Les orques… Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes.
Le continent de Myrtana a subi un grand chambardement : des hordes d’orques l’ont envahi et ont réduit les humains en esclavage. Le roi Rhodar II a isolé la capitale derrière un champ de force et est coupé du monde, tandis que quelques humains se sont cachés dans les forêts, et mènent un combat sans espoir pour libérer les différentes villes du joug orque.
Vous naviguiez vers Myrtana après la fin de vos aventures dans Gothic 2, histoire de prendre un peu de repos… C’est raté.
Mais l’invasion n’est pas le pire… non. Le pire c’est que normalement, les orques n’auraient jamais pu conquérir ces territoires, ceux-ci étant protégés par de puissants paladins et d’encore plus terrifiants mages. Mais voilà, les peaux vertes se sont alliées avec un puissant sorcier qui, d’un simple sortilège, a supprimé l’accès à la magie aux protecteurs du continent. Et ce sorcier, ce traître aux humains, n’est autre que Xardas… votre plus fidèle ami et votre mentor !
Voilà un résumé succinct du début du jeu. Celui-ci, d’ailleurs, vous plonge tout de suite dans l’action en vous faisant (à l’aide d’alliés) repousser une attaque orque sur l’un des derniers villages libres de Myrtana, vous permettant de vous familiariser avec les commandes de base du jeu. Puis, une fois le village sauvé, avec le background de l’histoire.
Bref, l’apprentissage du jeu et de l’univers se fait en douceur, et si comme moi vous n’avez jamais joué à Gothic ou Gothic 2, vous ne serez pas perdu.
Par contre, une fois ce mini-tutoriel fini, c’est à vous de jouer et de faire… ce que vous voulez. En effet, vous disposez d’une liberté de mouvement et d’action quasi totale. Si votre quête principale sera (au début) de retrouver Xardas pour comprendre les raisons de ses actions, le seul moyen de mettre la main dessus sera de vous intégrer et de vous faire des alliés. À vous de bien les choisir. Allez-vous rejoindre les rebelles dans le combat désespéré pour libérer leurs villes… ou allez-vous trahir votre race et vous allier aux orques en tant que mercenaire ?
Les loups… Quand il y en a un, il y a des problèmes. Alors quand il y en a beaucoup…
Il faut un moment pour comprendre que le jeu est très ouvert, et que donc il ne faut pas faire n’importe quoi.
Au commencement du jeu, votre personnage sait à peine remuer une épée. Alors oui, vous pouvez explorer les cavernes que vous rencontrerez… Et lorsqu’après dix minutes de jeu vous buterez sur deux dragons qui vous tueront en moins de cinq secondes, vous verrez que cette liberté de déplacement peut avoir un prix élevé, et vous apprendrez à ne pas trop vous éloigner des sentiers battus en début de partie. Ni même après, lorsque votre personnage sera devenu un vétéran.
En effet, à mon goût le système de combat est à la fois une réussite exceptionnelle et une des faiblesses du jeu.
Le système de combat est assez simple : tout se joue avec la souris. Avec une arme de corps à corps, un bouton sert pour les coups lents et violents, l’autre pour les coups rapides mais occasionnant moins de dégâts. Avec un arc ou une arbalète c’est encore plus simple : cliquez pour charger l’arme, visez, et relâchez le bouton pour tirer.
Contre des adversaires humanoïdes (Humains, Orques, Ogres…), les combats sont très tactiques et passionnants… surtout après quelques passages de niveaux, lorsque vous commencez à utiliser des feintes et des coups spéciaux. On se bat, on esquive, on se cache derrière les éléments du décor pour surprendre l’ennemi… du grand art.
Hélas, la fête est un peu gâchée lorsqu’on combat des animaux sauvages tels que les loups ou les sangliers. Même si vous êtes de très haut niveau, avec une « Super-Armure-Of-The-Dead » et une « Grosse-Épée-Qui-Déchire-Sa-Race », et que vous êtes capable de trucider une armée d’orques et/ou de démons sans subir la moindre égratignure, une meute de trois loups sera TOUJOURS capable de vous tuer en moins de quinze secondes.
Contre eux, pas de tactique… juste agiter son arme rapidement, en priant pour frapper le premier et pour être capable de fuir si vous commencez à subir des dégâts.
Dommage… surtout lorsque l’on sait qu’il est quasiment impossible de voyager sans rencontrer ces sales bêtes. Bref, j’aurais bien aimé que les combats contre la faune soit eux aussi équilibrés et tactiques ; car là on a une expérience bizarre : on se sent plus en sécurité en train de combattre au cœur d’un territoire ennemi qu’à cueillir des champignons dans la forêt.
Enfin bref, après deux-trois rencontres avec des loups vous tuant, comme ça, après avoir joué durant deux heures sans sauvegarder, vous apprenez à sauvegarder régulièrement et souvent.
