Oui, il y a eu une vie avant « GTA 3 : Liberty city » ! Si cet épisode légendaire – le premier en 3D – avait suscité une vague d’engouement mondiale pour cette sulfureuse série, deux épisodes de GTA (et quelques spin-off) avaient déjà vu le jour précédemment sur PC. Quoique fort appréciés des joueurs, ces premiers jeux ne bénéficièrent jamais de la même aura que leurs successeurs, bien qu’ils purent évidemment tabler sur une bonne vieille polémique de derrière les fagots quant à leur contenu pour le moins scabreux.
Tous les principes de base de la série sont en tout cas déjà présents dans cet épisode fondateur. On incarne un petit gars qui vient de débarquer dans la grande ville et qui a bien envie de se faire un nom dans le milieu et de gagner les thunes qui vont avec ce futur statut. Et la voie la plus simple pour assouvir cette belle ambition est de se débarrasser de ce fatras de concepts bourgeois que sont la morale, l’honnêteté et la justice. Les mafias locales ont justement besoin d’individus sans scrupules de ce genre pour exécuter leurs besognes les plus répugnantes. La zone de jeu de ce premier Grand Theft Auto est constituée de trois villes à l’atmosphère différente : Liberty City, Vice City et San Andreas. Ces cités vivent à leurs propres rythme, possèdent leurs propres forces de police prêtes à intervenir en cas de délit, et sont peuplées de gens qui vaquent à leurs petites occupations. Des véhicules variés circulent également en ville, comme dans n’importe quelle métropole d’importance. Votre personnage peut voler n’importe lequel de ces véhicule pour se déplacer rapidement à travers la métropole. Les véhicules peuvent être utilisés indéfiniment jusqu’au moment où, abimés par les multiples accrochages, il se mettront à dégager une fumée inquiétante. Auquel cas, il vaudra mieux s’en éloigner avant qu’ils n’explosent et mettre la main rapidement sur un autre moyen de transport.
Pour se hisser au sommet de la chaîne alimentaire urbaine, il va falloir gagner le plus de points / dollars possible. On peut gagner des points / dollars dès que l’on commet une infraction, ce qui s’étend de l’accrochage de voitures jusqu’au meurtre de policier. Un autre moyen de faire augmenter le score est d’aller revendre des voitures volées chez les trafiquants présents sur les docks de chaque ville. Mais étant donné qu’il ne faut pas moins d’un million de points pour débloquer l’accès aux différentes villes, le plus sûr moyen d’y parvenir rapidement est d’accomplir les nombreuses missions proposées par le scénario principal. Ces missions, auxquelles on accède en montant dans certains types de véhicules ou en prenant les appels dans les cabines publiques, ont en commun d’être parfaitement immorales. Qu’il s’agisse de participer à une vente de drogue et de tuer le contact après l’échange, de flinguer une cible précise ou d’amener un bus piégé au beau milieu de la cour intérieure du commissariat, on ne peut pas dire que le personnage principal ait la conscience tranquille au bout de quelques heures de jeu. L’essentiel est de bien respecter les consignes données par votre commanditaire pour chacune des missions. S’il vous est imposé de vous rendre au point de rendez-vous sans vous faire remarquer, cela signifie que vous n’avez aucun intérêt à écraser l’accélérateur et à jouer au Fangio des trottoirs, quand bien même l’envie subite d’écraser du piéton vous saisirait.
Si vous causez trop de problèmes en roulant comme un sauvage, ou bien au terme de certaines missions (les braquages de banque par exemple), la police vous donnera la chasse. Un nombre d’étoiles indique le degré de recherche des forces de police : plus il est élevé, plus le nombre de policiers vous poursuivant sera élevé. Le seul moyen efficace de faire cesser les poursuites est de vous rendre rapidement dans un Pay’n Spray où, contre une modique somme d’argent, on se chargera de relooker votre voiture de manière à ce que la police ne sache plus identifier votre véhicule. Une autre solution – mais plus délicate – consiste à descendre de voiture et à déguerpir à pied pour aller vous planquer quelque part. Cette possibilité de se déplacer à pied est évidemment accessible n’importe quand, et vous pourrez alors continuer à semer la destruction en utilisant les nombreuses armes à feu que vous découvrirez au fil de votre progression. D’autre bonus permettent de rendre de l’énergie au joueur, d’augmenter le score / crédit financier, de rouler plus vite, de diminuer l’indice de recherche de la police ou de conserver ses armes au cas où cette dernière parviendrait à vous arrêter. Enfin, le « Kill frenzy » vous demande, pendant un court laps de temps, de tuer un maximum de civils pour atteindre un certain score, tout en évitant d’attirer l’attention des forces de police.
Réalisation technique :
Les trois villes sont assez étendues, proposent des environnements variés (quartier résidentiel, quartier des affaires, zone portuaire, etc.), des dénivellations, des ponts, des tunnels… mais comme tout se joue en vue aérienne, l’ensemble finit par sembler un peu monotone. Les voitures sont peu détaillées, même si on parvient quand même à les différencier assez facilement. Il est évident qu’on ne peut pas comparer ce premier GTA avec les versions 3D postérieures mais même à l’époque, Grand Theft Auto ne proposait rien de très emballant visuellement. C’était clair, propre et précis mais pas époustouflant du tout. En contrepartie, GTA est fluide et rapide à souhait. La possession d’une carte 3D y ajoute même quelques zooms lorsqu’on escalade une rue en dénivelé. La jouabilité est de très bonne facture, mais il ne faut évidemment pas espérer le moindre réalisme. On pilote les différents véhicules comme des Micro Machines, avec les flèches de direction et rien d’autre et aucune sensation de conduite qui s’approche un tant soi peu de la réalité. Un autre élément constitutif des GTA à avoir fait son apparition dès ce premier épisode est le principe des radios écoutables sur chaque véhicule. Mais ne rêvez pas : le premier GTA n’avait pas suffisamment d’envergure pour proposer une sélection de tubes réels, comme ce serait le cas plus tard. Il s’agit simplement de radios thématiques (rock, jazz, reggae, …) qui diffusent de petites mélodies anonymes. Pour l’époque, ce n’était déjà plus qu’il n’en fallait pour susciter l’émerveillement.
En bref : 13/20
Très amusant lors des premières heures lorsqu’on découvre toute l’étendue de la ville, le premier GTA n’est pourtant jamais parvenu à me scotcher devant mon écran comme ses successeur y arriveraient pas la suite. Une certaine répétitivité, visuelle et ludique, s’installe insidieusement au fil des heures. Pourtant, il s’agissait quand même d’une des premières fois que l’on passait du côté obscur de la force, avec des objectifs que la pire des racailles hésiterait à accomplir dans la vraie vie. Rien que pour cette raison, GTA parvenait à créer un effet de surprise notable et à gratifier le gameplay d’un certain plaisir vicieux. Mais hors toute considérations sur le minimalisme technique de GTA, il manque encore à ce premier épisode tout ce qui rendrait Liberty City, Vice City ou San Andreas totalement indispensables des années plus tard : le sentiment d’immersion. Sentiment que l’on doit entre autre au passage à la 3D, mais aussi aux multiples side-missions, à l’humour, aux personnages ravagés que l’on rencontrait, aux références cinématographiques et à l’atmosphère incroyablement crédible qu’offraient ces épisodes. Dépourvu de ces appâts, GTA premier du nom ne reste qu’un sympathique jeu d’action relativement fun, mais lassant, trop répétitif et dépourvu de l’ambiance et de l’esprit qui aurait pu en faire décoller la série dès cette époque.