge puisqu’on ne peut pas mourir. Il est donc douteux que toute personne au delà de 10 ans y trouve réellement son compte. Reste « l’expérience » : détendez vous, revoyez vos exigences à la baisse et n’ayez pas d’autres attentes que celle de vous refaire le film en dirigeant Harry Potter par vous-même. A ce compte là, il se dégage incontestablement quelque chose de cette promenade interactive dans l’univers du petit sorcier. Les décors sont là, les personnages, les références et les événements aussi et les fans d’Harry Potter prendront un plaisir non dissimulé à évoluer dans leur univers fétiche, qui n’a jamais été aussi bien reproduit qu’aujourd’hui. Etrange jeu dans tous les cas, simpliste, basique et répétitif mais qui possède incontestablement la touche de magie qui excuse beaucoup de choses…

Harry Potter et l'Ordre du Phénix