Les femmes… Quand il y en a une, ça va. Mais ça fait peu quand même.
Outre ce déséquilibre dans les combats, Gothic 3 souffre d’un énorme autre défaut : le politiquement correct. Certes, au début, on est impressionné face à tant de liberté et d’options ; au point que l’on a l’impression que la saga des Baldur’s Gate et Morrowind sont des jeux ultra-linéaires.
On peut aller où l’on veut, tuer qui l’on veut (quasiment) sans foutre le scénario et les quêtes en l’air. Mais au bout d’un moment on se pose une question de taille : Myrtana, ce ne serait pas une communauté homosexuelle, des fois ?
Non, parce que pour les orques je comprends : ils sont là en tant qu’envahisseurs, ils ne vont pas s’encombrer de femmes et d’enfants. Mais les natifs du continent sont TOUS des hommes adultes. Non, pas tout à fait… j’ai rencontré trois femmes, dont deux étaient réservées pour une quête. J’en déduis que la dernière, avant l’arrivée des orques, ne devait pas passer beaucoup de temps debout… ou assise. Alors oui, on ne peut pas tuer les femmes et les enfants. C’est bien, c’est moral, c’est gentillet… mais une fois que ce détail saute aux yeux, cela devient ridicule et détruit un peu la crédibilité de l’univers dans lequel on évolue.
Les compétences… Quand il y en a une, c’est un problème… C’est quand il y en a beaucoup que ça va.
Au niveau de l’évolution du personnage, celle-ci est relativement classique : chaque quête et chaque ennemi tué vous rapporte de l’expérience. Une fois une certaine quantité de points d’expérience gagnée, vous montez d’un niveau. Ce niveau n’améliore pas vos capacités, mais vous donne 10 points d’apprentissage. Répartis sur toute l’île se trouvent des personnes capables d’enseigner leur savoir (en combat, chasse, vol et/ou magie) ainsi que des autels. Parlez aux entraîneurs ou priez au pied des autels pour augmenter vos capacités.
Celles-ci sont relativement variées. Bien entendu la plupart sont orientées vers le combat, la magie et le vol ; mais vous trouverez aussi des compétences d’artisanat, vous permettant de réaliser vos propres potions et vos propres armes.
Bref, en face de nous on n’a rien de révolutionnaire, certes, mais on a une méthode simple, efficace et éprouvée.
Les critères de notation… On en a neuf et ça va.
Graphismes : Mon dieu que c’est beau. Les paysages sont magnifiques, les animaux aussi. Seuls les faciès humains sont moyennement rendus. Enfin bref, le moteur 3D ridiculise largement celui d’Oblivion.
Son : Rien à redire de ce côté-là non plus. Les musiques sont magnifiques, les bruitages convaincants et le doublage français correct.
Difficulté : Il ne faut pas faire n’importe quoi ni aller n’importe où au début, sans quoi l’expérience de jeu risque d’être très courte. L’un dans l’autre, Gothic 3 s’avère très jouable… à part lors des combats contres les loups et autres quadrupèdes, beaucoup trop durs.
Richesse : Ce jeu est riche… je dirais même qu’il l’est trop. Et parfois on se retrouve un peu perdu, sans savoir quoi faire ni où aller pour poursuivre l’aventure. Dommage que les femmes et les enfants soient personæ non gratæ.
Scénario : Le jeu possède trois fins différentes, suivant les actions que vous menez. Mais surtout, les quêtes sont à la hauteur du jeu, et vous ne briserez pas la trame de l’histoire en tuant la mauvaise personne au mauvais moment. Bref, on a vraiment l’impression d’écrire une page de l’histoire de ce monde.
Ergonomie : Il suffit de quelques minutes pour comprendre comment manier le héros et la caméra.
Longévité : Si la difficulté relative du début ne vous rebute pas, attendez-vous à y passer une quantité de temps démesurée. Non seulement le jeu est prenant, mais il est long.
En bref : Avant de découvrir Gothic 3, ma référence pour les jeux de rôles en 3D était Morrowind… Pour moi, ce jeux est oublié. Gothic 3 bat Morrowind (et son successeur, Oblivion) à plate couture sur le plan de l’histoire, de la jouabilité et de l’immersion.
Addendum : Si vous êtes curieux et cherchez d’autres tests de Gothic 3, vous verrez que nombreux sont ceux qui lui donnent une note très basse (genre entre 0 et 4/10). Ces notes étaient méritées. En effet, à sa sortie, le jeu était injouable à cause de la présence d’une quantité de bugs assez impressionnante. Mais bon, de l’eau a coulé sous les ponts depuis et désormais, avec les patchs qui vont bien, le jeu est d’une stabilité exceptionnelle. Cerise sur le gâteau, la version en vente actuellement installe directement la version patchée du jeu… Que demander de plus ?